CHAPITRE IER -

L'ETAT DES LIEUX

I. SITUATION GÉNÉRALE DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE

A. PLACE DANS L'ÉCONOMIE ET DANS L'EMPLOI

Avec le secteur Bâtiment-travaux Publics, l'industrie représente 27 % du PIB national. Si l'on y ajoute les services qu'elle achète et les revenus qu'elle distribue, son emprise sur l'ensemble de l'économie est supérieure à 50 % du PIB national.

Aussi, pour la plupart des experts, l'industrie reste le poumon de l'économie. C'est grâce aux richesses qu'elle crée et à la valeur ajoutée qu'elle produit que le secteur tertiaire est capable de se développer.

Moteur de l'innovation puisqu'elle assure 63 % de l'effort de recherche et développement national, l'industrie représente par ailleurs 75 % de nos échanges commerciaux avec les pays étrangers.

Au niveau international, l'industrie française se situe au 4ème rang mondial après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne. Elle est le 4ème exportateur mondial avec une part de marché dans le commerce mondial qui représente 6%.

L'industrie (y compris agro-alimentaire) emploie aujourd'hui 3,8 millions de personnes, auxquels ils convient d'ajouter environ autant d'emplois indirects.

500.000 emplois ont été créés depuis 1990 dans le secteur des services aux entreprises, le plus souvent par externalisation d'un certain nombre de fonctions (conception, design, ingénierie, logistique, Recherche & Développement...). L'industrie a tendance, en effet, à se recentrer sur ses " métiers " en sous-traitant aux secteurs concernés des fonctions dont elle s'est dessaisie.

Si le recul du poids de l'industrie dans le PIB s'explique par des gains de productivité plus élevés que dans les autres secteurs, il apparaît que l'activité et l'emploi industriels continuent à " tirer " l'emploi total.

B. FORCES ET FAIBLESSES

Les forces : on peut, peut-être, en dénombrer six.

- Le commerce extérieur

La France est quatrième exportateur mondial.

De 1990 à 1996, elle a même renforcé ses parts de marché, puisque sa part dans les exportations des neuf principaux pays de l'OCDE est passé de 10,2 à 10,5 %.

Parmi les grands secteurs manufacturiers exportateurs, figurent l'automobile, l'aéronautique, les parfums et produits de toilette, les matériels électriques, la pharmacie, la mécanique, la sidérurgie et la construction navale.

- Les investissements internationaux

La France attire 122 milliards d'investissements étrangers en occupant à ce titre le 3ème rang mondial.

Les investissements français à l'étranger ont, quant à eux, " décollé " à partir de 1986. Le stock dépasse 1.000 milliards de francs et le flux annuel de capitaux exportés d'un montant de 180 milliards de francs, est aujourd'hui quatre fois plus important qu'il y a dix ans, dirigé d'ailleurs à hauteur de 90 % en direction des pays développés.

- La productivité et les prix compétitifs

La compétitivité des prix des produits français est réelle par rapport aux autres pays industrialisés, en particulier vis-à-vis de l'Allemagne. Avec la réévaluation de certaines monnaies en 1997 (dollar, lire...), cette compétitivité a progressé de quelque 4 %.

En matière de productivité du travail, la France devance l'Allemagne et le Japon et n'est dépassée que par les Etats-Unis.

- Les investissements immatériels

On assiste depuis une vingtaine d'année à un développement significatif des investissements immatériels (dépenses de R&D, de formation, de publicité, d'acquisition de logiciels...) qui dépassent désormais de plus de 40 % les investissements matériels des entreprises.

La qualité et donc l'image des produits français se sont substantiellement améliorées plaçant notre pays en seconde position juste derrière l'Allemagne.

- L'existence d'entreprises leaders

L'industrie française comporte plusieurs leaders mondiaux sur des marchés de produits de haute technologie.

- La structure financière des entreprises

Les structures de bilan des entreprises française se sont améliorées depuis 10 ans : le ratio dette/capitaux propres est ainsi passé de 2 à 1 et se situe aujourd'hui dans la norme européenne. La capacité d'autofinancement dépasse l'investissement matériel et les résultats d'exploitation sont généralement satisfaisants.

Les faiblesses : on recensera cinq faiblesses principales qui expliquent sans doute la progression plus faible de la production industrielle depuis 15 ans par rapport à nos voisins.

- La faiblesse du nombre de grands groupes

La France ne compte qu'une dizaine d'entreprises parmi les 100 plus grands groupes industriels. Ces groupes présentent, par ailleurs, une surface financière moindre que les entreprises étrangères. Aucune entreprise française ne se situe ainsi dans les cent premières capitalisations boursières.

Dans des métiers où le marché international privilégie souvent deux ou trois leaders, les entreprises françaises ne sont pas toujours présentes.

- Un tissu industriel déséquilibré

Le tissu industriel français est caractérisé par une sur-représentation des petites PMI. Celle-ci est due notamment au nombre insuffisant d'entreprises de taille médiane. Ces dernières sont, pourtant, essentielles pour le dynamisme d'un tissu industriel, en constituant le relais entre les grands groupes et les PMI.

Si les petites PMI, en sur-représentation dans le tissu industriel français présentent de grandes potentialités de développement en formant des réservoirs d'emplois industriels, elles n'en souffrent pas moins de faiblesses structurelles (fonds propres, difficultés d'accès au crédit) qui fragilisent l'ensemble.

- Une dynamique générale d'investissements encore faible

Entre 1990 et 1994, l'investissement des entreprises françaises a diminué d'un tiers environ, même si la reprise récente a partiellement comblé ce recul.

Sur le long terme, l'investissement industriel a progressé plus fortement au Japon et aux Etats-Unis et, dans une moindre mesure, en Allemagne.

- Une insuffisance en matière de recherche/développement

Les efforts en la matière ne représentent que 1,5 % du PIB en France contre 1,8 % aux Etats-Unis et 1,6 % en Allemagne.

Par ailleurs, contrairement aux exemples américain et japonais, la recherche publique reste insuffisamment orientée vers la recherche en entreprise, ce qui fragilise la capacité d'innovation de l'économie.

- Une internationalisation insuffisante en dehors du marché européen

Sur les marchés internationaux extra-européens, les entreprises française accusent encore souvent un certain retard tant au niveau du " positionnement " commercial qu'à celui des partenaires industriels.

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