B. LA BRANCHE MALADIE

Votre rapporteur pour avis rappelle que l'évolution tendancielle des dépenses d'assurance maladie est par hypothèse supposée identique à celle de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie, soit + 2,6 %. L'impact de l'ONDAM sur les dépenses d'assurance maladie dans la présentation du projet de loi de financement est donc nul, par construction.

Sous réserve de cette hypothèse audacieuse, le projet de loi de financement prévoit l'engagement des dépenses nouvelles pour la branche maladie.

1. Le dépistage organisé des cancers

L'article 15 met en place un système national de dépistage organisé des "maladies aux conséquences mortelles évitables", en fonction des conclusions de la conférence nationale de santé et sur avis de l'ANAES est de la CNAMTS. Il prévoit la prise en charge à 100 % des actes de dépistage réalisés dans le cadre des campagnes organisées.

Les deux premières campagnes de dépistage devraient porter en 1999 sur le cancer du sein et sur le cancer du col de l'utérus.

Le coût des actes de dépistage est pris en charge par l'assurance maladie et s'impute sur l'ONDAM. Le suivi et l'évaluation seront financés par le Fonds national de prévention, d'éducation et d'intervention sanitaire (FNPEIS) de la CNAMTS, pour un montant additionnel de 250 millions de francs.

Votre rapporteur pour avis est tout à fait favorable à cette mesure. L'examen du financement de la politique de lutte contre le cancer auquel il s'est récemment livré (rapport d'information n° 31, 1998-1999) l'a convaincu que celle-ci souffre d'un défaut d'organisation préjudiciable à son efficacité .

2. Le fonds d'aide à la qualité des soins de ville

L'article 20 du projet de loi de financement crée un fonds d'aide à la qualité des soins de ville, qui sera doté de 500 millions de francs, hors ONDAM.

Les actions financées par le fonds devront concourir à l'amélioration de la qualité et de la coordination des soins de médecine ambulatoire. Les aides seront attribuées à des professionnels de santé, individuellement ou collectivement, et pourront inciter au développement de nouveaux modes d'exercice, tels que les réseaux de soins.

Votre rapporteur pour avis n'est pas défavorable au principe de ce fonds, mais estime qu'il devrait être inclus dans l'ONDAM.

3. L'extension de l'assurance-décès

Votre rapporteur pour avis n'est pas défavorable au principe de ce fonds, mais estime qu'il devrait être inclus dans l'ONDAM.

L'article 21 du projet de loi de financement étend le bénéfice du capital décès aux ayants droits des titulaires d'une allocation de conversion ou d'une allocation de chômage, d'une pension d'invalidité, ou d'une rente d'accidents du travail avec une incapacité d'au moins deux tiers.

Actuellement, le bénéfice de l'assurance décès est subordonné à la condition d'activité salariée de l'assuré au moment de son décès. La modification proposée l'étend aux situations où l'assuré se trouvait dans l'attente ou dans l'incapacité d'exercer une activité salariée.

Le capital garanti aux ayants droits de l'assuré s'élève à 90 fois son gain journalier de base, en exonération de droits de mutation. Le coût prévisionnel de l'assurance décès est de 760 millions de francs en 1999 pour la branche maladie du régime général. Le coût de l'extension proposée est estimé à 270 millions de francs.

4. Transfert des centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie

La loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions a intégré les centres d'hygiène alimentaire et d'alcoologie dans le champ de la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales ou médico-sociales.

En conséquence, la charge du financement des CHAA est transférée à l'assurance maladie, pour un coût estimé à 120 millions de francs, inclus dans l'ONDAM.

L'article 27 bis du projet de loi de financement, qui résulte d'un amendement du Gouvernement, tire les conséquences de ces transferts dans le code de la sécurité sociale et prévoit des mesures transitoires.

5. Les autres mesures

Le projet de loi de financement comporte un ensemble de mesures destinées à faciliter le respect de l'ONDAM, qui peuvent être à ce titre considérées comme ayant une incidence financière indirecte ou potentielle. Ces mesures seront présentées au chapitre suivant, consacré au dispositif de régulation des dépenses d'assurance maladie.

En revanche, certaines des mesures du projet de loi de financement relatives à l'assurance maladie n'ont pas d'incidence financière évaluable : création d'un système national d'information inter-régimes de l'assurance maladie (SNIIRAM) et d'un conseil pour la transparence des statistiques de l'assurance maladie (article 15) ; extension du champ de la négociation conventionnelle avec les médecins aux filières et réseaux de soins (article 17) ; extension des missions des unions de médecins exerçant à titre libéral à l'évaluation des pratiques (article 18) ; modification des critères d'attribution du mécanisme d'incitation à la cessation d'activité des médecins (article 19).

L'Assemblée nationale a allongé la liste de ces dispositions dépourvues d'incidence financière directe : rapport sur l'état de la santé bucco dentaire de la population (article 22 bis) ; conditions de l'autorisation de changement d'implantation d'un établissement de santé (article 26 bis) ; modes de rémunération des médecins par les établissements d'hébergement des personnes âgées dépendantes (article 27 bis).

Votre rapporteur pour avis estime que ces dispositions sont des cavaliers sociaux au regard de l'article L.O. 111-13 du code de la sécurité sociale, en vertu duquel ne peuvent figurer dans une loi de financement que les dispositions qui affectent directement l'équilibre financier des régimes de base ou qui contribuent à améliorer l'information du Parlement sur l'application des lois de financement.

Le total des dépenses nouvelles chiffrées s'élève à 1,260 milliard de francs, ce qui aurait pour effet de faire passer l'excédent tendanciel de la branche maladie de la CNAMTS d'un excédent de + 330 millions de francs à un déficit de - 930 millions de francs.

Toutefois, le volet ressources du projet de loi de financement se traduit par un surcroît de recettes nettes de 170 millions de francs. Le solde est automatiquement couvert, à hauteur de 760 millions de francs, par une attribution supplémentaire du produit de la CSG et des droits sur les alcools à la CNAMTS, conformément aux règles de répartition en deuxième niveau exposées précédemment.

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