V. ACCENTUER LES TRANSFERTS DE TECHNOLOGIES VERS LES ENTREPRISES INNOVANTES
A. UN ENJEU FONDAMENTAL EN TERMES DE COMPÉTITIVITÉ ET D'EMPLOI
Comme le souligne un récent rapport de l'OCDE, l'investissement constituera, dans 1'« économie de la connaissance » vers laquelle nous évoluons, plus encore qu'aujourd'hui, le facteur-clé de la croissance. Toutefois, cette croissance ne pourra être créatrice d'emplois qu'à la condition qu'une part importante de cet investissement soit orientée vers l'innovation.
La persistance d'un fort taux de chômage en France, sensiblement plus élevé que celui dont souffrent les autres pays industrialisés, doit être rapprochée de la faible capacité de notre dispositif économique à assurer le transfert de technologies vers le tissu industriel.
L'aptitude d'une économie à valoriser les résultats de la recherche scientifique détermine aujourd'hui sa compétitivité sur le marché mondial, et par conséquent son niveau d'emploi.
Or, la France souffre en la matière d'un réel handicap. Un article publié dans Le Monde du 8 septembre dernier rapporte que l'Institut international du développement du management de Lausanne a attribué à la France le 17e rang mondial en termes de valorisation de la recherche, alors que l'ensemble des évaluations convergent pour reconnaître l'importance de l'effort de recherche français (4e rang mondial) et la qualité de sa composante académique.
En dépit des progrès réels observés au cours de la dernière décennie, les PME-PMI françaises restent encore trop souvent en marge des évolutions technologiques.
De fait, il n'existe pas ou peu en France d'exemples de développement économique accéléré d'entreprise comparable aux « success stories » américaines. Aux États-Unis, le paysage industriel est souvent bouleversé par des entreprises comme Apple, Sun Microsystem, Compaq, Silicon graphics, etc, qui, exploitant une percée technologique, atteignent en moins de dix ans d'existence une taille considérable. Bien souvent, ces entreprises, lorsqu'elles sont parvenues à maturité, consacrent chacune à la recherche et au développement plus d'un milliard de francs par an, soit l'équivalent des crédits publics consacrés en France à la recherche et au développement dans la filière électronique ...
L'importance des rapports ou des études consacrés ces toutes dernières années au transfert de technologies vers les PME-PMI et au financement de l'innovation témoigne d'une récente et heureuse prise de conscience du handicap français en ce domaine, et de la volonté d'y remédier.
Outre les observations formulées de façon réitérée par votre commission sur ce sujet depuis une dizaine d'années, l'on peut citer : une insertion dans le rapport annuel du Comité national d'évaluation de la recherche au Président de la République (1994) ; deux rapports confiés à M. Robert Chabbal par le ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche et le ministre des entreprises et du développement économique, portant respectivement sur « l'innovation dans les PME » (1993) et « le financement de l'innovation dans les PME » (juillet 1994) ; un rapport de M. Cicurel au ministre de l'industrie et au ministre de l'économie sur le financement des entreprises de haute technologie (mars 1995) ; un rapport établi par M. Lattes et M. Blondel pour le comité d'application de l'Académie des sciences sur le thème « innovation, technologie, emploi : la problématique française » (avril 1995) ; enfin, une insertion de M. Jacques Martinat sur « les PME de technologies » au rapport annuel du Conseil supérieur de la recherche et de la technologie (septembre 1995).
Il reste à souhaiter que ces réflexions trouveront rapidement une traduction effective, permettant de surmonter les handicaps français.