CHAPITRE II - LES CENTRES, INSTITUTS ET ALLIANCES : UN RÉSEAU EN VOIE DE MODERNISATION, FRAGILISÉ PAR LES INCERTITUDES BUDGÉTAIRES
Le réseau culturel français à l'étranger se propose de faire peau neuve : réunion des différents services intervenant au sein d'une structure unique, mise en cohérence des projets et des programmes, interlocuteur unique pour nos partenaires locaux, tels sont les maîtres-mots de la réforme en cours.
A. LES CENTRES CULTURELS ET DE COOPÉRATION LINGUISTIQUES (CCCL)
Après plusieurs années d'existence séparée, les centres culturels et les bureaux de coopération linguistique et éducative fusionnent pour donner naissance à un nouvel établissement, le CCCL . Le ministère des affaires étrangères décrit ainsi les objectifs de la réforme : « donner une meilleure lisibilité et une cohérence accrue à notre présence culturelle et linguistique à l'étranger, rationaliser nos moyens et renforcer la légitimité de nos établissements culturels », en s'inscrivant davantage dans les préoccupations du pays concerné. L'objectif est également d'adapter le réseau aux pays à système fédéral ou régional. A terme, ce regroupement concernera également les centres de coopération scientifique et technique.
Mieux intégré à la politique définie par le ministère et l'ambassade, le CCCL voit son action élargie au domaine culturel, à l'information par la mise en place de centres de ressources, à la promotion de la langue française et de la coopération éducative . Le fonds d'intervention pour les centres de ressources sur la France contemporaine permet d'accorder à des établissements culturels une subvention spécifique destinée à accroître leur offre documentaire sur la France contemporaine. Les établissements sont donc invités à mettre l'accent sur les nouveaux supports d'information : CD Rom etc.
B. LE RAPPROCHEMENT DES ALLIANCES ET DES CENTRES
La réforme de la DGRCST a confirmé le principe d'un soutien financier substantiel aux alliances -dont il faut rappeler qu'elles ont un statut d'association de droit local-, qui s'est élevé, tous titres confondus, à 200 millions de francs en 1995. Toutefois ce soutien budgétaire est désormais conditionné par la mise en oeuvre d'un partenariat contractuel , par lequel les Alliances les acceptent ou prennent l'initiative de s'intégrer dans la mise en oeuvre de notre action culturelle extérieure. Les « contrats sur objectifs » passés entre les alliances et la DGRCST concerneront de larges domaines de notre action culturelle : organisations de cours de langue, manifestations culturelles et artistiques, participation à des programmes de coopération éducative, scientifique et technique, en liaison avec nos interlocuteurs locaux, et diffusion documentaire (installation de centres de ressources sur la France contemporaine, activités de diffusion audiovisuelle par RFI, CFI ou TV5).
Dans le même temps, se poursuit le rapprochement structurel des deux réseaux -Alliances/Centres et instituts- Les dernières actions ont par exemple pris la forme de substitutions comme à Lisbonne et Rome, où les cours de français, précédemment dispensés par l'institut ou le centre culturel ont été transférés aux alliances. Une procédure comparable devrait être menée à Glasgow, où l'antenne de l'Institut français d'Edimbourg pourrait voir ses activités culturelles transférées à l'Alliance française qui assume jusqu'à présent l'ensemble des cours de langue. A l'inverse, à Copenhague, l'institut français a repris les cours dispensés par l'alliance française.
L'autre formule, expérimentée à Kiev et à Saint-Petersbourg, consiste à conférer à un responsable unique l'Alliance et le centre culturel.
C. QUELLES RESSOURCES ?
Cette valorisation des relais locaux de notre action culturelle est la bienvenue ; elle permet la conduite cohérente d'une stratégie culturelle d'ensemble et permet une meilleure lisibilité des moyens mis en oeuvre. Mais notre action culturelle, et singulièrement linguistique, repose aussi sur les hommes et les femmes qui travaillent dans ces instances. Ce point continue d'être le talon d'Achille de notre réseau. En particulier en terme d'effectifs : le plan de rationalisation à 5 ans prévoit la suppression nette de 110 emplois rémunérés en titre III (agents d'encadrement pédagogique, culturel, scientifique, technique ou agents administratifs, rattachés au décret du 28 mars 1967). Ces allégements d'effectifs concernent donc 8 % des personnels culturels qui sont sur ce plan les premiers sacrifiés de l'ensemble des personnels du ministère des affaires étrangères. Là encore, le palliatif consiste à recruter du personnel local rémunéré sur le titre IV, lequel subit en 1996 une diminution de 177 millions de francs.
Dans la mise en oeuvre de ce plan, 3 zones seront plus particulièrement sollicitées , chacune d'elles étant privée d'une trentaine d'emplois :
- l'Amérique latine : Alliances et centres du Mexique, de l'Argentine et du Brésil
- l'Europe et singulièrement le Portugal et l'Italie
- l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient (Egypte et Maroc).
Même s'il existe dans certaines de ces zones, notamment au Maroc, une réserve abondante d'enseignants, le prélèvement général qui a été ainsi opéré affectera nombre de nos actions culturelles dans les pays concernés.
La création par compensation de postes dans des zones prioritaires où la demande s'accroît -PECO, pays de l'ex-Indochine- est une mesure qui va dans le bon sens. Mais ces créations par compensation, risquent aussi de se heurter au mur des ressources budgétaires contraintes.
En 1995, dans le cadre de la programmation régulée du titre V, l'enveloppe globale attribuée aux instituts, centres culturels et centres culturels et de coopération linguistique s'est élevée à 193 MF, soit 174,1 MF de fonctionnement et 18,9 MF au titre des fonds d'intervention suivants :
- Fonds d'intervention pour les projets d'établissement relatifs au premier siècle du cinéma (FIPEC) : 980 000 F ;
- Fonds d'équipement et de rénovation (FER) : 5,4 MF ;
- Fonds d'équipement et de rénovation audiovisuel : 1,17 MF ;
- Fonds d'intervention pour les bibliothèques et les centres de ressources : 11,4 MF.
En 1996, l'ensemble de la dotation pour les centres, instituts et alliances sera réduit de 16,5 MF (- 6,24%).