II. UN BUDGET RELATIVEMENT PRÉSERVÉ
A. DES AIDES DIRECTES STABLES
Les montants inscrits dans le projet de loi de finances pour 2025 montrent que les crédits dédiés à la presse ont été relativement préservés. Pas de réforme des crédits d'impôt ni du régime des aides sociales, stabilité et maintien du format des aides directes, le budget 2025 n'est pas celui des réformes de structure.
1. Des aides qui évoluent peu
Évolution des aides à la presse en 2025
(en millions d'euros)
Aides |
PLF 2025 |
Évolution 2025/2024 |
Aides à la diffusion |
112,3 |
- 2,1 % |
Aides au pluralisme |
25,9 |
= |
Aides à la modernisation |
55,6 |
+ 0,8 % |
Total programme 180 |
193,8 |
- 1 % |
Compensation versée à La Poste - programme 134 |
38,5 |
- 10 % |
Total des deux programmes |
232,3 |
- 2,6 % |
Les aides à la diffusion enregistrent une diminution de 2,1 %. Cette baisse s'explique, d'une part, par la diminution de 15 % de l'aide unitaire à l'exemplaire posté, dans le but de favoriser le portage et, d'autre part, par la suppression de l'aide temporaire aux réseaux de portage inscrite dans les budgets 2023 et 2024 pour 2,4 millions d'euros (voir infra). A contrario, l'aide directe au portage bénéficie d'une dotation supplémentaire de 2,5 millions d'euros.
Les aides au pluralisme demeurent au même niveau qu'en 2024, année qui les avait vues progresser de 11,5 %. Elles sont réparties en six enveloppes distinctes.
QFRP : Quotidiens nationaux IPG (information
politique et générale)
à faibles ressources
publicitaires
PFRP : Publications IPG à faibles ressources publicitaires
QFRPA : Quotidiens régionaux,
départementaux et locaux IPG
à faibles ressources de petites
annonces
PPR : Pluralisme de la presse périodique régionale et locale
Les aides à la modernisation enregistrent une légère hausse de 0,8 %. Un peu moins de la moitié de l'enveloppe, soit 27 millions d'euros, est attribué directement ou indirectement à la société France Messagerie, qui a repris au 1er janvier 2020 les activités de distribution de Presstalis (voir infra). En 2019, le montant de l'aide avait été porté de 18 à 27 millions d'euros, le différentiel de 9 millions étant prélevé sur le fonds stratégique pour le développement de la presse (FSDP). Alors que cet abondement devait s'achever en 2024, et comme votre rapporteur le craignait l'année dernière, il a été reconduit dans le projet de loi de finances pour 2025.
Enfin, même si le montant ne figure pas dans le programme 180, le secteur de la presse bénéficie de 38,5 millions d'euros inscrits sur le programme 134 et fixés conformément à l'accord-cadre afin de compenser les tarifs préférentiels de La Poste.
2. Comment réformer les aides directes à la presse ?
Le rapporteur pour avis a analysé l'année dernière les raisons qui devraient pousser à une réforme des aides directes à la presse. Intangibles, ces aides semblent comme figées dans le temps. Opaques, elles se trouvent divisées en plusieurs enveloppes réparties par décret qui ont été créées au fil des années pour répondre à telle ou telle situation particulière. Complexes enfin, elles interdisent une lecture synthétique et une analyse globale.
Les huit entités qui ont reçu le plus d'aide en 2023
Le Parisien |
12 685 355 € |
Le Monde |
5 744 320 € |
Le Figaro |
5 667 774 € |
Ouest-France |
5 455 395 € |
La Centrale de l'Édition |
5 395 000 € |
Libération |
5 199 912 € |
Bayard Presse |
4 990 510 € |
L'Humanité |
3 970 086 € |
Lors de son audition le 24 octobre 2023, la ministre de l'époque s'était engagée à lancer le chantier de la réforme des aides à la presse. Si l'excuse de la dissolution peut être avancée pour justifier l'absence de réforme cette année, le rapporteur pour avis n'a été informé d'aucune réflexion en ce sens, et la ministre de la culture, en dépit d'une question du rapporteur pour avis lors de son audition le 5 novembre 2024, n'a pas plus apporté de réponses. L'extrême sensibilité du dossier dans un secteur en souffrance peut expliquer la prudence du gouvernement sur ce point. Cependant, des demandes de plus en plus pressantes se font sentir, dans les nombreux travaux du Sénat, de l'Assemblée nationale et des États Généraux de l'Information pour avancer sur cette question.
Le rapporteur pour avis renouvelle donc son souhait qu'une réforme d'ampleur, qui ne semble pas nécessiter des dispositions législatives, puisse être enfin concertée et entamée en 2025.