B. APRÈS UNE DÉCENNIE DE BAISSE, DES EFFECTIFS EN HAUSSE RÉGULIÈRE DEPUIS 5 ANS

Alors que l'enseignement agricole avait perdu plus de 10 % de ses effectifs entre 2009 et 2019, il connait depuis cette date une hausse régulière. Sur la période 2018-2024, les effectifs sont en hausse de 7 %.

Dans l'enseignement technique agricole (de la 4ème au BTSA), les effectifs dépassent pour la première fois la barre symbolique des 200 000 jeunes formés à la rentrée 2024-2025. Quant à l'enseignement supérieur agricole, il accueille désormais près de 17 000 étudiants et apprentis.

Signe d'attractivité de l'enseignement agricole, ses effectifs augmentent dans les territoires en déprise démographique alors qu'ils baissent dans les établissements de l'éducation nationale. Les inscriptions en classe de 4ème et de 3ème augmentent également.

Interrogés sur l'augmentation des effectifs à ETP constants, les services du ministère ont indiqué qu'en moyenne les élèves sont 20 par classe dans l'enseignement agricole : une augmentation des effectifs par classe sans remettre en cause la capacité pédagogique est ainsi envisageable.

Le rapporteur attire toutefois l'attention sur deux limites : d'une part, les normes de sécurité et d'encadrement propres à certaines matières professionnelles de l'enseignement agricole imposent des effectifs réduits ; d'autre part, le nombre d'élèves par classe est relativement plus faible que dans l'éducation nationale et participe à l'attractivité de l'enseignement agricole.

Les classes à petits effectifs

Dans l'enseignement agricole, le seuil requis de fermeture d'une classe est de 10 élèves. À la rentrée 2023-2024, sur les 7 820 classes que comporte l'enseignement agricole, 1 229 ont moins de 10 élèves, soit 15 % d'entre elles. Leur nombre est stable par rapport à l'année précédente. Celles-ci se trouvent principalement dans l'enseignement privé sous contrat (1 024 classes concernées). Les classes de 4ème, 3ème et de 2nde sont proportionnellement les classes les moins concernées par les petits effectifs. À l'inverse, les classes de baccalauréats technologiques, de CAP agricole et de BTS agricole le sont davantage.

Cette hausse des effectifs doit être mise au regard de l'évolution de la population agricole ces prochaines années. En effet, entre 40 et 60 % des agriculteurs devraient partir à la retraite d'ici 2030. Face à ce constat et même si le progrès technique et les regroupements de parcelles permettront sans doute de réduire partiellement les besoins, l'enseignement agricole doit continuer à attirer les jeunes.

Pour faire face au nécessaire renouvellement générationnel agricole, le projet de loi d'orientation pour la souveraineté alimentaire et agricole et le renouvellement des générations en agriculture fixe des objectifs ambitieux de hausse des effectifs d'ici 2030 dans l'enseignement agricole :

- une augmentation de 30 % des effectifs dans les formations préparant aux métiers de l'agriculture et de l'agro-alimentaire par rapport à 2022 ;

- une augmentation de 75 % des effectifs de vétérinaires formés en France par rapport à 2017 ;

- une augmentation de 30 % des effectifs d'ingénieurs agronomes par rapport à 2017.

Le projet de loi d'orientation pour la souveraineté en matière agricole
et le renouvellement des générations en agriculture : un texte ambitieux
réformant l'enseignement agricole

40 ans après les lois Rocard, le projet de loi de souveraineté alimentaire qui sera examiné en janvier 2025 par le Sénat renforce l'enseignement agricole à travers 5 mesures :

- des objectifs ambitieux d'augmentation des effectifs d'ici 2030 ;

- des promotions et découvertes renforcées des métiers de l'agriculture, notamment auprès des enfants et des personnels de l'éducation nationale. À ce titre, un représentant de l'enseignement agricole doit être nommé dans chaque département, en miroir du directeur académique des services de l'éducation nationale ;

- la définition d'une mission supplémentaire pour l'enseignement agricole reconnaissant son rôle dans la formation pour répondre d'une part, aux besoins d'emplois pour assurer la souveraineté alimentaire et, d'autre part, à ceux de transition agroécologique et climatique ;

- une action volontariste à l'échelle territoriale pour augmenter le nombre d'élèves dans les classes à petits effectifs lorsqu'elles préparent à des métiers sous tension, à travers une cartographie régionale des besoins d'ouverture et de consolidation de classes ;

- la création d'un nouveau diplôme national du ministère de l'agriculture de niveau bac+ 3.

Les dispositions relatives à la formation dans ce texte font - dans leur ensemble - consensus parmi les acteurs de l'enseignement agricole.

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