II. L'AVENIR DU PATRIMOINE MONUMENTAL CONCENTRE LES INQUIÉTUDES
A. L'ENTRETIEN ET LA RESTAURATION DU PATRIMOINE PROTÉGÉ DANS L'IMPASSE BUDGÉTAIRE
Près d'un quart des 45 648 édifices protégés en tant que monuments historiques sont en mauvais état ; 5 % sont même en état de péril. La proportion d'édifices religieux menacés est plus importante encore, avec 4 000 monuments en danger parmi les 15 000 recensés. Face à cette situation, les crédits prévus au titre des actions 1 et 3, respectivement dédiées aux monuments historiques et aux musées et qui portent l'essentiel des besoins de réhabilitation, laissent la place à plusieurs motifs de préoccupation :
l'insuffisance des moyens financiers mobilisés, certes extrêmement importants à l'heure des choix budgétaires, face à l'immensité des besoins. Les hausses de crédits des dernières années ont en effet principalement permis d'accompagner l'inflation et d'agir sur la mise en sécurité des cathédrales, sans changer fondamentalement la donne ;
l'affectation préférentielle des crédits aux opérations de restauration, au détriment de leur indispensable entretien. 14 % seulement des crédits du PLF dédiés aux monuments historiques (hors grands projets) sont ainsi destinés à leur entretien. Le cas du Centre Pompidou, qui n'a fait l'objet d'aucune modernisation d'ampleur depuis son ouverture en 1977 et dont la remise aux normes mobilise une large part des crédits d'intervention du programme, est emblématique des difficultés qui ne manqueront pas de se présenter si cette voie continue d'être privilégiée ;
la baisse affichée des investissements programmés, que traduit la spectaculaire rétraction des AE du programme. La rapporteure relève que cette diminution touche l'ensemble des édifices. Alors que les opérations de réhabilitation et d'entretien du patrimoine monumental sont des chantiers d'ampleur qui s'inscrivent dans le temps long, il s'agit d'un signal très défavorable ;
la concentration des dépenses sur les grands projets. Certes, ces crédits ne représentent que 15 % de l'ensemble de ceux affectés aux monuments historiques ; pour autant, deux projets franciliens (l'extension du site des archives nationales de Pierrefitte-sur-Seine et le schéma directeur technique du Centre Pompidou) absorbent l'essentiel des marges de manoeuvre budgétaires. Cette concentration se fait au détriment :
- d'autres grands projets emblématiques tels que le Palais de la Cité et les schémas directeurs des châteaux de Versailles, de Chambord et de Fontainebleau et du Palais de la Porte Dorée, auxquels le ministère de la Culture a été contraint de « revoir son soutien » ;
- des édifices situés dans les territoires, qui ne bénéficient que de 5 % des nouveaux crédits arbitrés, au titre de l'abbaye de Clairvaux et du château de Gallon (auxquels s'ajoute un financement d'urgence pour la consolidation de la tour Saint-Nicolas de La Rochelle) et des crédits affectés aux services déconcentrés.
Ces inquiétudes ne sont certes pas nouvelles. Le contexte budgétaire laisse cependant penser que les moyens resteront durablement en deçà des besoins et ne permettront pas d'engager une nouvelle dynamique au-delà des grands projets et des contraintes de sécurisation immédiates.