III. UNE STABILISATION DES BOURSES DE MOBILITÉ ÉTUDIANTE DANS UN CONTEXTE DE BAISSE DES CRÉDITS DE LA COOPÉRATION UNIVERSITAIRE

Avec 107,87 millions d'euros de crédits de paiement, les crédits de l'action n° 4 « Enseignement supérieur et recherche » sont en baisse de 12,33 % par rapport à la LFI pour 2024. 15 millions d'euros d'économies sont ainsi répartis entre les dotations de fonctionnement des unités mixtes des instituts français de recherche à l'étranger (IFRE-UMIFRE), les échanges d'expertise, les programmes d'échange scientifique (notamment les partenariats Hubert Curien), et plus largement les différentes dépenses d'intervention retracées par cette action.

A. UNE PRÉSERVATION DES BOURSES DU GOUVERNEMENT FRANÇAIS, QUI NE PERMETTRA PAS D'ATTEINDRE LES OBJECTIFS DE LA STRATÉGIE « BIENVENUE EN FRANCE »

· Le rapporteur relève avec satisfaction que les crédits des bourses de mobilité du Gouvernement français (BGF) seront en revanche reconduits au niveau atteint en 2024, soit 70,07 millions d'euros. Attribuées par le MEAE via l'opérateur Campus France au titre des programmes labellisés « France Excellence » (France Excellence Major et France Excellence Europa, notamment), ces bourses sont destinées à promouvoir la formation en France de profils étrangers à haut potentiel, dont la contribution est de nature à renforcer les performances et l'attractivité des laboratoires de recherche du territoire. Ces outils très sélectifs bénéficient à 2,5 % seulement des étudiants internationaux en France. Alors que le montant des bourses versées tend à augmenter, cette consolidation de leur financement apparaît indispensable.

· Il est toutefois probable que cet effort budgétaire ne suffise pas à atteindre les objectifs fixés dans le cadre de la stratégie interministérielle « Bienvenue en France », lancée en 2018 et qui vise à atteindre, à l'horizon 2027, 500 000 étudiants étrangers dont 15 000 boursiers du Gouvernement. 430 000 étudiants étrangers étaient en effet inscrits dans l'enseignement supérieur français en 2023-2024, en hausse de 4,5 % par rapport à l'année précédente et de 17 % par rapport à l'année de lancement du programme. Pour atteindre l'objectif fixé pour 2027, une hausse des effectifs équivalente à celle enregistrée depuis 2018 serait nécessaire sur les deux prochaines années.

Le MEAE reconnaît ainsi, dans ses documents budgétaires, que « tout en continuant à tendre vers l'objectif des 500 000, une approche plus qualitative est désormais recherchée ». Cette nouvelle approche passera notamment par la généralisation de la plateforme « Études en France » (qui constitue l'équivalent de Parcoursup pour les étudiants extra-européens), par la priorité donnée à l'accueil des niveaux Master et Doctorat, ou encore par la diversification des pays d'origine considérés comme prioritaires pour y inclure la zone indopacifique ainsi que l'Afrique non francophone.

Les principaux pays d'origine représentés dans la population d'étudiants internationaux sont en 2023-2024, par ordre décroissant, le Maroc, la Chine, l'Italie, le Sénégal et la Tunisie. Les plus fortes progressions d'effectifs sont enregistrées, sur les cinq dernières années, parmi les étudiants libanais (+ 90 %), camerounais (+ 46 %), espagnols (+ 44 %), italiens (+ 43 %) et sénégalais (+ 37 %) ; les effectifs des étudiants chinois sont en revanche en baisse depuis 2018 (- 5 %).

Les aides à la mobilité pour les étudiants et chercheurs des pays en crise

Une attention particulière est par ailleurs portée à l'accueil des étudiants et chercheurs réfugiés ou fuyant des conflits, notamment en Ukraine, au Soudan et à Gaza.

L'enveloppe de bourses destinée à l'Ukraine a été réorientée vers des mobilités courtes dans des secteurs prioritaires pour la reconstruction du pays (agronomie, sciences de l'ingénieur, architecture, journalisme dans sa dimension de lutte contre la désinformation). Sous l'égide de l'IF, plusieurs programmes de bourses cofinancés par des acteurs de l'enseignement supérieur français ont par ailleurs été mis en place (programme Nadiya avec la conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs - CDEFI -, par exemple) ;

La France est le seul pays d'Europe à avoir créé un programme de bourses à destination des étudiants palestiniens, financé sur l'enveloppe de bourses dédiée aux publics vulnérables du programme 209. Cette campagne exceptionnelle, menée en coopération avec l'association Migrants dans l'enseignement supérieur, permet de soutenir 33 étudiants gazaouis ayant pu fuir la bande de Gaza après le 7 octobre 2023 (la sortie du territoire étant actuellement impossible) ;

Le programme Pause (programme national d'accueil en urgence des scientifiques et des artistes en exil), destiné aux chercheurs, est géré depuis 2017 par le Collège de France.

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