II. UN RECENTREMENT STRATÉGIQUE DE L'INSTITUT FRANÇAIS
75,57 millions d'euros sont proposés pour le financement du réseau de coopération culturelle et la promotion du français, porté par l'action n° 2 du programme, soit une baisse de 10,77 millions d'euros par rapport à LFI pour 2024 (-12,5 %). En dépit d'une baisse de 6,1 %, les financements de l'Institut français apparaissent relativement préservés par rapport aux dépenses d'intervention de l'action, qui chuteront de 15,5 %.
A. UNE CROISSANCE DE L'ACTIVITÉ SOUTENUE PAR DES FINANCEMENTS EXTÉRIEURS
Après retranchement des crédits mis en réserve, la subvention pour charge de service public (SCSP) de l'Institut français s'élèvera à 25,6 millions d'euros en 2025, en baisse de 1,7 million d'euros par rapport à 2024.
Cette programmation devrait confirmer l'évolution constatée sur les six dernières années, qui ont vu un recul de la part des subventions de l'État dans les recettes de l'Institut (87 % en 2017 contre 73 % en 2024) et une progression de ses ressources propres (13 % en 2017 contre 27 % en 2024).
Ces ressources propres sont principalement constituées de recettes fléchées destinées au financement de projets précis. Les recettes provenant du mécénat, très inconstantes d'un exercice budgétaire à l'autre, sont ainsi principalement destinées à la mise en oeuvre de saisons culturelles importantes (Africa 2000 ou la Biennale de Venise). La politique de développement de ses financements menée par l'Institut ne lui permet donc pas de dégager des marges de manoeuvre financières ; elle la conduit en revanche à augmenter son niveau d'intervention et d'activité.
Cette baisse de la SCSP intervient ainsi dans un contexte d'expansion de l'activité de l'Institut résultant du portage de plusieurs projets bailleurs, notamment pour la Commission européenne, l'agence française de développement (AFD) et la Caisse des dépôts. Alors que ses dépenses d'activité oscillaient entre 18,5 et 20 millions d'euros entre 2017 et 2020, elles étaient de 26,7 millions d'euros en 2023, soit une augmentation de 38 %.
Les activités de l'Institut français dans les nouveaux contextes de guerre
Face à la multiplication des crises, l'Institut assure la continuité de son action partout où il le peut, en l'adaptant aux nouvelles contraintes sécuritaires et politiques. La présidente a affirmé l'objectif de poursuivre le dialogue avec la société civile dans les États en forte tension avec la France, par exemple la Russie.
En Ukraine, l'action et le format de son intervention ont été adaptés dès le début de la guerre en février 2022. Le poste travaille notamment sur les mobilités des artistes et professionnels ukrainiens en France. L'Institut répond également à la demande des partenaires ukrainiens, qui souhaitent renforcer la visibilité de la culture ukrainienne et de sa spécificité par rapport à la culture russe, en soutenant l'implantation de l'Institut ukrainien à Paris et sa mise en relation avec la scène culturelle française ; la coopération ainsi initiée a été formalisée par la signature d'un accord de partenariat en mai 2024.
La guerre en Ukraine a par ailleurs conduit à développer et à adapter les actions menées dans les pays de la communauté politique européenne. Le cycle de débats « Dialogues européens », qui a déjà donné lieu à des événements à Prague, Varsovie, Amsterdam, Sofia et Plovdiv, vise ainsi à susciter des échanges publics sur les conséquences de la guerre à travers le continent.
Après une suspension initiale, à compter d'octobre 2023, des actions sur les territoires israélien et palestinien, les manifestations culturelles ont repris à Tel-Aviv au début de l'année 2024. Les activités du poste de Gaza, dont quatre agents et collaborateurs sont décédés depuis le début de la crise, sont désormais assurées depuis Jérusalem, au travers du programme de résidence d'artistes palestiniens Sawa ; en 2025, 30 résidences auront lieu en France. Il s'agit du seul institut culturel étranger à avoir pris la décision de rester ouvert après les attaques terroristes du 7 octobre 2023.
Au Liban, le dispositif de coopération est fortement touché par le contexte de la guerre : les antennes de Tyr, Nabatieh et Baalbeck sont désormais fermées, et toute la programmation culturelle prévue a été mise à l'arrêt, notamment le festival Beyrouth livres qui devait se tenir en octobre. L'Institut devra adapter sa programmation pour 2025 aux nouvelles conditions du pays, notamment à l'interdiction de faire venir des missions et délégations françaises, tandis que la demande reste présente dans les antennes encore ouvertes - notamment en ce qui concerne les médiathèques, les cours de langue et les certifications.
Dans les pays du Sahel, l'action de l'Institut est recentrée sur les seuls projets en cours. Les relations diplomatiques très tendues avec les juntes militaires au pouvoir depuis les coups d'État au Niger, au Mali et au Burkina ont en effet conduit à la suspension de tout nouveau projet dans ces trois États.