B. LE GRAND CHANTIER D'AMIENS
La BnF est confrontée à la saturation de ses magasins de collections et de ses sites existants du fait, notamment, de l'augmentation de la production éditoriale française qu'elle collecte au titre de sa mission de dépôt légal. De plus, certains ensembles de collections tendent à se dégrader.
La BnF a donc lancé en 2019 l'élaboration d'un nouveau schéma directeur immobilier visant à construire un nouveau pôle de conservation.
Le lieu a été sélectionné en 2021 et devrait être mis en service à l'horizon 2029. Il comportera des espaces de stockage, des ateliers permettant de réaliser tous les traitements nécessaires à la conservation. Il offrira la possibilité de recevoir, en proportion limitée, des lecteurs et visiteurs dans un site essentiellement technique.
Le coût total du projet a été évalué à 96,2 millions d'euros, qui se répartissent entre les différents partenaires.
Le financement repose en grande partie sur l'engagement des collectivités locales, qui avaient été 70 à répondre à l'appel à manifestation d'intérêt en juin 2020. La moitié des 40 millions d'euros que la région Hauts-de-France, le département de la Somme et la ville d'Amiens vont investir provient des fonds européens FEDER. 30 millions d'euros ont d'ores et déjà été ouverts en autorisation d'engagement en 2021, et 4 millions d'euros de crédits de paiement sont prévus en 2024.
À terme, en plus des espaces de stockage, le site d'Amiens accueillera la plus grande collection de presse francophone du monde, avec le Conservatoire national de la presse.
La question de la conservation de la presse écrite pose en effet des questions cruciales pour le maintien de cette mémoire vivante de notre pays.
Les efforts déployés par la BnF restent en effet à ce jour insuffisants, compte tenu de l'ampleur des besoins. La seule collection dite « de référence » représente environ 15 millions de pages à numériser avant l'ouverture du Conservatoire national de la presse. Au-delà de celle-ci, seuls 3 % environ des collections de presse de la BnF sont aujourd'hui numérisés, alors que les collections les plus à risque en termes de fragilité du support représentent au moins 100 millions de pages supplémentaires.
En 2024, il est prévu d'allouer 4,7 millions d'euros de crédits supplémentaires afin de lancer un plan national de numérisation de la presse ancienne qui concerne l'ensemble des collections conservées sur le territoire. Son objectif est de porter, en cinq ans, de 40 à 60 millions le nombre de pages de presse numérisées par la BnF et par les collectivités territoriales. Le plan permettra non seulement d'achever la numérisation de la collection de référence de 2 800 titres de presse ancienne constituée par la BnF, mais aussi de numériser des ensembles patrimoniaux de première importance conservés en régions. La consultation de ces titres numérisés sera gratuite sur la bibliothèque numérique Gallica de la BnF et sur les portails numériques des partenaires territoriaux.
Le rapporteur salue les efforts de la BnF, dans un contexte marqué par un choc inflationniste particulièrement violent pour l'établissement et des mesures catégorielles qui s'imposent à elle.