C. RADIO FRANCE : UNE RÉTICENCE À « JOUER COLLECTIF » QUI INTERROGE
1. Des priorités à clarifier pour la nouvelle présidence de Radio France
La situation de Radio France apparaît paradoxale à maints égards. Fort de ses bonnes audiences et du succès de sa stratégie numérique, l'entreprise pourrait prétendre à montrer le chemin d'une stratégie ambitieuse pour un audiovisuel rassemblé.
Au lieu de cela, l'entreprise semble avancer à reculons face aux différentes tentatives de rapprochements (gouvernance commune, France 3/France Bleu, formation...) et n'hésite pas à accroître autant que possible ses ressources publicitaires, notamment digitales, au risque de porter atteinte à sa singularité et de réduire, par voie de conséquence, son attractivité.
Faute de pouvoir disposer d'un nouveau COM pour définir les priorités de l'entreprise, c'est le renouvellement du mandat de la présidence de Radio France qui devrait permettre à l'ARCOM de préciser le cap pour les années à venir , dans l'attente de la détermination des choix de l'actionnaire dans le cadre du COM 2024/2028 et d'une éventuelle réforme législative.
Le rapporteur considère que
l'accélération des mutualisations
dans l'audiovisuel public
devrait constituer une priorité du mandat
de la nouvelle
présidence de Radio France
.
2. Une légère dégradation des résultats en 2022
Concernant la situation en 2022, l'entreprise a connu une progression de ses recettes publicitaires notamment sur le numérique par rapport au budget initial. Le montant total des recettes publicitaires de Radio France devrait en effet progresser de 3 M€ en 2022 pour atteindre 63,6 M€, les recettes digitales passant pour leur part de 13,55 M€ à 15,27 M€ .
Les charges devraient s'alourdir du fait d'un renchérissement du coût des achats et d'une hausse des charges de personnel. Au final, le résultat net qui aurait dû être positif (+ 1,28 M€) devrait se transformer en déficit en fin d'année (- 1,7 M€).
3. Une compensation incomplète des charges nouvelles en 2023 ?
Pour 2023, la dotation attribuée à Radio France qui s'établit à 623,4 M€ inclut 13,7 M€ de subvention d'investissement et 12 M€ pour compenser l'assujettissement à la taxe sur les salaires. La direction de l'entreprise estime que la dotation ne prend en compte qu'une partie des coûts liés à l'évolution mécanique des charges et aux coûts liés à l'inflation que subit l'entreprise. Elle chiffre les surcoûts liés à l'inflation à 5 M€ en 2022 et à 15 M€ en 2023 .
Concernant l'évolution des effectifs, l'entreprise estime que 85 % de l'objectif du plan de rupture conventionnelle collective (RCC) seront atteints d'ici fin 2022. La participation de l'État aura été de 16,6 M€ sur trois ans. La transformation de l'entreprise est appelée à se poursuivre mais, faute de nouveau COM, les décisions stratégiques sont reportées à l'année prochaine.