2. Des possibilités de communication à faible impact budgétaire
Faire connaître une nouvelle institution au plus grand nombre implique des frais de communication qui peuvent être importants.
Votre rapporteur insiste toutefois sur le fait que le Défenseur des droits pourrait aussi, compte tenu de son aura constitutionnelle, bénéficier - gratuitement - d'une très belle exposition médiatique .
Cela supposerait cependant que M. Dominique Baudis réagisse à l'actualité, se fasse inviter sur les plateaux de télévision ou dans les émissions de radio...
Lors de son audition le 14 juin 2011, notre collègue Jean-Pierre Sueur, devenu depuis président de notre commission des lois, avait interrogé M. Dominique Baudis sur ses intentions en la matière : « Votre position ne sera pas facile. Allez-vous vous contenter d'être le plus petit commun dénominateur de ces quatre institutions, ou défendre, avec le punch que l'on vous connaît, le droit, l'indépendance, la justice, la lutte contre les discriminations, bref, devenir un quasi-opposant, jouant un rôle essentiel dans la démocratie ? Après un discours comme celui, intolérable pour moi, de Grenoble, qui accusait les Roms, pourra-t-on s'attendre à une déclaration du Défenseur des droits ? Les propos du ministre de l'Intérieur sur les réfugiés tunisiens ou sur l'échec scolaire des immigrés susciteraient-ils une réaction, une dénégation de sa part ? Je le souhaite, mais cela modifierait en profondeur l'équilibre des institutions ! Comment vous situez-vous dans cette perspective ? ».
M. Dominique Baudis avait alors adopté une position très prudente , indiquant vouloir éviter « l'écueil de la surexposition médiatique qui banalise la parole de l'institution et l'entraîne sur le terrain polémique ». « Pas question de jouer l'imprécateur public sur les plateaux de télévision » avait-il ajouté, avant de conclure, « Le discours de Grenoble ? Je ne crois pas que le rôle du Défenseur des droits soit d'interpeller publiquement les autorités de la République. Au-delà des discours, il y a les actes. Le Défenseur des enfants a produit des rapports sur les enfants Roms : le Défenseur des droits pourra aller au-delà. L'évacuation des camps, par exemple, peut concerner la déontologie de la sécurité... Ce n'est pas dans la polémique mais dans l'exercice scrupuleux et rigoureux des prérogatives de l'institution que l'on peut, sur le terrain, essayer de réparer les injustices, les discriminations et les abus de droit. »
Sans porter d'appréciation, à ce stade, sur cette position - confirmée par le Défenseur des droits lors de son audition - votre rapporteur indique qu'elle évaluera, au fil des ans, si le Défenseur des droits met bien en oeuvre les actions auxquelles il s'est engagé 14 ( * ) .
Par ailleurs, elle considère que le Défenseur des droits pourrait, sans tomber dans le risque de l' « imprécation publique », faire oeuvre, dès à présent, de pédagogie en présentant l'institution à l'occasion de grands événements 15 ( * ) ou en concluant des partenariats avec l'audiovisuel public.
L'an passé, notre collègue M. Jean-Claude Peyronnet avait salué le partenariat conclu il y a quelques années par la CNIL avec France Info : cette radio diffuse chaque semaine une chronique sur la protection des données personnelles.
Il avait appelé les autorités indépendantes, et en particulier le futur Défenseur des droits, à se rapprocher des chaînes parlementaires , ainsi que de France Télévision et/ou de Radio France pour ouvrir des temps d'antenne à la nouvelle institution.
Le Défenseur des droits a indiqué approuver cette recommandation et souligné qu'un contact avait, d'ores et déjà, été pris avec LCP-AN et Public Sénat.
* 14 Nous verrons plus loin que le Défenseur des droits s'est déjà saisi d'office de plusieurs dossiers, ce qui semble confirmer sa volonté affichée d'utiliser effectivement ses droits et prérogatives.
* 15 Ainsi le Défenseur des droits a-t-il opportunément participé à la Convention nationale des avocats qui s'est tenue à Nantes du 19 au 22 octobre 2011. De même, il est intervenu à l'occasion du congrès des maires le 22 novembre 2011.