C. RADIO FRANCE INTERNATIONALE : LA CLEF DE LA RÉFORME DE L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR

Radio France Internationale (RFI) est une radio publique française qui diffuse à Paris et partout dans le monde.

Avec 44 millions d'auditeurs réguliers en 2004, c'est la troisième station de radio internationale la plus écoutée au monde, derrière BBC World Service, et Voice of America, et à égalité avec la Deutsche Welle. RFI émet 24h/24h dans le monde entier en français et dans dix-neuf autres langues, en FM, en ondes courtes et en ondes moyennes, sur le câble, sur Worldspace et sur Internet.

D'après les indications transmises à votre rapporteur pour avis, et selon une enquête réalisée par l'Institut GEDA fin 2008, l'audience de RFI serait toutefois passée de 44 millions d'auditeurs réguliers en 2004 à 35,6 millions en 2008, soit une baisse de 8 millions d'auditeurs en 4 ans. Selon cette étude, si en Afrique francophone, dans un contexte de concurrence accrue, la station parvient à maintenir son audience (avec 23,8 millions d'auditeurs réguliers), en revanche, en Afrique anglophone, l'impact de RFI est limité, notamment par rapport à celui des radios locales et de la BBC (1,4 million d'auditeurs réguliers). Par ailleurs l'audience de sa filiale arabophone Monte Carlo Doualiya recule dans tous les pays du Maghreb et du Proche Orient où elle est mesurée (passant de 10,5 millions d'auditeurs réguliers au Proche et Moyen Orient en 2004 à 5,8 millions en 2008). De même, les audiences de RFI en Europe sont en recul (un million d'auditeurs réguliers en 2008 contre deux en 2004). Enfin, en Amérique du Nord et en Asie, où RFI est reprise sur des radios partenaires aux audiences généralement limitées, les chiffres sont encore plus faibles.

La faible présence de RFI sur Internet est également une source de préoccupation.

RFI emploie plus de 1 100 personnes, dont 465 journalistes.

La stratégie des dirigeants du groupe, s'agissant de RFI, repose sur l'idée de relancer cette radio, qui reste une belle et grande maison avec des personnalités d'exception, et dont la qualité des programmes est reconnue par tous, à la conquête de nouveaux bassins d'audience tout en confortant ses positions en Afrique.

Cette stratégie vise donc d'abord à redéfinir les priorités géographiques en réorganisant les rédactions en langues étrangères, afin d'en supprimer certaines, comme celles en allemand, en polonais, en serbo-croate, en albanais, en turc et en laotien, tout en encourageant les programmes dans d'autres langues, comme l'anglais, l'espagnol, le portugais-brésilien, l'haoussa et le swahili s'agissant de la radio, ou le mandarin, le russe, le vietnamien et le persan en ce qui concerne les programmes sur Internet.

L'objectif est non seulement de consolider les positions de RFI en Afrique francophone, mais aussi de développer son audience en Afrique lusophone et anglophone.

Cette stratégie s'accompagne de l'idée de mieux prendre en compte la dimension économique et de renforcer la place de la musique.

Elle vise ensuite à développer RFI sur Internet.

Enfin, elle a pour objectif de redresser la situation financière de la station et d'améliorer sa gestion, ce qui implique de redéfinir les métiers des salariés.

C'est toutefois dans un contexte budgétaire contraint que les dirigeants devraient entreprendre cette réorganisation en profondeur .

RFI avait bénéficié d'une dotation de l'Etat à hauteur de 130 millions d'euros en 2008. En 2009, la radio a bénéficié d'une dotation de la holding de 132 millions d'euros, soit une augmentation de 0,9 %.

Par ailleurs, le budget de la radio ayant été fortement déficitaire en 2006 (-11,5 millions d'euros), en 2007 (-1,1 million d'euros) et en 2008 (-8,7 millions d'euros), l'Etat a apporté, en février 2009, 16,9 millions d'euros à RFI pour reconstituer les fonds propres de l'entreprise.

D'après le projet annuel de performance annexé au projet de loi de finances, les principales priorités stratégiques de Radio France Internationale pour 2010 sont les suivantes :

- relancer les audiences en développant la diffusion de la radio en FM mais aussi en profitant des opportunités de la révolution technologique pour développer la diffusion sur les nouveaux médias (refonte du site Internet, développement de web radios, radio numérique terrestre, téléphonie mobile, etc.) ;

- adapter la politique des langues aux évolutions géopolitiques du monde, en développant notamment les langues prioritaires (anglais, espagnol, chinois, vietnamien, persan, russe et langues africaines, comme le haoussa et le swahili) et en étudiant la possibilité de lancer de nouvelles langues ;

- mettre en oeuvre des synergies avec TV5 Monde et France 24, tant sur le plan des fonctions supports que des contenus ;

- améliorer la structure financière de la société en retrouvant l'équilibre en 2010, grâce notamment à l'effet en année pleine du projet global de modernisation et du plan de sauvegarde de l'emploi ;

- développer le pôle arabophone constitué avec la rédaction arabophone de France 24 et les équipes de Monte Carlo Doualiya.

Cette réforme de RFI, attendue depuis une dizaine d'années, s'est traduite par un plan global de modernisation, accompagné d'un plan de sauvegarde de l'emploi, qui prévoit 206 suppressions de postes et 34 créations, avec des mesures d'accompagnement, comme des reclassements, des départs volontaires, des mises à la retraite ou des licenciements, et qui est à l'origine d'un conflit social depuis le mois de mai 2009.

A la suite de la décision de la Cour d'appel de Paris du 28 septembre 2009 et de la modification en conséquence par la direction de RFI du plan de sauvegarde de l'emploi, le comité d'entreprise a pu remettre son avis sur ce plan, qui s'est donc ouvert le 28 octobre dernier.

Les représentants de l'Intersyndicale de RFI, auditionnés par votre rapporteur pour avis, continuent néanmoins de dénoncer l'attitude de la direction et demandent la désignation d'un médiateur.

Pour sa part, la direction de l'entreprise met en avant le fait que le retard dans la mise en oeuvre du plan de sauvegarde de l'emploi se traduira par un déficit situé entre 2 et 4 millions d'euros pour la radio en 2009.

Interrogée par votre rapporteur pour avis sur une éventuelle intervention de l'Etat pour sortir de cette situation, lors de son audition devant la commission, le 4 novembre dernier, Mme Laurence Franceschini, directrice du développement des médias, a rappelé que le ministère de la culture et de la communication avait organisé plusieurs réunions entre la direction et les représentants des personnels de RFI sans aboutir à de réelles avancées. Elle a estimé que la désignation d'un médiateur risquerait de retarder la sortie de la situation actuelle de RFI.

Votre rapporteur pour avis estime qu'il ne lui appartient pas de prendre position dans un conflit social opposant la direction d'une entreprise et les syndicats.

Votre rapporteur pour avis est toutefois fortement préoccupé par les conséquences du prolongement de ce conflit social sur l'équilibre financier de la radio.

Il espère donc que l'on pourra sortir rapidement de cette situation et engager une réforme de la radio, dans le cadre d'un dialogue social rénové et dans un climat de confiance avec la direction.

A cet égard, le projet de déménagement de RFI, qui occupe actuellement des locaux au sein de Radio France, pour se rapprocher géographiquement de France 24, paraît de nature à favoriser ces évolutions.

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