B. LA FRANCOPHONIE : UNE FORCE ÉCONOMIQUE DANS LA MONDIALISATION AU SERVICE DE LA DIVERSITÉ CULTURELLE
Il est indispensable de repenser notre politique francophone dans le contexte de la mondialisation afin de l'extraire du carcan historique de la colonisation 9 ( * ) . Développer des partenariats stratégiques plus équilibrés, en particulier dans le domaine des médias et des nouvelles technologies, entre les pays riches francophones (Québec, Communauté francophone de Belgique, Suisse, France, etc.), les pays émergents asiatiques et les pays en développement, permettra de ne plus réduire la francophonie à une simple politique de coopération entre la France et l'Afrique.
1. L'identité de l'espace francophone est d'abord multiculturelle
La francophonie doit d'autant plus s'inscrire dans la défense du pluralisme linguistique dans la sphère économique, que le français n'est la langue première que dans douze États parmi les soixante-trois membres de l'Organisation internationale du travail (OIT). La défense de la langue française s'inscrit, ainsi, dans un combat mondialisé pour le multiculturalisme, aussi bien dans ses aspects politiques, culturels qu'économiques.
a) La France promeut la diversité culturelle à l'intérieur de ses frontières
Ce multiculturalisme, il est d'abord l'empreinte de la société française. Pour reprendre Dominique Wolton dans son ouvrage intitulé Demain la francophonie , la République ne parle pas uniquement la langue française classique, dont l'intégrité est principalement protégée par l'Académie française et le monde enseignant, mais plutôt « des langues de France ». Le patrimoine linguistique de la France est le plus riche d'Europe, notamment grâce à la diversité des langues pratiquées outre-mer. La loi constitutionnelle de modernisation des institutions de la V e République n° 2008-724 du 23 juillet 2008 a donné un fondement solide aux dispositions législatives et réglementaires préexistantes tendant à favoriser la protection et le développement des langues régionales, en insérant dans la Constitution un nouvel article 75-1 aux termes duquel « les langues régionales appartiennent au patrimoine de la France ». La reconnaissance de ce patrimoine linguistique est appelé à renforcer la cohésion d'une société française multiculturelle, en renforçant notamment le lien entre la République et les populations d'outre-mer.
À l'occasion de cette révision constitutionnelle, le Parlement a également souhaité proclamer dans la Constitution l'attachement de la République à la francophonie afin que cet aspect de la politique extérieure de la France apparaisse, au même titre que la construction européenne, dans notre texte fondamental. Désormais, la Constitution comporte, dans son titre XIV modifié « De la francophonie et des accords d'association », un nouvel article 87 rappelant que « la République participe au développement de la solidarité et de la coopération entre les États et les peuples ayant le français en partage ».
* 9 Wolton, Dominique, Demain la francophonie , 2006.