2. Radio France internationale (RFI) : une situation financière difficile
Radio France Internationale (RFI) est une radio publique française qui diffuse à Paris et partout dans le monde. Avec 45 millions d'auditeurs en 2006, c'est la troisième station de radio internationale la plus écoutée au monde, derrière BBC World Service, et Voice of America, et à égalité avec la Deutsche Welle. RFI émet 24h/24 dans le monde entier en français et 19 autres langues, en FM, en ondes courtes et en ondes moyennes, sur le câble, sur Worldspace et sur internet.
La subvention du ministère des affaires étrangères au budget de RFI devrait être en hausse de 2,15 % en 2008 par rapport à 2007 ; avec un montant de 71,1 millions d'euros, contre 69,63 millions d'euros en 2007, soit une légère augmentation d'environ 1,5 million d'euros.
A cette subvention s'ajoute une dotation de 58,72 millions d'euros au titre de la redevance.
Le budget global de RFI s'élèvera donc à 129,85 millions d'euros en 2008.
Avec une dotation de près de 133 millions d'euros en 2008 (y compris une dotation de 4,7 millions d'euros pour sa filiale Monte Carlo Doualiya, ex RMC-Moyen orient), RFI reste donc l'opérateur audiovisuel extérieur français le mieux pourvu, tout en étant loin de disposer de moyens équivalents à ceux de ses principaux concurrents.
De ce fait, son impact dans le monde ne peut être que très contrasté . Comme le précise la réponse du Gouvernement au questionnaire adressé par votre rapporteur : « la réussite reconnue du programme en français, sans doute obtenue au prix d'un investissement insuffisant en faveur des autres langues, ne suffit pas à imposer RFI dans les zones non francophones.
A cet égard, le Gouvernement a depuis plusieurs années invité RFI à repenser sa politique en matière de production et de diffusion en langues étrangères. Une réflexion en ce sens a été entreprise à l'automne 2004 par la nouvelle direction de l'entreprise, qui a réalisé, en complément du rapport remis par l'Inspection générale des finances début 2004, une analyse interne précise de la vingtaine de rédactions en langue étrangère. Cette étude témoigne malheureusement du caractère obsolète de nombre d'entre elles, de leur manque d'audience et met en évidence pour certaines l'impossibilité d'obtenir un impact minimal pour un coût supportable par l'entreprise. Pour la plupart, la production n'atteint pas des volumes suffisants pour permettre une programmation efficace et, de plus, n'est parfois plus adaptée aux attentes des publics étrangers, faute d'un renouvellement suffisant des équipes rédactionnelles. Force est de constater que l'évolution de cette situation est extrêmement lente.
D'une façon générale, RFI concentre déjà ses efforts sur ses points forts, l'Afrique et le monde arabo-musulman , qui sont les premières priorités que lui a assignées le Gouvernement, et dans une moindre mesure sur l'Europe orientale et la Chine où ses positions et sa notoriété sont nettement plus fragiles. Mais son impact est totalement marginal dans nombre de régions du monde faute de moyens de diffusion efficaces et de programmes adaptés, à tel point qu'on doit aujourd'hui se demander s'il reste utile de continuer d'émettre des fragments de programmes (une heure par jour, et parfois une heure par semaine...) vers des zones où notre radio internationale est à l'évidence totalement inaudible.
RFI reste un média de référence en Afrique subsaharienne francophone. Plus largement, sa notoriété et la qualité de sa rédaction Afrique devraient lui permettre de consolider cette position sur l'ensemble du continent africain (hors Afrique du nord), où la radio reste le média le plus populaire, à condition de renforcer sa production d'émissions en anglais et portugais et de proposer des émissions dans les grandes langues vernaculaires comme le swahili qui font défaut dans une zone où RFI entend toucher des publics bien au delà des élites urbaines francophones ou anglophones. C'est maintenant le cas pour le haoussa, dont une rédaction légère a été mise en place en mars 2007 (6 personnes dont 2 techniciens) à Lagos, dans les locaux de la VON (Voice of Nigeria) mais sous contrôle éditorial de RFI.
Cette place de premier plan en Afrique confère à RFI une responsabilité particulière, assumée à travers une ligne éditoriale équilibrée qui contribue à consolider l'influence de la France et à favoriser un renforcement de l'état de droit partout où c'est nécessaire. Les difficultés éprouvées par RFI en RDC, au Gabon, au Niger...etc démontrent le caractère très sensible du travail des journalistes de RFI et la nécessité d'une vigilance particulière de la part de la direction de la rédaction. En 2006-2007, RFI continue de renforcer ses positions en Afrique, particulièrement en FM (les nouvelles stations : Conakry et Labé en Guinée, Garoua et Maroua au Cameroun, Gao, Mopti et Ségou au Mali), sans pour autant abandonner la diffusion en ondes courtes qui reste utile pour toucher les zones rurales et, périodiquement, pour contrer l'interdiction par certains régimes de ses relais terrestres en FM (Rwanda par exemple).
Au Proche et Moyen Orient, RFI a la chance de pouvoir s'appuyer sur une chaîne en arabe, Monte Carlo Doualiya, (ex RMC-Moyen orient), dont l'audience et la notoriété se sont malheureusement dégradées face à la concurrence des nombreuses radios émettant en FM, ainsi qu'à celle des innombrables télévisions satellitaires qui arrosent la zone. En outre, l'obtention de nouvelles FM est de plus en plus difficile et il n'est maintenant guère possible d'aller plus loin et la FM, à l'évidence plus efficace que l'onde courte ou l'onde moyenne, n'est pas la panacée : plusieurs marchés essentiels (Egypte, Arabie Saoudite, Yemen...) y sont pour l'instant totalement fermés et les licences à payer aux Etats ou aux opérateurs locaux qui les acceptent sont de plus en plus coûteuses (Emirats arabes unis).
Le Gouvernement a demandé à RFI d'accorder une priorité à la modernisation et au renforcement des programmes de Monte Carlo Doualiya. Un plan de relance visant à améliorer le contenu de l'antenne (notamment la tranche info du matin), à réorganiser la rédaction, à promouvoir davantage la radio et à renforcer sa diffusion en recherchant des partenariats a été élaboré et mis en place. Ce plan implique une augmentation de la subvention de RFI en faveur de sa filiale ; le Ministère des Affaires étrangères, quant à lui, renforce la sienne par une augmentation de 500 000 euros.
Les efforts réalisés depuis plusieurs années par RFI en Europe rencontrent pour leur part des résultats de plus en plus décevants. Dans ces pays à la francophonie déclinante et dont les marchés radiophoniques sont devenus très concurrentiels, il est difficile à une radio internationale, dont les équipes rédactionnelles restent, pour l'Europe de l'Est, marquées par la guerre froide, de s'adapter à la demande des publics locaux. Même quand RFI dispose d'une équipe locale comme à Lisbonne, les résultats restent très médiocres (0,1% d'audience pour une dépense annuelle directe d'environ 500 000 euros !). D'une façon plus générale, alors que de nombreuses radios françaises, publiques ou privées, peuvent désormais être écoutées n'importe où dans le monde via l'Internet, la pertinence du concept de radio transnationale dans les pays développés et démocratiques devient de moins en moins évidente.
Enfin, dans la plupart des autres régions du monde, Asie, Amérique, Océanie, RFI n'a pas, et ne retrouvera pas à l'avenir, la capacité d'atteindre des niveaux d'audience réellement significatifs , notamment du fait d'un volume insuffisant de programmes en langues étrangères. Les moyens non négligeables qu'elle y consacre pourtant seraient probablement mieux utilisés à renforcer ses positions dans les zones où le potentiel de RFI est réel. En contrepartie, un renforcement des langues étrangères sur le site Internet rfi.fr ouvrirait l'accès à de nombreux publics de décideurs, dans des zones comme l'Asie ou l'Amérique du nord. Dans ces zones notamment, ainsi qu'en Europe, les sites Internet du groupe RFI sont donc amenés à jouer un rôle croissant pour répondre à la forte demande (33,15 millions de visites en 2006) et soutenir la concurrence des grands médias internationaux. C'est un défi important que doit relever RFI car l'Internet sera de plus en plus une alternative à l'onde courte, dans les pays où l'information est bridée, aussi bien que dans ceux où il est devenu trop coûteux d'émettre par la voie des ondes.
De plus en plus , RFI est également pour la France un outil de coopération au service de la diversité culturelle et du pluralisme des médias . Dans les pays du Sud, la diffusion de RFI contribue à la diversité de l'information et à l'implantation d'un état de droit, mais doit être accompagnée d'actions (conseil, formation, échanges et coproduction de programmes) en faveur des radios locales visant à affermir leurs positions et encourager l'ouverture des paysages radiophoniques. En 2006-2007, RFI a ainsi poursuivi ses actions en faveur de la radio publique afghane et des personnels techniques francophones de la radio publique libanaise, elle a apporté un appui aux radios communautaires de la République démocratique du Congo , soutenu la diffusion de la radio nationale centrafricaine et développé des actions de formation au Niger, en Guinée et en Indonésie. Elle a aussi reçu de nombreux stagiaires à Paris. Du reste, le Gouvernement envisage de traduire cette priorité renforcée à travers une participation de RFI au capital et au conseil d'administration de CFI, qui a vocation à devenir l'outil de coordination de l'ensemble des actions de coopération audiovisuelle de la France. »
C'est malheureusement dans un contexte budgétaire très contraint que l'entreprise doit affronter cette difficile phase de réorganisation en profondeur . Le Gouvernement considère qu'une réorganisation interne de RFI devrait lui permettre de réaliser des économies significatives. Il compte s'appuyer sur les résultats d'un rapport de l'Inspection générale des Finances.
Mais cet exercice, fondé sur une remise en question du concept de radio internationale et des méthodes de travail en vigueur dans l'entreprise, implique des négociations sociales délicates que la direction n'a pas encore menées à leur terme. Plusieurs chantiers, outre celui des langues étrangères, ont cependant déjà été explorés :
Le premier facteur d'économie identifié en réduisant drastiquement le coût de la diffusion en ondes courtes ( 5 millions d'euros par an environ), a été obtenu, par des négociations serrées avec TDF, en accord avec les tutelles, et a abouti à une économie totale de 34,5 millions d'euros étalée jusque 2011, date de fin du contrat.
Le volume de diffusion est réduit à 92 heures, au lieu des 168 heures d'avant la renégociation, ce qui correspond aux besoins réels de RFI d'après le Gouvernement, notamment sur le continent africain où les ondes courtes doivent pour l'instant être maintenues. D'autres économies en diffusion ont été faites hors contrat TDF, là où leur coût et leur pertinence étaient problématiques, comme à Boston par exemple.
Un effort de réorganisation interne devrait également permettre de réaliser des économies significatives selon le Gouvernement. A cet égard, les retards accumulés sur le chantier de la numérisation de la production, bien avancé au plan technique mais qui reste inabouti faute de certains accords sociaux, pénalisent l'entreprise depuis plusieurs années. Le Gouvernement a donc demandé à RFI de le faire aboutir rapidement et d'en tirer toutes les conséquences en termes d'effectifs.
L'évolution des dotations publiques à RFI (en millions d'euros) depuis 2002
LFI 2002 |
LFI
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LFI
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LFI
|
LFI
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PLF
|
PLF
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MAE |
69,67 (57,67 %) |
70,37 (57,36 %) |
71,42 (57,40 %) |
72,13 (57,31 %) |
69,54
|
69,63 (55,2%) |
71,13
|
Redevance |
51,23 (42,40 %) |
52,30 (42,63 %) |
53,00 (41,58 %) |
53,71 (41,77 %) |
55,86
|
56,53 (42,74%) |
58,03
|
Total |
120,80 |
122,67 |
127,51 |
128,62 |
130,21 |
132,24 |
133 |
L'exercice 2008 risque donc d'être difficile pour RFI.
En 2007, alors que le ministère des Affaires étrangères est contraint, faute de progression du programme 115, de reconduire sa dotation à un niveau quasi-identique au montant effectivement versé en 2006 (+ 90 000 euros), la redevance ne progresse que de 1,2 % (+ 670 000 d'euros), tandis que l'effet d'aubaine de l'économie TDF, certes reconduite en base, aura été largement absorbé par les dérives mécaniques constatées sur les dépenses de personnel (+ 2 % en 2007).
En 2008, en revanche, l'effort conjoint du ministère des Affaires étrangères et du ministère de la Culture, devrait permettre une augmentation de la dotation publique de 3 millions d'euros ( soit 1,5 du MAEE et 1,5 de redevance, c'est à dire +2,65% pour la redevance et +2,15% pour les affaires étrangères) mais, à ce jour, subsistent l'hypothèque de la réserve légale (1,7 million d'euros) sur la fin de l'exercice 2007 et aussi celle (entière) sur l'exercice 2008.
Dans ces conditions, il paraît indispensable que RFI soit exonérée de la réserve légale, comme le sont tous les opérateurs de l'audiovisuel public national financés sur la redevance, et ainsi de tempérer cette rigueur budgétaire qui frappe RFI au moment où la concurrence est de plus en plus grande.
Pour votre rapporteur, la conclusion d'un contrat d'objectifs et de moyens entre l'État actionnaire et Radio France Internationale reste plus que jamais à l'ordre du jour .
En 2001-2002, la négociation d'un contrat d'objectifs et de moyens entre RFI et l'Etat avait permis de réexaminer les orientations que les pouvoirs publics souhaitaient assigner à la radio extérieure, mais s'était heurtée à la question de la progression des moyens financiers qui est depuis plusieurs années au coeur de la relation entre RFI et ses tutelles. Faute d'obtenir les moyens qu'il revendiquait, le Président de RFI avait alors mis fin au processus de négociation.
La nouvelle direction de l'entreprise ayant maintenant pris la mesure des enjeux, et le rapport de l'IGF, demandé par les tutelles notamment pour préparer l'élaboration du contrat d'objectifs et de moyens, ayant été rendu en avril 2004, il faut maintenant que ce chantier aboutisse rapidement.
Le contrat d'objectifs et de moyens de RFI La signature d'un contrat d'objectifs et de moyens suppose une identification claire des objectifs prioritaires de la société pour l'avenir, afin de définir les grandes orientations stratégiques de ce contrat. D'ores et déjà, les tutelles ont proposé un cadre stratégique, qui repose sur les idées suivantes : 1/ Le modèle traditionnel de la radio internationale, né de la guerre froide et sur lequel repose encore largement l'organisation de RFI, ne correspond plus à l'état du monde ni aux modes de consommation actuels de la radio. Il doit aujourd'hui être fondamentalement remis en question. Dans les trois prochaines années, RFI va devoir mener un effort sans précédent pour s'adapter aux attentes de publics beaucoup plus exigeants qu'auparavant dans le contexte d'une offre médiatique sans cesse croissante, en concurrence directe non plus seulement avec les autres grandes radios internationales, mais aussi avec des radios locales très professionnelles et surtout les médias plus récents que sont la télévision et l'Internet, qui traversent désormais les frontières et dont la consommation progresse chaque année de façon soutenue. Sur les marchés des pays développés et, de plus en plus, ceux des pays émergents, l'écoute de la radio est désormais concentrée autour de formats musicaux et distractifs ultra-locaux et la concurrence acharnée qui les caractérise rend le coût d'accès à ces marchés prohibitif. La multiplication des télévisions d'information, l'accès généralisé à l'Internet y relativisent par ailleurs beaucoup la nécessité de proposer au public une radio d'information, a fortiori si elle n'est pas dans la langue du pays, et y condamnent RFI à la marginalité. Plutôt que la voie hertzienne, et sauf exception justifiée par le contexte politique et culturel local et par des scores d'audience significatifs, une présence renforcée et mieux valorisée sur l'Internet devrait à l'avenir y devenir le mode normal de diffusion des productions de RFI. Les radios internationales restent en revanche un vecteur puissant dans les pays en développement, et jouent souvent un rôle de premier plan dans les pays en situation de crise ou de post-crise. Mais là aussi, face à une concurrence locale de plus en plus professionnelle, elles sont contraintes, pour conserver une audience minimale, d'allier confort d'écoute, format 24h/24 dans des langues accessibles à une part significative de la population, et un minimum de proximité. A ces conditions, RFI doit, dans des zones où l'information indépendante n'est pas souvent la règle, continuer d'apporter un éclairage équilibré sur l'actualité du monde qui contribue à consolider l'influence de la France et à favoriser un renforcement de l'état de droit partout où c'est nécessaire. Dans ce contexte contrasté, l'objectif de RFI ne devrait donc plus être de rechercher une couverture mondiale par la voie hertzienne, mais d'optimiser l'impact de ses programmes, zone par zone, à partir d'une analyse lucide de ses forces et de ses faiblesses. Ce processus, qui devra être mené à son terme à l'issue du contrat d'objectifs et de moyens de la société, doit conduire à mettre fin à l'éparpillement actuel des moyens de RFI, autour de deux principes : - une présence hertzienne renforcée (diffusion 24h/24, dans des langues adaptées, enrichie de programmes de proximité) dans les zones où RFI a - ou pourrait avoir - un impact significatif ; - une présence multilingue et enrichie sur l'Internet en direction de toutes les zones où la diffusion hertzienne des radios internationales est condamnée à la marginalité. 2/ Parallèlement, ce premier contrat d'objectifs et de moyens devrait mener à une réorganisation en profondeur de l'offre en langues étrangères de RFI, autour de trois cas de figure : - les langues ayant vocation à être produites pour l'antenne radio et pour l'Internet, - les langues ayant vocation, à terme, à n'être produites que pour l'internet, - les langues ayant vocation à être proposées, de manière transitoire, sur l'internet. En premier lieu, RFI doit rester un média de référence en Afrique subsaharienne francophone et devrait chercher à le devenir dans les autres bassins linguistiques du continent, à l'exception de l'Afrique du nord où l'impact des autres médias français est déjà très important. Cela passe par un renforcement de la production d'émissions en anglais et en portugais, par la production - locale - d'émissions dans les grandes langues vernaculaires comme le swahili ou l'haoussa. Cela implique également un renforcement de la couverture éditoriale de cette zone, à travers davantage de bureaux et de correspondants locaux, et une présence aussi systématique que possible de relais FM dans les grandes agglomérations conjuguée, dans l'immédiat, aux ondes courtes qui restent utiles pour toucher les zones rurales et pour contrer l'interdiction périodique par certains régimes de ses relais terrestres. Au Proche et Moyen Orient, RFI a la chance de pouvoir s'appuyer sur une chaîne en arabe reconnue, RMC-Moyen Orient, dont l'audience et la notoriété se sont malheureusement dégradées face à la concurrence des nombreuses radios émettant en FM et des nombreuses télévisions satellitaires qui arrosent la zone. La modernisation des programmes de RMC-MO et la poursuite des efforts pour en assurer une meilleure diffusion sont une priorité. La part du budget global de RFI consacrée à sa filiale arabophone devrait pour cela être accrue progressivement sur la durée du contrat d'objectifs et de moyens. Dans les autres régions du monde, Europe, Asie, Amérique, Océanie, RFI n'a pas, sauf exception, la capacité d'atteindre des niveaux d'audience réellement significatifs. Sur la durée du contrat d'objectifs et de moyens, RFI devra donc procéder à un examen critique de l'impact réel de ses programmes, en rapport avec leur coût complet de production et de diffusion et mettre en place, le cas échéant, des modes d'action alternatifs. En tout état de cause, au terme du présent contrat d'objectifs et de moyens, RFI devrait être en mesure de proposer à ses publics un site Internet multilingue sur l'actualité de la France et du monde, largement enrichi par rapport à son offre actuelle, avec l'ambition de toucher un nombre d'internautes supérieur au nombre des auditeurs actuels dans ces zones de faible impact. Parallèlement, RFI devra identifier les régions où, pour des raisons politiques, linguistiques ou culturelles, il restera nécessaire de poursuivre, voire d'amplifier, une politique volontariste de présence radiophonique hertzienne, qui n'aura de sens, là aussi, que si elle répond aux exigences du public : diffusion 24h/24, dans des langues adaptées, enrichie de programmes de proximité. A court et moyen terme, il serait, par exemple, opportun de renforcer notre présence radiophonique dans certains pays est-européens extérieurs à l'Union européenne, avec l'objectif de contribuer à sensibiliser leurs populations aux valeurs démocratiques de l'Union. Compte tenu des priorités géographiques ainsi dégagées, l'offre de programmes de RFI pourra, elle-même, être amenée à évoluer. Aussi, la société concentrera-t-elle ses efforts sur sa mission d'information et sa politique de proximité à l'égard des auditeurs. 3/ Le contrat d'objectifs et de moyens devra, en outre, définir les conditions d'organisation interne qui permettront une plus grande harmonisation et une plus grande coordination de la ligne éditoriale des différentes antennes. Par ailleurs, afin de contribuer à la cohérence du dispositif audiovisuel français, RFI devrait identifier des projets qui pourraient être menés en association avec Radio France, mais également en matière d'information internationale avec France 24, ainsi qu'avec CFI, qui a vocation à devenir l'outil de coordination de l'ensemble des actions de coopération audiovisuelle de la France. En effet, RFI doit constituer pour la France un outil de coopération au service de la diversité culturelle et du pluralisme des médias. Dans les pays en développement, la diffusion de RFI contribue à la diversité de l'information et à l'implantation d'un État de droit, mais doit être accompagnée d'actions (conseil, formation, échanges et coproduction de programmes) en faveur des radios locales visant à affermir leurs positions et encourager l'ouverture des paysages radiophoniques. 4/ Le contrat d'objectifs et de moyens devrait également comporter un volet substantiel relatif à la modernisation de la gestion de l'entreprise. Il est indispensable que la société dégage en son sein des marges de manoeuvre nouvelles pour contribuer au financement de ses projets. Des gains d'efficacité, tirant notamment les conséquences de la numérisation sur l'organisation, les méthodes de travail et le niveau des effectifs devront être recherchés. Dans le même sens, une évaluation de l'évolution de la masse salariale de Radio France Internationale, qui représente plus de la moitié des charges de l'entreprise, paraît nécessaire. Fondée sur un objectif plus ambitieux que la seule stabilisation des effectifs, cette analyse devra tenir compte des perspectives de départs naturels et de rationalisation des emplois non permanents. Par ailleurs, l'évolution des moyens (personnel, fonctionnement, investissement) alloués aux différentes rédactions de Radio France Internationale sur la période devrait faire l'objet d'une présentation analytique, en regard de l'impact de chacune, en termes d'audience. Source : MAEE L'AUDIENCE DE RFI ? L' Afrique représente le principal bassin d'audience de RFI, avec une très forte concentration sur les pays francophones où RFI a progressé en 10 ans de 74%, grâce à une politique systématique d'implantation d'émetteurs FM dans les grandes métropoles et les villes secondaires. RFI dispose actuellement en Afrique de 93 émetteurs FM répartis dans 37 pays. Le programme de développement prévoit l'implantation d'ici à la fin de l'année, de 9 nouveaux émetteurs portant ainsi à 102 le nombre de relais diffusant des programmes de RFI sur l'ensemble du continent africain. Les études réalisées régulièrement sur l'audience en FM dans les capitales africaines sont assez fiables. Les derniers résultats (2006-2007) sont les suivants : - Abidjan : 1 ère radio avec 23 % d'audience cumulée/veille (BBC neuvième avec 4,8 %, Africa n°1 quatorzième avec 2,5 % ; Voice of America 21 ème avec 1,1 %.) - Yaoundé 1 ère radio avec une progression spectaculaire de 40 % - Kinshasa 2 ème radio avec 24 % - Lomé 2 ème radio avec 25% - Bamako 4 ème radio avec 26 % ? Le Proche et Moyen Orient représente le second bassin d'audience significative grâce à la filiale arabophone Monte Carlo Doualiya. En janvier 2005, l'estimation GEDA de l'écoute régulière de la population était de 10 500 000 auditeurs sur l'ensemble de la zone. Ce chiffre est peu fiable. Mais, dans cette région marquée par une forte concurrence internationale et locale, et surtout une place prépondérante de la télévision, les résultats, quand ils sont mesurés, se dégradent fortement ces dernières années (sauf en Syrie) : - Liban 4,8% de taux d'audience (en légère baisse) - Koweit 1 ,6% (stable) - Arabie Saoudite 1,1 % (en forte baisse) - Jordanie 0,9 % (en très forte baisse) - Qatar , 2%. (en très forte baisse) - Syrie , 5,5% (en légère baisse) sur l'ensemble du pays, avec une progression à Damas (3,5% en 2005 11,4% en 2006). Dans toutes les autres zones, les résultats sont très faibles : ? Europe : les quelques études fiables concernent les filiales, celle de Lisbonne aux résultats très faibles, celle en Roumanie où les résultats stagnent à 0,4 % de taux d'audience. De même en Albanie (0,5), et en Moldavie (0,3) ? Asie : audience très faible et études peu fiables. A l'exception peut-être des relais FM au Cambodge (résultats honorables). ? Amérique du nord : pas d'études ; audience certainement très faible. ? Amérique Latine : pas de diffusion directe mais reprise de programmes en espagnol et brésilien sur environ 230 radios locales. Pas d'études fiables. Source : MAEE |