B. LE RÉSEAU DES ALLIANCES FRANÇAISES
Coordonné par l'Alliance Française de Paris, le réseau des Alliances Française comprend 1 070 Alliances, dont près de 270 ont passé des contrats de partenariat avec les ambassades et bénéficient d'une subvention publique. Elles sont réparties dans 130 pays. 775 Alliances offrent des cours donnés par 15 000 enseignants à 380 000 élèves.
En 2003, la contribution du MAE se répartissait ainsi :
- subventions d'équilibre ou sur projet : 10,32 M€
- subventions exceptionnelles et Fonds multimédia : 0,75 M€
- investissements immobiliers : 1,00 M€
- rémunération des personnels détachés : 29,2 M€
Total : 41,27 M€
La comparaison entre les subventions de fonctionnement accordées pour près de 270 alliances et celles que reçoivent 148 Instituts et Centres culturels montre la modicité de l'appui de l'Etat.
Bilan depuis cinq ans des subventions accordées
aux alliances, d'une part,
aux instituts et centres culturels
français d'autre part
Années |
Montants (en millions de francs) |
|
|
Alliances françaises |
Centres et Instituts |
2000 |
11,6 MT |
71 M€ |
2001 |
11,4 MT |
69 M€ |
2002 |
11,8 MT |
70 M€ |
2003 |
10,9 M€ |
72 M€ |
2004 |
10,6 M€ |
68,1 M€ |
La comparaison avec les financements publics de nos partenaires européens est éclairante. En moyenne annuelle :
- un établissement du Goethe Institut reçoit 1,25 M€
- un établissement du British Council 1,00 M€
- un centre culturel français 0,5 M€
- une Alliance française conventionnée 0,17 M€
Cette comparaison montre les limites des substitutions envisagées d'Alliances aux Centres culturels. Il faudrait que les Alliance françaises locales, tout en continuant à s'auto-financer -elles le font en moyenne à hauteur de 75 %-, reçoivent un appui suffisant en personnels détachés et en subventions de fonctionnement. Or la chute du nombre de personnels détachés est inquiétante : 250 en 2005, soit 15 de moins qu'en 2004 (il y en avait près de 500 en 1989). L'emploi de 90 Volontaires internationaux permet au ministère des Affaires étrangères d'afficher 340 « détachés ». Il y aurait beaucoup à dire sur le sort de ces jeunes volontaires, le plus souvent diplômés de FLE (français langue étrangère) dont la réinsertion en France est très difficile et qui ne peuvent prétendre à aucun poste stable dans le réseau culturel à l'étranger.
La réussite des nouvelles Alliances des pays de l'ex-Union Soviétique, les promesses de celles de Chine, le dynamisme des grandes Alliances nord et sud américaines doivent être consolidés si on veut étendre le modèle en Europe et en Afrique.
Alliance française de Toronto
La première Alliance Française d'Amérique du Nord ouvre son troisième établissement d'enseignement en novembre 2004 et veut se doter d'un centre culturel français en 2006.
Située dans la capitale de l'Ontario cette Alliance Française bénéficie d'un contexte favorable tant sur le plan :
- économique : Toronto est la capitale économique, financière et médiatique du Canada ;
- démographique : l'Ontario accueille plus de la moitié des 220.000 nouveaux arrivants au Canada chaque année ;
- politique : le bilinguisme est une priorité politique du nouveau gouvernement provincial du libéral Mac Guinty (ouverture des services en français dans tout l'Ontario, droits de la minorité franco-ontarienne, la deuxième plus importante en Amérique après le Québec...).
L'activité d'enseignement du français langue étrangère à l'Alliance française de Toronto profite largement de cette conjoncture très favorable. En 2004, l'Alliance a accueilli 10.400 étudiants différents et assuré 215.000 heures d'enseignement, suivant une augmentation de 10 % par an. Les résultats financiers lui ont permis d'acheter et d'aménager un nouvel établissement d'enseignement de 1900 m 2 pour 1,4 million d'Euro dans le nord de la ville.
Pour être pleinement fidèle à sa vocation, l'Alliance française de Toronto ne saurait se contenter d'être une école de langue. L'ensemble des acteurs de la francophonie torontoise, les milliers d'étudiants fréquentant ses cours attendent de la première Alliance française d'Amérique du Nord qu'elle soit également un centre culturel francophone à part entière. Fort du succès grandissant de « La Galerie » photo, lieu d'expositions et de conférences, le conseil d'administration envisage de transformer son établissement principal du centre ville d'une surface actuelle de 3200m 2 , afin de se doter d'un petit auditorium, d'une cafétéria et des espaces de convivialité qui lui font aujourd'hui défaut. A titre d'exemple, l'Alliance se tourne vers le Goethe Institut ou l'Office national du Film pour présenter ses activités de ciné-club francophone.
Le Conseil d'administration envisage pour cela une campagne de levée de fonds de plus d'1 million d'Euro en 2005 et la réalisation du projet en 2006. Un concours d'architecture est prévu en partenariat avec l'Université de Toronto.
Au rang des réalisations culturelles 2004 on peut retenir les événements suivants :
- 8 expositions de photographes ayant accueilli en moyenne 350 personnes chacune et avec en plus un point fort lors du mois de la photographie une exposition Lartigue qui a accueilli à elle seule 600 personnes ;
- 10 concerts de musique française allant du jazz, au classique en passant par la chanson ;
- 4 productions théâtrales, notamment une pièce de René de Obaldia lors de la remise du Prix Alliance 2004, placée sous le patronage de la Gouverneure générale du Canada en présence de l'auteur ;
- première édition canadienne de la Fête de la musique qui a attiré 1000 personnes en 2004 et dont l'édition 2005 sera organisée à grande échelle avec le concours de la Ville de Toronto et de la Ville de Paris (à la visite de Bertrand Delanoë) ;
- participation au Festival international du film.
Plus que jamais, l'Alliance française de Toronto s'affirme comme le principal vecteur de l'action et de l'influence de la France au Canada anglophone et l'établissement phare du réseau des alliances françaises au Canada. Les enjeux politiques et pédagogiques, la gestion d'un établissement de cette taille qui emploie plus de 90 personnes, rendent indispensable la présence de professionnels français détachés par le Département. Il apparaît crucial que le Département confirme le niveau de son soutien à travers la mise à disposition de deux personnels détachés, soient le Directeur Général de profil gestionnaire et une Directrice adjointe de profil ingénierie de la formation au Français langue étrangère.
Une réussite comme celle de l'Alliance de Toronto suppose d'avoir les moyens de rémunérer du personnel sur fonds propres ou de bénéficier de personnel détachés. Deux spécialistes ne sont pas de trop à Toronto. Par ailleurs, il faut que l'Alliance Française de Paris soit en mesure de coordonner le réseau (pour résoudre, par exemple, la question de la qualité juridique des statuts locaux ) pour aider à la résolution de conflits qui peuvent mettre une Alliance en danger, ce qui a été le cas de Toronto, il y a deux ans, et enfin pour contribuer à la recherche pédagogique, à la formation des enseignants, des animateurs et des gestionnaires, pour donner, en un mot, sa cohérence au réseau.
Or l'Alliance de Paris traverse une situation difficile.