II. LA SITUATION DE CHAQUE TERRITOIRE
A. LA NOUVELLE-CALÉDONIE
Au-delà du bilan institutionnel qui peut être dressé, votre commission des Lois fera le point de l'évolution de la délinquance et de l'activité des juridictions en Nouvelle-Calédonie, sujets qui relèvent de sa compétence.
1. Le fonctionnement des nouvelles institutions
a) Le fonctionnement du gouvernement : le défi de la collégialité
Après une période difficile marquée par
des
interprétations divergentes de la notion de collégialité
devant caractériser le mode de fonctionnement du gouvernement selon
l'Accord de Nouméa et la contestation par le FLNKS de la composition
même du gouvernement dont la vice-présidence avait
été attribuée initialement à un membre de la FCCI
(Fédération des comités de coordination
indépendantistes ), le fonctionnement du gouvernement s'est
progressivement normalisé.
La première réunion du comité des signataires de l'Accord
de Nouméa en mai 2000 a permis à chacun d'exposer sa conception
de la collégialité et les partenaires se sont accordés sur
la nécessité d'entretenir un dialogue politique plus constant, de
trouver un mode de fonctionnement permettant l'association de tous aux
décisions et de chercher à rapprocher les points de vue exprimant
une solidarité gouvernementale.
Le nouveau gouvernement constitué le 3 avril 2001 après la
démission de M. Jean Lèques qui présidait le premier est
constitué de onze membres. Présidé par M. Pierre Frogier,
député RPCR de la Nouvelle-Calédonie, la
vice-présidence a cette fois été attribuée à
Mme Eperi Dewé Gorodey, membre du FLNKS-Palika. Ces
péripéties ont permis de vérifier le bon fonctionnement
des dispositions figurant sous les articles 108 et suivants de la loi organique
n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la
Nouvelle-Calédonie.
Une
deuxième réunion du comité des signataires
de
l'Accord de Nouméa a eu lieu le
22 janvier 2002
et les
partenaires ont exprimé leur volonté de poursuivre le travail
engagé en recherchant le consensus.
Cependant, un
remaniement
est intervenu au cours de
l'
été
2002
à la suite de la décision
de mettre fin aux fonctions de l'un des membres du gouvernement chargé
du secteur des affaires coutumières, M. Raphaël Mapou, un des
chefs de file de la FCCI qui avait pris des positions politiques
opposées à celles de la coalition RPCR-FCCI. Après ce
remaniement, le gouvernement est composé de 7 RPCR, 3 FLNKS et 1 FCCI.
Cette crise a eu pour conséquence de faire perdre à la coalition
la majorité absolue au congrès, l'éviction de M.
Raphaël Mapou du gouvernement ayant entraîné la
sécession de deux des quatre élus FCCI.
Autre tribulation à laquelle le gouvernement a dû faire
face : une polémique qui s'est engagée au début du
mois d'octobre sur l'installation du gouvernement dans de nouveaux locaux
jugés par ses trois membres indépendantistes trop proches du
siège de la province Sud à majorité RPCR.
Enfin, le congrès de la Nouvelle-Calédonie aura le
28 novembre
prochain à
élire un nouveau
gouvernement
en application de l'article 121 de la loi organique du 19
mars 1999
du fait de la démission d'un de ses membres
indépendantistes
, M. Gérald Cortot, et de ses suivants de
liste.
Ainsi, les dissensions affectant la coalition et les divisions qui s'exacerbent
au sein du mouvement indépendantiste ne contribuent pas à un
fonctionnement optimal du gouvernement collégial.
b) Le succès des lois du pays :
Le
régime juridique des lois du pays, une des principales novations du
nouveau statut, est défini par les articles 99 à 107 de la loi
organique du 19 mars 1999.
Depuis la mise en place des nouvelles institutions,
vingt-deux lois du
pays
ont été adoptées dont une en 1999, quatre en
2000, neuf en 2001 et
sept
en 2002
à ce jour. Rappelons
qu'
une seule
a été
déférée
au
Conseil constitutionnel, la saisine émanant de M. Robert Xowié,
président de la province des Iles Loyauté ayant été
rejetée ; il s'agit de la loi du pays relative à
l'institution d'une taxe générale sur les services devenue la loi
du pays n° 2000-002 du 14 février 2000. Les autres lois du
pays ont fait l'objet d'un avis favorable du Conseil d'État
préalablement à leur examen par le congrès. Elles sont
essentiellement intervenues en matière de
fiscalité
, de
droit du travail
, de
protection sociale
ou pour
encourager les
investissements dans le secteur minier
.
Les lois du pays promulguées depuis le mois de décembre 2001 sont
les suivantes :
- loi du pays n° 2001-013 du 31 décembre 2001 instituant
une taxe de solidarité sur les services affectée à la
caisse de compensation des prestations familiales, des accidents du travail et
de prévoyance des travailleurs de la Nouvelle-Calédonie au titre
du financement de la protection sociale. Cette loi du pays a fait l'objet d'une
seconde lecture en application des dispositions de l'article 103 de la loi
organique n° 99-209 du 19 mars 1999 relative à la
Nouvelle-Calédonie ;
- loi du pays n° 2001-014 du 31 décembre 2001 instituant
une taxe sur les alcools et les tabacs en faveur du secteur sanitaire et
social ;
- loi du pays n° 2002-015 du 9 janvier 2002 relative à la
taxe provinciale sur les nuitées des établissements
hôteliers ;
- loi du pays n° 2002-016 du 11 janvier 2002 relative à
la sécurité sociale en Nouvelle-Calédonie ;
- loi du pays n° 2002-017 du 11 janvier 2002 sur le domaine
public maritime de la Nouvelle-Calédonie et des provinces ;
- loi du pays n° 2002-018 du 16 avril 2002 relative au
régime de stabilité fiscale des entreprises du secteur
métallurgique et minier ;
- loi du pays n° 2002-019 du 29 avril 2002 instituant un
dispositif d'encouragement à l'investissement et portant diverses
mesures d'ordre fiscal ;
- loi du pays n° 2002-020 du 6 août 2002 portant diverses
dispositions d'ordre social ;
- loi du pays n° 2002-21 du 20 septembre 2002 relative aux
règles applicables aux entreprises établies hors de la
Nouvelle-Calédonie y effectuant une prestation de services avec du
personnel salarié et modifiant l'ordonnance modifiée
n° 85-1181 du 13 novembre 1985 relative aux principes directeurs du
droit du travail et à l'organisation et au fonctionnement de
l'inspection du travail et du tribunal du travail en
Nouvelle-Calédonie.
c) Le retard dans le versement des dotations compensant les charges liées aux transferts de compétences
La loi
organique n° 99-209 du 19 mars 1999 prévoit le transfert des
services ou parties de services de l'Etat chargés de la mise en oeuvre
d'une compétence attribuée à la Nouvelle-Calédonie
et crée une
commission consultative d'évaluation des
charges
. La composition et les règles de fonctionnement de cette
commission ont été précisées par un
décret
n° 2000-365
promulgué seulement le 26
avril 2000
. Elle est présidée par le président de la
chambre territoriale des comptes de Nouméa et est composée
à parité de représentants de l'État et de
représentants des collectivités locales, soit douze membres au
total. Elle est chargée de donner un avis préalable sur la
compensation financière par l'État des transferts de
compétences.
Elle a commencé à se réunir
à compter seulement du 6 février 2001
.
Le décret n° 2000-804 du 24 août 2000 relatif à
la date et aux modalités de transfert à la
Nouvelle-Calédonie des services de l'Etat chargés de la mise en
oeuvre des compétences transférées par la loi organique
précise que ce transfert ne prend effet qu'après approbation
d'une convention.
Trois conventions
ont ainsi été
signées
concernant les services du vice-rectorat, de l'inspection
du travail et du commerce extérieur, deux d'entre elles ayant
été approuvées par arrêté. Restent les
services des mines et de l'énergie dont le transfert devrait
également donner lieu à une convention mais, selon la
réponse faite à votre rapporteur, «
aucune
information n'a pu être obtenue concernant le service des
mines
».
Alors que l'annuité provisionnée en 2000 n'a pas
été versée faute de transfert effectif, les crédits
prévus pour 2001 ont été engagés au vu de la
convention du commerce extérieur signée le 19 décembre
2001. La dotation globale de compensation au titre des services pour l'exercice
2002 sera versée au
prorata temporis
dans l'hypothèse de
l'achèvement des procédures de transfert. Elle est estimée
pour une année pleine à 2.320.537 €.
2. La poursuite de la politique de rééquilibrage
a) Le dossier minier au coeur du processus de rééquilibrage voulu par l'Accord de Nouméa
Rappelons que le FLNKS avait fait du règlement de la
question
minière une condition essentielle de sa participation aux
négociations politiques qui ont abouti à l'Accord de
Nouméa et au nouveau statut. Afin de favoriser le
rééquilibrage économique au profit de la
province
Nord
, il souhaitait, grâce à l'acquisition par voie
d'échange avec la SLN (Société Le Nickel) d'un domaine
minier d'une importance suffisante, permettre la réalisation d'une usine
métallurgique dans cette province.
En application d'un accord conclu le 17 juillet 2000, 30 % du capital de
la SLN et 8 % de la société Eramet ont été
transférés à la STCPI (société territoriale
calédonienne de participation industrielle), spécialement
créée à cet effet. Cette société permet
ainsi aux institutions de la Nouvelle-Calédonie de participer aux
structures de décision d'Eramet et de la SLN et de recevoir une part des
profits dégagés par l'exploitation du nickel. L'accord stipule
que «
pour manifester la volonté politique de
rééquilibrage
», la province Sud, où sont
concentrées les richesses de l'île et où est
implantée la seule usine métallurgique de l'archipel, ne percevra
que 25 % des dividendes distribués par la STCPI, 50 % revenant
à la province Nord et 25 % à la province des îles
Loyauté. Le texte souligne que «
cet accord constitue une
première étape dans la mise en oeuvre du volet économique
de l'Accord de Nouméa et s'inscrit dans l'objectif de
rééquilibrage
».
L'industrie du nickel, la Nouvelle-Calédonie étant le
troisième producteur mondial de ce minerai, constitue de loin le plus
puissant moteur de l'économie calédonienne. Plusieurs
projets
sont
en cours
:
- le
projet d'usine du Nord
conduit par la société
Falconbridge et la SMSP (société minière du Pacifique Sud)
est encore en phase d'études. La finalisation de ces études de
faisabilité devrait intervenir en 2003 pour une
prise de
décision début 2004
. Elles se déroulent avec une
légère avance sur le calendrier résultant des conventions
d'échange des massifs de Poum et Koniambo ;
- le
projet d'exploitation du massif minier de Tiebaghi
par la SLN
en
province Nord
, qui permettra à celle-ci de majorer d'environ
20 % sa capacité de production de métal à Doniambo.
L'exploitation de ce nouveau massif devrait créer environ 200 emplois
dans cette province et ce projet a fait l'objet d'une aide fiscale ;
- le
projet d'exploitation
par la société canadienne INCO
d'un important
gisement de latérites situé à Goro, en
province Sud
. Cette usine produirait également du cobalt selon un
nouveau procédé d'extraction par acide sulfurique.
Représentant un volume d'investissement considérable
(1,5 milliard d'euros), ce projet devrait bénéficier
d'une aide fiscale de l'Etat, la Nouvelle-Calédonie ayant d'ores et
déjà accordé un régime fiscal
préférentiel.
Rappelons qu'un
schéma de mise en valeur des ressources
minières
, dont l'intervention est prévue par l'article 39 de
la loi organique n° 99-209 du 19 mars 1999 avant 2004, est en
cours d'élaboration pour fixer les orientations en matière de
développement industriel dans une perspective de développement
durable.
b) Une politique contractuelle toujours active
L'article 210-1 de la loi organique du 19 mars 1999
prévoit
que «
des contrats pluriannuels sont conclus entre l'Etat d'une
part, la Nouvelle-Calédonie et les provinces, d'autre part ; les
contrats de développement sont conclus et renouvelés pour une
durée de cinq ans
». En application de ces dispositions,
six contrats de développement
ont été signés
pour la période 2000-2004
, la participation de l'Etat
s'élevant à 354,9 millions d'euros, dont 246,45 millions
d'euros à la charge du ministère de l'outre-mer :
- un contrat
entre l'État et la province Sud
, signé
le 17 novembre 2000 et dont le montant s'élève à 134,79
millions d'euros, l'État prenant en charge 50 % de cette
somme ;
- un contrat de développement
entre l'État et la province
Nord
, signé le 24 octobre 2000 pour un montant de 149,18 millions
d'euros dont 75 % à la charge de l'État ;
- un contrat de développement
entre l'État et la province
des Iles Loyauté
, signé le 3 novembre 2000, portant sur un
montant de 74,84 millions d'euros dont 71 % à la charge de
l'État ;
- un contrat de développement
entre l'État et la
Nouvelle-Calédonie
, signé le 7 décembre 2000 pour un
montant de 118,87 millions d'euros, la participation de l'État
s'élevant à 39,47 millions d'euros soit un tiers ;
- un
contrat de développement État /
inter-collectivités
, signé le 2 août 2001 pour un
montant de 42,31 millions d'euros dont près de 37 % à la
charge de l'État ;
- un
contrat d'agglomération
, signé le 17 novembre
2000 et portant sur un montant de 119,31 d'euros dont près de 40 %
à la charge de l'État. Ce contrat concerne les communes de
Nouméa, de Païta, de Mont-Dore et de Dumbéa.
Enfin,
dix contrats entre l'Etat et une commune
ont été
signés en vertu de l'article 3 de la loi n° 99-210 du 19 mars
1999 relative à la Nouvelle-Calédonie : 8 pour la province
Nord (Canala, Hienghene, Kone, Ouega, Poindimié, Pouembout, Poum, Voh)
et 2 pour la province Sud (Farino, La Foa).
Au 31 décembre 2001, le taux d'exécution de ces différents
contrats était le suivant :
Type de contrat |
Part à la charge de l'Etat (millions € ) |
Montant engagé par l'Etat (millions € ) |
Taux
|
Etat/Province Sud |
67,40 |
7,32 |
11 % |
Etat/Province Nord |
112,52 |
6,35 |
6 % |
Etat/Iles Loyauté |
53,05 |
9,46 |
18 % |
Etat/Nouvelle-Calédonie |
39,47 |
4,70 |
12 % |
Etat/inter-collectivités |
15,78 |
3,65 |
23 % |
Contrat d'agglomération |
47,72 |
10,30 |
22 % |
3. L'évolution de la délinquance et de l'immigration clandestine
a) L'évolution de la délinquance et la situation des établissements pénitentiaires
(1) Une progression brutale de la délinquance en 2001
Sur la période 1991-2001 , l'ensemble des crimes et délits constatés par les services de police en Nouvelle-Calédonie a connu une forte progression globale qui n'a cependant pas suivi un cours linéaire puisque après deux années de baisse en 1992 et 1993, le mouvement haussier a repris en 1994 avec ses accélérations comme en 1995 (près de 44 % d'augmentation) et ses paliers comme en 1999 et 2000. L'année 2001 enregistre une augmentation brutale de près de 50 % du nombre de faits constatés, celui-ci atteignant le nombre inégalé de 6977.
La délinquance en chiffres sur la période 1990-2000
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Total des faits constatés |
3574 |
2678 |
2199 |
2398 |
3451 |
3845 |
4129 |
4593 |
4844 |
4680 |
6977 |
Évolution en % |
+5,5 |
-25 |
-17,9 |
+9 |
+43,9 |
+11,4 |
+7,4 |
+11,2 |
+5,5 |
-3,4 |
+47,3 |
La
délinquance globale en Nouvelle-Calédonie a augmenté en
2001 de 35,36 % contre 7,69 % en métropole
et 3,24 %
en moyenne dans les départements d'outre-mer. Le taux de
criminalité s'établit à 46 %o, chiffre bien
inférieur à celui enregistré en métropole
68,8 %o ainsi qu'à la moyenne des départements d'outre-mer
(57,45 %o). Ce taux varie cependant du simple au quadruple selon la
zone : de 81,2 %o en zone de compétence police (Nouméa)
où est concentrée 64 % de la délinquance
générale, il est de 28,61 %o en zone de compétence
gendarmerie qui regroupe 62 % de la population.
La forte augmentation enregistrée en 2001 s'explique toutefois en partie
par le mode de collecte des statistiques : en effet, contrairement aux
années précédentes, les dégradations ont
été enregistrées dans l'état des crimes et
délits et non dans les contraventions. L'incidence de cette
différence de comptabilisation statistique n'est cependant
estimée qu'à 10 % de la hausse de la délinquance
générale. Celle-ci résulte pour l'essentiel de la
forte
progression de 49,5 % de la délinquance de voie publique
(vols
à main armée, vols avec violence, cambriolages, vols de voitures
ou liés à l'automobile, destructions et dégradations de
biens publics et privés), soit + 12,5 % en secteur gendarmerie et
plus de 100 % à Nouméa alors qu'elle ne dépasse pas
9 % en métropole et 4,37 % pour l'ensemble des
départements d'outre-mer.
La hausse est particulièrement élevée pour les
cambriolages (+ 56 %) et les vols et recels (+ 43 %). Les
atteintes aux moeurs, les homicides et les coups et violences volontaires
augmentent respectivement de 16 % et 8 %. La part des vols et recels
dans la délinquance globale (48,5 %) reste inférieure
à la moyenne des départements d'outre-mer et au chiffre
métropolitain (62,1 %). Celle de la délinquance
financière (10,5 %) dépasse en revanche cette moyenne
(6,14 %) et la statistique métropolitaine (9 %). Le nombre de
crimes et délits contre les personnes (9 % de la délinquance
globale) demeure dans la moyenne des départements d'outre-mer mais
supérieur à celui de la métropole (7 %).
Concernant le
taux d'élucidation
, le nombre de personnes mises en
cause a progressé en 2001 de 14 % (8 % en zone gendarmerie et
20 % en zone police). Malgré une augmentation des faits
élucidés (+ 18 %), le différentiel entre faits
constatés et faits élucidés se creuse et,
mécaniquement, le taux d'élucidation baisse (49 % en 2000,
39 % en 2001
) tout en se maintenant à un niveau très
honorable, bien
supérieur à la moyenne nationale
. La
situation apparaît quelque peu décourageante dans la mesure
où une activité policière plus intense se traduit
in
fine
par des résultats en baisse du fait de la progression plus
rapide du nombre de personnes mises en cause.
Près de 23,4 % des personnes mises en cause sont des mineurs,
contre 17 % en 2000
. La proportion de mineurs mis en cause est
pratiquement équivalente à celle enregistrée en
métropole. Ceux-ci constituent 52 % des auteurs de cambriolages,
37 % des auteurs de vols à la roulotte et 30 % des auteurs de
vols simples.
Évolution du nombre de mineurs mis en cause sur la période 1991-2001
|
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Personnes mises en cause |
907 |
850 |
919 |
1018 |
1539 |
1743 |
1923 |
2243 |
2373 |
2090 |
2514 |
Mineurs mis en cause |
117 |
130 |
132 |
166 |
219 |
196 |
210 |
378 |
474 |
349 |
588 |
Proportion de mineurs mis en cause (%) |
12,9 |
15,3 |
14,4 |
16,3 |
14,2 |
11,2 |
10,9 |
16,9 |
20 |
16,7 |
23,4 |
Si la
nature de la délinquance calédonienne évolue peu, elle
reste particulièrement atypique. Ses caractéristiques sont les
suivantes :
- la délinquance des étrangers est insignifiante
(0,5 %) ;
- la délinquance organisée est marginale (4 vols à
main armée), les infractions graves à l'encontre des personnes
(homicides, vols avec violence) étant souvent commises sous influence
d'imprégnation alcoolique et de misère intellectuelle et
morale ;
- les agressions à l'encontre des forces de l'ordre sont rares car
le respect de l'uniforme est encore présent ;
- le caractère attractif de Nouméa demeure : plus d'un
tiers des délinquants sont domiciliés hors de cette zone ;
- la
consommation excessive d'alcool
reste un
fléau
majeur
et une des causes principales des dégradations : 4129
personnes ont transité, en 2001, par les cellules de dégrisement
des commissariats, soit pour ivresse publique simple, soit en préalable
à une procédure judiciaire. Les
« ramassages » pour ivresse publique,
réalisés en grande partie par la police municipale, contribuent
largement à contenir la délinquance constatée qui reste le
plus souvent non préméditée. Enfin, la délinquance
routière liée à la consommation d'alcool est
importante ;
- la délinquance de voie publique connaît une très
forte progression, notamment pour les cambriolages (+ 124 %) et la
délinquance acquisitive en général. Cette évolution
perceptible depuis plusieurs années doit être
interprétée comme reflétant la
perte des valeurs
coutumières chez les jeunes mélanésiens
.
(2) La situation des établissements pénitentiaires
Concernant
la population carcérale
, le centre
pénitentiaire de Nouméa accueillait 299 détenus au
1
er
juillet 2002 pour une capacité de 192 places, soit
un
taux d'occupation de 155,7 %.
Le
centre pénitentiaire de Nouméa
, dont la construction
remonte à 1850, occupe des bâtiments installés sur une
superficie de 20 hectares, dont 6 réservés à la
détention. Il fait régulièrement l'objet de travaux
d'entretien et de maintenance.
Plusieurs opérations importantes d'équipement ont
été menées dans le cadre du schéma directeur de
restructuration élaboré en 1995 (cuisine reconstruite en 1997
pour 671 000 € et nouveau quartier réservé aux femmes
en 1999 pour 640 000 €). La mise en service de ce nouveau
quartier était subordonnée à la construction d'un mur
d'enceinte, dont la réalisation a été financée en
2000 à hauteur de 259 000 €, ce qui a permis son ouverture en
décembre 2001). L'installation d'une nouvelle station d'épuration
est actuellement en cours (305 000 €).
Le
traitement de la surpopulation chronique
de l'établissement
constitue la première urgence de l'administration pénitentiaire.
Les mesures proposées par la
mission technique menée en juin
2000
visent une capacité théorique à terme de 400
places. La construction d'un centre de semi-liberté d'une soixantaine de
places est d'ores et déjà programmée : les
études préalables, d'un montant de 295.000 € ont
été financées en 2001. Par ailleurs, le centre
pénitentiaire doit faire l'objet d'une rénovation en profondeur
pour mise aux normes, les études et travaux correspondants devant
intervenir dans le cadre d'un schéma pluriannuel.
Les effectifs des
personnels pénitentiaires
en fonction au
1
er
janvier 2002 en Nouvelle-Calédonie se répartissent
de la façon suivante : 1 agent de direction, 5 agents
administratifs, 8 agents socio-éducatifs, 1 agent technique et 78 agents
de surveillance, soit un
effectif total de 93 agents
.
b) L'immigration clandestine :
L'immigration irrégulière est relativement faible en Nouvelle-Calédonie ; la pression migratoire la plus forte provient du Vanuatu. Le nombre d'étrangers en situation irrégulière est passé de 207 en 1999 et 103 en 2000 à 68 en 2001.
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Voyageurs à l'entrée |
195.736 |
198.643 |
183.349 |
195.427 |
95.066 |
Voyageurs à la sortie |
196.258 |
199.224 |
183.524 |
185.136 |
95.282 |
Non admis |
11 |
18 |
7 |
3 |
4 |
Etrangers en situation irrégulière |
20 |
62 |
84 |
207 |
103 |
Eloignés (reconduites-expulsions) |
3 |
7 |
18 |
11 |
6 |
La
Nouvelle-Calédonie se caractérise par une action soutenue en
matière de lutte contre le travail clandestin : en 2001, vingt
procédures judiciaires ont été engagées à
l'encontre des employeurs en infraction et de près de cinquante
salariés impliqués.
Le débarquement de 110 ressortissants chinois sollicitant l'asile en
novembre 1997 a conduit à réformer le
régime
juridique
applicable localement en matière de
droit d'asile
.
La loi n° 99-210 du 19 mars 1999 relative à la
Nouvelle-Calédonie a ainsi étendu la loi n° 52-893 du
25 juillet 1952 relative au droit d'asile. Cela a permis d'accorder l'asile
à une vingtaine de ces ressortissants, les autres voyant leur situation
régularisée soit au titre de l'asile territorial, soit à
titre humanitaire. Une dizaine ont été rapatriés chez eux
à leur demande.
Concernant la
réforme des conditions d'entrée et de
séjour des étrangers en Nouvelle-Calédonie
, la loi
n° 2001-503 du 12 juin 2001 a habilité le Gouvernement
à en moderniser le régime par voie d'ordonnance.
L'
ordonnance
n° 2002-388 du 20 mars 2002
a ainsi
adapté les dispositions de droit commun issues de l'ordonnance du
2 novembre 1945. Ses dispositions entreront
en vigueur le
1
er
janvier 2003
, le décret d'application
n° 2002-1219 du 27 septembre 2002 ayant été pris.
4. Les moyens et l'activité des juridictions
(1) Les juridictions de l'ordre judiciaire
La
Nouvelle-Calédonie est dotée
pour l'ordre judiciaire
d'un
tribunal de première instance
et d'une
cour d'appel
(dont
le ressort couvre également le Territoire de Wallis-et-Futuna),
disposant au 1
er
août 2001 d'un
effectif
réel de
30 magistrats (effectif budgétaire : 30) et de 75 fonctionnaires
dont 29 greffiers (effectif budgétaire : 78).
Les
dotations de fonctionnement
continuent de progresser pour les
juridictions de l'ordre judiciaire de Nouméa et
Wallis :
Dotation initiale 1998 |
Dotation initiale 1999 |
Dotation initiale 2000 |
Dotation initiale 2001 |
Dotation initiale 2002 |
Evolution
|
952.202 € |
992.730 € |
981.619 € |
1.029.641 € |
1.049.418 € |
+ 10,21 % |
En
outre, les juridictions ont bénéficié depuis 1999 de
nombreuses mesures de modernisation s'inscrivant soit dans le cadre d'actions
impulsées au niveau national, soit de projets d'initiative locale. Le
montant des crédits accordés par la mission de modernisation de
la direction des services judiciaires pour le soutien des projets de
modernisation des juridictions s'est élevé à 244.912
€ pour l'exercice 1999, 125.952 € en 2000, 247.706 €
en 2001 et 190.713 € fin juillet 2002. 11 % de ces
crédits ont été consommés à ce jour pour
financer un certain nombre d'actions telles que l'acquisition de
matériels audiovisuels numériques pour l'enregistrement des
auditions de mineurs victimes d'agressions sexuelles, la réalisation
d'un intranet local ou encore l'interconnexion des réseaux du palais de
justice de Nouméa aux sites distants de la province Nord.
Selon les informations délivrées par le premier président
de la cour d'appel de Nouméa, la structure du
contentieux judiciaire
civil
a évolué de la façon suivante depuis
1995 :
Cour d'appel |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
Affaires civiles nouvelles |
392 |
348 |
382 |
348 |
392 |
381 |
355 |
Affaires en stock au 31/12 |
242 |
200 |
210 |
237 |
253 |
259 |
252 |
Affaires commerciales nouvelles |
67 |
64 |
71 |
44 |
68 |
60 |
65 |
Affaires en stock au 31/12 |
50 |
53 |
59 |
24 |
42 |
39 |
62 |
Affaires sociales nouvelles |
60 |
95 |
79 |
87 |
124 |
117 |
127 |
Affaires en stock au 31/12 |
33 |
70 |
59 |
53 |
91 |
70 |
84 |
Total des affaires nouvelles |
519 |
507 |
532 |
479 |
584 |
558 |
547 |
Stock global au 31/12 |
325 |
323 |
328 |
314 |
386 |
368 |
398 |
Pour
l'ensemble du
contentieux civil
, on constate une légère
progression du nombre annuel d'affaires nouvelles sur la période, bien
que le mouvement n'ait pas été linéaire et que les deux
dernières années soient marquées par une
sensible
décrue
(- 6,3 %).
Concernant le
contentieux pénal
, le nombre des affaires nouvelles
portées chaque année devant la cour d'appel, en constante
diminution depuis 1997 (réduction de plus du tiers au cours de ces
quatre années), connaît en 2001 une légère
remontée (196 affaires nouvelles contre 185 en 2000).
(2) La juridiction administrative
Est par
ailleurs implanté à Nouméa un
tribunal
administratif
dont l'effectif de magistrats a été
ramené à 4 depuis septembre 2000. Ce tribunal est par ailleurs
doté de six agents de greffe. Ce
petit nombre de magistrats
rend
difficile la tenue des audiences collégiales et cette situation est
aggravée par le fait que, si la juridiction judiciaire peut en principe
compléter une formation de jugement, elle n'en aura en
réalité pas les moyens en raison de la mise en oeuvre de la
nouvelle législation sur la présomption d'innocence.
Le
budget de fonctionnement
du tribunal administratif a
été
réduit
de 93.070 € en 2001 à
80.272 € pour 2002, ce qui fait craindre à son
président que la juridiction ne se trouve en situation de cessation des
paiements en fin d'année.
Concernant l'évolution du
contentieux
, le nombre des affaires
nouvelles est passé de 454 en 1999, à 471 en 2000 et 672 en 2001,
soit une
progression de plus de 42 % au cours de la dernière
année
. Parallèlement, le
nombre d'affaires
jugées
est passé de 411 en 2000 à 616 en 2001, soit un
accroissement de 49 %
de l'efficacité des magistrats ce qui
représente un effort considérable.
Présidant également le
conseil du contentieux administratif de
Wallis-et-Futuna
dont la suppression est prévue par le 4° du I
de l'article 68 de la loi n° 2002-1138 du 9 septembre 2002
d'orientation et de programmation pour la justice en vue de l'application
à ce territoire du code de justice administrative, le président
du tribunal administratif de Nouméa indique que le conseil du
contentieux administratif a enregistré en 2001 quinze requêtes et
rendu quatorze décisions.