II. LES CRÉDITS INSCRITS AU BUDGET DU MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES : UNE ÉROSION ENRAYÉE ET UN DÉBUT DE REDRESSEMENT
La comparaison des « bleu » et « jaune » annexés au projet de loi de finances permet de redéfinir les contours d'un « agrégat » aide au développement dont la physionomie est la suivante et à partir duquel les évolutions peuvent être appréciées:
CRÉDITS DE PAIEMENT 2003 « AIDE AU DÉVELOPPEMENT »
PLF 2003 |
JAUNE 2003 |
% |
|
Titre III Moyens des services |
|||
31-12 Indemnités et allocations diverses |
41 473 816 |
5 500 000 |
13,26% |
31-90 Rémunérations des personnels |
616 700 555 |
129 440 000 |
20,99% |
31-98 Autres rémunérations d'administration centrale |
3 084 879 |
350 000 |
11,35% |
33-90 Cotisations sociales Part de l'Etat |
28 838 748 |
6 120 000 |
21,22% |
33-91 Prestations sociales versées par l'Etat |
5 101 993 |
1 180 000 |
23,13% |
36-30 Subventions aux établissements publics |
366 284 993 |
104 250 000 |
28,46% |
37-90 Moyens généraux des services |
316 027 000 |
25 680 000 |
8,13% |
37-95 Ets culturels, de coopération et de recherche |
51 441 129 |
37 820 000 |
73,52% |
Titre IV Interventions publiques |
|||
41-43 concours financiers |
123 500 000 |
123 500 000 |
100,00% |
42-13 Appui à des initiatives privées ou décentralisées |
33 496 478 |
33 470 000 |
99,92% |
42-14 Subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle |
165 000 000 |
20 160 000 |
12,22% |
42-15 Coopération internationale et développement |
530 076 469 |
372 600 000 |
70,29% |
42-26 Transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire |
16 787 504 |
16 790 000 |
100,01% |
42-29 Coopération militaire et de défense |
93 512 984 |
64 990 000 |
69,50% |
42-31 Participation de la France à des dépenses
internationales
|
678 761 253 |
79 720 000 |
11,74% |
42-32 Participation de la France à des dépenses
internationales
|
85 874 480 |
85 540 000 |
99,61% |
42-37 Autres interventions publiques de politique internationale |
25 605 484 |
16 880 000 |
65,92% |
Titre V Investissements |
|||
57-10 Equipements administratifs et divers |
46 811 000 |
17 960 000 |
38,37% |
Titre VI Subventions d'investissements accordées par l'Etat |
|||
68-02 Participation de la France au Fonds européen de développement |
496 000 000 |
496 000 000 |
100,00% |
68-80 Action extérieure et aide au développement
Subventions
|
4 000 000 |
4 000 000 |
100,00% |
68-91 Fonds de solidarité prioritaire |
112 000 000 |
112 000 000 |
100,00% |
68-93 Dons destinés à financer des projets mis en oeuvre par l'AFD |
137 000 000 |
137 000 000 |
100,00% |
Total |
1 890 950 000 |
Par rapport aux dotations 2002, la part des crédits consacrés à l'aide au développement en 2003 ne connaît pas d'évolution significative.
Avec une répartition similaire, les crédits d'aide au développement s'inscrivent en hausse de près de 24,8 % sous l'effet conjugué de l'augmentation significative des crédits prévus au titre de la participation de la France au Fonds Européen de Développement (+ 483 %) et de la budgétisation, à hauteur de 91 M€, des contrats de désendettement et de développement au titre des concours financiers, deux chapitres comptabilisés à 100 % dans l'aide au développement.
Au sein du budget des Affaires étrangères en hausse de 13,34 %, la part des crédits d'aide au développement passe de 41,75 % des crédits votés 2002 à 46 % en 2003 . Ces évolutions marquent un net retournement de tendance par rapport aux années précédentes où les crédits d'aide au développement étaient les principales victimes d'un environnement budgétaire contraint.
L'évolution est particulièrement sensible au titre IV, les crédits d'intervention n'étant plus individualisés depuis 2002 avec la fusion opérée dans un chapitre unique entre les crédits consacrés aux assistants techniques et ceux dévolus aux coopérants culturels.
Les évolutions constatées au titre III proviennent, pour l'essentiel d'une modification du périmètre sans incidence financière , avec le déplacement du titre III au chapitre 42 15 du titre IV des crédits consacrés aux personnels mis à disposition des alliances françaises.
En M€ |
Total crédits MAE |
Crédits coopération |
Part des crédits coopération |
|||
LFI 2002 |
PLF 2003 |
LFI 2002 |
PLF 2003 |
LFI 2002 |
PLF 2003 |
|
Titre III |
1 497 |
1 540 |
319 |
310 |
21,3 % |
20,12 % |
Titre IV |
1 604 |
1 777 |
704 |
813 |
43,8 % |
45,75 % |
Titre V |
54 |
46 |
19 |
18 |
35,18 % |
39 % |
Titre VI |
473 |
749 |
471 |
749 |
99,5 % |
100 % |
Total CP |
3 629 |
4 113 |
1 515 |
1 890 |
41,74 % |
45,95 % |
Total AP (Titres V et VI) |
3 729 |
443 |
3 679 |
402 |
98,65 % |
90,7% |
Par chapitre, les évolutions sont les suivantes :
Jaune 2002 |
jaune 2003 |
2002/2003 |
|
Titre III Moyens des services |
|||
31-12 Indemnités et allocations diverses |
5 400 000 |
5 500 000 |
1,85% |
31-90 Rémunérations des personnels |
127 030 000 |
129 440 000 |
1,90% |
31-98 Autres rémunérations d'administration centrale |
340 000 |
350 000 |
2,94% |
33-90 Cotisations sociales Part de l'Etat |
6 010 000 |
6 120 000 |
1,83% |
33-91 Prestations sociales versées par l'Etat |
1 160 000 |
1 180 000 |
1,72% |
36-30 Subventions aux établissements publics |
95 950 000 |
104 250 000 |
8,65% |
37-90 Moyens généraux des services |
25 200 000 |
25 680 000 |
1,90% |
37-95 Ets culturels, de coopération et de recherche |
58 620 000 |
37 820 000 |
- 35,48% |
Titre IV Interventions publiques |
|||
41-43 concours financiers |
21 190 000 |
123 500 000 |
482,82% |
42-13 Appui à des initiatives privées ou décentralisées |
34 250 000 |
33 470 000 |
- 2,28% |
42-14 Subventions aux opérateurs de l'action audiovisuelle |
20 160 000 |
20 160 000 |
NS |
42-15 Coopération internationale et développement |
359 300 000 |
372 600 000 |
3,70% |
42-26 Transport et dépenses diverses au titre de l'aide alimentaire |
14 790 000 |
16 790 000 |
13,52% |
42-29 Coopération militaire et de défense |
72 460 000 |
64 990 000 |
- 10,31% |
42-31 Participation de la France à des dépenses
internationales
|
79 720 000 |
79 720 000 |
NS |
42-32 Participation de la France à des dépenses
internationales
|
85 540 000 |
85 540 000 |
NS |
42-37 Autres interventions publiques de politique internationale |
16 880 000 |
16 880 000 |
NS |
Titre V Investissements |
|||
57-10 Equipements administratifs et divers |
19 710 000 |
17 960 000 |
-8,88% |
Titre VI Subventions d'investissements accordées par l'Etat |
|||
68-02 Participation de la France au Fonds européen de
|
218 460 000 |
496 000 000 |
127,04% |
68-80 Action extérieure et aide au développement
Subventions
|
4 000 000 |
4 000 000 |
NS |
68-91 Fonds de solidarité prioritaire |
112 202 000 |
112 000 000 |
- 0,18% |
68-93 Dons destinés à financer des projets mis en oeuvre par l'AFD |
137 200 000 |
137 000 000 |
- 0,15% |
Total |
1 515 572 000 |
1 890 950 000 |
24,77% |
A. LES CRÉDITS D'INTERVENTION DU TITRE IV
1. Les concours financiers
Les crédits inscrits au chapitre des concours financiers jusqu'en 2002 comprenaient l'aide budgétaire et les concours à l'ajustement structurel.
Ces derniers ont pour objectif de venir en appui de politiques d'ajustement structurel menées par les pays bénéficiaires dans le cadre de programmes définis avec les institutions de Bretton Woods. En 2002, ils se répartissaient à parité entre les dons à destination des PMA et les bonifications des prêts consentis par l'AFD au nom de l'Etat aux pays à revenu intermédiaire, ces prêts étant financés par emprunts sur les marchés financiers.
Ces crédits font l'objet d'une cogestion avec le ministère des finances et l'Agence française de développement et se caractérisent par une forte conditionnalité liée aux critères définis par les bailleurs multilatéraux, critères qui touchent, en particulier, à la situation politique des bénéficiaires.
L'enveloppe des bonifications de prêts est strictement reconduite à 6,8 millions d'euros tandis que les dons enregistrent une forte hausse de 8,7 M€ pour s'établir à 15,6 M€.
Ce chapitre est habituellement abondé de reports liés à une sous-consommation chronique des crédits budgétés. Pour l'exercice 2001, le taux d'exécution du chapitre n'atteint que 17,7 % et la Cour des comptes le désigne comme responsable du tiers des reports du ministère.
Comme corollaire des difficultés de décaissements, le chapitre a été concerné par un gel de crédits à hauteur de 33 M€ 4 ( * ) en 2002.
Au premier semestre 2002, seule la Côte d'Ivoire a bénéficié d'une bonification de prêt avec l'engagement de 55 M€. La situation ivoirienne permet de nourrir quelques inquiétudes quant au remboursement de ce prêt dont il faut rappeler qu'il conditionne d'autres interventions, notamment celles de l'Agence française de développement, en matière d'aide publique.
Les dons ont concerné, sur la même période, le Tchad ainsi que l'Ouganda et le Mozambique. Pour ces deux derniers, il s'agit d'engagements au titre de l'initiative « pays pauvres très endettés ».
Destinée au financement d'opérations exceptionnelles, l'aide budgétaire inscrite à ce chapitre atteint 10 M€, soit une hausse de 33,87 %. En 2002, elle a concerné, au premier semestre, 13 pays dont le Mali et le Sénégal pour les montants les plus significatifs.
Pour 2003, le chapitre des concours financiers est surtout marqué par la budgétisation, à ce chapitre, des contrats de désendettement et de développement (C2D) pour un montant de 91 M€ , qui constituent le volet bilatéral de la contribution française à l'initiative « Pays pauvres très endettés » (PPTE).
Pour les pays qui remplissent des critères d'éligibilité à l'Initiative, sur laquelle votre rapporteur reviendra en évoquant la question du traitement de la dette, les C2D visent à refinancer par dons, essentiellement sous forme d'aide budgétaire affectée à des programmes sectoriels, les échéances de prêts remboursées par les Etats. La mise en oeuvre des C2D relève de l'Agence française de développement.
Le rythme de décaissement de ces crédits est directement fonction des échéances de remboursement et devrait monter en puissance de façon progressive. Le ministre délégué a fait état de la possibilité de basculer une partie des crédits non décaissés sur le FSP et l'AFD, dans l'hypothèse de décaissements insuffisants. Cette budgétisation identifiée du montant des C2D est conforme au principe « d'additionnalité » de l'aide, telle que définie par notre pays.
A terme, 16 pays de la ZSP devraient être concernés par cette procédure, pour un montant global de 3,7 milliards d'euros .
Pour l'ensemble du chapitre, comme indiqué dans la réponse du ministère au questionnaire budgétaire, les crédits ne font pas l'objet d'une programmation spécifique.
* 4 Une annulation de crédits, à hauteur de 4 M€ est prévue en loi de finances rectificative