CHAPITRE II -
PANORAMA DE
QUELQUES GRANDES
THÉMATIQUES DE LA RECHERCHE
I. QUEL RETARD FRANÇAIS DANS LE DOMAINE DES BIOTECHNOLOGIES ?
A. LA SITUATION DES BIOTECHNOLOGIES EN FRANCE
L'OCDE définit les biotechnologies comme « l'ensemble des applications des sciences et technologies utilisant des matières biologiques, vivantes ou mortes, pour produire de la connaissance, des aliments ou des services ». Les biotechnologies utilisent aujourd'hui les techniques de la biologie moderne les plus récentes, issues de l'ingénierie génétique.
1. Les enjeux économiques
a) Un marché très spécifique
Les biotechnologies représentent un enjeu économique majeur. Selon la Commission européenne, le marché mondial représenterait 500 milliards d'euros en 2004 et 800 milliards d'euros en 2010. C'est un marché très spécifique :
- les activités de biotechnologies nécessitent une forte capitalisation ;
- elles sont très risquées car elles se situent très en aval des activités de recherche et de développement ;
- elles sont essentiellement tournées vers la thérapie ;
- elles sont sensibles au cadre législatif relatif à la propriété industrielle.
b) Les biotechnologies concernent essentiellement l'industrie pharmaceutique
Près de 80 % des sociétés de biotechnologies relèvent de la pharmacie ou des technologies associées. L'application des biotechnologies à ce secteur est donc fondamentale car elle permet de progresser vers une médecine plus personnalisée, ces techniques conduisant à développer des molécules beaucoup plus ciblées. En outre, du fait d'un raccourcissement des premières étapes de recherche, elles permettent de réduire de manière significative le coût de développement des nouveaux produits.
c) La situation en France
Une étude réalisée en 2001 par le cabinet Ernst&Young dresse un panorama des entreprises de biotechnologies en France. 45 % de ces entreprises sont regroupées dans deux associations : France Biotech et Objectifs 2010. La France compte aujourd'hui près de 240 entreprises de biotechnologies, dont 200 travaillant sur le secteur de la santé. Ces entreprises emploient près de 5.000 personnes pour un chiffre d'affaires annuel de 757 millions d'euros, ce qui place la France derrière le Royaume-Uni, l'Allemagne, et surtout derrière les Etats-Unis, tant en termes d'emplois que de chiffre d'affaires.
La situation des entreprises de biotechnologies dans ces principaux pays est retracée dans le tableau ci-après :
ELEMENTS DE COMPARAISONS INTERNATIONALES
Pays |
Nombre d'entreprises |
Employés |
Chiffre d'Affaires (M€) |
Royaume-Uni |
280 |
18 400 |
2 066 |
Allemagne |
340 |
10 700 |
786 |
France |
240 |
4 500 |
757 |
Suisse |
110 |
5 600 |
1 313 |
Reste Europe |
590 |
21 904 |
3 757 |
TOTAL EUROPE |
1 560 |
62 854 |
8 679 |
Etats-Unis |
1 273 |
162 000 |
N.C |
Source : Ernst & Young ; P. Kopp
Les entreprises françaises de biotechnologies les plus connues (Genset, Cerep, Nicox, Eurofins, Meristem, Synt:em) ont une activité liée au secteur de la santé. Elles sont peu nombreuses à être cotées en bourse et certaines attendent le moment le plus favorable pour faire leur entrée sur le marché. A titre d'exemple, aucune entreprise française de biotechnologies n'a réussi à entrer en bourse en 2000, alors que l'Allemagne en a introduit 8 et le Royaume-Uni 4.
Même si le dynamisme américain a été lié à la vigueur du NASDAQ et des « capitaux-risqueurs », il ne faut pas minorer l'effet d'entraînement important qu'a joué le budget fédéral et privé de la recherche, notamment par l'intermédiaire du National Institutes of Health (NIH).