G. LA DIFFUSION : DES INITIATIVES BIENVENUES POUR REDYNAMISER LE RÉSEAU
L'un des principaux handicaps de la presse française, notamment quotidienne, réside dans la faiblesse de sa diffusion. Alors que la Grande-Bretagne, à population équivalente, possède encore cinq quotidiens dont le tirage est supérieur à un million d'exemplaires, la France n'en possède plus aucun. Triste constat pour la patrie d'Emile de Girardin qui introduisit dans la presse ce que l'on appelait encore de la « réclame » et de Polydore Millaud, créateur du journal à un sou. Pourquoi donc les Français ont-ils, pour leurs quotidiens, un si modeste appétit ?
La réponse à cette question réside certainement pour partie, mais pour partie seulement, dans les conditions de diffusion de la presse en France. Dans un pays qui, par tradition et en dépit de quelques particularismes locaux, reste réticent vis-à-vis des formules d'abonnement (postées ou portées), le kiosque joue à cet égard un rôle essentiel dans le processus de rencontre de l'offre et de la demande de presse. Or, alors que le lecteur potentiel est de plus en plus réticent à se déplacer pour acheter son journal, le nombre de points de vente qui, en toute logique devrait s'accroître, se réduit en moyenne de 2 % par an.
1. La revalorisation de la rémunération des diffuseurs de presse
Au terme de la table ronde sur la distribution de la presse en France, tous les participants se sont accordés sur la nécessaire revalorisation de la rémunération des diffuseurs. Cette initiative, qui, une fois menée à terme, portera la rémunération des diffuseurs à 18 %, doit se réaliser en deux temps.
a) Une première revalorisation de deux points
En premier lieu, une revalorisation de deux points portant le taux de commission net Quotidiens et Publications à 15 % (contre 13 % actuellement) est accordée aux 15 000 diffuseurs qualifiés dans la mesure où ces derniers, en sus des trois critères déjà existants (exposition de la presse en vitrine, présence de linéaires à l'intérieur du magasin, ouverture six jours par semaine), s'engagent à respecter d'autres conditions propres à dynamiser le réseau (ouverture du point de vente le dimanche matin, relayer les opérations de promotion et les tests organisés par les éditeurs pour la mise en avant des titres).
Cette première revalorisation, financée totalement par les sociétés de messageries pour un montant de 40 millions de francs, est devenue effective en mars 2002. En effet, c'est à cette date qu'est intervenu l'accord entre l'Union Nationale des Diffuseurs de Presse (UNDP) et les Messageries Lyonnaises de Presse (MLP), pendant nécessaire de l'accord UNDP-NMPP signé en octobre 2001.
b) Une surremise de trois points
Ce second volet prévoit d'accorder une surremise de 3 points (portant le taux de commission net Quotidien et Publication à 18 %) aux diffuseurs qualifiés remplissant d'ores et déjà les trois critères aujourd'hui appliqués qui accepteraient en outre d'informatiser leur magasin et de scannériser les produits vendus. L'outil informatique relierait ainsi, en temps réel, le diffuseur à son dépositaire. Ce fonctionnement en flux tirés (déjà encouragé par les NMPP), s'il permettrait une réduction importante des invendus, ne peut toutefois être applicable qu'en cas de mise en place d'un système informatique ouvert à tous les éditeurs, quelle que soit la messagerie à laquelle ils ont confié leur distribution. Or, compte tenu de l'avantage concurrentiel que procurerait la parfaite maîtrise d'un tel outil par l'une ou l'autre des messageries, il semble peu probable qu'un accord se dessine dans l'immédiat sur le sujet.
Compte tenu des difficultés qu'elle soulève, cette seconde partie du plan peine à trouver les 200 millions de francs nécessaires à sa réalisation.