CHAPITRE III -
TROIS ENJEUX POUR L'INDUSTRIE FRANÇAISE
I. RÉTABLIR LA COMPÉTITIVITÉ DU SITE « FRANCE »
A. UN FAISCEAU D'ANALYSES CONVERGENTES
Plusieurs indicateurs factuels ou analyses récentes mettent en avant, surtout depuis ces deux dernières années, l'éventualité d'une dégradation de la compétitivité relative du territoire français pour accueillir les investissements, notamment industriels.
1. L'ambivalent déficit de la balance des investissements directs étrangers
La
globalisation de l'économie s'accompagne d'une croissance sans
précédent des investissements directs à l'étranger.
Ce mouvement est à double sens : investissements étrangers
en France, et français à l'étranger. A partir de 1999,
l'investissement des entreprises manufacturières sur le sol national
(24 milliards d'euros en 1999) est devenu
inférieur aux montants
investis par ces mêmes entreprises à l'étranger
(36 milliards d'euros), chiffre qui mesure l'effort de projection
internationale des groupes français.
En 2000, les flux d'investissement français à l'étranger
ont atteint 187 milliards d'euros, montant record, qui est six fois
supérieur au montant atteint en 1997. Les investissements à
l'étranger représentent ainsi 13 % du PIB, après
8 % en 1999 et 3,3 % en 1998. Devançant les Etats-Unis, la
France devient le deuxième investisseur à l'étranger
derrière le Royaume-Uni.
On ne peut que se féliciter de ce dynamisme international des groupes
industriels français.
Encore faut-il, pour que le mouvement soit entièrement positif pour
l'économie nationale, que, réciproquement,
un flux
d'implantations d'entreprises étrangères en France nourrisse
l'investissement et l'emploi sur le territoire national
. Dans une
économie ouverte, les Etats sont en effet en compétition pour
« attirer » les flux d'investissements.
Certes, le Gouvernement ne manque pas une occasion de rappeler -tel le
secrétaire d'Etat à l'industrie lors de son audition devant la
Commission des Affaires économiques l'an passé- que c'est
Valenciennes qu'avait choisi le groupe Toyota comme site de production
européen ; les pouvoirs publics n'avaient d'ailleurs pas
manqué de l'y inciter.
Un bilan plus détaillé conduit toutefois à s'interroger
sur l'attractivité réelle du territoire français.
Les nombreux atouts structurels de la France (position géographique au
coeur de l'espace européen, taille du marché, ...), ont sans
doute contribué, ces dernières années, à une
croissance importante des investissements étrangers en France, qui ont
atteint, en 2000, 313 milliards de francs, soit 3,4 % du PIB,
après 241 milliards de francs en 1999.
La France se situe ainsi au quatrième rang des grands pays
industrialisés par la place des entreprises étrangères
présentes sur son territoire national, lesquelles réalisent
32 % du chiffre d'affaires des entreprises industrielles
manufacturières et emploient 27 % de la population active.
Toutefois, l'implantation d'entreprises étrangères en France,
malgré leur croissance régulière, n'est pas au même
niveau que les investissements directs à l'étranger des
entreprises françaises, ce qui amène à poser la question
de l'aptitude de la France à attirer les entreprises
étrangères.
Il n'est pas possible de tirer du solde négatif des investissements
directs étrangers reproduit dans le tableau ci-après,
d'affirmation trop définitive sur la compétitivité du
territoire national : ce solde peut refléter aussi bien
l'exceptionnel dynamisme à l'étranger des entreprises
françaises que la faiblesse structurelle d'attractivité de notre
territoire.
La question est néanmoins posée.
INVESTISSEMENTS DIRECTS ENTRE LA FRANCE ET
L'ÉTRANGER
(tous secteurs confondus)
en milliards d'euros
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000/1997
|
Français à l'étranger |
-31,7 |
-43,7 |
-113,2 |
-187,2 |
x par 6 |
- capital social |
-16,1 |
-21,6 |
-82,4 |
-145,6 |
x par 9 |
- bénéfices réinvestis |
-1,7 |
-4,8 |
-5,8 |
-7,0 |
x par 4 |
- autres opérations |
-13,9 |
-17,3 |
25,0 |
-34,6 |
x par 2 |
Etrangers en France |
20,6 |
27,9 |
44,2 |
47,9 |
x par 2 |
- capital social |
11,6 |
15,2 |
18,2 |
29,5 |
x par 3 |
- bénéfices réinvestis |
0,5 |
1,8 |
2,3 |
3,5 |
x par 7 |
- autres opérations |
8,5 |
10,8 |
23,7 |
14,9 |
x par 2 |
Solde des investissements directs |
-11,1 |
-15,9 |
-69,0 |
-139,3 |
x par 13 |
Sources
: ministère de
l'économie, des
finances et de l'industrie et Banque de France
Note : un signe (-)
traduit une « sortie » de capital pour contrôle d'un
investissement étranger
La France a beau être le quatrième pays d'accueil des
investissements internationaux, elle ne les accueille pas en proportion de ce
qu'elle investit à l'étranger. De là à faire
apparaître ce déficit comme
un premier indice d'une diminution
de l'attractivité du territoire français
, il y a un pas,
qu'un sondage très commenté, réalisé pour le compte
du Mouvement des entreprises de France, n'a pas hésité à
franchir.
2. Le verdict sans appel des dirigeants de groupes étrangers
a) Le sondage réalisé pour le compte du MEDEF
Un
sondage
, effectué l'an dernier par la société Ernst
& Young pour le compte du MEDEF auprès d'un
échantillon de
350 dirigeants de filiales françaises de groupes internationaux
, a
mis en lumière une certaine dégradation de l'attractivité
du territoire français.
L'échantillon choisi pour ce sondage
11(
*
)
était composé de telle
sorte que soient représentés tous les types d'entreprise, suivant
leur taille, leur date d'implantation en France, leurs effectifs et le pays
d'origine de ces sociétés.
Des atouts qui tiennent surtout aux caractéristiques
structurelles du marché français
Les principaux atouts de la France identifiés par ces dirigeants
d'entreprises étrangères sont la
position
géographique
, la
taille du marché
et la
présence d'
infrastructures
de transport et de communication.
La France dispose également, d'après eux, d'atouts en termes de
qualité et de technicité de son économie
(60 %
des responsables d'entreprises reconnaissent l'excellence scientifique et
technique de la France).
D'autres critères, traditionnellement considérés comme les
principaux points forts français, sont plus mitigés, mais
néanmoins positifs : 40 % seulement des entreprises
interrogées reconnaissent que la
productivité
de la
main-d'oeuvre française est un atout.
Ces résultats sont rappelés ci-dessous :
Source
: Ernst & Young pour le MEDEF,
octobre
2000
Des handicaps qui pèsent de plus en plus lourd : la fiscalité
et les rigidités sociales
Sur ce plan, le sondage met en lumière
la mauvaise image de la
France
, au sein de l'ensemble européen, auprès des dirigeants
d'entreprises étrangères :
Source
: Ernst & Young pour le MEDEF, octobre 2000
En termes d'image, la France récolte ainsi
un solde d'opinions
négatives plus important que les opinions positives
, contrairement
à ses voisins européens. Les principaux handicaps
identifiés par ce sondage sont le
poids des
prélèvements obligatoires
, les
rigidités
sociales
et
les 35 heures
, cités par plus de 85 %
des personnes interrogées :
Source
: Ernst & Young pour le MEDEF, octobre 2000
Cette étude fournit d'autres analyses, plus inquiétantes quant
aux conséquences potentielles de ces appréciations :
-
deux tiers
des chefs d'entreprises interrogés
ne
choisiraient pas la France
si leur entreprise avait à faire
aujourd'hui le choix d'une implantation en Europe ;
-
44 %
des personnes interrogées indiquent envisager
de délocaliser
une partie des activités françaises
de leur groupe (vers le Royaume-Uni, l'Allemagne ou les Pays-Bas,
principalement).
Ce sondage montre que, si l'attractivité de nos voisins européens
compte pour une bonne part dans cette tentation de délocalisation, ce
sont aussi trois défauts français qui jouent comme un repoussoir
:
la pression fiscale et sociale, les rigidités administratives et
l'application des 35 heures
.
b) Les témoignages devant la mission du Sénat sur l'expatriation.
Approfondissant les travaux menés par votre commission
sur
«
La fuite des cerveaux, mythe ou
réalité
»
12(
*
)
, la mission
sénatoriale
13(
*
)
d'information sur l'expatriation des compétences, des hommes et des
capitaux a très attentivement étudié la question de
l'attractivité économique du territoire français
.
Le très intéressant rapport de cette mission d'information
retranscrit des propos inquiétants de chefs d'entreprises
étrangères auditionnés au cours de ses travaux. Le
président d'une filiale française d'un grand groupe international
entendu par la mission, par exemple, posait la question de la
compétitivité du territoire français en ces termes :
«
Qui défend aujourd'hui le site France ? Ce n'est pas
l'encadrement, qui est devenu de plus en plus international. Ce ne sont pas non
plus les clients, pour lesquels la localisation de la fabrication compte de
moins en moins, ni les actionnaires qui sont d'abord soucieux de la
compétitivité du groupe. Je suis seul, depuis 2 ou 3 ans,
à défendre le site France. Mon successeur ne sera peut-être
plus français. Dans les multinationales, le pouvoir quitte, et vite, la
France. Défendre le site France est difficile car ma
société est aujourd'hui en compétition avec les autres
filiales du groupe implantées dans le monde entier
».
La mission en concluait que
l'internationalisation croissante des dirigeants
d'entreprises ferait bientôt sauter le « verrou »
à la délocalisation
que constitue encore parfois la
nationalité des équipes de direction.
Un autre chef d'entreprise, Président de Microsoft Europe, indiquait de
son côté à la mission qu'à l'issue d'une
étude d'attractivité, il avait été
décidé que le quartier général de son entreprise
pour l'Europe resterait en France, car le différentiel de coût ne
justifiait pas un déménagement, mais que
si la question de
l'implantation initiale était posée aujourd'hui,
la France
ne serait probablement pas retenue
.
Un exemple de délocalisation effective a, en outre, été
cité devant la mission, par le Président directeur
général de DHL France. Au sujet du regroupement et de la
centralisation des activités financières du groupe, ce dernier a
indiqué que l'implantation du pôle financier (soit la
création de 600 emplois) et celle du pôle informatique (400
emplois) avait été réalisée hors du territoire
national,
la France
, qui avait fait l'objet d'une étude
comparative d'attractivité,
ne se situant qu'au 8ème rang
,
en raison notamment
du coût de l'immobilier et de la main d'oeuvre, du
poids des charges sociales et du manque d'aptitude aux langues
étrangères du personnel français
.
Votre commission s'inquiète de tous ces signaux négatifs et
déplore qu'il n'existe pas de recensement systématique des
échecs d'implantation étrangère en France, permettant de
tirer des enseignements plus quantitatifs de cette situation.
Le rapport précité de la mission sénatoriale d'information
sur l'expatriation a dressé un bilan complet des handicaps de la France
comme terre d'accueil des investissements étrangers :
LE
CONSTAT ALARMANT DU RAPPORT
« MONDIALISATION :
RÉAGIR OU SUBIR ? »
A) UN DÉCALAGE DE MENTALITÉ AVEC LE RESTE DU
MONDE RENDU PLUS AIGU PAR LA MONDIALISATION
1.
La complexité et l'instabilité des règles
2.
Des relations peu satisfaisantes avec l'Administration
3.
L'incapacité à récompenser l'excellence,
notamment en matière de recherche et d'innovation
B) UNE FISCALITÉ DES PERSONNES ET DES PATRIMOINES QUI
PÉNALISE L'INITIATIVE
1.
Un impôt sur le revenu très progressif
a) Un poids globalement moins lourd mais pesant plus qu'ailleurs sur
les hauts revenus
b) L'alourdissement relatif du barème au détriment de
l'initiative et l'épargne
2.
Un impôt de solidarité sur la fortune
particulièrement arbitraire
a) Une concentration excessive due à l'étroitesse de
l'assiette
b) Un durcissement progressif
c) « Le plafonnement du plafonnement » : une
mesure très symbolique
d) Des effets pervers sur l'initiative et l'expatriation des
patrimoines
3.
Des droits de mutation relativement lourds
a) Des abattements spécialement faibles
b) Des taux élevés
c) Des dispositions légales pour réduire les droits
d) Les paradoxes de la fiscalité française du patrimoine
4.
Une imposition des stocks options à la fois instable et
illisible
a) Un régime très attractif jusqu'e 1996
b)Qui a été alourdi et rendu illisible
C) UNE FISCALITÉ DES ENTREPRISES GLOBALEMENT RENFORCÉE
PAR UNE FLORAISON DE TAXES ADDITIONNELLES
1.
Les moyennes et grandes entreprises surtaxées
a) La création de nouveaux impôts sur les grandes
entreprises
b) Les hausses d'impôt visant les entreprises de plus de
50 millions de francs de chiffre d'affaires
c) Les autres hausses d'impôt sur les entreprises
d) Le poids croissant des charges sur les grandes et moyennes
entreprises
2.
Une fiscalité sur les entreprises toujours trop lourde par
rapport au reste de l'Union Européenne
a) La France mal placée en termes de taux effectifs d'imposition
b) Des impôts spécifiques qui pèsent sur la
compétitivité du secteur financier
c) La fiscalité des restructurations
D) UN COÛT DU TRAVAIL INUTILEMENT ACCRU AU DÉTRIMENT DE
L'IMAGE DU SITE FRANCE
1.
Des indicateurs globaux encore relativement satisfaisants
a) La compétitivité des coûts salariaux
b) Un niveau des charges sociales élevé
2.
Le poids écrasant des charges sociales sur les salaires des
cadres supérieurs et les très hautes
rémunérations
a) Des différences considérables entre le coût brut
pour l'entreprise et le net perçu
b) Des écarts qui ne sont pas sensiblement affectés par des
différences importantes du coût de la vie
3.
L'exemple emblématique des trente-cinq heures comme facteur
de diminution de la productivité et de détérioration de
l'image de la France
Extrait du rapport de la mission d'information du Sénat sur
l'expatriation des hommes, des capitaux et des compétences.
Votre commission s'inquiète à nouveau du manque de
réactivité du Gouvernement face à ce constat
désormais de plus en plus partagé, au-delà du milieu des
entreprises et du Sénat -traditionnellement à l'écoute du
monde économique-, par des parlementaires proches de sa
sensibilité, comme le montrent les conclusions de l'étude de
M. Michel CHARZAT.
3. L'analyse complémentaire du rapport « CHARZAT »
Le
rapport de M. Michel CHARZAT, parlementaire en mission, remis au Premier
ministre au mois de juillet 2001, sur
l'attractivité du
territoire français
, liste -pudiquement- les faiblesses de la France
en matière d'attractivité économique :
- une fiscalité «
jugée
dissuasive
» ;
- un environnement juridique et social
«
considéré comme peu propice aux
affaires
».
Malgré l'euphémisme des têtes de chapitre, ce rapport ne
formule pas moins de
très nombreuses propositions
, notamment sur
le régime fiscal français, (impôt sur le revenu,
impôt de solidarité sur la fortune, fiscalité de
l'entreprise), dont le nombre et l'ampleur en disent long sur le chemin
restant, au sens de l'auteur du rapport, à parcourir pour restaurer
l'attractivité économique de notre territoire.
B. UNE MYRIADE DE PROPOSITIONS
1. Le plan d'action de la mission sénatoriale sur l'expatriation
Dans son
rapport précité «
Mondialisation :
réagir ou subir ?
», la mission d'information du
Sénat sur l'expatriation a établi un plan d'action complet pour
permettre à la France de restaurer son attractivité dans la
compétition économique mondiale.
Ces propositions, en trois volets, auxquelles votre commission souscrit
totalement, sont particulièrement argumentées. Aussi votre
rapporteur a-t-il jugé utile d'en reproduire ci-après le
résumé :
a) Doter la France d'un cadre fiscal et social plus attractif
Priorités
- mettre en place une
imposition qui ne décourage pas les
acteurs les plus créatifs et les plus performants
, y compris les
étrangers désireux de s'établir en France ;
-
enrayer la fuite des patrimoines
, surtaxés par le cumul
d'au moins quatre impôts (plus-values, ISF, droits de succession, taxes
foncières...) et
permettre le retour de ceux qui se sont
délocalisés
; prendre en compte la situation des
nombreux
Français
qui ont fait carrière à
l'étranger
, y ont constitué un capital et souhaitent revenir
en France ;
-
offrir aux entreprises un cadre fiscal compétitif par rapport
à nos principaux partenaires et concurrents
, européens ou
non ; conserver et attirer leurs
centres stratégiques
(quartiers généraux, laboratoires de recherche) ; assurer,
face à ses concurrents européens, l'avenir de la
place
financière de Paris
.
Principales propositions
-
poursuivre l'allègement de l'impôt sur le revenu
et
afficher, grâce à
l'intégration de l'abattement de 20%
dans le barème
, des taux beaucoup moins élevés ;
- créer un
régime fiscal spécifique pour les
résidents temporaires de nationalité
étrangère
;
- éviter les effets pervers de
l'impôt sur la fortune
,
à tout le moins en rétablissant les
règles de
plafonnement
et en donnant à cet impôt le caractère
d'une
avance sur les droits de succession
; relever le seuil
d'assujettissement pour les Français ayant constitué, en
particulier au travers de retraites par capitalisation, un capital au cours de
leur carrière à l'étranger ;
- en matière de
fiscalité des entreprises
, stabiliser
l'impôt sur les sociétés à un niveau
compétitif en Europe ; étendre les possibilités
d'amortissement des actifs incorporels ; supprimer le taux
supérieur de la taxe sur les salaires, très défavorable
à nos établissements financiers ; exonérer les plus
values de cession de titres de participation pour faciliter les
opérations de fusion et de regroupement ; supprimer l'avoir fiscal.
b) Investir pour l'avenir en dynamisant notre capacité de recherche et d'innovation
Priorités
-
donner à nos chercheurs expatriés, notamment aux
post-doctorants, la possibilité et l'envie de revenir
; dans un
environnement concurrentiel,
développer la
compétitivité et l'attractivité de notre appareil de
recherche
;
- favoriser l'application des recherches dans l'industrie ; inciter
les chercheurs à
valoriser eux-mêmes les résultats de
leurs recherches
; améliorer la reconnaissance de l'excellence.
- encourager et populariser
l'investissement dans les entreprises
innovantes
; créer un
cadre fiscal adapté à
leur développement
;
-
attirer davantage de talents étrangers
: chercheurs,
étudiants, spécialistes hautement qualifiés.
Principales propositions
- rendre la gestion de notre appareil public de recherche plus
réactive et moins rigide, en
créant des emplois sur contrats
dans les organismes publics de recherche
pour favoriser la mobilité
et diversifier les opportunités de carrière, en
élargissant aux non-fonctionnaires les financements
récompensant l'excellence
, en généralisant la
définition de critères objectifs d'évaluation et la
diffusion des résultats de cette évaluation ;
- favoriser la mobilité intra-européenne et la
mise en
réseau des chercheurs européens
;
- définir, dans
l'ISF
, un
seuil d'exonération des
biens professionnels
prenant en compte la situation particulière des
créateurs de start up
et un régime spécifique pour
les
« business-angels »
; dans les entreprises
innovantes, élargir le bénéfice des bons de souscription
de parts de créateurs d'entreprise (BSCPE) et permettre à tous
les épargnants de bénéficier du régime de report
d'imposition sur les plus-values lorsqu'ils investissent dans les fonds propres
des entreprises ;
- identifier dans les services locaux de l'État des responsables
chargés de faciliter les démarches d'entrée en France
des personnels hautement qualifiés
, des enseignants et des
chercheurs étrangers ; assouplir les conditions d'examen des
demandes de recrutement de personnels étrangers hautement
qualifiés.
c) Développer une politique globale, volontaire et cohérente de l'ouverture à l'international
Priorités
- encourager
l'expatriation
lorsqu'elle fait
rayonner nos
compétences
et lorsqu'elle permet aux Français, dans toute la
gamme de leurs talents (scientifiques, culturels, financiers,
managériaux, artistiques, sportifs, artisanaux...), de
s'aguerrir
à l'international
, en particulier, pour les jeunes, au travers du
volontariat international ;
- donner à l'enseignement français à
l'étranger les moyens de saisir la chance que représente la
demande croissante de formation française ;
-
identifier, structurer, animer et mobiliser à
l'étranger la « mouvance française »
,
composée de nos communautés expatriées, de tous les
intervenants publics et privés, ainsi que de tous les étrangers
attachés à la France par un lien fort.
Principales propositions
- confier aux régions le soin de piloter l'internationalisation des
PME ; elles identifieront, chacune dans leur territoire, les organismes
les mieux placés pour être les «
guichets
export
» près du terrain, visibles, et confiés
à des animateurs proches de l'entreprise ;
- étendre l'apprentissage des langues, en
généralisant à l'échelon européen
l'obligation de maîtriser deux langues étrangères
;
- recenser, dans chaque pays, tous les
étrangers formés
en France
et animer ces réseaux.
2. Les propositions du rapport CHARZAT
Le
rapport précité du député Michel CHARZAT comprend
125 pages de propositions, qu'il serait fastidieux de détailler
ici, d'autant qu'elles reprennent, pour partie, celles exposées
ci-dessus de la mission d'information du Sénat.
Parmi ces propositions, on peut toutefois citer :
- l'amélioration du
crédit d'impôt
recherche
;
- la
réforme du financement de l'innovation
pour drainer
l'investissement vers les entreprises de croissance (améliorer les
dispositifs fiscaux favorisant l'amorçage pour les entreprises
innovantes par les personnes physiques ; simplifier la
réglementation des FCPR et des FCPI ; renforcer les outils de
motivation destinés aux salariés en aménageant le
régime des BSPCE) ;
- la
modification de la fiscalité de l'entreprise
, par une
réduction du coût fiscal des rapprochements d'entreprises, par une
réduction du niveau d'imposition (mettre à niveau l'impôt
sur les sociétés ; réformer le régime fiscal
des distributions ; «
s'interroger sur le
maintien
» de l'imposition des plus values sur titres de
participation ; porter à son terme la réforme de la taxe
professionnelle) ;
-
l'allègement de la fiscalité des revenus
, en
mettant en place un régime dérogatoire pour les
«
impatriés
», fiscal et social, et en
«
clarifiant
» le calcul de l'imposition des
revenus ;
-
la réforme de l'ISF.
Le rapport CHARZAT propose de
« procéder à
l'«
actualisation
» du barème et de
réformer l'assiette de l'ISF tout en revenant sur le
«
plafonnement du plafonnement
».
La remise de ce rapport au mois de juillet 2001 au Premier Ministre a
suscité l'espoir d'une traduction de ces mesures dans le projet de loi
de finances pour 2002. Il n'en a rien été.
C. UNE MISE EN OEUVRE À ENGAGER
Malgré des déclarations encourageantes du ministère de l'Economie et des finances, lors de la remise du rapport CHARZAT, on cherchera vainement, dans la première partie du projet de loi de finances pour 2002, la traduction législative de ces propositions, pourtant convergentes, et assises sur un diagnostic partagé. Votre commission le regrette très vivement et estime ce chantier prioritaire pour la législature à venir.