Projet de loi de finances pour 2002 - Tome V : Industrie
GRIGNON (Francis)
AVIS 89 - TOME V (2001-2002) - COMMISSION DES AFFAIRES ECONOMIQUES
Rapport au format Acrobat ( 331 Ko )Table des matières
- INTRODUCTION
-
CHAPITRE IER -
CRÉDITS ET ACTIONS DU MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE- I. LES CRÉDITS DU MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE
- II. LA DIFFUSION DE L'INNOVATION DANS LES PETITES ET MOYENNES INDUSTRIES
-
CHAPITRE II -
TABLEAU DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE- I. UNE PLACE TOUJOURS MAJEURE DANS L'ÉCONOMIE
-
II. PANORAMA DE L'ACTUALITÉ DES SECTEURS
INDUSTRIELS FRANÇAIS
- A. L'INDUSTRIE TEXTILE AVANT LE « GRAND SAUT »
- B. LA CONSTRUCTION NAVALE FACE AU « DUMPING » SUD CORÉEN
- C. LA MÉCANIQUE : 7.000 ENTREPRISES, 500.000 EMPLOIS ET UNE TROISIÈME PLACE EUROPÉENNE
- D. LA SIDÉRURGIE FRANÇAISE FACE À L'OFFENSIVE AMÉRICAINE
- E. L'INDUSTRIE AUTOMOBILE : VERS UN RETOURNEMENT DE CYCLE ?
- F. LES SECTEURS ÉLECTRIQUE ET ÉLECTRONIQUE FRAPPÉS PAR LE RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE
-
CHAPITRE III -
TROIS ENJEUX POUR L'INDUSTRIE FRANÇAISE- I. RÉTABLIR LA COMPÉTITIVITÉ DU SITE « FRANCE »
- II. MODERNISER SANS L'AFFAIBLIR LE RÉGIME DE LA DISTRIBUTION AUTOMOBILE
- III. RÉFORMER LE BREVET COMMUNAUTAIRE
N° 89
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 2001-2002
Annexe au procès-verbal de la séance du 22 novembre 2001.
AVIS
PRÉSENTÉ
au nom de la commission des Affaires économiques et du Plan (1) sur le projet de loi de finances pour 2002 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
TOME V
INDUSTRIE
Par M. Francis GRIGNON,
Sénateur.
(1) Cette commission est composée de : MM. Gérard Larcher, président ; Jean-Paul Emorine, Marcel Deneux, Gérard César, Pierre Hérisson, Jean-Marc Pastor, Mme Odette Terrade, vice-présidents ; MM. Bernard Joly, Jean-Paul Émin, Patrick Lassourd, Bernard Piras, secrétaires ; MM. Jean-Paul Alduy, Pierre André, Philippe Arnaud, Gérard Bailly, Bernard Barraux, Mme Marie-France Beaufils, MM. Michel Bécot, Jean-Pierre Bel, Jacques Bellanger, Jean Besson, Claude Biwer, Jean Bizet, Jean Boyer, Mme Yolande Boyer, MM. Dominique Braye, Marcel-Pierre Cleach, Yves Coquelle, Gérard Cornu, Roland Courtaud, Philippe Darniche, Gérard Delfau, Rodolphe Désiré, Yves Detraigne, Mme Evelyne Didier, MM. Michel Doublet, Paul Dubrule, Bernard Dussaut, André Ferrand, Hilaire Flandre, François Fortassin, Christian Gaudin, Mme Gisèle Gautier, MM. Alain Gérard, François Gerbaud, Charles Ginésy, Francis Grignon, Louis Grillot, Georges Gruillot, Charles Guené, Mme Odette Herviaux, MM. Alain Journet, Joseph Kerguéris, Gérard Le Cam, Jean-François Le Grand, André Lejeune, Philippe Leroy, Jean-Yves Mano, Max Marest, René Monory, Paul Natali, Jean Pépin, Daniel Percheron, Ladislas Poniatowski, Jean-Pierre Raffarin, Daniel Raoul, Paul Raoult, Daniel Reiner, Charles Revet, Henri Revol, Roger Rinchet, Claude Saunier, Bruno Sido, Daniel Soulage, Michel Teston, Pierre-Yvon Trémel, André Trillard, Jean-Pierre Vial.
Voir
les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
3262
,
3320
à
3325
et T.A.
721
.
Sénat
:
86
et
87
(annexe n°
12
)
(2001-2002).
Lois de finances. |
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Après une année 2000 exceptionnelle, l'industrie française
est désormais entrée dans
une zone d'incertitudes
,
liées au ralentissement économique. Les entreprises du secteur
vont être, pour les plus petites d'entre elles, confrontées, en
outre, à la mise en place des
35 heures.
La remise au Premier ministre de son rapport de mission sur
l'attractivité du territoire français par le député
Michel CHARZAT, relayée par certains propos du Ministre de
l'économie sur la nécessité d'une «
politique
de l'offre
» avait fait naître l'espoir qu'une
priorité serait donnée, dans le projet de loi de finances pour
2002, à l'entreprise et à l'innovation. Ces espoirs ont
été rapidement déçus, alors que se multiplient les
signaux d'une
perte de l'attractivité de la France
pour les
investisseurs étrangers.
En outre,
les nombreuses pertes d'emplois du secteur industriel
inquiètent très vivement la commission des affaires
économiques,
qu'il s'agisse des dramatiques fermetures d'usines de
grands groupes, qui affectent profondément l'équilibre
économique et social de certains territoires, ou de l'hémorragie,
quotidienne et diffuse, mais non moins grave, des emplois de certains secteurs
comme le textile, vitaux pour l'animation économique de nombreux bassins
d'emplois.
Votre commission, par la voix de son rapporteur pour avis et de son
président, a tout spécialement attiré l'attention du
ministre, lors de son audition devant la commission, sur l'impératif
d'une vigoureuse politique de ré-industrialisation, pour revitaliser les
zones touchées par ces pertes d'emplois.
Au delà des seules évolutions budgétaires, des
inquiétudes persistantes sur de nombreux sujets,
développées dans le corps du présent rapport, ont
amené votre commission pour avis à
émettre un avis
défavorable
à l'adoption des crédits de l'industrie
dans le projet de loi de finances pour 2002.
CHAPITRE IER -
CRÉDITS ET ACTIONS DU MINISTÈRE DE
L'INDUSTRIE
I. LES CRÉDITS DU MINISTÈRE DE L'INDUSTRIE
A. L'ÉVOLUTION DES CRÉDITS DEMANDÉS
PROJET
DE LOI DE FINANCES - INDUSTRIE
(Hors crédits Postes et
télécommunications - 2002)
Euros
(en millions d'euros) |
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Variation en % |
||||||
|
|||||||||
31-90 à 33-91 Rémunérations, indemnités, cotisations et prestations sociales |
36,23 |
37,17 |
2,59% |
||||||
36-10 Subventions de fonctionnement |
42,03 |
43,50 |
3,50% |
||||||
37-08 Commission de régulation de l'électricité (CRE) |
9,15 |
10,61 |
15,96% |
||||||
37-61 Infrastructures pétrolières |
8,12 |
8,84 |
8,87% |
||||||
37-90 Ecole des mines - bourses |
6,31 |
6,40 |
1,43% |
||||||
|
|||||||||
Total titre III (Moyens des services) |
101,84 |
106,52 |
4,60% |
||||||
43-01 Action d'incitation, d'information et de formation |
7,56 |
8,32 |
10,05% |
||||||
44-04 ANVAR |
39,25 |
39,78 |
1,35% |
||||||
44-05 Centres techniques et industriels |
62,88 |
62,88 |
0,00% |
||||||
44-80 Subventions organismes « environnement des entreprises » |
23,89 |
25,63 |
7,28% |
||||||
44-93 Normes qualité |
43,24 |
43,26 |
0,05% |
||||||
45-10 Subventions domaine de l'énergie |
838,31 |
830,98 |
-0,87% |
||||||
dont Charbonnages de France |
456,28 |
446,98 |
-2,04% |
||||||
dont subvention au CEA |
359,47 |
366,85 |
2,05% |
||||||
46-93 Prestations à certains retraités (mines) |
61,54 |
58,23 |
-5,38% |
||||||
|
|
||||||||
Total titre IV (Interventions publiques) |
1076,67 |
1069,08 |
-0,71% |
||||||
Total pour les dépenses ordinaires (TIII + TIV) |
1178,51 |
1175,60 |
-0,25 % |
||||||
(en millions d'euros) |
|
LFI 2001 |
PLF 2002 |
Variation en % |
|||||
54-93 Etudes |
AP |
5,25 |
5,10 |
-0,03 |
|||||
|
CP |
4,93 |
4,78 |
-0,03 |
|||||
57-91 Travaux de sécurité dans les mines |
AP |
11,35 |
8,33 |
-0,27 |
|||||
|
CP |
7,62 |
14,48 |
0,90 |
|||||
Total titre V (Investissements exécutés par l'Etat) |
AP |
16,60 |
13,43 |
-0,19 |
|||||
|
CP |
12,55 |
19,26 |
0,53 |
|||||
62-92 Actions dans les domaines de l'énergie |
AP |
130,49 |
120,66 |
-0,08 |
|||||
|
CP |
123,25 |
95,97 |
-0,22 |
|||||
63-04 Agence nationale des fréquences |
AP |
5,64 |
5,79 |
0,03 |
|||||
|
CP |
8,23 |
5,18 |
-0,37 |
|||||
64-92 Actions en faveur des PMI |
AP |
116,01 |
116,01 |
0,00 |
|||||
|
CP |
113,58 |
105,22 |
-0,07 |
|||||
64-93 Equipement naval - Interventions |
AP |
0,00 |
0,00 |
|
|||||
|
CP |
137,66 |
103,67 |
-0,25 |
|||||
64-94 Normes - qualité |
AP |
14,18 |
16,47 |
0,16 |
|||||
|
CP |
13,72 |
13,64 |
-0,01 |
|||||
64-96 Reconversion et restructurations |
AP |
41,92 |
43,46 |
3,67% |
|||||
|
CP |
21,80 |
18,29 |
-16,10% |
|||||
66-01 Recherche industrielle |
AP |
279,90 |
282,03 |
0,76% |
|||||
|
CP |
236,30 |
213,43 |
-9,68% |
|||||
66-02 ANVAR |
AP |
121,96 |
121,96 |
0,00% |
|||||
|
CP |
102,67 |
102,67 |
0,00% |
|||||
66-70 Ecoles nationales supérieures des mines |
AP |
9,60 |
10,52 |
9,58% |
|||||
|
CP |
9,60 |
9,61 |
0,10% |
|||||
Total titre VI (Subventions d'investissement accordées |
AP |
719,7 |
716,9 |
-0,39% |
|||||
par l'Etat) |
CP |
766,81 |
667,7 |
-12,90% |
|||||
Total pour les dépenses en capital |
AP |
736,3 |
730,3 |
-0,81% |
|||||
|
CP |
779,36 |
686,9 |
-11,86% |
|||||
|
|
|
|
|
|||||
TOTAL DO + CP |
|
1957,87 |
1862,54 |
-4,87% |
DO =
dotations ordinaires
CP = crédits de paiement
AP = autorisations de programme
LFI = loi de finances initiale
PLF = projet de loi de finances
Comme chaque année,
des modifications de périmètre
budgétaire et de nomenclature
rendent ces chiffres très
difficilement comparables avec ceux de la loi de finances initiale pour 2001.
Les dotations du budget 2002 comportent les modifications suivantes par rapport
au périmètre budgétaire 2001 :
-
deux transferts internes
au budget du ministère de
l'économie, des finances et de l'industrie : la subvention de
fonctionnement à l'Agence pour la création d'entreprise (APCE)
est intégrée au sein des crédits du secrétariat
d'Etat aux PME, au commerce et à l'artisanat (3,28 millions d'euros).
Les crédits d'études de la DARPMI
1(
*
)
et des DRIRE
2(
*
)
sont
par ailleurs intégrés au nouvel agrégat
«
Services de l'action régionale pour la
sécurité et la compétitivité
industrielles
» ;
-
la répartition de la subvention au CEA
entre les budgets
de la recherche et de l'économie est à nouveau modifiée.
B. LES PRIORITÉS BUDGÉTAIRES AFFICHÉES PAR LE GOUVERNEMENT
1. Formation, recherche, « modernisation » des entreprises
a) La formation : répondre aux besoins des entreprises
Le
budget du ministère de l'industrie traduit l'accompagnement de la mise
en oeuvre récente de
plans de développement du Groupe des
écoles de télécommunications
(+50 % de
diplômés et d'activités de recherche d'ici 2005)
et de
l'Ecole supérieure d'électricité
(+22 % de
diplômés d'ici 2005). Ainsi, dans le cadre du plan dit
« 440 », SUPELEC voit sa subvention progresser de
12,5 % (+0,76 millions d'euros).
De plus, votre commission se félicite que les démarches
d'ouverture de la formation initiale des ingénieurs sur l'entreprise
soient désormais engagées dans l'ensemble des écoles des
mines
. Les recommandations du rapport élaboré sous la
présidence de M. Francis MER sur l'offre de formation et
l'activité de recherche des écoles devraient en outre
déboucher sur un nouveau plan d'ici la fin de l'année. Ces
écoles bénéficient d'une progression de près de
3,5 % de leurs moyens de fonctionnement, d'une capacité
d'investissement accrue de près de 10 % (10,52 millions d'euros en
autorisations de programme) et d'une requalification de la structure de leurs
emplois, permettant d'adapter ces derniers à l'évolution de leurs
besoins.
b) L'aide aux projets coopératifs de recherche industrielle
Le
ministère de l'industrie intervient, aux côtés d'autres
ministères, dans le financement de
14
réseaux de
recherche et d'innovation technologique
(RRIT) mis en place afin d'associer
les acteurs de l'innovation et de la recherche publics et privés autour
de projets fédérateurs : technologies de l'information et de
la communication (Internet de la nouvelle génération - haut
débit - logiciels, multimédia et composants), sciences du vivant
(génome humain, biotechnologies), technologies de l'environnement,
technologies-clés.
Ce soutien privilégie une
coopération accrue entre la
recherche publique et l'industrie
, l'association aux programmes de PMI et
d'entreprises médianes (87 % des programmes aidés en 2000
associent au moins une PMI) et les coopérations européennes. Dans
ce contexte, la dotation des autorisations de programmes inscrites sur le
chapitre 66-01 est de 282 millions d'euros. Notons toutefois qu'en
crédits de paiement, l'enveloppe demandée est de seulement
213,4 millions d'euros, en raison de crédits importants disponibles
en fin de gestion 2001,
constat qui remet en cause la capacité du
Gouvernement à bien consommer des crédits pourtant
affichés comme « prioritaires ».
Le Gouvernement indique, pour ces crédits, qu'à l'instar de ce
que pratique l'ANVAR, les PMI partenaires de projets de recherche industrielle,
pourront bénéficier
d'avances, dès notification de
l'aide accordée
, à hauteur de 30 % du montant du projet,
permettant ainsi d'accélérer la mise en oeuvre des programmes et
la capacité des entreprises à intégrer l'innovation,
facteur clé de leur compétitivité. On ne peut que
souscrire à une telle amélioration du mode de gestion de ces
aides, plus souple et mieux adapté aux petites entreprises.
c) La « modernisation » des PMI : l'ANVAR et le fonds de développement des PMI
Les
crédits regroupés sous le vocable «
Interventions en
faveur du développement et de l'innovation dans les
PMI/PME
» s'élèvent à 238 millions
d'euros d'autorisations de programmes (dont 122 pour l'ANVAR, 108,4 pour les
actions menées dans le cadre des contrats de plan et 7,6 pour les
actions de diffusion de l'Internet et de diversification de ses usages dans les
PMI). Relevons que l'ANVAR s'est fixé les objectifs
prioritaires suivants : extension de l'aide à l'innovation dans les
services (TIC), aide à la création et au développement des
entreprises, transfert de technologie et aide à la mobilisation d'autres
financements publics et privés.
Votre commission relève que
, bien qu'étant
présentée par le Gouvernement comme «
dotée
d'une capacité d'engagement accrue sur l'ensemble de la durée de
son contrat pluriannuel 2000-2003 avec l'Etat
»,
l'ANVAR voit
en réalité sa dotation budgétaire stagner en 2002
, le
« gonflement » de son enveloppe totale (près de
235 millions d'euros en 2002, en intégrant les remboursements
d'avances et la mobilisation des reports) provenant des autres sources de
financement.
2. Les crédits défensifs : « l'accompagnement des mutations industrielles »
La
capacité d'intervention du ministère de l'industrie pour les
actions de ré industrialisation, sur le chapitre 64-96, est
portée à 43,5 milliards d'euros, au profit des actions de
restructuration industrielle et du Fonds d'industrialisation des bassins
miniers (FIBM). Notons que, depuis l'an dernier, une nouvelle
possibilité d'intervention complète, au travers de la mise en
place de nouveaux modes de reconversion, confiés à des
prestataires spécialisés, les traditionnels outils de ré
industrialisation dont dispose l'Etat.
Comme cela a été précisé dans l'introduction du
présent rapport, votre commission considère que, dans le contexte
actuel d'hémorragie des emplois industriels sur certaines parties du
territoire, les actions de ré industrialisation sont
particulièrement importantes.
Le projet de loi de finances propose une progression des subventions aux
différents organismes publics intervenant dans le domaine minier,
permettant ainsi d'assurer une meilleure couverture du territoire national
(bassins du Midi et Normandie). Le projet de loi de finances accroît les
crédits de paiement affectés aux travaux de mise en
sécurité des sites miniers (14,48 milliards d'euros, soit
+6,9 milliards d'euros) et met en place une dotation nouvelle
destinée à l'indemnisation des dommages résultant d'un
sinistre minier, en cas de disparition et de défaillance de l'exploitant
ou d'exonération de sa responsabilité (3,05 milliards
d'euros sur le chapitre 46-93).
Au-delà de la seule évolution des enveloppes budgétaires,
analysée plus en détail par notre collègue Jean CLOUET,
rapporteur spécial de la Commission des finances, ce sont surtout les
actions du ministère de l'industrie pour améliorer la
compétitivité de nos entreprises qui intéressent votre
commission.
II. LA DIFFUSION DE L'INNOVATION DANS LES PETITES ET MOYENNES INDUSTRIES
Les aides du ministère de l'industrie font l'objet d'une gestion partagée, selon un principe de spécialité, entre l'échelon régional (DRIRE) et l'échelon central. Le niveau régional assure le soutien des PMI, essentiellement au travers des actions figurant dans les contrats de plan Etat-Régions. Les services centraux gèrent plutôt les aides accordées aux projets de coopération (recherche industrielle, essentiellement).
A. LES ACTIONS DÉCONCENTRÉES
La
majeure partie des actions sont désormais contractualisées avec
les collectivités locales dans les contrats de plan Etat-Régions.
La participation des régions permet d'obtenir un quasi doublement des
crédits accordés par l'Etat au titre du développement
industriel
, voire un quadruplement théorique (compte tenu des
règles européennes de quotité de financement nationaux) de
ceux-ci dans le cas d'opérations cofinancées par le Fonds
européen de développement régional (FEDER).
Ces aides, financées sur le chapitre 64-92, article 10, du budget du
ministère de l'industrie, sont centrées sur quelques
thèmes prioritaires : le renforcement de l'investissement
immatériel, la diffusion des technologies et le renforcement
technologique de l'appareil de production.
1. Le soutien à l'investissement immatériel
a) Les fonds régionaux d'aide au conseil (FRAC)
Les FRAC
ont pour objet d'inciter les PMI à
recourir à des conseils
extérieurs
et de susciter l'émergence d'une offre
régionale de conseil, par la prise en charge d'une partie des
coûts des diagnostics et audits réalisés à la
demande des entreprises par des cabinets de conseil du secteur concurrentiel.
Le tableau ci-dessous résume l'évolution des crédits
correspondants jusqu'en 2000 et fait apparaître la participation des
différents partenaires :
FONDS RÉGIONAUX D'AIDE AU CONSEIL
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Etat |
7,25 |
5,42 |
5,40 |
6,11 |
Région |
6,42 |
5,21 |
4,52 |
3,27 |
Europe |
1,92 |
3,07 |
2,21 |
0,31 |
Autres |
0,33 |
0,50 |
0,62 |
0,004 |
Total |
15,92 |
14,2 |
12,75 |
9,69 |
Nombre de dossiers |
2 355 |
2 090 |
1 837 |
1 357 |
Au premier semestre 2001, 599 aides ont été accordées, pour un montant de 4,335 millions d'euros (tous financements confondus), dont 2,536 millions d'euros pour la part de l'Etat.
b) Le conseil technique dispensé par un laboratoire (FRATT)3( * )
Dans le même esprit que celui des FRAC, il s'agit, avec la procédure « FRATT », de développer chez les PMI, le réflexe du recours au conseil technique dispensé par un laboratoire (essais, analyses, études, mise au point de prototypes, petites recherches, ...) et d'inciter les laboratoires à valoriser leur potentiel de recherche développement sur des projets industriels locaux.
CONSEIL TECHNIQUE PAR UN LABORATOIRE
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Etat |
0,52 |
0,41 |
0,59 |
0,37 |
Région |
0,24 |
0,27 |
0,42 |
0,16 |
Europe |
0,12 |
0,13 |
0,07 |
0 |
Total |
0,88 |
0,81 |
1,08 |
0,53 |
Nombre de dossiers |
82 |
86 |
105 |
70 |
Au premier semestre 2001, 17 dossiers d'aide ont été agréés, pour un montant de 0,210 million d'euros (tous financements confondus) dont 0,147 million d'euros pour la part de l'Etat.
c) L'embauche d'un cadre pour la création d'une nouvelle fonction (ARC)
Cette
procédure « ARC » vise à inciter les PMI
à renforcer, à l'occasion d'une étape importante de leur
développement, leur potentiel de matière grise par l'embauche de
personnels hautement spécialisés sur la base d'un contrat
à durée indéterminée.
Le recrutement doit être motivé par la création d'une
nouvelle fonction dans l'entreprise. Sont donc exclus du bénéfice
de l'aide les recrutements de simple remplacement ou ceux liés au
renforcement d'une fonction largement pourvue dans l'entreprise.
PROCÉDURE « ARC »
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Etat |
11,75 |
10,56 |
15,37 |
16,56 |
Région |
6,10 |
5,84 |
6,55 |
6,98 |
Europe |
5,09 |
7,78 |
7,03 |
0,97 |
Total |
22,94 |
24,18 |
28,95 |
24,51 |
Nombre de dossiers |
1 140 |
1 146 |
1 313 |
1 110 |
Au premier semestre 2001, 603 dossiers ont été attribués, pour un montant de 13,826 millions d'euros (tous financements confondus), dont 8,159 millions d'euros pour la part Etat.
2. Le soutien à l'investissement matériel : le Fonds de développement des PMI (FDPMI)
Le Fonds
de développement des PMI (FDPMI), dont les financements sont
prioritairement destinés aux zones défavorisées, a pour
vocation d'encourager le développement des PMI en favorisant
l'élévation de leur niveau technologique
et de leur
compétitivité. Les investissements soutenus doivent s'inscrire
dans un projet global de développement et représenter un effort
significatif de la part de l'entreprise.
Le FDPMI a soutenu 1.844 projets en 2000, pour un montant de
95,47 millions d'euros. La plupart des projets sont des projets de
modernisation de l'entreprise (70 %). Les investissements de capacités
(extension d'activité) viennent ensuite, représentant 20 % des
projets. Enfin, les créations d'activités nouvelles concernent 8
% des projets en 2000.
Les chiffres confirment que
l'aide à l'investissement matériel
bénéficie très largement aux plus petites
entreprises
: 53,2 % des entreprises aidées comptent moins
de 20 emplois et 87,8 % moins de 50 emplois.
Des études d'évaluation du ministère de l'industrie
montrent que 1 million d'euros de subvention au titre du FDPMI conduit
à créer de 60 à 90 emplois stables. On peut ainsi
estimer de 6.000 à 9.000 le nombre d'emplois qui seront
créés suite aux interventions réalisées en 2000 au
titre du FDPMI (95,47 millions d'euros).
Les crédits demandés pour 2002 au titre du FDPMI sont de
76,38 millions d'euros, soit la même enveloppe que celle
demandée en 2001.
B. LA PROCÉDURE « ATOUT »
1. L'objectif : diffuser les techniques
La
procédure ATOUT de diffusion des techniques, créée il y a
plus de dix ans, vise à accélérer la diffusion dans
le tissu des PMI de techniques fondamentales pour la
compétitivité des entreprises
. Au début, quatre
techniques ont été visées : les composants
électroniques (programme « PUCE »), les
matériaux (programme « PUMA »), les nouvelles
technologies de production (programme « DROP ») et
l'intégration informatique (programme « LOGIC »).
D'autres techniques fondamentales pour la compétitivité des
entreprises peuvent à présent être prises en compte, dans
le cadre de la nouvelle circulaire du 28 février 2000 relative
au programme ATOUT, en particulier les technologies liées à
l'informatique et à la communication de l'entreprise
.
Cette procédure est partie du constat, effectué il y a
dix ans, que certaines technologies étaient encore peu
utilisées en France par les PMI, alors qu'elles sont
maîtrisées par les grandes entreprises et les entreprises
étrangères.
Or, le niveau technologique d'un pays n'est pas seulement celui de ses
réussites les plus spectaculaires, mais également celui de
l'ensemble de ses entreprises, et notamment les PMI. Au delà de ces
entreprises de pointe innovantes telles que celles aidées par l'ANVAR,
il existe un vaste ensemble de PMI, de niveau technologique modeste, dont la
modernisation est urgente.
Avec ATOUT, il s'agit d'encourager les PMI à faire un saut
technologique, même si intrinsèquement le projet ne
présente pas un caractère de novation exceptionnel. Le
critère déterminant est l'ampleur des progrès pour
l'entreprise.
2. Une aide versée sous forme d'avance remboursable
Les
aides apportées par cette procédure correspondent :
- soit à la phase de faisabilité, qui inclut les
opérations permettant à une entreprise de décider de
l'opportunité technico-économique d'un projet ;
- soit à la phase de réalisation, qui inclut par exemple des
opérations de recherche et développement préalables
à l'investissement de production ou encore la formation
spécifique à l'exécution du projet.
Ces deux phases sont soutenues à hauteur de 50 % des dépenses
éligibles de l'entreprise.
Pour un même projet, depuis l'année 2000, le montant des aides
accordées pour la phase de faisabilité et pour la phase de
réalisation est plafonné à 200.000 euros.
Cette
aide est versée sous la forme d'une avance remboursable
. Toutefois,
pour la phase de faisabilité, l'aide peut être accordée en
tout ou partie sous forme de subvention, limitée à
40.000 euros.
Pour pouvoir bénéficier de cette aide, l'entreprise doit avoir
moins de 2.000 personnes et ne pas être la filiale d'un grand
groupe. Elle doit aussi être en situation financière saine.
NOMBRE
ET MONTANT DES PROJETS RETENUS EN 2000
(TOUS FINANCEMENTS
CONFONDUS)
|
Nombre de dossiers |
Montant
|
PUCE |
100 |
4,56 |
PUMA |
90 |
3,72 |
LOGIC |
293 |
10,60 |
DROP |
111 |
4,54 |
Nouveau programme |
122 |
5,31 |
TOTAL |
716 |
28,73 |
Les crédits engagés pour « ATOUT » proviennent pour la majorité de l'Etat. D'autres financements sont toutefois mobilisés, provenant soit des régions, soit de crédits européens.
PROCÉDURE « ATOUT »
(en millions d'euros)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
Etat (Chapitre 64-92-20) |
23,77 |
30,19 |
32,52 |
24,77 |
Régions |
2,72 |
3,41 |
2,32 |
3,14 |
Europe |
2,73 |
4,51 |
5,68 |
0,82 |
Total |
29,22 |
38,11 |
40,52 |
28,73 |
Nombre de dossiers |
742 |
944 |
1 007 |
716 |
Pour 2002, les crédits demandés au titre de la procédure ATOUT s'élèvent à 32,01 millions d'euros en autorisations de programmes, comme en 2001. Ils correspondent aux engagements inscrits dans les contrats de plan Etat-régions.
CHAPITRE II -
TABLEAU DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
I. UNE PLACE TOUJOURS MAJEURE DANS L'ÉCONOMIE
A. L'INDUSTRIE, UN MOTEUR DE L'ÉCONOMIE FRANÇAISE
1. Une part importante du PIB
Avec la
crise des années 1970 et le déclin des industries
traditionnelles au profit des services, l'industrie française, en
particulier manufacturière, semblait vouée à une lente
décrue de son poids dans l'économie. Mais, depuis le milieu des
années 1990,
la part de la valeur ajoutée de l'ensemble de
l'industrie dans le produit intérieur brut
a de nouveau
augmenté. Elle s'est stabilisée à 15 % depuis trois
ans pour l'industrie, hors énergie et industries agroalimentaires (IAA),
ce qui constitue
le record des vingt dernières années.
A un rythme de 4 % par an ces quatre dernières années, la
production industrielle
a cru plus rapidement que celle des autres
secteurs de l'économie. La diminution apparente de son poids dans
l'économie n'est que le reflet du transfert de la richesse
créée par l'industrie vers les autres secteurs (via la baisse
relative des prix industriels).
En terme
d'emplois directs
, le poids de l'industrie dans le total des
emplois est à peu près stable depuis 1997. Si l'on ajoute aux
emplois industriels les 250.000 intérimaires de l'industrie
(statistiquement affectés dans les services), ce poids est en
augmentation d'environ 50.000 emplois en quatre ans. L'emploi
manufacturier augmente donc, et sa part relative dans l'emploi total diminue
moins rapidement ces dernières années. De plus, la croissance de
l'emploi industriel l'an dernier (+68.000 courant 2000), a été la
plus élevée depuis 25 ans.
Le tableau ci-après rappelle les poids relatifs des différents
secteurs dans l'emploi total :
EMPLOI INTÉRIEUR PAR BRANCHE (EN ÉQUIVALENT TEMPS COMPLET)
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
|
Milliers d'emplois |
|
Part dans l'emploi total (en %) |
||||||
Agriculture |
1 131 |
1 111 |
1 092 |
1 066 |
|
5,2 |
5,1 |
4,9 |
4,7 |
Ind. agroalimentaires |
550 |
557 |
561 |
564 |
|
2,5 |
2,5 |
2,5 |
2,5 |
Ind. manufacturière |
3 103 |
3 103 |
3 091 |
3 115 |
|
14,3 |
14,2 |
13,9 |
13,7 |
Energie |
232 |
213 |
209 |
209 |
|
1,1 |
1,0 |
0,9 |
0,9 |
Construction |
1 439 |
1 436 |
1 453 |
1 497 |
|
6,6 |
6,6 |
6,5 |
6,6 |
Services marchands |
9 043 |
9 288 |
9 597 |
9 966 |
|
41,8 |
42,5 |
43,2 |
43,9 |
Services administrés |
6 154 |
6 163 |
6 222 |
6 295 |
|
28,4 |
28,2 |
28,0 |
27,7 |
Total emploi salarié |
21 656 |
21 873 |
22 223 |
22 712 |
|
100% |
100% |
100% |
100% |
Source: Insee - Comptes nationaux 2000
*L'intérim industriel est comptabilisé dans les services
marchands et non dans l'industrie
Avec le ralentissement économique en cours, le poids de l'industrie dans
l'économie nationale devrait s'infléchir à nouveau. Compte
tenu du ralentissement des carnets de commande et des perspectives de
production dans l'industrie depuis le début de l'année,
un
retournement de l'emploi industriel est attendu par l'Insee sur le second
semestre 2001
: après avoir crû de 0,5 % au
premier semestre, il devrait baisser de 0,4 % au second. Les
prévisions en termes d'activité font état d'
une baisse
attendue,
toutefois moins rapide que celle observée dans la
première moitié des années 1990.
Le poids de l'industrie est, aujourd'hui, particulièrement important en
termes de valeur ajoutée, comme le montre le tableau suivant :
VALEUR
AJOUTÉE PAR BRANCHE :
LA PART DE L'INDUSTRIE
MANUFACTURIÈRE
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000 |
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000 |
|
Valeur
ajoutée
|
En millions d'euros2000 |
|
part dans
le PIB
|
En
millions d'euros
|
||||||
Agriculture |
38 |
39 |
40 |
40 |
37 |
|
3,4 |
3,3 |
3,3 |
3,2 |
2.8 |
Ind. agroalimentaires |
29 |
30 |
29 |
29 |
33 |
|
2,6 |
2,5 |
2,4 |
2,4 |
2.6 |
Ind. manufacturière |
180 |
189 |
194 |
201 |
191 |
|
16,0 |
16,3 |
16,2 |
16,4 |
14.9 |
Energie |
30 |
33 |
34 |
35 |
44 |
|
2,7 |
2,8 |
2,8 |
2,8 |
3.4 |
Construction |
49 |
49 |
50 |
52 |
58 |
|
4,4 |
4,2 |
4,2 |
4,2 |
4.5 |
Services marchands |
568 |
588 |
611 |
630 |
288 |
|
50,5 |
50,7 |
51,2 |
51,4 |
51.6 |
Services administrés |
230 |
233 |
236 |
241 |
259 |
|
20,5 |
20,1 |
19,8 |
19,6 |
20.1 |
Total France (PIB) |
1 124 |
1 160 |
1 193 |
1 227 |
1288 |
|
100% |
100% |
100% |
100% |
100% |
Source: Insee - Comptes nationaux 2000
(*) PIB hors impôts sur les produits et hors correction bancaire (cf.
branche unité fictive)
Décomposées par branche, les évolutions de la valeur
ajoutée et de l'emploi au sein de l'industrie manufacturière
reflètent
la percée de l'automobile
, la place des autres
branches d'activités industrielles dans l'ensemble de l'industrie
étant relativement stable :
VALEUR AJOUTÉE PAR BRANCHES MANUFACTURIÈRES
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000 |
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000 |
|
Valeur
ajoutée
|
en millions d'euros 2000 |
|
Part dans la VA manufacturière (en %) |
en millions d'euros 2000 |
||||||
Ind. manufacturière |
180 |
189 |
194 |
201 |
191 |
|
100 |
100 |
100 |
100 |
100 |
B. de consommation |
39 |
39 |
41 |
41 |
40 |
|
21,5 |
20,6 |
21,0 |
20,5 |
20.9 |
Industrie automobile |
17 |
19 |
20 |
21 |
19 |
|
9,5 |
10,1 |
10,4 |
10,7 |
10.0 |
Biens d'équipement |
41 |
45 |
45 |
47 |
45 |
|
23,0 |
23,9 |
23,3 |
23,5 |
23.6 |
Biens intermédiaires |
83 |
86 |
88 |
91 |
87 |
|
46,1 |
45,4 |
45,3 |
45,4 |
45.6 |
Source: Insee - Comptes nationaux 2000
2. Une année 2000 satisfaisante
L'année 2000 est, pour l'industrie
française,
celle de
la sortie des conséquences de la crise asiatique
. Au
début de l'année, l'activité des branches
manufacturières s'est inscrite dans le prolongement de la fin 1999,
avec une progression légèrement atténuée. Elle a
été portée par la vigueur de la demande mondiale et
européenne, et a bénéficié d'un taux de change de
l'euro qui a renforcé la compétitivité-prix des
exportations. Durant cette première phase, les principales composantes
de la demande intérieure (consommation des ménages et
investissement des entreprises) sont restées bien orientées.
A partir de la fin du premier semestre, la hausse du prix des produits
pétroliers a opéré une ponction sur le pouvoir d'achat des
ménages, et la consommation s'est ralentie. Un mouvement analogue s'est
produit dans les principaux pays européens, freinant les exportations
françaises. La progression de l'activité industrielle s'est
infléchie.
En fin d'année, la consommation des ménages est repartie en
hausse, hors automobile, grâce aux effets conjugués du reflux des
prix de l'énergie, des baisses d'impôt et de la poursuite des
créations d'emplois. Parallèlement, les exportations se sont
redressées et ont retrouvé leur niveau de la fin du premier
semestre. La production manufacturière a renoué alors avec un
rythme de croissance élevé.
En 2000, la croissance de la production industrielle hors énergie et
IAA a ainsi atteint 4,6 % en volume
. Cette croissance a eu des
répercussions en termes de création d'emplois : en la
matière, il faut remonter à avant la crise du milieu des
années 1970 pour retrouver un résultat équivalent à
celui de l'année 2000. Le nombre de salariés de l'industrie a
augmenté, en effet, de 68.000. Les deux tiers travaillent dans les
entreprises de biens intermédiaires, qui ne pèsent que 40 %
de la valeur ajoutée industrielle. Par ailleurs, l'intérim a
continué de croître (+ 19 %), et on peut estimer à plus de
42.000 le nombre d'emplois en équivalent temps plein
supplémentaires représentés par les missions
effectuées dans l'industrie manufacturière. Au total, ce sont
donc environ
110.000 emplois
qui ont été
créés par l'industrie en 2000.
3. La situation des entreprises industrielles
S'agissant de
la situation financière
des
entreprises
industrielles françaises, depuis cinq ans, leur rentabilité a
nettement progressé.
Après une légère contraction des bénéfices
en 1999, due aux retombées de la crise asiatique,
les
résultats nets comptables
des entreprises industrielles rebondissent
en 2000, avec une augmentation de plus de 50 %. Rapportés au
chiffre d'affaires, ils augmentent de 2,4 % à 3,4 %. Les
résultats sont élevés dans les biens d'équipement
et les biens intermédiaires, avec seulement quelques contre-performances
dans l'édition et les équipements électriques et
électroniques. La plus forte croissance des résultats est celle
de la pharmacie-parfumerie et des constructeurs automobiles, confirmant ainsi
le rôle moteur joué par ces secteurs depuis plusieurs
années. Si les résultats de l'exercice 2000 sont excellents,
l'année 2001 s'annonce, là encore, sous des auspices bien
moins favorables
.
Depuis 1999, pour financer le développement de leurs investissements et,
plus encore, leurs implantations à l'étranger, les entreprises
industrielles sont
davantage emprunté
. Après plusieurs
années de baisse, l'endettement a crû en moyenne de 10 % en
1999. Ce phénomène caractérise essentiellement les grandes
entreprises (+ 15 % de l'endettement) via les apports de groupe mais
aussi des emprunts bancaires, qui croissent de près de 30 % en
1999. En revanche, les PMI n'ont augmenté que de 4 % leur
endettement total, comme leur endettement bancaire (emprunts et crédits
courants).
Avec la hausse du coût du crédit depuis 1999, ce recours accru aux
ressources externes contribue, en 2000, à augmenter la
vulnérabilité de certaines entreprises, ce qui interrompt le
mouvement d'amélioration globale de leur structure financière
entamé ces dernières années.
Une étude récente du ministère de l'industrie
4(
*
)
indique que le poids des créances commerciales
diminue régulièrement depuis dix ans, résultat d'une
réduction des délais de paiement dans l'industrie
.
Celle-ci profiterait davantage aux grandes entreprises qu'aux PMI, l'industrie
française restant toutefois
globalement handicapée
par
rapport aux industries allemande et américaine, où les
règlements commerciaux sont plus rapides.
Pour 2000, d'après les données partielles des PMI adhérant
à la Centrale des bilans de la Banque de France, on observerait une
amélioration des résultats et des capacités de
financement
, le financement des investissements sur ressources propres
augmentant. Si l'endettement semble s'accroître, la solvabilité
s'améliorerait, grâce à un recours plus important au
financement de long terme et à une participation accrue des groupes et
associés, prolongeant ainsi les tendances déjà
constatées en 1999.
Depuis trois ans,
l'investissement du secteur manufacturier
progresse
rapidement, à un rythme annuel moyen de 11 %, comblant ainsi le
retard pris entre 1991 et 1994. Ainsi en 2000, l'investissement matériel
serait comparable à celui observé à la fin des
années 1980, où un niveau record avait été atteint.
Le dynamisme de la demande de ces trois dernières années a induit
une forte progression des
tensions sur les capacités de
production
. Aussi, bénéficiant encore de bonnes perspectives
de débouchés et de conditions de financement favorables,
l'investissement matériel
s'est accru de 15 % en 2000,
après des hausses proches de 6 % en 1998 et 1999.
Mises à part l'industrie textile (-17 %) et l'industrie de
l'habillement (+1 %),
tous les secteurs
participent à la
croissance forte de l'investissement de ces trois dernières
années. Mais ce sont les secteurs de l'automobile (+ 49 %) et
des composants électriques et électroniques (+ 121 %),
secteurs dont les investissements sont très cycliques, qui enregistrent
les meilleurs scores. Viennent ensuite les secteurs des équipements
électriques et électroniques (+ 37 %) et de la chimie
(35 %). L'effort d'investissement est plus soutenu dans les grandes
entreprises (+ 42 %), qui ont un poids économique important
dans l'automobile ou dans les composants électroniques, que dans les
petites entreprises (+ 25 %).
Selon l'enquête de l'Insee sur l'investissement d'avril 2001,
les
industriels revoient à la baisse les projets d'investissement qu'ils
faisaient en janvier 2001
. En conséquence, l'investissement ne
devrait croître, au mieux, que de 6 % en 2001. Les effets sur la
croissance des attentats du 11 septembre dernier ne feront sans doute
qu'amplifier le mouvement.
B. L'INTERNATIONALISATION DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE
1. Des exportations croissantes, mais un solde industriel détérioré
La production industrielle française est de plus en plus tournée vers l'exportation . En 2000 et début 2001, l'exceptionnel dynamisme de la demande mondiale a bénéficié aux exportations. Alors qu'elles ne représentaient qu'un tiers de la production industrielle en 1995, elles en représentent 38 % en 1999 et 42 % en 2000 . Les deux tiers de ces exportations sont destinées à l'Union Européenne. Les composants électriques et électroniques (71 %), la construction navale aéronautique et ferroviaire (69 %), et les équipements électriques et électroniques (62 %) sont les secteurs les plus exportateurs. Viennent ensuite la chimie (52 %), l'habillement-cuir (50 %), la pharmacie (49 %) et la construction automobile (47 %). La production agroalimentaire (18 %), l'édition (7 %) et les produits minéraux (22 %) sont au contraire essentiellement destinés au marché national. Le tableau ci-dessous résume l'ensemble de ces données :
PART
DE LA PRODUCTION INDUSTRIELLE EXPORTÉE
DANS LE MONDE ET AU SEIN DE
L'UNION EUROPÉENNE
|
|
1990 |
1995 |
1998 |
1999 |
2000 |
Produits manufacturés (y c. IAA) |
monde |
28% |
33% |
38% |
38% |
42% |
|
UE |
|
|
(24%) |
(25%) |
(26%) |
Viande et lait |
monde |
13% |
17% |
17% |
17% |
18% |
|
UE |
|
|
(12%) |
(12%) |
(12%) |
Autres industries alimentaires |
monde |
13% |
16% |
18% |
17% |
17% |
|
UE |
|
|
(12%) |
(12%) |
(12%) |
Habillement et cuir |
monde |
26% |
34% |
42% |
45% |
50% |
|
UE |
|
|
(23%) |
(24%) |
(26%) |
Edition, imprimerie, reproduction |
monde |
6% |
7% |
7% |
7% |
7% |
|
UE |
|
|
(4%) |
(4%) |
(4%) |
Pharmacie, parfumerie, entretien |
monde |
25% |
34% |
43% |
45% |
49% |
|
UE |
|
|
(24%) |
(26%) |
(27%) |
Equipement du foyer |
monde |
33% |
38% |
46% |
45% |
51% |
|
UE |
|
|
(29%) |
(28%) |
(30%) |
Construction et équipements automobiles |
monde |
38% |
40% |
45% |
45% |
47% |
|
UE |
|
|
(36%) |
(37%) |
(37%) |
Construction aéronautique, navale, ferroviaire |
monde |
47% |
61% |
60% |
60% |
69% |
|
UE |
|
|
(15%) |
(20%) |
(21%) |
Equipements mécaniques |
monde |
33% |
37% |
44% |
43% |
44% |
|
UE |
|
|
(24%) |
(24%) |
(25%) |
Equipements électriques et électroniques |
monde |
32% |
40% |
52% |
52% |
62% |
|
UE |
|
|
(32%) |
(32%) |
(38%) |
Produits minéraux |
monde |
18% |
20% |
22% |
22% |
22% |
|
UE |
|
|
(14%) |
(14%) |
(14%) |
Industrie textile |
monde |
31% |
36% |
43% |
43% |
47% |
|
UE |
|
|
(28%) |
(27%) |
(29%) |
Bois et papier |
monde |
18% |
22% |
25% |
26% |
27% |
|
UE |
|
|
(19%) |
(20%) |
(21%) |
Chimie, caoutchouc, plastiques |
monde |
39% |
45% |
49% |
50% |
52% |
|
UE |
|
|
(35%) |
(35%) |
(37%) |
Métallurgie et transformation des métaux |
monde |
26% |
28% |
28% |
28% |
31% |
|
UE |
|
|
(20%) |
(21%) |
(22%) |
Composants électriques et électroniques |
monde |
36% |
51% |
63% |
63% |
71% |
|
UE |
|
|
(35%) |
(33%) |
(36%) |
Source : Insee (comptes nationaux) et Douanes pour la
part
exportée
En termes
de parts de marché mondiales
, l'industrie
française a maintenu, en 2000, sa position en volume, mais, en valeur,
cette part diminue en raison de la baisse de l'euro et de la hausse des prix
des produits pétroliers et des matières premières.
Depuis 1990, on constate toutefois un effritement de la part de
marché mondiale de l'industrie française
, assez comparable
à ceux du Royaume-Uni ou de l'Italie, mais inférieur au recul des
parts de marché de l'industrie allemande. Au cours de la
décennie, des gains significatifs ont toutefois été
réalisés dans l'électronique grand public, les
matériels de télécommunications ou l'aéronautique
(ceci malgré de fortes fluctuations).
PARTS
DE MARCHÉ MONDIALES EN PRODUITS MANUFACTURIERS
(% EN
VALEUR)
|
1990 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
France |
8,1 |
7,7 |
7,5 |
7,4 |
7,7 |
7,4 |
6,9 |
Allemagne |
18,0 |
16,0 |
15,0 |
15,0 |
15,0 |
15,0 |
14,0 |
Royaume-Uni |
7,2 |
6,7 |
7,1 |
7,4 |
7,2 |
6,9 |
6,4 |
Italie |
7,3 |
6,9 |
7,3 |
6,7 |
6,6 |
6,1 |
5,8 |
Japon |
13,7 |
14,4 |
13,0 |
12,9 |
11,5 |
12,2 |
13,0 |
Etats-Unis |
14,6 |
14,9 |
15,5 |
17,2 |
17,0 |
17,2 |
18,3 |
Source : Direction de la prévision
(parts de marché : exportations du pays/somme des exportations des
24 pays de l'OCDE)
L'excédent commercial français en biens manufacturés
est en net recul en 2000.
L'excédent commercial de l'industrie
civile manufacturière (y compris les IAA) s'élève en 2000
à 10,9 milliards d'euros, au lieu de 15,4 milliards d'euros en
1999. Cette forte contraction de l'excédent industriel relève
avant tout de
l'exceptionnelle croissance des importations
, en volume et
en prix, et ne reflète pas automatiquement un effritement de la
compétitivité, comme en témoignent la forte progression
des exportations et le montant important des grands contrats.
Le solde commercial de la branche des biens d'équipement atteint un
niveau record (7,4 milliards d'euros), en progression notable grâce
aux bonnes performances de l'industrie aéronautique (164 Airbus
vendus) et de la téléphonie mobile (solde de 3 milliards
d'euros en 2000 après 1 milliards d'euros en 1999).
L'industrie
automobile
réalise, avec 9 milliards d'euros,
le plus fort
excédent commercial de l'industrie
.
En revanche, la place grandissante des
technologies de l'information
dans l'économie française contribue à
l'aggravation du
déficit extérieur
industriel, pour un montant de
1 milliard d'euros en 2000.
La consommation des ménages est restée élevée et
s'est traduite par une hausse soutenue des importations (17 %), ce qui
alourdit de 2 milliards d'euros le déficit de la branche des biens
de consommation, et ceci malgré la bonne tenue des exportations.
L'utilisation plus intensive des capacités de production en France au
cours de l'année 2000 a induit une demande accrue des biens
intermédiaires, elle-même amplifiée par la hausse des prix
des produits à fort contenu énergétique et de certaines
matières premières. Ceci génère le plus fort
déficit extérieur en biens intermédiaires depuis 1992
(-5,9 milliards d'euros au lieu de -0 ,6 milliards d'euros en
1999).
Globalement,
la chute de l'excédent commercial
(y compris
énergétique) se concentre essentiellement sur
trois grandes
zones géographiques
: l'Europe (-10 milliards d'euros),
l'Asie (-4 milliards d'euros), le Proche et le Moyen-Orient
(-3 milliards d'euros). Inversement, les soldes s'amélioreront avec
l'Amérique (+1,3 milliards d'euros) et l'Afrique
(+0,5 milliards d'euros). L'explosion de la facture
énergétique accentue le déséquilibre des
échanges avec les pays producteurs de pétrole, alors que
l'augmentation des achats de biens de consommation et de biens
intermédiaires explique l'accroissement des déficits avec la
Chine et l'Allemagne.
2. Des investissements directs à l'étranger qui concernent surtout les grands groupes
S'agissant des
investissements directs à
l'étranger
des industries françaises
, comme cela sera détaillé
dans le chapitre III du présent rapport, leur flux
s'accélère considérablement ces dernières
années.
Aussi, après des années d'investissement à
l'étranger, une partie importante de l'« industrie
française » est désormais localisée à
l'étranger.
La production des groupes industriels français
hors de l'Hexagone, dépasse désormais de beaucoup leurs propres
exportations
. Il y a aujourd'hui, sur les marchés étrangers,
autant sinon plus de produits fabriqués par des entreprises
françaises à l'étranger que de produits français
exportés. On estime que la production industrielle française
à l'étranger représente
environ un quart de la
production totale effectuée à l'intérieur et hors du
territoire national
.
Certes, cette internationalisation concerne avant tout les grands groupes. Les
investissements (comme d'ailleurs les exportations) directs à
l'étranger reposent sur un nombre restreint de grands intervenants.
Comme le souligne un rapport du secrétariat d'État à
l'industrie sur l'industrie française et la mondialisation, la part des
emplois à l'étranger est d'autant plus forte que la taille des
firmes considérées est élevée. Si l'on
considère seulement les dix groupes français les plus
implantés à l'étranger, leur emploi à
l'étranger représente 56 % de leur emploi total.
Ces
10 groupes contrôlent plus du tiers des emplois totaux des
entreprises françaises à l'étranger.
Le critère
de la
production à l'étranger
permet de parvenir aux
mêmes conclusions que celui de l'emploi à l'étranger. Le
degré d'engagement dans la production à l'étranger est
fonction de la taille du groupe. Plus le groupe est important, plus il est
tourné vers l'extérieur.
Votre commission s'inquiète de la lenteur du processus
d'internationalisation des PMI révélée par cette
étude.
Les investissements français à l'étranger sont, en outre,
concentrés sur
un nombre limité de secteurs
, parmi
lesquels l'énergie et les produits chimiques. Les quatre premiers
secteurs (où figurent aussi le crédit et les assurances) sont
à l'origine de près de 40 % des investissements
français à l'étranger. L'analyse des investissements
français à l'étranger en 1999 montre qu'ils se sont
majoritairement orientés vers l'industrie manufacturière
(53 % des flux sortants). L'essentiel des investissements est
réalisé par l'industrie chimique (29 %), l'activité
du raffinage et autres services de traitement (15 %) et l'industrie
automobile (5 %). On trouve ensuite le secteur de
l'électricité et du gaz (17 %).
II. PANORAMA DE L'ACTUALITÉ DES SECTEURS INDUSTRIELS FRANÇAIS
A. L'INDUSTRIE TEXTILE AVANT LE « GRAND SAUT »
1. Une érosion qui se poursuit dans les échanges mondiaux
L'industrie textile, fortement employeuse de main d'oeuvre, et
implantée sur l'ensemble du territoire, est à la fois
vitale
en termes d'emplois et particulièrement fragilisée par la
concurrence de pays bénéficiant d'un coût moindre du
travail
. Depuis 30 ans, elle a connu une mutation très profonde
et a dû s'adapter à l'émergence dans la concurrence
internationale de pays à faibles coûts salariaux.
Ainsi, l'évolution du commerce mondial ces dernières
années se caractérise, dans ce secteur, par la poursuite de la
montée de l'Asie, et en particulier de la Chine.
L'Europe est le
premier marché d'importation mondial
, avec plus de 40% des
importations mondiales de vêtements, et le second exportateur mondial
après la Chine, si l'on ne tient pas compte de l'ensemble des
échanges entre les différents Etats-membres de l'Union
Européenne. Ses principaux fournisseurs pour les vêtements sont la
Chine, la Turquie, les pays d'Europe centrale et orientale et le Maghreb.
Viennent ensuite le Bangladesh et l'Inde. Pour le textile, la Turquie est le
premier fournisseur, juste devant la Chine et l'Inde, des pays
industrialisés comme les USA et la Suisse, et d'autres pays
asiatiques : Inde, Pakistan, Corée du Sud.
Les
exportations européennes
sont destinées, pour les
vêtements, aux pays développés. A l'inverse pour le
textile, les exportations sont essentiellement destinées aux pays de
délocalisation proches, en vue de la confection : Pologne, Tunisie,
Maroc, Roumanie, République Tchèque et Hongrie.
Le
déficit européen
vis à vis de la Chine
(particulièrement sur l'habillement) s'est considérablement accru
ces deux dernières années. La bonne performance de la Turquie est
vraisemblablement due à l'existence d'une zone de libre-échange
avec l'Union Européenne, l'absence de limitation sur les importations du
Bangladesh contribuant aussi à ses performances sur l'habillement.
Pour sa part
la France
(chiffres 2000) exporte dans ce secteur pour
12,5 milliards d'euros, dont 60 % à destination de l'Union
Européenne. Elle occupe le
7ème rang mondial
en tant que
pays exportateur. Ses importations sont de 18,6 milliards d'euros, dont
près de 60 % proviennent de l'extérieur de la
Communauté. Le déficit commercial est de 6 milliards
d'euros, quasiment intégralement provoqué par les échanges
avec les pays extra-communautaires.
On peut estimer que ces derniers mois, le phénomène de
délocalisation de l'industrie de la confection européenne
,
dénoncé par le Sénat depuis de nombreuses années,
s'est malheureusement poursuivi, par le recours à une production
située au Maghreb, en Europe de l'Est, en Turquie, dans les Pays Baltes,
la libéralisation totale des échanges avec cette zone en ayant
accéléré le développement.
Un grand nombre
d'entreprises de la filière ont disparu du territoire français
depuis 1998
. Ces délocalisations ont d'abord affecté la
confection, où la main d'oeuvre constitue une part importante du
coût de revient. Elles touchent maintenant les métiers à
plus haute technicité.
Par ailleurs, la compétitivité de l'Asie sur les marchés
européens s'est renforcée ; en particulier celle de la
Chine.
2. Les évolutions inquiétantes du cadre international
Les
accords « multifibres », entrés en vigueur en 1974,
limitaient les volumes d'exportation de textile des pays en
développement vers les pays industrialisés. Mais les accords de
Marrakech ayant prévu une
libéralisation totale des
échanges textiles au 1er janvier 2005
, 4 phases successives de
retour des produits textiles aux règles générales du
commerce international ont été programmées. Les pays
exportateurs s'engagent pour leur part à améliorer l'accès
à leur marché par la baisse de leurs droits de douane et la
suppression de leurs barrières non-tarifaires.
Les deux premières phases de libéralisation n'ont pas
donné lieu à des difficultés importantes : la
première phase ne concernait en effet que des produits sans quotas et
qui n'étaient pas soumis à des contraintes concurrentielles
importantes. La seconde phase a conduit à des suppressions de quotas
limitées. La Chine ne faisant pas partie de l'OMC, ses quotas n'ont, en
particulier, pas été supprimés.
La 3ème phase de libéralisation
interviendra en janvier
2002. La liste des produits à libéraliser a été
établie au second semestre de l'année 2000, sous
présidence française de l'Union Européenne. La nouvelle
liste de produits comporte une proportion plus large de produits sensibles.
L'accession de la Chine à l'OMC, qui ne s'est pas encore
réalisée, risque, en outre, de renforcer la concurrence
internationale -sans doute dès 2002- car la Chine pourra
bénéficier de l'ensemble des acquis des accords de Marrakech
.
Pour leur part, les pays exportateurs n'ont que très
modérément ouvert leur marché, la baisse des droits de
douane n'ayant été que très limitée, et ces
derniers restant à des niveaux extrêmement élevés
par rapport à ceux appliqués dans l'Union Européenne. Ces
tarifs s'accompagnent parfois de mesures administratives
spécifiques : licences d'importation, normes techniques et
sanitaires, étiquetage, qui visent, avec parfois beaucoup
d'efficacité, à protéger les marchés de ces pays.
Les pays exportateurs de textile considèrent toutefois que l'application
des accords de Marrakech ne s'est pas faite à leur profit : en
particulier lors de la conférence de Seattle, ils ont demandé une
accélération de la libéralisation des quotas, et le
renoncement à certains instruments de politique commerciale comme les
mesures « antidumping ». L'échec de la
conférence de Seattle n'a pas modifié le calendrier existant.
Dans le contexte du nouveau cycle de négociations ouvert à
Doha, les mêmes demandes de mise en oeuvre de l'Accord textile et
vêtements ont été remises sur la table par les pays
exportateurs, en particulier le Pakistan et l'Inde.
De plus, la Commission européenne négocie actuellement, dans une
perspective essentiellement politique,
un accord avec le Pakistan
, lui
offrant un accès privilégié au marché communautaire
pour ses produits. Il s'agirait d'un relèvement de 15% des quotas de ce
pays et d'une annulation des droits pour les produits textiles pakistanais (en
échange, les producteurs européens devraient se voir offrir un
accès plus facile au marché pakistanais, aujourd'hui
protégé par des droits d'entrée supérieurs à
30%, en moyenne). Or cette proposition n'a fait l'objet
d'aucune
étude d'impact préalable
, ce qui préoccupe les
industriels français du textile, qui estiment, en première
analyse, qu'elle menacerait jusqu'à 25 ou 30.000 emplois en Europe.
En dehors même d'un nouvel accord éventuel avec le Pakistan, les
études de la Commission européenne sur les
conséquences
de la fin de l'accord « Textile et Vêtements »
,
font état d'une baisse de la production en Europe à attendre de
l'ordre de 1 % par an, avec un impact sur l'emploi plus large (3 à
5 %). Pour la période après 2005, il n'y a pas eu
d'étude spécifique de la Commission européenne sur les
conséquences de la fin de l'encadrement des importations. Toutefois, la
profession a lancé une étude
5(
*
)
sur la libéralisation totale du commerce mondial, qui, du fait de
l'intensification de la concurrence, prévoit comme impact
immédiat une baisse de l'ordre de 10% de la production. C'est
globalement l'Asie, et plus particulièrement la Chine qui devrait
bénéficier de cette libéralisation. Les partenaires de
l'Union Européenne, qui bénéficient d'accords
préférentiels, et qui, dans le cadre de la zone
«
Euromed
», tirent profit de leur partenariat avec
la Communauté, seraient aussi touchés par cette
libéralisation.
Ces perspectives inquiètent tout particulièrement votre
commission
.
3. L'incidence finalement très limitée du remboursement des aides du « plan textile »
Pour
lutter contre les délocalisations d'entreprises et les suppressions
d'emploi, un dispositif d'allègement des charges sociales pour le
secteur du textile a été mis en place en France. Mis en oeuvre
entre la mi-1996 et décembre 1997, il a été
condamné par la Commission européenne le 9 avril 1997. La
Commission a demandé à la France de prendre toutes les
dispositions pour récupérer les aides illégalement
versées, condamnation qui a été confirmée par la
Cour de Justice Européenne le 6 octobre 1999.
Le Gouvernement français étant tenu de se conformer à cet
arrêt sous peine d'un recours en manquement, le processus de
remboursement a été mis en route.
Les conditions de ce remboursement ont fait l'objet de longues
négociations avec la Commission européenne, afin de
ne pas
mettre en danger
les entreprises d'un secteur déjà
fragile
. Les conditions suivantes ont été
arrêtées : pour la détermination du montant à
rembourser, il est tenu compte de l'incidence fiscale de la perception de ces
aides. En conséquence, le montant pris en compte est réduit
d'environ 40 %. Une partie de l'aide restante est couverte par la
règle «
de minimis
», qui prévoit que
les Etats n'ont pas à soumettre à autorisation de la Commission
Européenne les aides versées dans la limite de
100.000 €. Le remboursement pourra être étalé sur
une période de 3 ans, à partir du 1
er
avril
2000. Inversement, conformément aux règles européennes,
les remboursements sont affectés d'un taux d'intérêt, au
taux négocié de 6,01 % correspondant à la moyenne des
taux d'intérêts sur la période concernée. Ce
dispositif de remboursement a fait l'objet d'une circulaire envoyée aux
préfets le 31 mars 2000. Les URSSAF ont été
chargées de la gestion du remboursement sous l'autorité du
préfet de département.
Une première évaluation du montant des remboursements a
été faite à partir d'informations communiquées par
les Préfets, la Direction générale de l'emploi et de la
formation professionnelle et la Direction de la sécurité sociale.
Cette évaluation ne concerne que
804
entreprises
, sur
les
980
entreprises de plus de 50 personnes dont le montant
des aides à rembourser est susceptible de dépasser le montant du
«
de minimis
». Le ministère de l'industrie a
fait savoir à notre rapporteur qu'un rapide examen des
176
entreprises manquantes, montre que, statistiquement, elles ne
se distinguent des 804 entreprises exploitées, ni par le secteur,
ni par la taille.
Sur les
804
entreprises
pour lesquelles le Gouvernement
dispose d'informations :
-
133 ont fait l'objet d'un règlement judiciaire ou d'une
liquidation
, ce qui laisse supposer qu'aucun remboursement ne peut
être escompté de la part de ces entreprises, même si les
Préfets ont été invités à produire une
demande de remboursement, et ce qui montre l'ampleur de la crise du
secteur ;
-
449 entreprises n'ont rien à rembourser
, les conditions
fixées pour le remboursement faisant que les entreprises de moins de 100
personnes dans l'habillement et 150 personnes dans le textile, qui
représentent la majorité du secteur, sont, de fait,
exemptées.
- seules
222 entreprises sont effectivement redevables
du
remboursement.
L'analyse sectorielle effectuée montre que les entreprises de
l'habillement sont en général exemptées de par leur
taille
ou n'ont qu'un montant très faible à rembourser.
Beaucoup d'entreprises
textiles
(filature, tissage) ne doivent
également que de faibles sommes car payant des salaires relativement
élevés, elles ont moins bénéficié de
l'allègement des charges.
Deux activités
sont en revanche
concernées de manière plus significative par le
remboursement :
- la maille (chaussette, collants) ;
- la chaussure.
Dans les deux cas il s'agit d'unités concentrées, de taille
relativement élevée (plus de 250 personnes), mais regroupant
surtout des salariés de production aux salaires proches du SMIC. Seules
10 % des entreprises doivent plus de 0,5 million de francs
(0,08 millions d'euros), avec de 30 à 40 entreprises
dépassant largement 1 million de francs (0,15 millions
d'euros).
Votre commission souhaite que le Gouvernement effectue sans dogmatisme
excessif le recouvrement des sommes dont la Commission européenne a
exigé le remboursement.
B. LA CONSTRUCTION NAVALE FACE AU « DUMPING » SUD CORÉEN
1. Un marché caractérisé par un déséquilibre permanent entre l'offre et la demande
La
construction de grands navires de commerce est un marché mondial
totalement ouvert, sans aucune protection douanière ni
géographique et sur lequel la concurrence est renforcée par
l'existence d'une flotte de libre immatriculation.
L'industrie mondiale de la construction navale a bénéficié
en 2000 d'une nette amélioration du marché (+ 56 % par rapport
à 1999). Celle-ci est due à l'augmentation du trafic maritime, au
remplacement d'une partie des pétroliers
« âgés », mais aussi à des
anticipations de commandes compte tenu des prix relativement bas.
Une bonne partie de ces commandes a été prise par la
Corée du Sud,
qui détient 35,6 % du marché en
2000, contre 33,3 % en 1999 et 24,9 % en 1998. La Corée du Sud
consolide ainsi la place de
premier constructeur mondial qu'elle occupe
depuis trois ans
. La part du Japon a été de 25,9 % en
2000 contre 26 % en 1999 et 33,1 % en 1998. La part de l'Union
européenne (plus la Norvège) est restée stable :
17,5 % en 2000 contre 17,2 % en 1999 et 25,8 % en 1998. Cette
stabilité est assurée car des commandes supplémentaires de
paquebots, secteur sur lequel les chantiers coréens ne sont pas en
concurrence directe, ont compensé des pertes de marché pour
d'autres types de navires.
Le marché mondial reste toujours caractérisé par
un
déséquilibre important entre l'offre et la demande
et
l'industrie dispose d'ores et déjà de capacités largement
suffisantes pour répondre à la totalité de la demande
future. Celle-ci devrait atteindre son niveau le plus élevé en
2004, restant très inférieure aux capacités de
construction navale prévues, puis devrait ensuite rester durablement
orientée à la baisse. Malgré cette situation
excédentaire, la capacité mondiale de construction devrait
continuer à augmenter, en particulier en Corée du Sud. Le
déséquilibre entre l'offre et la demande devrait donc s'aggraver,
du fait de la chute de la demande et de l'accroissement continu des
capacités, entraînant inévitablement une chute des prix.
La faiblesse actuelle des prix, qui restent inférieurs à ceux des
années 1990, est due essentiellement à l'augmentation
importante des capacités en Corée du Sud et
aux très
bas niveaux de prix des offres
des chantiers navals coréens.
Enchaînant les rapports sur le sujet, la Commission européenne a
entrepris sept nouvelles investigations très détaillées
pour des commandes placées en Corée du Sud, qui montrent que
toutes ces commandes ont été prises à perte (le niveau
moyen de ces pertes est estimé à 14 %)
.
2. La réaction française et européenne
a) L'évolution divergente des chantiers français
Exclusivement orientés vers la production de navires de
charge (pétroliers jusqu'à 550.000 tonnes de port en lourd,
porte-conteneurs, vraquiers ...), les
Chantiers de l'Atlantique
,
à Saint-Nazaire, se sont reconvertis depuis le milieu des années
1980 dans la construction de
navires à haute valeur ajoutée
(segment de marché moins soumis à la concurrence des
chantiers du Sud-Est asiatique) :
- paquebots : 12 paquebots en commande à la fin de
l'année 2000 ;
- navires de transport de gaz naturel liquéfié : 5
méthaniers de 135.000 m3 livrés à la Malaisie entre
1994 et 1997.
A la fin de l'année 2000, outre les effectifs propres au chantier, le
site de Saint-Nazaire comprenait 500 intérimaires et 5000 personnes
employées par les entreprises sous-traitantes travaillant dans le
chantier. La très forte augmentation du chiffre d'affaires est due
à la livraison de six paquebots au cours de l'exercice (1er avril 2000
au 31 mars 2001). Le chiffre d'affaires devrait toutefois diminuer au cours du
prochain exercice.
S'agissant des
Ateliers et chantiers du Havre (ACH),
un accord est
intervenu, rappelons-le, en juillet 1999, entre la direction de l'entreprise,
les représentants du personnel et l'Etat, pour la mise en oeuvre
d'
un
plan social accompagnant la fermeture de ce chantier
, dont
le coût (39.18 millions d'euros) est intégralement pris en
charge par les finances publiques. Parallèlement, un chargé de
mission auprès du Premier ministre a été nommé pour
mettre en oeuvre sur place, au Havre, un programme de développement
industriel destiné en particulier à faciliter le reclassement des
personnels et réunir les conditions permettant le développement
d'un « Pôle industriel et naval » autour de la
réparation navale et de l'essaimage de certaines activités
susceptibles de pérennisation.
Sur les 669 personnels des ACH licenciés entre août 1999 et juin
2000, une solution de reclassement a été trouvée pour 485
personnes (72,5 % des licenciés). Il convient de noter un
très faible nombre de volontaires pour un emploi aux Chantiers de
l'Atlantique à Saint-Nazaire, qui ont proposé d'embaucher environ
300 personnes. Seulement 135 personnes ont fait acte de candidature et 52
personnes ont été embauchées ou se sont vus proposer un
contrat Les autres ont été refusées, ne correspondaient
pas aux spécialités nécessaires ou ont annulé par
la suite leur candidature.
L'essaimage réalisé à partir des activités
susceptibles de développement (chaudronnerie, mécanique, bureau
d'études, ingénierie) a permis la pérennisation de
80 emplois devant être portés à environ 110 d'ici fin
2001. Pour ce qui concerne la réparation navale (130 emplois
directs existants au 30 juin 2001), une solution de reprise est en cours
de négociation.
b) Quelle réponse au niveau communautaire ?
Alors
que le « dumping » sud coréen ne fait plus de
doutes, la réglementation communautaire interdit désormais aux
Etats membres les aides à la commande dans le secteur de la construction
navale.
Le règlement communautaire (n° 1540/98 du 29 juin 1998) sur
les aides à la construction navale a en effet interdit les aides
à la commande à compter du 31 décembre 2000, et n'autorise
plus que les aides à la fermeture partielle ou totale. Il a toutefois
étendu à la construction navale les dispositifs applicables aux
autres secteurs industriels concernant les aides à la recherche et au
développement, au sauvetage et à la restructuration d'entreprises
en difficulté, aux investissements pour l'innovation et la protection de
l'environnement.
Dans le contexte de concurrence très agressive de certains Etats
asiatiques,
une tentative, sous présidence française, pour
revenir sur l'interdiction des aides à la commande a
échoué
: en l'absence de propositions de la Commission
et alors que certains Etats membres y auraient fait obstacle, le Conseil
Industrie du 5 décembre 2000 n'est pas parvenu à
revenir sur la suppression des aides à la commande à partir du
31 décembre 2000.
Toutefois, en réaction aux surcapacités et à la baisse
constante des prix sur le marché mondial de la construction navale, la
Commission européenne et le Gouvernement coréen ont signé,
le 22 juin 2000, «
un procès-verbal
agréé
» dans le but d'éviter les
surinvestissements non rentables et la sous-cotation des prix.
Observant que des pratiques concurrentielles déloyales persistent sur le
marché mondial, la Commission a présenté au Conseil
Industrie du 5 décembre 2000 une communication verbale
prévoyant :
- une négociation avec la Corée en vue de parvenir à
un accord satisfaisant ;
- d'établir un rapport, (présenté au Conseil
Industrie des 14 et 15 mai 2001), qui réaffirme que les
pratiques de la Corée relèvent de la concurrence déloyale
(les ventes étant réalisées avec des pertes de 7 à
40 %, avec une moyenne de 14 %) ;
- de porter l'affaire devant l'OMC en l'absence de solution
négociée ;
- de proposer un mécanisme de soutien défensif temporaire
pour contrer les pratiques déloyales de la Corée jusqu'à
la conclusion de la procédure devant l'OMC.
Le Conseil Industrie a pris acte de la proposition de la Commission. Il s'est
félicité de l'intention de la Commission d'engager une
procédure devant l'OMC
en l'absence de solution
négociée avec la Corée au plus tard le 30 juin 2001
et a pris acte de l'intention de la Commission de mettre en place,
simultanément, un
mécanisme de soutien défensif
temporaire
. Cette aide viserait les navires porte-conteneurs, les
transporteurs de produits chimiques et les transporteurs de produits
pétroliers. Elle se situerait à 6 % de la valeur du contrat
(avant aide) et serait plafonnée à 14 % (niveau moyen des
pertes observées).
Une décision formelle sur cette proposition sera prise au plus tard lors
du
Conseil Industrie du 5 décembre 2001
, le
mécanisme défensif proposé par la Commission suscitant
d'ores et déjà l'
opposition de certains Etats membres
.
Votre commission regrette la divergence de vues entre certains Etats membres
sur cette question, empêchant l'évolution de la
réglementation.
En France, compte tenu de l'arrêt des aides à la commande au
31 décembre 2000, le projet de loi de finances pour 2002 ne
prévoit pas d'ouverture de nouveaux crédits en autorisation de
programme. Seuls 103,7 millions d'euros en crédits de paiements,
pour faire face aux besoins découlant des commandes enregistrées
les années précédentes, sont demandés sur le
chapitre budgétaire 64-93.
Le tableau ci après résume l'évolution des aides sur ce
chapitre depuis 1997 :
AIDES BUDGÉTAIRES À LA CONSTRUCTION NAVALE
En millions d'euros |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
AUTORISATIONS DE PROGRAMME |
||||||
Dotations de crédits ouvertes
|
326,09
|
643,90
|
851,05
|
575,63
|
342,40
|
0 |
Consommations |
177,65 |
277,64 |
471,99 |
187,35 |
74,82* |
0 |
CRÉDITS DE PAIEMENT |
||||||
Dotations de crédits ouvertes
|
245,27
|
617,75
|
546,23
|
279,25
|
159,61
|
103,66 |
Consommations |
115,35 |
243,03 |
467,38 |
197,60 |
136,76* |
|
*Ces montants correspondent uniquement au 1er semestre 2001.
C. LA MÉCANIQUE : 7.000 ENTREPRISES, 500.000 EMPLOIS ET UNE TROISIÈME PLACE EUROPÉENNE
L'industrie mécanique
regroupe plusieurs
secteurs : les biens d'équipement mécanique, les services
industriels du travail des métaux, les produits métalliques.
Ainsi définie, elle occupe
une place importante
au sein de
l'industrie française : en 2000, elle rassemblait 6900 entreprises
de plus de 20 personnes, réalisant un chiffre d'affaires
cumulé de 83 milliards d'euros, dont plus d'un tiers environ
(32 %) est exporté, et employant 561.200 personnes.
Ces chiffres donnent à la mécanique française
le
cinquième rang mondial
, derrière l'Italie, qui progresse
sensiblement, et toujours loin derrière les Etats Unis, le Japon et
l'Allemagne. En Europe, la mécanique allemande qui représente
environ 2 fois et demi son homologue française, (pour un total de
l'industrie allemande, représentant un peu plus de 2 fois
l'industrie française), est le chef de file incontesté,
contribuant pour plus de 30 % à la production de l'ensemble
européen.
Après la crise traversée entre 1990 et 1993, la mécanique
a depuis 1994 renoué avec une croissance soutenue : au cours de la
période 1994 à 2000, le chiffre d'affaires a progressé de
39 % et les exportations de 42 %.
En 2000, le secteur a assuré une
forte croissance
de son
activité (+10 %), notamment grâce aux exportations
(+13 %). Les trois sous-ensembles ont connu une situation favorable, qui
peut être qualifiée de satisfaisante pour ce qui concerne
l'industrie des biens d'équipement mécaniques et les services
industriels du travail des métaux. Ces évolutions favorables de
l'activité se sont accompagnées d'une augmentation de l'emploi,
particulièrement dans les entreprises des services industriels du
travail des métaux.
EVOLUTION DU SECTEUR DE LA MÉCANIQUE
|
|
1999/2000
|
Chiffre d'affaires en millions d'euros |
1999/2000
|
Exportations en millions d'euros |
1999/2000
|
Equipement mécanique |
337 500 |
103,1 |
55 800 |
110,5 |
20 330 |
112,2 |
Services industriels du travail des métaux |
136 700 |
106 |
15 200 |
111 |
2 650 |
121,3 |
Produits métalliques |
87 000 |
102,8 |
11 950 |
107 |
3 260 |
110,9 |
Total |
561 200 |
103,8 |
82 950 |
110 |
26 240 |
113 |
Source : SESSI, ministère de l'industrie
1. Les biens d'équipement mécanique : une bonne année 2000
Le
secteur des biens d'équipement mécanique
(3.742 entreprises, 337.500 emplois) représente à lui
seul plus des deux tiers de la mécanique et, de ce fait, fonde en grande
partie les caractéristiques de la branche dans son ensemble.
Cet ensemble regroupe huit secteurs distincts, d'importance
inégale :
LES BIENS D'ÉQUIPEMENT MÉCANIQUES
|
Effectifs |
1999/2000
|
Chiffre d'affaires en milliers d'euros |
1999/2000
|
Export en millions d'euros |
1999/2000
|
Construction métallique |
33 190 |
108,8 |
4 830 |
115,7 |
430 |
88 |
Chaudronnerie |
65 100 |
99 |
8 597 |
108,3 |
1 800 |
110 |
Equipements mécaniques |
65 130 |
102,4 |
11 045 |
109,5 |
5 330 |
113 |
Machines usage général |
86 070 |
106,7 |
14 720 |
113,8 |
5 280 |
120,1 |
Machines agricoles |
17 220 |
97,8 |
3 500 |
100 |
1 020 |
103,7 |
Machines-outils |
14 600 |
103,5 |
2 530 |
117,7 |
740 |
111,3 |
Machines usage spécifique |
55 570 |
102,1 |
10 500 |
108,8 |
5 660 |
109,6 |
Armes et munitions |
670 |
95 |
93 |
111,7 |
39 |
109,8 |
Total |
337 500 |
103,1 |
55 800 |
110,5 |
20 330 |
112,2 |
Source : SESSI, ministère de l'industrie
L'exercice 2000 a été marqué par une progression
significative de l'activité dans la plupart des secteurs, le machinisme
agricole étant le seul à connaître une situation peu
favorable. Après une année 1999 en demi-teinte
(stabilité), les exportations sont en augmentation sensible, leur part
dans la production atteignant 36,5 %, étant entendu que pour
certains secteurs cette proportion approche ou dépasse les 50 %
(machines, équipements mécaniques).
Au cours des premiers mois de l'année 2001, l'activité du secteur
s'est maintenue à un niveau élevé. Dès le milieu de
l'année, une dégradation limitée des prises de commandes
était toutefois perceptible, en particulier sur les marchés
extérieurs. On note ainsi un ralentissement au niveau européen,
qui constitue le premier débouché du secteur (57 % des
exportations).
Sur le marché intérieur, l'investissement des entreprises reste
toujours ferme, même si certains projets ont été
repoussés. La fin de l'année présente des incertitudes.
2. Les services industriels du travail des métaux : une majorité de PMI
Les
services industriels du travail des métaux
regroupent les secteurs
de la forge-estampage-matriçage, le découpage-emboutissage, la
métallurgie des poudres, du traitement et revêtement des
métaux, du décolletage et de la mécanique
générale. Il s'agit en général de
« sous-traitants » dans le cadre de grandes filières
industrielles : automobile, aéronautique, etc. De plus, ces
entreprises sont généralement concentrées sur le
marché national et sont donc très sensibles aux évolutions
de la situation intérieure (les exportations, en progression continue,
représentent encore moins de 18 % de l'activité). De petite
taille, elles ont pour clients et pour fournisseurs de très grandes
entreprises.
Cet ensemble est pour l'essentiel constitué de PMI (le chiffre
d'affaires moyen est de 677.000 euros) : plus de 97 % des
entreprises comptent moins de 250 personnes et 22 entreprises
seulement emploient plus de 500 personnes. La forte présence de PMI
explique en partie le niveau relativement faible des exportations, cependant en
progression sensible pour représenter 17,4 % du total (12 % en
1993).
SECTEUR DES SERVICES INDUSTRIELS DU TRAVAIL DES MÉTAUX
Exercice |
Nombre d'entreprises |
Effectifs |
Chiffre d'affaires en millions d'euros |
2000 |
2247 |
136 727 |
2 320 |
1999 |
2228 |
126 228 |
2 064 |
1998 |
2186 |
125 115 |
1 990 |
(entreprises de plus de 20 personnes)
Source SESSI, ministère de l'industrie.
Depuis l'exercice 1993, marqué par des destructions d'emplois et une
forte réduction de l'activité, ces secteurs ont renoué
avec la croissance. Sur la période 1994 à 2000, les effectifs ont
progressé de plus de 30 % et le chiffre d'affaires de près
de 70 %.
L'exercice 2000 se traduit par une nouvelle et forte
progression du chiffre d'affaires
, bien plus soutenue qu'en 1999
(+12,5 % contre 3,7 %). Cette croissance d'activité touche
tous les sous-secteurs, mais à des degrés divers. Les entreprises
du découpage-emboutissage, qui représentent près du tiers
de l'ensemble ont connu une très forte progression de leur
activité (+23 %) en raison d'une part de la bonne santé du
marché de l'automobile en Europe, et d'autre part des effets de
l'externalisation d'une partie de ces activités, encore très
intégrées chez les constructeurs automobiles français. Par
ailleurs, les secteurs du traitement et revêtement des métaux, du
décolletage et de la métallurgie des poudres ont également
connu une croissance à deux chiffres (+ 10 à + 15 %).
En 2001, la tendance à une inflexion dans le rythme de croissance de
l'activité est observée depuis le début d'année,
mais la situation relativement favorable du marché intérieur, et
notamment du marché de l'automobile, qui constitue le principal
débouché pour les entreprises du secteur, donne à
prévoir, au total, une nouvelle progression de l'activité du
secteur.
3. La fabrication de produits métalliques « tirée » par les exportations
La fabrication de produits métalliques rassemble quatorze sous-secteurs d'importance inégale, comportant notamment la coutellerie, la fabrication de serrures, la visserie boulonnerie et la fabrication de fils métalliques. Les entreprises de ces secteurs visent des marchés grand public (coutellerie, articles de ménage) ou industriels (ressorts et chaînes), voire les deux (boulonnerie, visserie). Les problèmes qu'elles rencontrent sont donc très divers. Elles sont en très grande majorité des PMI. En 2000, on ne compte en effet que 70 entreprises de plus de 250 emplois (8 % du total), qui assurent 45 % du chiffre d'affaires total du secteur et 56 % de ses exportations. En 2000, cet ensemble comptait 918 entreprises de plus de 20 personnes, employant 87.000 personnes et réalisant un chiffre d'affaires total de 11,947 milliards d'euros. Par rapport à 1999, le secteur affiche une croissance significative en ce qui concerne l'activité, le chiffre d'affaires progressant de 6,9 % (+2 % en 1999), et une progression s'agissant de l'emploi (+2.400 emplois). Après la stagnation observée en 1999, les exportations affichent une progression sensible (+11 % sur 99) et retrouvent un dynamisme qui jusqu'en 1998 avait largement contribué à la croissance du secteur. A l'inverse, le marché intérieur ne progresse quant à lui que de 1,8 %, affichant ainsi une performance moindre que celle de 1999 (+6,3 % sur 1998).
D. LA SIDÉRURGIE FRANÇAISE FACE À L'OFFENSIVE AMÉRICAINE
1. Les conséquences encore palpables de la crise asiatique
La
globalisation du marché de l'acier et la concurrence internationale sur
ce marché se sont sensiblement accélérées depuis le
début des années 1990. Indépendamment des échanges
physiques, les prix sont devenus mondiaux. Les acheteurs connaissent le prix
sur tous les marchés et imposent le cours le plus bas : le
marché est totalement globalisé.
En 2000, la consommation d'acier a crû de 8 % et la production de
7,4 %. En terme de volume, le commerce mondial d'acier a été
très soutenu, avec une croissance des échanges de l'ordre de
12 %, à hauteur de 208 millions de tonnes. Pour la zone OCDE,
les exportations nettes (exportations moins importations), de 4,2 millions
de tonnes en 1999, sont passées à 0,4 millions de tonnes en
2000, principalement sous l'effet d'une hausse significative des importations,
de 16,2 % (soit 15 millions de tonnes) en 2000, à hauteur de
110 millions de tonnes. Les exportations de la zone CEI
6(
*
)
ont continué à croître à
hauteur de 46 millions de tonnes, soit une hausse de 7,8 %. La Chine
connaît toujours une forte croissance de ses importations, avec une
hausse de 22,5 % en 2000, poussées par une demande
intérieure toujours très solide. Dans les autres régions
d'Asie, les exportations poursuivent leur croissance (+3,5 %), alors que
dans le même temps, les importations se rétablissent avec une
croissance de +8,2 %.
La crise asiatique de 1998 a mis à mal les exportations de la zone
OCDE
dans ce secteur. En particulier, pour l'Europe des quinze, cela s'est
traduit par une baisse importante des exportations nettes depuis 1997 (les
exportations nettes reculent de plus de 10 millions de tonnes si l'on
compare les niveaux avant et après crise). Celles-ci sont
négatives en 1999 (-0,8 millions de tonnes) et à peine
équilibrées en 2000. Il n'y a donc pas de retour à la
situation antérieure à la crise pour l'Union Européenne,
et de façon plus large, pour l'OCDE.
Pour résumer, les exportations de l'Union Européenne ne
retrouvent pas leur niveau d'avant la crise. Alors qu'elle était
exportatrice nette, la zone bénéficie d'un solde à peine
équilibré de ses échanges. La zone OCDE est devenue
faiblement exportatrice nette (0,4 millions de tonnes en 2000).
L'Amérique du Nord consomme plus qu'elle ne produit et ses importations,
encore élevées, sont en repli par rapport à l'année
1998, résultat d'une politique commerciale constante visant à les
limiter. La zone Asie Pacifique connaît une reprise de sa consommation
d'acier mais à un rythme moins rapide qu'auparavant.
2. La sidérurgie française
Les tableaux ci-après résument les données essentielles de l'industrie sidérurgique française, en terme de production et de marché :
CHIFFRES CLES DE L'INDUSTRIE SIDERURGIQUE FRANCAISE EN 2000 |
|
Production : acier brut
|
21 millions de tonnes
|
Part de la production issue de la filière électrique |
40,3 % |
Part des produits issus de la coulée continue |
95,0 % |
Livraisons de produits sidérurgiques (hors relaminage
France)
|
20,9 %
|
Activité sidérurgique (périmètre CECA) |
9,88 milliards d'euros |
Commerce
extérieur : exportations
|
6,65 milliards d'euros
|
Consommation française de produits sidérurgiques |
17,7millions de tonnes |
Source : Ministère de l'industrie
MARCHE INTÉRIEUR (en milliers de tonnes) EN PRODUITS FINIS SIDÉRURGIQUES |
|||
|
1999 |
2000 |
Evolution en % |
Livraison des usines françaises
|
8 196
|
8 338
|
+ 1,7
|
Total |
17 838 |
19 060 |
+ 6,9 |
Source : Ministère de l'industrie
MARCHES EXTÉRIEURS (en milliers de tonnes) EN PRODUITS SIDÉRURGIQUES * |
|||
EXPORTATIONS |
1999 |
2000 |
Evolution en % |
Pays de l'Union Européenne (15) |
11 515 |
11 733 |
+ 1,9 |
Pays
tiers dont :
|
2 168
|
2 988
|
37,8
|
TOTAL |
13 683 |
14 721 |
7,6 |
Source : Douanes et FFA
(*) Produits sidérurgiques = produits finis sidérurgiques +
demi-produits pour relaminage.
Les chiffres figurant dans les tableaux ci dessus mettent en évidence
non seulement le caractère ouvert du marché national des produits
sidérurgiques, mais aussi
la relativement bonne tenue des industries
sidérurgiques françaises
en terme de
compétitivité sur le marché européen.
3. Vers un contentieux transatlantique sur l'acier ?
Aux
Etats-Unis, des difficultés récentes de l'industrie
sidérurgique américaine (depuis 1998, près de vingt
sociétés du secteur de l'acier en faillite ont été
placées sous protection du « chapitre 11 » sur les
faillites) ont entraîné un
durcissement de la politique
commerciale
. Parmi ces sociétés figurent le quatrième
producteur américain. Plusieurs facteurs expliquent cette
situation :
- le déclin de la filière, intégrée, de
production de l'acier, qui n'est plus en mesure d'affronter la concurrence en
raison de coûts de production trop élevés ;
- les niveaux de prix particulièrement bas sur le marché
américain. Cette tendance a été largement favorisée
par la bataille que se livrent et continuent à se livrer les producteurs
américains, parfois uniquement soucieux d'utiliser leur outil de
production ;
- une industrie sidérurgique qui a trop tardé à
opérer les restructurations nécessaires. Ainsi, les 2/3 de la
production d'acier aux Etats Unis sont assurés par
12 sociétés, alors qu'en Europe les 2/3 de l'acier brut sont
élaborés par 6 sociétés. Ces quelques chiffres
illustrent le retard américain.
Face à cette situation, le président américain a
annoncé courant juin 2001 sa décision d'engager une
série d'actions afin de résoudre les difficultés que
connaît l'industrie américaine de l'acier.
A ce titre, une
demande d'ouverture de procédure au titre de la
« clause de sauvegarde » du droit américain
a
été formulée et va conduire à ce qu'
une liste de
produits fasse l'objet d'une enquête
, dont le champ est très
large et couvre toute la gamme des produits : aciers plats et longs,
aciers inoxydables et aciers spéciaux. L'investigation s'étend
à l'ensemble des pays producteurs dont les produits sont importés
aux Etats Unis. Rappelons que le niveau des importations aux USA est de
38 millions de tonnes, dont 5 millions de tonnes de productions
originaires d'Europe.
D'éventuelles mesures américaines durcissant les conditions
d'importation dans ce pays ne manqueraient pas d'avoir des conséquences
pour l'industrie européenne. Non seulement elles pourraient affecter les
produits exportés par les Européens vers les USA, mais elles
provoqueraient un afflux sur le marché européen de produits
n'ayant pu se placer aux Etats Unis.
Votre commission est préoccupée par l'ouverture de cette
procédure : d'éventuelles mesures unilatérales de
l'administration américaine dans ce domaine ne manqueraient pas d'avoir
des conséquences néfastes pour l'industrie sidérurgique
européenne.
E. L'INDUSTRIE AUTOMOBILE : VERS UN RETOURNEMENT DE CYCLE ?
1. La construction automobile : un puissant moteur de l'économie française
L'industrie automobile est un secteur majeur de
l'économie
française. Après deux années exceptionnelles, le
marché automobile français, malgré une conjoncture
économique moins favorable, continue sa progression.
Sur les
8 premiers mois de 2001, l'augmentation des immatriculations de
voitures particulières est de 6,1 %
. Malgré les
attentats, les perspectives restent bonnes et devraient permettre d'atteindre
le seuil des 2,2 millions d'unités sur l'année. Ces bonnes
performances s'expliquent par l'attrait des nouveaux modèles,
français et étrangers, auprès des consommateurs, la
montée en gamme des équipements, la progression des ventes
destinées aux entreprises et l'apparition de nouvelles offres de
location des constructeurs avec option d'achat, maintenance et assurance. Dans
un marché désormais dominé par le diesel,
le taux de
pénétration des constructeurs nationaux ne cesse d'augmenter,
pour atteindre plus de 60 % du marché français
.
Le secteur de la construction automobile emploie en France, directement,
plus de 150.000 personnes
et génère un chiffre
d'affaires de
92 milliards d'euros
, soit
15 % du chiffre
d'affaires industriel total
. L'activité est toujours
dynamisée par la forte
croissance des exportations
qui concernent
actuellement plus de 7 véhicules sur 10. Elles sont
réalisées pour 83 % vers l'Europe, où près
d'une voiture sur quatre est de marque française. La stratégie
des constructeurs nationaux se caractérise également par une
forte présence hors de la zone Europe, à l'image de l'accord
conclu entre Renault et Nissan et des implantations de sites industriels en
Amérique du Sud.
Pour améliorer encore leur productivité et leur
compétitivité, les industriels français font depuis des
années des efforts importants d'adaptation tant au niveau du personnel
qu'à celui de l'outil industriel : en 2000, leurs investissements
ont été supérieurs à 4 milliards d'euros.
En France, on dénombre 27,5 millions de voitures
particulières. La consommation automobile des ménages a
évolué ces dix dernières années et s'est
recomposée au profit des dépenses d'entretien et au
détriment des coûts d'achat, comme l'indique le tableau
ci-après :
EVOLUTION DE LA CONSOMMATION AUTOMOBILE DES MÉNAGES
|
1990 |
2000 |
|
En milliards d'euros |
|
Achats de véhicules neufs |
22,3 |
21,2 |
Achats de véhicules d'occasion |
4,0 |
7,1 |
Dépenses pièces détachées et accessoires |
12,8 |
19,4 |
Dépenses, entretien et réparation |
11,1 |
14,8 |
|
En milliers d'euros |
|
Consommation automobile par ménage motorisé |
4 721 |
5 376 |
Source : INSEE
L'industrie automobile fait appel à
une chaîne élargie
de fournisseurs
, pour un montant total de facturations s'élevant
à 49,5 milliards d'euros en 2000, répartis comme suit :
Information navigation
(et
auto-radios)
0,3 milliard d'€
Plasturgie
4,0 milliards d'€
Caoutchouc industriel
1,6 milliard d'€
Constructeurs
automobiles
Équipements constructeurs
11,0 milliards d'€
Équipementiers
19,7 milliards d'€
Métal
6,3 milliards d'€
Roulements
0,6 milliard d'€
Fonderie
1,6 milliard d'€
Pneumatiques
3,6 milliards d'€
Verre
0,4 milliard d'€
Batteries
0,4 milliard d'€
Source : Ministère de l'industrie, SESSI.
2. Les équipementiers face à une baisse de rentabilité
En 2000,
le secteur des équipementiers automobiles
a atteint un chiffre
d'affaires record dépassant les 20 milliards d'euros, soit
20 % du chiffre d'affaires de l'industrie automobile. Il se compose de
304 entreprises, dont 238 PMI. Ce secteur se caractérise par
une forte concentration, les entreprises de plus de 500 salariés
réalisant près de trois quart du chiffre d'affaires du secteur.
Tous les grands équipementiers mondiaux sont présents sur le
territoire national. Les filiales françaises de groupes étrangers
concourent à hauteur des deux tiers du chiffre d'affaires du secteur et
à près du quart des exportations du secteur. Dans l'industrie
française d'équipement automobile, un salarié sur quatre
travaille dans une filiale détenue par un groupe américain. Les
équipementiers allemands constituent le deuxième pôle
étranger et contribuent à plus de 20 % aux exportations
totales du secteur.
Les effectifs de ce secteur s'établissent à près de
134.000 salariés
. Depuis ces cinq dernières
années, les entreprises ont réalisé des investissements
importants pour augmenter leurs capacités de production, mais aussi pour
créer de nouveaux sites industriels. Largement tourné vers les
marchés extérieurs, ce secteur a un taux d'exportation de
41,5 % qui se rapproche de celui de la construction automobile.
Dans un contexte de pression sur les prix demandée par les
constructeurs, la rentabilité des équipementiers est en baisse.
Le taux de marge s'érode pour atteindre 28,6 % en 1999, alors que
celui des constructeurs est en progression (45 % en 1999). Pour la
première fois de la décennie, en 2000, le résultat net
comptable de la profession devient négatif.
F. LES SECTEURS ÉLECTRIQUE ET ÉLECTRONIQUE FRAPPÉS PAR LE RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE
1. Un secteur électrique fortement internationalisé
Le
secteur industriel électrique
en France est
représenté par près de 200 entreprises qui ont
réalisé en 2000 un chiffre d'affaires proche de
9,3 milliards d'euros (+8,9 %) et exporté, en outre,
6,9 milliards d'euros, en croissance de 8,9 % par rapport à
1999. Ces entreprises opèrent essentiellement dans les secteurs de
l'électrification
(équipements des réseaux publics
et privés d'électricité), des
constituants
électriques
industriels et des
automatismes
.
Ce secteur est un des principaux acteurs de la filière électrique
et énergétique française, avec les opérateurs
(EDF-GDF), les constructeurs de matériels de production d'énergie
(turbines, moteurs thermiques, compresseurs...), les câbliers et les
installateurs. Les entreprises du secteur emploient
61.000 personnes en
France et 193.000 dans le monde
. Le secteur électrique
français occupe
le 4
ème
rang mondial
,
après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, et représente
8 % du commerce mondial.
Ce secteur a connu une internationalisation à un rythme très
soutenu depuis plus de 10 ans. Cette politique a été
engagée par pratiquement toutes les entreprises françaises du
secteur, à partir du double constat de la
saturation progressive et
de l'ouverture croissante du marché français
et de
l'existence d'un
très fort potentiel sur les marchés des pays
en voie d'industrialisation
.
Cette politique s'est appuyée sur deux axes stratégiques :
- les
exportations directes
à partir des usines
françaises, de plus de 80 % de la production nationale en 2000
(moins de 50 % en 1992) ;
- la
production à partir d'unités industrielles à
l'étranger
, ces implantations ayant été
fréquemment réalisées par le biais d'acquisitions
externes. Dans ces métiers, dont les produits sont très
techniques et essentiels à l'activité économique d'un
pays, la présence locale et la proximité technique du client sont
des facteurs essentiels de réussite. En 2000, les entreprises
françaises
emploient 2 personnes à l'étranger pour
une personne en France
, alors que la proportion, était de 1 pour 1
en 1992. Le chiffre d'affaires réalisé dans le monde par les
entreprises françaises est de 27 milliards d'euros.
Ces succès à l'international s'expliquent notamment par la forte
compétitivité, technique et économique, des produits
français, ainsi que par l'existence de quelques groupes de taille
mondiale (SCHNEIDER, ALSTOM) moteurs de l'internationalisation de l'ensemble du
secteur.
L'opération de fusion annoncée entre SCHNEIDER et LEGRAND ayant
été interdite par la Commission Européenne, au vu des
critères européens de la concurrence, il pourrait en
résulter une séparation des activités de réseaux
(ex-CEGELEC) du groupe ALSTOM (cession au personnel).
2. Le secteur électronique en récession
Le
secteur des NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la
communication) a connu entre 1998 et 2000 un contexte de marché
particulièrement porteur puisque
la croissance annuelle moyenne du
secteur électronique a été durant ces trois années
de l'ordre de 12 %
. Jusqu'en 2000, la reprise de l'investissement
informatique des entreprises, conjuguée à la mise en oeuvre de
l'Euro et aux efforts accomplis pour faire face au problème de
l'an 2000, ont constitué de puissants facteurs de
développement de ce marché. Parallèlement,
l'intérêt croissant des Français pour ces nouvelles
technologies a joué un rôle moteur dans la dynamique de ce
marché.
Durant le premier semestre 2001, la croissance du marché des
technologies de l'information et des communications a été
nettement moins soutenue. Deux secteurs ont été
particulièrement affectés par ce ralentissement : le secteur
du matériel informatique et celui de la téléphonie mobile.
Dans le secteur du
matériel informatique
, les ventes mondiales
ont, pour la première fois depuis 15 ans, reculé au
deuxième trimestre 2001. C'est sur le marché américain que
ce ralentissement est le plus important, du fait notamment de la baisse des
investissements des entreprises, et d'une relative saturation du taux
d'équipement des ménages (60 % des ménages
équipés). Le marché européen du matériel
informatique est également affecté mais dans une proportion
moindre. En France, la demande reste encore soutenue non seulement pour le
matériel informatique mais aussi pour les services et les
périphériques.
Dans le secteur des
télécommunications
, c'est dans le
segment de la téléphonie mobile, et plus particulièrement
des terminaux, que le ralentissement est le plus net. Ce marché est
aujourd'hui moins dynamique, notamment en Europe, du fait d'une relative
saturation de l'équipement des ménages. Cette situation a
entraîné une crise de surproduction dans le secteur qui s'est
traduite par des restructurations chez les principaux constructeurs.
Cette tendance générale devrait se poursuivre au cours des mois
à venir, ces secteurs industriels étant les plus concernés
par le
retournement du cycle
. Les services, notamment de
télécommunications ou encore ceux liés au
développement de l'Internet, demeurent orientés à la
hausse.
En France, on estime que 30 %
7(
*
)
des
ménages étaient équipés d'un micro ordinateur en
2000 contre 18,5 % en 1997. En matière de
télécommunications, les changements sont encore plus rapides
puisque au 30 juin 2001, 55,1 %
8(
*
)
des français disposaient d'un
téléphone mobile. Par ailleurs, la diffusion d'Internet s'est
poursuivie. A la fin de l'année 2000, il y avait, selon la
définition de l'internaute adoptée, entre 6,8 et
11 millions
9(
*
)
d'internautes. Dans les
entreprises, notamment les plus petites, le taux de connexion à Internet
a également fortement augmenté ; 73 %
10(
*
)
des PME de 6 à 200 salariés
avaient, en 2000, au moins un accès à Internet contre seulement
27 % en 1997.
Le secteur des
semi-conducteurs
, après une année 2000 en
très forte croissance, plonge dans une crise sans
précédent en 2001. Après les années de
récession de 1996-1998, la croissance du marché mondial a atteint
une croissance record de 36 % en 2000. Cependant, après cette
année exceptionnelle, le marché connaît depuis le
début 2001 une crise d'une brutalité et d'une ampleur sans
précédent.
Les prévisionnistes ont revu leurs prévisions de croissance
à la baisse depuis le début de l'année, pour atteindre le
chiffre record de
30 % de décroissance du marché
prévu pour 2001, chiffre qui peut encore se dégrader. La
profession espère cependant que le troisième trimestre 2001
sera la plus mauvais et que la situation se stabilisera ensuite. La reprise
n'est toutefois pas espérée avant au mieux le milieu 2002.
Cette crise est due à la conjonction d'au moins
trois facteurs : la crise des télécommunications
mobiles, la crise de l'informatique et l'« explosion » de
la « bulle Internet ». Les ventes de
téléphone mobiles seront cette année inférieures de
50 % aux prévisions de janvier ; le marché de
l'informatique a pour la première fois une croissance mondiale
nulle ; la bulle internet entraîne une crise financière
importante, un ralentissement des investissements et une crise des
équipementiers du secteur. Tout cela est aggravé par une
accumulation de stocks en 2000, avec plus de 9 mois à
résorber chez les équipementiers et les opérateurs (sur
des produits dont la durée de vie prévue était souvent de
moins de 2 ans).
L'ensemble du secteur des semi-conducteurs est touché : le taux
d'occupation moyen mondial des unités de production est tombé
à 70 % ; les investissements nouveaux ont été
brutalement arrêtées ; les prises de commandes sont quasiment
inexistantes ; les prix des mémoires et des microprocesseurs ont
chuté fortement (-50 % à -60 %). Dans la
microélectronique, seul le segment de l'électronique automobile
poursuit sa croissance, d'environ 10 % par an.
Le secteur optoélectronique, qui a connu une croissance exceptionnelle
en 2000 et a vu la création de nombreuses
« start-ups », est également touché de plein
fouet. Les opérateurs ont en effet fortement ralenti leurs
investissements en réseaux optiques, pour deux raisons : les
réseaux installés sont sous-utilisés, et la charge des
licences UMTS, allégée récemment en France mais pas
ailleurs en Europe, oblige à réduire fortement les
investissements.
Une vague importante de restructurations et de plans sociaux est en cours
à travers le monde.
Malgré la fermeture envisagée de
certains sites de production, la France est relativement peu touchée,
comparativement aux autres pays (Etats-Unis, Canada, Angleterre, Allemagne,
etc...). Cependant, si le marché continue à se dégrader,
les sites français de production de semi-conducteurs souffriront
également.
CHAPITRE III -
TROIS ENJEUX POUR L'INDUSTRIE FRANÇAISE
I. RÉTABLIR LA COMPÉTITIVITÉ DU SITE « FRANCE »
A. UN FAISCEAU D'ANALYSES CONVERGENTES
Plusieurs indicateurs factuels ou analyses récentes mettent en avant, surtout depuis ces deux dernières années, l'éventualité d'une dégradation de la compétitivité relative du territoire français pour accueillir les investissements, notamment industriels.
1. L'ambivalent déficit de la balance des investissements directs étrangers
La
globalisation de l'économie s'accompagne d'une croissance sans
précédent des investissements directs à l'étranger.
Ce mouvement est à double sens : investissements étrangers
en France, et français à l'étranger. A partir de 1999,
l'investissement des entreprises manufacturières sur le sol national
(24 milliards d'euros en 1999) est devenu
inférieur aux montants
investis par ces mêmes entreprises à l'étranger
(36 milliards d'euros), chiffre qui mesure l'effort de projection
internationale des groupes français.
En 2000, les flux d'investissement français à l'étranger
ont atteint 187 milliards d'euros, montant record, qui est six fois
supérieur au montant atteint en 1997. Les investissements à
l'étranger représentent ainsi 13 % du PIB, après
8 % en 1999 et 3,3 % en 1998. Devançant les Etats-Unis, la
France devient le deuxième investisseur à l'étranger
derrière le Royaume-Uni.
On ne peut que se féliciter de ce dynamisme international des groupes
industriels français.
Encore faut-il, pour que le mouvement soit entièrement positif pour
l'économie nationale, que, réciproquement,
un flux
d'implantations d'entreprises étrangères en France nourrisse
l'investissement et l'emploi sur le territoire national
. Dans une
économie ouverte, les Etats sont en effet en compétition pour
« attirer » les flux d'investissements.
Certes, le Gouvernement ne manque pas une occasion de rappeler -tel le
secrétaire d'Etat à l'industrie lors de son audition devant la
Commission des Affaires économiques l'an passé- que c'est
Valenciennes qu'avait choisi le groupe Toyota comme site de production
européen ; les pouvoirs publics n'avaient d'ailleurs pas
manqué de l'y inciter.
Un bilan plus détaillé conduit toutefois à s'interroger
sur l'attractivité réelle du territoire français.
Les nombreux atouts structurels de la France (position géographique au
coeur de l'espace européen, taille du marché, ...), ont sans
doute contribué, ces dernières années, à une
croissance importante des investissements étrangers en France, qui ont
atteint, en 2000, 313 milliards de francs, soit 3,4 % du PIB,
après 241 milliards de francs en 1999.
La France se situe ainsi au quatrième rang des grands pays
industrialisés par la place des entreprises étrangères
présentes sur son territoire national, lesquelles réalisent
32 % du chiffre d'affaires des entreprises industrielles
manufacturières et emploient 27 % de la population active.
Toutefois, l'implantation d'entreprises étrangères en France,
malgré leur croissance régulière, n'est pas au même
niveau que les investissements directs à l'étranger des
entreprises françaises, ce qui amène à poser la question
de l'aptitude de la France à attirer les entreprises
étrangères.
Il n'est pas possible de tirer du solde négatif des investissements
directs étrangers reproduit dans le tableau ci-après,
d'affirmation trop définitive sur la compétitivité du
territoire national : ce solde peut refléter aussi bien
l'exceptionnel dynamisme à l'étranger des entreprises
françaises que la faiblesse structurelle d'attractivité de notre
territoire.
La question est néanmoins posée.
INVESTISSEMENTS DIRECTS ENTRE LA FRANCE ET
L'ÉTRANGER
(tous secteurs confondus)
en milliards d'euros
|
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2000/1997
|
Français à l'étranger |
-31,7 |
-43,7 |
-113,2 |
-187,2 |
x par 6 |
- capital social |
-16,1 |
-21,6 |
-82,4 |
-145,6 |
x par 9 |
- bénéfices réinvestis |
-1,7 |
-4,8 |
-5,8 |
-7,0 |
x par 4 |
- autres opérations |
-13,9 |
-17,3 |
25,0 |
-34,6 |
x par 2 |
Etrangers en France |
20,6 |
27,9 |
44,2 |
47,9 |
x par 2 |
- capital social |
11,6 |
15,2 |
18,2 |
29,5 |
x par 3 |
- bénéfices réinvestis |
0,5 |
1,8 |
2,3 |
3,5 |
x par 7 |
- autres opérations |
8,5 |
10,8 |
23,7 |
14,9 |
x par 2 |
Solde des investissements directs |
-11,1 |
-15,9 |
-69,0 |
-139,3 |
x par 13 |
Sources
: ministère de
l'économie, des
finances et de l'industrie et Banque de France
Note : un signe (-)
traduit une « sortie » de capital pour contrôle d'un
investissement étranger
La France a beau être le quatrième pays d'accueil des
investissements internationaux, elle ne les accueille pas en proportion de ce
qu'elle investit à l'étranger. De là à faire
apparaître ce déficit comme
un premier indice d'une diminution
de l'attractivité du territoire français
, il y a un pas,
qu'un sondage très commenté, réalisé pour le compte
du Mouvement des entreprises de France, n'a pas hésité à
franchir.
2. Le verdict sans appel des dirigeants de groupes étrangers
a) Le sondage réalisé pour le compte du MEDEF
Un
sondage
, effectué l'an dernier par la société Ernst
& Young pour le compte du MEDEF auprès d'un
échantillon de
350 dirigeants de filiales françaises de groupes internationaux
, a
mis en lumière une certaine dégradation de l'attractivité
du territoire français.
L'échantillon choisi pour ce sondage
11(
*
)
était composé de telle sorte que soient représentés
tous les types d'entreprise, suivant leur taille, leur date d'implantation en
France, leurs effectifs et le pays d'origine de ces sociétés.
Des atouts qui tiennent surtout aux caractéristiques
structurelles du marché français
Les principaux atouts de la France identifiés par ces dirigeants
d'entreprises étrangères sont la
position
géographique
, la
taille du marché
et la
présence d'
infrastructures
de transport et de communication.
La France dispose également, d'après eux, d'atouts en termes de
qualité et de technicité de son économie
(60 %
des responsables d'entreprises reconnaissent l'excellence scientifique et
technique de la France).
D'autres critères, traditionnellement considérés comme les
principaux points forts français, sont plus mitigés, mais
néanmoins positifs : 40 % seulement des entreprises
interrogées reconnaissent que la
productivité
de la
main-d'oeuvre française est un atout.
Ces résultats sont rappelés ci-dessous :
Source
: Ernst & Young pour le MEDEF,
octobre
2000
Des handicaps qui pèsent de plus en plus lourd : la fiscalité
et les rigidités sociales
Sur ce plan, le sondage met en lumière
la mauvaise image de la
France
, au sein de l'ensemble européen, auprès des dirigeants
d'entreprises étrangères :
Source
: Ernst & Young pour le MEDEF, octobre 2000
En termes d'image, la France récolte ainsi
un solde d'opinions
négatives plus important que les opinions positives
, contrairement
à ses voisins européens. Les principaux handicaps
identifiés par ce sondage sont le
poids des
prélèvements obligatoires
, les
rigidités
sociales
et
les 35 heures
, cités par plus de 85 %
des personnes interrogées :
Source
: Ernst & Young pour le MEDEF, octobre 2000
Cette étude fournit d'autres analyses, plus inquiétantes quant
aux conséquences potentielles de ces appréciations :
-
deux tiers
des chefs d'entreprises interrogés
ne
choisiraient pas la France
si leur entreprise avait à faire
aujourd'hui le choix d'une implantation en Europe ;
-
44 %
des personnes interrogées indiquent envisager
de délocaliser
une partie des activités françaises
de leur groupe (vers le Royaume-Uni, l'Allemagne ou les Pays-Bas,
principalement).
Ce sondage montre que, si l'attractivité de nos voisins européens
compte pour une bonne part dans cette tentation de délocalisation, ce
sont aussi trois défauts français qui jouent comme un repoussoir
:
la pression fiscale et sociale, les rigidités administratives et
l'application des 35 heures
.
b) Les témoignages devant la mission du Sénat sur l'expatriation.
Approfondissant les travaux menés par votre commission
sur
«
La fuite des cerveaux, mythe ou
réalité
»
12(
*
)
, la
mission sénatoriale
13(
*
)
d'information
sur l'expatriation des compétences, des hommes et des capitaux a
très attentivement étudié la question de
l'attractivité économique du territoire français
.
Le très intéressant rapport de cette mission d'information
retranscrit des propos inquiétants de chefs d'entreprises
étrangères auditionnés au cours de ses travaux. Le
président d'une filiale française d'un grand groupe international
entendu par la mission, par exemple, posait la question de la
compétitivité du territoire français en ces termes :
«
Qui défend aujourd'hui le site France ? Ce n'est pas
l'encadrement, qui est devenu de plus en plus international. Ce ne sont pas non
plus les clients, pour lesquels la localisation de la fabrication compte de
moins en moins, ni les actionnaires qui sont d'abord soucieux de la
compétitivité du groupe. Je suis seul, depuis 2 ou 3 ans,
à défendre le site France. Mon successeur ne sera peut-être
plus français. Dans les multinationales, le pouvoir quitte, et vite, la
France. Défendre le site France est difficile car ma
société est aujourd'hui en compétition avec les autres
filiales du groupe implantées dans le monde entier
».
La mission en concluait que
l'internationalisation croissante des dirigeants
d'entreprises ferait bientôt sauter le « verrou »
à la délocalisation
que constitue encore parfois la
nationalité des équipes de direction.
Un autre chef d'entreprise, Président de Microsoft Europe, indiquait de
son côté à la mission qu'à l'issue d'une
étude d'attractivité, il avait été
décidé que le quartier général de son entreprise
pour l'Europe resterait en France, car le différentiel de coût ne
justifiait pas un déménagement, mais que
si la question de
l'implantation initiale était posée aujourd'hui,
la France
ne serait probablement pas retenue
.
Un exemple de délocalisation effective a, en outre, été
cité devant la mission, par le Président directeur
général de DHL France. Au sujet du regroupement et de la
centralisation des activités financières du groupe, ce dernier a
indiqué que l'implantation du pôle financier (soit la
création de 600 emplois) et celle du pôle informatique (400
emplois) avait été réalisée hors du territoire
national,
la France
, qui avait fait l'objet d'une étude
comparative d'attractivité,
ne se situant qu'au 8ème rang
,
en raison notamment
du coût de l'immobilier et de la main d'oeuvre, du
poids des charges sociales et du manque d'aptitude aux langues
étrangères du personnel français
.
Votre commission s'inquiète de tous ces signaux négatifs et
déplore qu'il n'existe pas de recensement systématique des
échecs d'implantation étrangère en France, permettant de
tirer des enseignements plus quantitatifs de cette situation.
Le rapport précité de la mission sénatoriale d'information
sur l'expatriation a dressé un bilan complet des handicaps de la France
comme terre d'accueil des investissements étrangers :
LE
CONSTAT ALARMANT DU RAPPORT
« MONDIALISATION :
RÉAGIR OU SUBIR ? »
A) UN DÉCALAGE DE MENTALITÉ AVEC LE RESTE DU
MONDE RENDU PLUS AIGU PAR LA MONDIALISATION
1.
La complexité et l'instabilité des règles
2.
Des relations peu satisfaisantes avec l'Administration
3.
L'incapacité à récompenser l'excellence,
notamment en matière de recherche et d'innovation
B) UNE FISCALITÉ DES PERSONNES ET DES PATRIMOINES QUI
PÉNALISE L'INITIATIVE
1.
Un impôt sur le revenu très progressif
a) Un poids globalement moins lourd mais pesant plus qu'ailleurs sur
les hauts revenus
b) L'alourdissement relatif du barème au détriment de
l'initiative et l'épargne
2.
Un impôt de solidarité sur la fortune
particulièrement arbitraire
a) Une concentration excessive due à l'étroitesse de
l'assiette
b) Un durcissement progressif
c) « Le plafonnement du plafonnement » : une
mesure très symbolique
d) Des effets pervers sur l'initiative et l'expatriation des
patrimoines
3.
Des droits de mutation relativement lourds
a) Des abattements spécialement faibles
b) Des taux élevés
c) Des dispositions légales pour réduire les droits
d) Les paradoxes de la fiscalité française du patrimoine
4.
Une imposition des stocks options à la fois instable et
illisible
a) Un régime très attractif jusqu'e 1996
b)Qui a été alourdi et rendu illisible
C) UNE FISCALITÉ DES ENTREPRISES GLOBALEMENT RENFORCÉE
PAR UNE FLORAISON DE TAXES ADDITIONNELLES
1.
Les moyennes et grandes entreprises surtaxées
a) La création de nouveaux impôts sur les grandes
entreprises
b) Les hausses d'impôt visant les entreprises de plus de
50 millions de francs de chiffre d'affaires
c) Les autres hausses d'impôt sur les entreprises
d) Le poids croissant des charges sur les grandes et moyennes
entreprises
2.
Une fiscalité sur les entreprises toujours trop lourde par
rapport au reste de l'Union Européenne
a) La France mal placée en termes de taux effectifs d'imposition
b) Des impôts spécifiques qui pèsent sur la
compétitivité du secteur financier
c) La fiscalité des restructurations
D) UN COÛT DU TRAVAIL INUTILEMENT ACCRU AU DÉTRIMENT DE
L'IMAGE DU SITE FRANCE
1.
Des indicateurs globaux encore relativement satisfaisants
a) La compétitivité des coûts salariaux
b) Un niveau des charges sociales élevé
2.
Le poids écrasant des charges sociales sur les salaires des
cadres supérieurs et les très hautes
rémunérations
a) Des différences considérables entre le coût brut
pour l'entreprise et le net perçu
b) Des écarts qui ne sont pas sensiblement affectés par des
différences importantes du coût de la vie
3.
L'exemple emblématique des trente-cinq heures comme facteur
de diminution de la productivité et de détérioration de
l'image de la France
Extrait du rapport de la mission d'information du Sénat sur
l'expatriation des hommes, des capitaux et des compétences.
Votre commission s'inquiète à nouveau du manque de
réactivité du Gouvernement face à ce constat
désormais de plus en plus partagé, au-delà du milieu des
entreprises et du Sénat -traditionnellement à l'écoute du
monde économique-, par des parlementaires proches de sa
sensibilité, comme le montrent les conclusions de l'étude de
M. Michel CHARZAT.
3. L'analyse complémentaire du rapport « CHARZAT »
Le
rapport de M. Michel CHARZAT, parlementaire en mission, remis au Premier
ministre au mois de juillet 2001, sur
l'attractivité du
territoire français
, liste -pudiquement- les faiblesses de la France
en matière d'attractivité économique :
- une fiscalité «
jugée
dissuasive
» ;
- un environnement juridique et social
«
considéré comme peu propice aux
affaires
».
Malgré l'euphémisme des têtes de chapitre, ce rapport ne
formule pas moins de
très nombreuses propositions
, notamment sur
le régime fiscal français, (impôt sur le revenu,
impôt de solidarité sur la fortune, fiscalité de
l'entreprise), dont le nombre et l'ampleur en disent long sur le chemin
restant, au sens de l'auteur du rapport, à parcourir pour restaurer
l'attractivité économique de notre territoire.
B. UNE MYRIADE DE PROPOSITIONS
1. Le plan d'action de la mission sénatoriale sur l'expatriation
Dans son
rapport précité «
Mondialisation :
réagir ou subir ?
», la mission d'information du
Sénat sur l'expatriation a établi un plan d'action complet pour
permettre à la France de restaurer son attractivité dans la
compétition économique mondiale.
Ces propositions, en trois volets, auxquelles votre commission souscrit
totalement, sont particulièrement argumentées. Aussi votre
rapporteur a-t-il jugé utile d'en reproduire ci-après le
résumé :
a) Doter la France d'un cadre fiscal et social plus attractif
Priorités
- mettre en place une
imposition qui ne décourage pas les
acteurs les plus créatifs et les plus performants
, y compris les
étrangers désireux de s'établir en France ;
-
enrayer la fuite des patrimoines
, surtaxés par le cumul
d'au moins quatre impôts (plus-values, ISF, droits de succession, taxes
foncières...) et
permettre le retour de ceux qui se sont
délocalisés
; prendre en compte la situation des
nombreux
Français
qui ont fait carrière à
l'étranger
, y ont constitué un capital et souhaitent revenir
en France ;
-
offrir aux entreprises un cadre fiscal compétitif par rapport
à nos principaux partenaires et concurrents
, européens ou
non ; conserver et attirer leurs
centres stratégiques
(quartiers généraux, laboratoires de recherche) ; assurer,
face à ses concurrents européens, l'avenir de la
place
financière de Paris
.
Principales propositions
-
poursuivre l'allègement de l'impôt sur le revenu
et
afficher, grâce à
l'intégration de l'abattement de 20%
dans le barème
, des taux beaucoup moins élevés ;
- créer un
régime fiscal spécifique pour les
résidents temporaires de nationalité
étrangère
;
- éviter les effets pervers de
l'impôt sur la fortune
,
à tout le moins en rétablissant les
règles de
plafonnement
et en donnant à cet impôt le caractère
d'une
avance sur les droits de succession
; relever le seuil
d'assujettissement pour les Français ayant constitué, en
particulier au travers de retraites par capitalisation, un capital au cours de
leur carrière à l'étranger ;
- en matière de
fiscalité des entreprises
, stabiliser
l'impôt sur les sociétés à un niveau
compétitif en Europe ; étendre les possibilités
d'amortissement des actifs incorporels ; supprimer le taux
supérieur de la taxe sur les salaires, très défavorable
à nos établissements financiers ; exonérer les plus
values de cession de titres de participation pour faciliter les
opérations de fusion et de regroupement ; supprimer l'avoir fiscal.
b) Investir pour l'avenir en dynamisant notre capacité de recherche et d'innovation
Priorités
-
donner à nos chercheurs expatriés, notamment aux
post-doctorants, la possibilité et l'envie de revenir
; dans un
environnement concurrentiel,
développer la
compétitivité et l'attractivité de notre appareil de
recherche
;
- favoriser l'application des recherches dans l'industrie ; inciter
les chercheurs à
valoriser eux-mêmes les résultats de
leurs recherches
; améliorer la reconnaissance de l'excellence.
- encourager et populariser
l'investissement dans les entreprises
innovantes
; créer un
cadre fiscal adapté à
leur développement
;
-
attirer davantage de talents étrangers
: chercheurs,
étudiants, spécialistes hautement qualifiés.
Principales propositions
- rendre la gestion de notre appareil public de recherche plus
réactive et moins rigide, en
créant des emplois sur contrats
dans les organismes publics de recherche
pour favoriser la mobilité
et diversifier les opportunités de carrière, en
élargissant aux non-fonctionnaires les financements
récompensant l'excellence
, en généralisant la
définition de critères objectifs d'évaluation et la
diffusion des résultats de cette évaluation ;
- favoriser la mobilité intra-européenne et la
mise en
réseau des chercheurs européens
;
- définir, dans
l'ISF
, un
seuil d'exonération des
biens professionnels
prenant en compte la situation particulière des
créateurs de start up
et un régime spécifique pour
les
« business-angels »
; dans les entreprises
innovantes, élargir le bénéfice des bons de souscription
de parts de créateurs d'entreprise (BSCPE) et permettre à tous
les épargnants de bénéficier du régime de report
d'imposition sur les plus-values lorsqu'ils investissent dans les fonds propres
des entreprises ;
- identifier dans les services locaux de l'État des responsables
chargés de faciliter les démarches d'entrée en France
des personnels hautement qualifiés
, des enseignants et des
chercheurs étrangers ; assouplir les conditions d'examen des
demandes de recrutement de personnels étrangers hautement
qualifiés.
c) Développer une politique globale, volontaire et cohérente de l'ouverture à l'international
Priorités
- encourager
l'expatriation
lorsqu'elle fait
rayonner nos
compétences
et lorsqu'elle permet aux Français, dans toute la
gamme de leurs talents (scientifiques, culturels, financiers,
managériaux, artistiques, sportifs, artisanaux...), de
s'aguerrir
à l'international
, en particulier, pour les jeunes, au travers du
volontariat international ;
- donner à l'enseignement français à
l'étranger les moyens de saisir la chance que représente la
demande croissante de formation française ;
-
identifier, structurer, animer et mobiliser à
l'étranger la « mouvance française »
,
composée de nos communautés expatriées, de tous les
intervenants publics et privés, ainsi que de tous les étrangers
attachés à la France par un lien fort.
Principales propositions
- confier aux régions le soin de piloter l'internationalisation des
PME ; elles identifieront, chacune dans leur territoire, les organismes
les mieux placés pour être les «
guichets
export
» près du terrain, visibles, et confiés
à des animateurs proches de l'entreprise ;
- étendre l'apprentissage des langues, en
généralisant à l'échelon européen
l'obligation de maîtriser deux langues étrangères
;
- recenser, dans chaque pays, tous les
étrangers formés
en France
et animer ces réseaux.
2. Les propositions du rapport CHARZAT
Le
rapport précité du député Michel CHARZAT comprend
125 pages de propositions, qu'il serait fastidieux de détailler
ici, d'autant qu'elles reprennent, pour partie, celles exposées
ci-dessus de la mission d'information du Sénat.
Parmi ces propositions, on peut toutefois citer :
- l'amélioration du
crédit d'impôt
recherche
;
- la
réforme du financement de l'innovation
pour drainer
l'investissement vers les entreprises de croissance (améliorer les
dispositifs fiscaux favorisant l'amorçage pour les entreprises
innovantes par les personnes physiques ; simplifier la
réglementation des FCPR et des FCPI ; renforcer les outils de
motivation destinés aux salariés en aménageant le
régime des BSPCE) ;
- la
modification de la fiscalité de l'entreprise
, par une
réduction du coût fiscal des rapprochements d'entreprises, par une
réduction du niveau d'imposition (mettre à niveau l'impôt
sur les sociétés ; réformer le régime fiscal
des distributions ; «
s'interroger sur le
maintien
» de l'imposition des plus values sur titres de
participation ; porter à son terme la réforme de la taxe
professionnelle) ;
-
l'allègement de la fiscalité des revenus
, en
mettant en place un régime dérogatoire pour les
«
impatriés
», fiscal et social, et en
«
clarifiant
» le calcul de l'imposition des
revenus ;
-
la réforme de l'ISF.
Le rapport CHARZAT propose de
« procéder à
l'«
actualisation
» du barème et de
réformer l'assiette de l'ISF tout en revenant sur le
«
plafonnement du plafonnement
».
La remise de ce rapport au mois de juillet 2001 au Premier Ministre a
suscité l'espoir d'une traduction de ces mesures dans le projet de loi
de finances pour 2002. Il n'en a rien été.
C. UNE MISE EN OEUVRE À ENGAGER
Malgré des déclarations encourageantes du ministère de l'Economie et des finances, lors de la remise du rapport CHARZAT, on cherchera vainement, dans la première partie du projet de loi de finances pour 2002, la traduction législative de ces propositions, pourtant convergentes, et assises sur un diagnostic partagé. Votre commission le regrette très vivement et estime ce chantier prioritaire pour la législature à venir.
II. MODERNISER SANS L'AFFAIBLIR LE RÉGIME DE LA DISTRIBUTION AUTOMOBILE
A. UNE ORGANISATION VERTICALE AUX SPÉCIFICITÉS JUSQU'ALORS RECONNUES ET ENCADRÉES PAR LE DROIT EUROPÉEN
La
distribution automobile est organisée autour d'un réseau
limité de distributeurs, liés au constructeur par un contrat qui
peut, à divers égards, contenir des clauses contraires à
certains principes du droit européen et, notamment, au
principe de
liberté de concurrence
posé par le Traité instituant
la Communauté européenne (Traité de Rome). Tel est
notamment le cas de
l'exclusivité territoriale
octroyée
aux concessionnaires, de la limitation pour ces derniers de leur droit à
représenter d'autres marques
concurrentes, ou de
l'interdiction de revente
faite aux distributeurs non
agréés.
Aussi, au plan juridique, cette forme de distribution sélective
doit-elle expressément être autorisée par la Commission
européenne, dotée de pouvoirs étendus en matière de
droit de la concurrence.
C'est l'objet d'un règlement d'exemption, adopté en 1985, qui
tendait à doter la distribution automobile d'un statut
réglementaire spécifique (règlement
n° CE 123/85). D'autres formes de distribution sélective
ont parallèlement bénéficié d'une telle
procédure, comme ce fut le cas pour les accords de concessions
exclusives, les accords d'achat exclusif ou encore les accords de franchise.
En matière automobile, par le règlement de 1985, la Commission
reconnaissait l'opportunité d'encourager la coopération entre les
constructeurs automobiles et les distributeurs, afin d'assurer
un service de
vente et d'après vente adapté au produit.
La combinaison des
services de vente et d'après vente était considérée
comme plus économique qu'une dissociation de ces deux fonctions.
Les constructeurs automobiles ont donc été autorisés, en
vertu de cette réglementation, à désigner un nombre
limité de distributeurs qui bénéficient d'une
double
exclusivité de marque et de territoire
pour la distribution de leurs
véhicules, sous réserve que ces derniers respectent les standards
de qualité et de services aux consommateurs établis par la
marque.
Ce principe a été reconduit en 1995, par le
règlement CE n° 1475/95
, sous réserve de
quelque aménagements, destinés à renforcer
l'indépendance commerciale des distributeurs, à renforcer la
position des équipementiers sur le marché et à renforcer
et protéger les droits des consommateurs. Compte tenu de
l'échéance fixée par ce règlement, ces mesures
propres à l'automobile sont appelées à s'appliquer
jusqu'en 2002
.
La question de la réforme de cette réglementation communautaire
est donc aujourd'hui posée.
B. LA RÉFORME DE LA DISTRIBUTION AUTOMOBILE : CINQ OPTIONS À L'ÉTUDE
Avec
l'arrivée à échéance, à la fin de 1999, d'un
certain nombre de règlements d'exemption sectoriels
précités (règlements 83/8, 84/8, 4087/88 sur les
concessions exclusives, l'achat exclusif et les franchises), la Commission
européenne a mis en place un règlement général
d'exemption concernant tous les secteurs d'activité :
le
règlement 2790/1999
. Les contrats de distribution pris en
application des précédents régimes devaient, dans un
délai de 18 mois, être rendus conformes aux nouvelles
dispositions.
Pour
l'automobile
, qui n'est pour l'instant pas concernée par ce
nouveau règlement d'exemption générale,
à
l'échéance de septembre 2002, prévue par l'actuel
règlement sectoriel d'exemption, la commission a fait savoir que cinq
solutions étaient envisageables pour remplacer la réglementation
actuelle.
un système dans lequel des distributeurs indépendants de
véhicules automobiles ont le droit d'acheter des véhicules neufs
aux constructeurs et/ou à leur réseau
« officiel » de distribution (
premier
scénario : distribution totalement libre
) ;
un système de distribution exclusive dans lequel le constructeur
n'accepte de vendre des véhicules neufs qu'à un seul distributeur
sur un territoire déterminé (
deuxième
scénario : distribution exclusive
) ;
un système de distribution sélective fondé
uniquement sur des critères qualitatifs (
troisième
scénario : distribution sélective qualitative
) ;
un système de distribution sélective fondé sur des
critères qualitatifs et quantitatifs, mais sans exclusivité
territoriale (
quatrième scénario : distribution
sélective qualitative et quantitative
) ;
un système de distribution sélective fondé sur des
critères qualificatifs et quantitatifs avec exclusivité
territoriale limitée, dans lequel les ventes actives et passives sur
d'autres territoires ne sont pas restreintes (
cinquième
scénario : distribution exclusive qualitative et quantitative avec
exclusivité territoriale limitée
). Un «
sous
scénario
» peut être analysé dans ce cadre,
selon lequel une exclusivité territoriale limitée assortie d'une
nouvelle limitation dans le temps de cinq ans est accordée aux nouveaux
distributeurs afin de protéger leurs investissements initiaux.
Un cabinet de Conseil, choisi par la Commission, qui n'a pas encore remis son
rapport, a été chargé d'examiner les effets
économiques potentiels de ces cinq options.
Au vu de ses conclusions,
la Commission établira ensuite, sans doute d'ici la fin de
l'année, sa proposition de règlement.
Bien qu'il s'agisse
d'une réglementation propre de la Commission qui ne doit pas,
formellement, recueillir l'aval du Parlement européen ni du Conseil,
cette dernière organisera, compte tenu de l'enjeu important que
représente cette réglementation, une consultation des Etats
membres sur sa proposition. Il ressort clairement de ses travaux
préparatoires qu'elle entend
distendre les liens actuels entre la
vente et l'après-vente automobile
. Certaines options
«
médianes
» dans les cinq exposés
ci-dessus seraient toutefois les plus probablement retenues par la proposition
de règlement. Il est en effet vraisemblable que la Commission s'oriente
vers une exclusivité de distribution maintenue mais élargie, sur
la base de critères qualitatifs établis par le constructeur,
même s'il est encore trop tôt pour l'affirmer.
Le moment venu, votre commission compte prendre toute sa place dans ce
débat, compte tenu de ses enjeux économiques très
importants pour la France.
La France est en effet particulièrement concernée compte tenu de
la place centrale qu'elle occupe pour la construction et la distribution
automobile.
D'après le Conseil National des Professions de l'Automobile (CNPA),
le secteur de la distribution et des services de l'automobile
comprend,
en France, 92.700 entreprises, dont 67.000 liées au commerce et à
la réparation automobile, et 445.000 salariés, pour un
chiffre d'affaires de 820 milliards de francs en 2000. Ce secteur assure la
vente de 2.500.000 véhicules neufs, 4.700.000 véhicules
d'occasion et 388.000 cycles et motocycles. Il contribue à la
location de 176.000 véhicules légers, contrôle
14,8 millions de véhicules dans les 4.469 centres de contrôle
technique, entretient un parc global de 33.090.000 véhicules et
2.373.000 motocycles et élimine 1.500.000 véhicules
hors d'usage.
La distribution automobile stricto sensu, c'est-à-dire les
réseaux de marques, représentent en France
4.200 concessionnaires automobiles, 15.000 agents automobiles et
350 concessionnaires de camions et autocars, toutes marques confondues. Au
niveau européen, la distribution automobile est assurée par
108.000 concessionnaires et agents. Elle représente en France
230.000 emplois et en Europe 1,5 million d'emplois.
Votre Commission des Affaires économiques est soucieuse de l'avenir
de ces entreprises, qui assurent, souvent, un maillage très dense du
territoire. Elles auront à subir, en 2002, outre la réforme du
système de distribution, le passage aux 35 heures, et pourraient
être fragilisées par la concomitance de ces deux
échéances
.
Quelques chiffres sur
le secteur de la construction automobile
suffisent
à montrer l'enjeu qui s'attache à aboutir à un texte
réglementaire équilibré et satisfaisant : la
construction automobile représente en Europe 1,2 million d'emplois,
soit 4,9 % de l'industrie manufacturière (en France, ce ratio est
supérieur , comme indiqué dans le chapitre II du présent
rapport), pour un chiffre d'affaires européen de 366 milliards
d'euros et pour 29 milliards d'euros d'investissement et 19 milliards
d'euros de recherche et développement chaque année.
Votre rapporteur a pu le constater : tant les constructeurs que les
distributeurs sont très attachés à la
spécificité de la distribution automobile, centrée sur le
lien entre la vente et l'après-vente. Les professionnels sont
particulièrement inquiets des propositions que pourrait faire la
Commission, même si certains n'hésitent pas à
reconnaître que le système actuel est perfectible.
En particulier, les constructeurs considèrent que l'automobile est un
produit à
forte valeur ajoutée technologique
et à
prix élevé, qui nécessite donc une garantie de
qualité de service assurée au client et un entretien
régulier afin que soit maintenue sa valeur économique. Il est
vrai qu'après le logement, l'achat d'automobiles et la consommation
liée à l'automobile représentent en Europe le
principal
poste de dépenses des ménages
(respectivement 3,5 % et
5 % du revenu annuel en moyenne).
A l'échelle de l'Union européenne, le marché de
véhicules neufs enregistre près de 14 millions de
transactions et plus du double pour les véhicules d'occasion.
Dans ces conditions, les professionnels font valoir que seule une
coopération étroite entre constructeurs et distributeurs
peut permettre de satisfaire aux exigences de qualité et de
sécurité induites par les caractéristiques
spécifiques de l'automobile. Les constructeurs considèrent que
cette coopération, organisée dans le cadre d'un réseau de
concessionnaires exclusifs, permet de fournir au consommateur un degré
élevé de qualité des prestations et services dont il a
besoin et, en même temps, d'assurer la rentabilité et la
pérennité des réseaux, tout en préservant un
certain degré de concurrence. La coopération ainsi
organisée aurait pour corollaire l'implication financière des
constructeurs auprès de leur réseau, tant sont importants les
moyens matériels et humains à mettre en oeuvre pour faire face
aux conditions de la concurrence européenne et mondiale de l'automobile.
En définitive, le mode actuel de distribution automobile,
sélectif et exclusif, traduit, au sens des constructeurs, la relation
particulière qui lie les marques automobiles et leur clientèle,
pour un produit dont ils estiment qu'il a des caractéristiques
uniques.
III. RÉFORMER LE BREVET COMMUNAUTAIRE
Sans s'étendre trop longuement sur un sujet déjà largement évoqué par votre commission dans le rapport d'information « Stratégie du brevet d'invention » 14( * ) , il importe toutefois de mentionner l'important chantier en cours, au niveau communautaire, de mise en place d'un brevet communautaire.
A. UN PROJET AUX RACINES LOINTAINES
Le
système des brevets actuellement en vigueur en Europe fait coexister les
brevets nationaux et le brevet européen délivré par
l'Office Européen des Brevets de Munich (OEB), qui est valable de plein
droit dans les pays visés par la demande de brevet, et soumis au
contrôle des juridictions de chaque Etat, dans les mêmes conditions
que les brevets nationaux.
Envisagée dans les années 1970,
la création d'un
brevet communautaire
a été fixée comme une
priorité à atteindre avant la fin de l'année 2001
lors des Conseils européens de Lisbonne et de Feira, priorité
rappelée lors des Conseils de Stockholm et de Göteborg. La
Commission européenne a d'ailleurs publié, le
28 juillet 2000, une proposition de règlement sur le brevet
communautaire selon laquelle :
- le brevet communautaire serait
un brevet européen qui
désigne la Communauté Européenne
,
délivré par l'OEB (dans le cadre du régime linguistique de
l'OEB, fondé sur trois langues de travail : anglais, allemand et
français) et publié intégralement dans la langue d'examen,
les revendications du brevet étant traduites dans les deux autres
langues de travail de l'OEB ;
- le brevet communautaire serait unitaire (c'est-à-dire valable de
plein droit sur tout le territoire de la Communauté Européenne),
et soumis à un
contrôle juridictionnel unifié et
spécialisé
. Il s'agit d'une différence essentielle par
rapport aux instruments existants. Le schéma ci-après illustre
les innovations qu'apporterait le brevet communautaire par rapport aux
systèmes actuellement en vigueur :
BREVETS : DEGRÉ DE CENTRALISATION DES PHASES DE PROCÉDURE
|
Brevet national |
PCT I 15( * ) |
PCT II 1 |
Brevet européen |
Brevet communautaire envisagé |
Dépôt |
|
|
|
|
|
Examen de forme |
|
|
|
|
|
Recherche d'antériorité |
|
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|
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Publication de la demande |
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|
Examen de brevetabilité |
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|
Délivrance |
|
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|
Publication brevet délivré |
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|
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Opposition
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|
|
Entretien (annuités, registre transfert) |
|
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|
|
Contentieux |
|
|
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|
|
Tronc commun
Procédure centrale
Phase nationale
Procédure nationale
Passage du tronc commun aux phases nationales
Schéma figurant dans « Stratégie du brevet d'invention », rapport d'information de M. Francis Grignon au nom de la Commission des Affaires économiques, Sénat 2000-2001, et inspiré de l'ouvrage « Brevets d'invention, marques et propriété industrielle », Que Sais-je, Frédéric et Jean-Michel Wagret .
B. UNE NÉGOCIATION DÉLICATE
Les
négociations au Conseil, qui ont commencé sous présidence
française, ont confirmé l'ampleur des divergences qui existent
entre les Etats membres sur les différentes questions posées par
la proposition de règlement de la Commission, notamment celles
des
rôles respectifs de l'OEB et des offices nationaux des brevets
dans
le traitement des demandes de brevet communautaire, ainsi que celle
du
régime linguistique
applicable. Il paraît donc très
difficile de parvenir à réunir l'unanimité des Etats
membres (qui est nécessaire) sur un texte de compromis, surtout dans le
délai imparti par les Conseils européens.
Le Conseil « Marché intérieur » des 30 et
31 mai 2001 a toutefois adopté une
« approche
commune », à l'unanimité
, portant sur une
rédaction très prudente, qui laisse, en réalité,
dans le flou les questions les plus difficiles :
- sur le rôle des offices nationaux : l'affirmation du
rôle central de l'OEB dans la délivrance du brevet communautaire
est tempérée par la reconnaissance d'un rôle pour les
offices nationaux pour «
certaines activités, comme la
recherche
» dans le traitement d'un «
nombre de
demandes
» ;
- sur le régime linguistique : sans retenir de solution
définitive, l'approche commune précise que le régime
linguistique devra respecter le principe de «
non
discrimination
», principe que chacun interprète de
manière divergente ;
- sur le système juridictionnel, si les Etats membres sont unanimes
pour souhaiter la centralisation de l'appel au niveau du tribunal communautaire
de première instance, ils divergent en ce qui concerne la
première instance ; l'approche commune reste prudente sur ce
dernier point, en reportant le débat quant au choix entre une
première instance centralisée à Luxembourg ou
éclatée entre plusieurs juridictions communautaires
décentralisées, voire attribuée aux tribunaux
nationaux ;
- le Conseil a donné mandat à la présidence pour
engager la procédure nécessaire à la convocation, en
juin 2002, par le Conseil d'administration de l'OEB, d'une
conférence diplomatique destinée à permettre la
révision de la Convention sur le brevet européen, en vue d'y
intégrer le brevet communautaire.
Par ailleurs, alors que les industriels étaient favorables à la
création d'un brevet communautaire centralisé,
les
utilisateurs du brevet européen expriment désormais une position
très réservée quant à l'architecture du brevet
communautaire telle qu'elle se dégage de l'approche commune
. Ils
craignent en effet que
la création du brevet communautaire ne se
traduise par une remise en cause du principe de centralisation du traitement
des demandes de brevets européens à l'OEB,
qu'ils
considèrent comme essentiel pour assurer un traitement uniforme des
demandes et un brevet de qualité.
Dans son rapport
16(
*
)
«
Stratégie du brevet d'invention
» , votre
commission avait fait part de la même inquiétude.
C. DES PRIORITÉS À AFFIRMER
Le
brevet communautaire constitue l'une des priorités de la
présidence belge, qui organisera une conférence sur le brevet
communautaire à Liège le 29 novembre 2001.
La France est, depuis le début de la négociation, l'un des Etats
les plus favorables au brevet communautaire, pour doter l'Europe d'un
instrument bénéficiant des qualités du brevet
européen (traitement uniforme des demandes, examen de qualité par
l'OEB) sans subir ses faiblesses (absence de caractère unitaire du
titre, absence d'un contentieux unifié).
Toutefois, votre commission estime qu'elle doit être attentive
à ce que la mise en place du brevet communautaire ne se fasse pas au
détriment du brevet européen, qui est une exceptionnelle
réussite.
La position officielle du Gouvernement préserve l'essentiel en la
matière. Elle est en effet la suivante :
1) Sur la question du
rôle des offices nationaux
, la France
ne peut accepter que la mise en place du brevet communautaire s'effectue au
détriment du rôle unificateur de l'OEB. Il est souhaitable que
l'attribution d'activités inhérentes au traitement des demandes
de brevet communautaires respecte les conditions suivantes : le
déposant conserve le choix de faire traiter sa demande de brevet par
l'OEB ; l'attribution d'activités doit être soumise à
une limite qualitative (la recherche seulement) et quantitative très
basse en nombre de demandes de brevet. La France estime que l'ensemble de ces
conditions doivent figurer dans le texte de la Convention sur le brevet
européen.
2) Sur le
régime linguistique
, la France refuse toute
solution qui favorise l'anglais, afin de ne pas porter atteinte au
régime linguistique actuel de l'OEB (3 langues de travail :
anglais, français, allemand) tout en évitant d'alourdir le
coût des traductions.
3) Sur
l'organisation juridictionnelle
: la France a pris
position en faveur d'une juridiction communautaire centralisée
dès la première instance qui permet de garantir
l'uniformité du traitement du contentieux relatif au brevet
communautaire tout en limitant le nombre d'affaires faisant l'objet d'un appel,
mais il est envisagé de se rallier à un système dans
lequel la première instance serait confiée à des
juridictions communautaires décentralisées.
Une proposition de résolution
17(
*
)
de la
commission des lois du Sénat portant sur la proposition de
règlement de la Commission s'associe à l'ensemble des
préoccupations soulevées par votre commission dans son rapport
d'information précité, montrant la convergence de vues des
différents organes du Sénat sur cette question.
Votre commission s'en félicite. Elle suivra avec attention
l'évolution de ces négociations.
*
* *
Lors
de sa réunion du 6 novembre 2001, et sur la proposition de son
rapporteur, la Commission des Affaires économiques a émis un avis
défavorable à l'adoption des crédits de l'industrie dans
le projet de loi de finances pour 2002.
1
Direction de l'action régionale
et de
la petite et moyenne industrie.
2
Directions régionales de l'industrie, de la recherche et de
l'environnement.
3
Fonds régional d'aide au transfert technologique.
4
Voir « Les 4 pages du SESSI » n° 153
- Août 2001.
5
Réalisée par le CEPII (Commissariat au Plan), et
l'IFM (Institut Français de la Mode).
6
Russie et ex républiques soviétiques.
7
Source GfK.
8
Source ART.
9
Source Médiangles et IDC.
10
Source UFB-Locabail.
11
La méthodologie retenue est consultable sur le site
www.medef.fr.
12
Rapport de M. Jean François-Poncet n° 388,
au nom de la Commission des Affaires économiques, Sénat
1999-2000
13
Rapport d'information « Mondialisation :
réagir ou subir ? », n° 386, mission
d'information du Sénat sur l'expatriation, président : M.
Denis Badré ; rapporteur : M. André Ferrand,
Sénat 2000-2001.
14
Rapport d'information de M. Francis Grignon n° 377
au nom de la Commission des Affaires économiques, Sénat 2000-2001.
15
Le « PCT », Patent cooperation treaty, est
une procédure internationale centralisée d'instruction des
demandes de brevets
16
Rapport d'information n° 377 rédigé au
nom de la Commission des Affaires économiques par votre rapporteur,
Sénat 2000-2001.
17
Voir le rapport de M. Roger Karoutchi au nom de la
commission des lois, n° 30,
Sénat 2001-2002.