II. PANORAMA DE L'ACTUALITÉ DES SECTEURS INDUSTRIELS FRANÇAIS
A. L'INDUSTRIE TEXTILE AVANT LE « GRAND SAUT »
1. Une érosion qui se poursuit dans les échanges mondiaux
L'industrie textile, fortement employeuse de main d'oeuvre, et
implantée sur l'ensemble du territoire, est à la fois
vitale
en termes d'emplois et particulièrement fragilisée par la
concurrence de pays bénéficiant d'un coût moindre du
travail
. Depuis 30 ans, elle a connu une mutation très profonde
et a dû s'adapter à l'émergence dans la concurrence
internationale de pays à faibles coûts salariaux.
Ainsi, l'évolution du commerce mondial ces dernières
années se caractérise, dans ce secteur, par la poursuite de la
montée de l'Asie, et en particulier de la Chine.
L'Europe est le
premier marché d'importation mondial
, avec plus de 40% des
importations mondiales de vêtements, et le second exportateur mondial
après la Chine, si l'on ne tient pas compte de l'ensemble des
échanges entre les différents Etats-membres de l'Union
Européenne. Ses principaux fournisseurs pour les vêtements sont la
Chine, la Turquie, les pays d'Europe centrale et orientale et le Maghreb.
Viennent ensuite le Bangladesh et l'Inde. Pour le textile, la Turquie est le
premier fournisseur, juste devant la Chine et l'Inde, des pays
industrialisés comme les USA et la Suisse, et d'autres pays
asiatiques : Inde, Pakistan, Corée du Sud.
Les
exportations européennes
sont destinées, pour les
vêtements, aux pays développés. A l'inverse pour le
textile, les exportations sont essentiellement destinées aux pays de
délocalisation proches, en vue de la confection : Pologne, Tunisie,
Maroc, Roumanie, République Tchèque et Hongrie.
Le
déficit européen
vis à vis de la Chine
(particulièrement sur l'habillement) s'est considérablement accru
ces deux dernières années. La bonne performance de la Turquie est
vraisemblablement due à l'existence d'une zone de libre-échange
avec l'Union Européenne, l'absence de limitation sur les importations du
Bangladesh contribuant aussi à ses performances sur l'habillement.
Pour sa part
la France
(chiffres 2000) exporte dans ce secteur pour
12,5 milliards d'euros, dont 60 % à destination de l'Union
Européenne. Elle occupe le
7ème rang mondial
en tant que
pays exportateur. Ses importations sont de 18,6 milliards d'euros, dont
près de 60 % proviennent de l'extérieur de la
Communauté. Le déficit commercial est de 6 milliards
d'euros, quasiment intégralement provoqué par les échanges
avec les pays extra-communautaires.
On peut estimer que ces derniers mois, le phénomène de
délocalisation de l'industrie de la confection européenne
,
dénoncé par le Sénat depuis de nombreuses années,
s'est malheureusement poursuivi, par le recours à une production
située au Maghreb, en Europe de l'Est, en Turquie, dans les Pays Baltes,
la libéralisation totale des échanges avec cette zone en ayant
accéléré le développement.
Un grand nombre
d'entreprises de la filière ont disparu du territoire français
depuis 1998
. Ces délocalisations ont d'abord affecté la
confection, où la main d'oeuvre constitue une part importante du
coût de revient. Elles touchent maintenant les métiers à
plus haute technicité.
Par ailleurs, la compétitivité de l'Asie sur les marchés
européens s'est renforcée ; en particulier celle de la
Chine.
2. Les évolutions inquiétantes du cadre international
Les
accords « multifibres », entrés en vigueur en 1974,
limitaient les volumes d'exportation de textile des pays en
développement vers les pays industrialisés. Mais les accords de
Marrakech ayant prévu une
libéralisation totale des
échanges textiles au 1er janvier 2005
, 4 phases successives de
retour des produits textiles aux règles générales du
commerce international ont été programmées. Les pays
exportateurs s'engagent pour leur part à améliorer l'accès
à leur marché par la baisse de leurs droits de douane et la
suppression de leurs barrières non-tarifaires.
Les deux premières phases de libéralisation n'ont pas
donné lieu à des difficultés importantes : la
première phase ne concernait en effet que des produits sans quotas et
qui n'étaient pas soumis à des contraintes concurrentielles
importantes. La seconde phase a conduit à des suppressions de quotas
limitées. La Chine ne faisant pas partie de l'OMC, ses quotas n'ont, en
particulier, pas été supprimés.
La 3ème phase de libéralisation
interviendra en janvier
2002. La liste des produits à libéraliser a été
établie au second semestre de l'année 2000, sous
présidence française de l'Union Européenne. La nouvelle
liste de produits comporte une proportion plus large de produits sensibles.
L'accession de la Chine à l'OMC, qui ne s'est pas encore
réalisée, risque, en outre, de renforcer la concurrence
internationale -sans doute dès 2002- car la Chine pourra
bénéficier de l'ensemble des acquis des accords de Marrakech
.
Pour leur part, les pays exportateurs n'ont que très
modérément ouvert leur marché, la baisse des droits de
douane n'ayant été que très limitée, et ces
derniers restant à des niveaux extrêmement élevés
par rapport à ceux appliqués dans l'Union Européenne. Ces
tarifs s'accompagnent parfois de mesures administratives
spécifiques : licences d'importation, normes techniques et
sanitaires, étiquetage, qui visent, avec parfois beaucoup
d'efficacité, à protéger les marchés de ces pays.
Les pays exportateurs de textile considèrent toutefois que l'application
des accords de Marrakech ne s'est pas faite à leur profit : en
particulier lors de la conférence de Seattle, ils ont demandé une
accélération de la libéralisation des quotas, et le
renoncement à certains instruments de politique commerciale comme les
mesures « antidumping ». L'échec de la
conférence de Seattle n'a pas modifié le calendrier existant.
Dans le contexte du nouveau cycle de négociations ouvert à
Doha, les mêmes demandes de mise en oeuvre de l'Accord textile et
vêtements ont été remises sur la table par les pays
exportateurs, en particulier le Pakistan et l'Inde.
De plus, la Commission européenne négocie actuellement, dans une
perspective essentiellement politique,
un accord avec le Pakistan
, lui
offrant un accès privilégié au marché communautaire
pour ses produits. Il s'agirait d'un relèvement de 15% des quotas de ce
pays et d'une annulation des droits pour les produits textiles pakistanais (en
échange, les producteurs européens devraient se voir offrir un
accès plus facile au marché pakistanais, aujourd'hui
protégé par des droits d'entrée supérieurs à
30%, en moyenne). Or cette proposition n'a fait l'objet
d'aucune
étude d'impact préalable
, ce qui préoccupe les
industriels français du textile, qui estiment, en première
analyse, qu'elle menacerait jusqu'à 25 ou 30.000 emplois en Europe.
En dehors même d'un nouvel accord éventuel avec le Pakistan, les
études de la Commission européenne sur les
conséquences
de la fin de l'accord « Textile et Vêtements »
,
font état d'une baisse de la production en Europe à attendre de
l'ordre de 1 % par an, avec un impact sur l'emploi plus large (3 à
5 %). Pour la période après 2005, il n'y a pas eu
d'étude spécifique de la Commission européenne sur les
conséquences de la fin de l'encadrement des importations. Toutefois, la
profession a lancé une étude
5(
*
)
sur la libéralisation totale
du commerce mondial, qui, du fait de l'intensification de la concurrence,
prévoit comme impact immédiat une baisse de l'ordre de 10% de la
production. C'est globalement l'Asie, et plus particulièrement la Chine
qui devrait bénéficier de cette libéralisation. Les
partenaires de l'Union Européenne, qui bénéficient
d'accords préférentiels, et qui, dans le cadre de la zone
«
Euromed
», tirent profit de leur partenariat avec
la Communauté, seraient aussi touchés par cette
libéralisation.
Ces perspectives inquiètent tout particulièrement votre
commission
.
3. L'incidence finalement très limitée du remboursement des aides du « plan textile »
Pour
lutter contre les délocalisations d'entreprises et les suppressions
d'emploi, un dispositif d'allègement des charges sociales pour le
secteur du textile a été mis en place en France. Mis en oeuvre
entre la mi-1996 et décembre 1997, il a été
condamné par la Commission européenne le 9 avril 1997. La
Commission a demandé à la France de prendre toutes les
dispositions pour récupérer les aides illégalement
versées, condamnation qui a été confirmée par la
Cour de Justice Européenne le 6 octobre 1999.
Le Gouvernement français étant tenu de se conformer à cet
arrêt sous peine d'un recours en manquement, le processus de
remboursement a été mis en route.
Les conditions de ce remboursement ont fait l'objet de longues
négociations avec la Commission européenne, afin de
ne pas
mettre en danger
les entreprises d'un secteur déjà
fragile
. Les conditions suivantes ont été
arrêtées : pour la détermination du montant à
rembourser, il est tenu compte de l'incidence fiscale de la perception de ces
aides. En conséquence, le montant pris en compte est réduit
d'environ 40 %. Une partie de l'aide restante est couverte par la
règle «
de minimis
», qui prévoit que
les Etats n'ont pas à soumettre à autorisation de la Commission
Européenne les aides versées dans la limite de
100.000 €. Le remboursement pourra être étalé sur
une période de 3 ans, à partir du 1
er
avril
2000. Inversement, conformément aux règles européennes,
les remboursements sont affectés d'un taux d'intérêt, au
taux négocié de 6,01 % correspondant à la moyenne des
taux d'intérêts sur la période concernée. Ce
dispositif de remboursement a fait l'objet d'une circulaire envoyée aux
préfets le 31 mars 2000. Les URSSAF ont été
chargées de la gestion du remboursement sous l'autorité du
préfet de département.
Une première évaluation du montant des remboursements a
été faite à partir d'informations communiquées par
les Préfets, la Direction générale de l'emploi et de la
formation professionnelle et la Direction de la sécurité sociale.
Cette évaluation ne concerne que
804
entreprises
, sur
les
980
entreprises de plus de 50 personnes dont le montant
des aides à rembourser est susceptible de dépasser le montant du
«
de minimis
». Le ministère de l'industrie a
fait savoir à notre rapporteur qu'un rapide examen des
176
entreprises manquantes, montre que, statistiquement, elles ne
se distinguent des 804 entreprises exploitées, ni par le secteur,
ni par la taille.
Sur les
804
entreprises
pour lesquelles le Gouvernement
dispose d'informations :
-
133 ont fait l'objet d'un règlement judiciaire ou d'une
liquidation
, ce qui laisse supposer qu'aucun remboursement ne peut
être escompté de la part de ces entreprises, même si les
Préfets ont été invités à produire une
demande de remboursement, et ce qui montre l'ampleur de la crise du
secteur ;
-
449 entreprises n'ont rien à rembourser
, les conditions
fixées pour le remboursement faisant que les entreprises de moins de 100
personnes dans l'habillement et 150 personnes dans le textile, qui
représentent la majorité du secteur, sont, de fait,
exemptées.
- seules
222 entreprises sont effectivement redevables
du
remboursement.
L'analyse sectorielle effectuée montre que les entreprises de
l'habillement sont en général exemptées de par leur
taille
ou n'ont qu'un montant très faible à rembourser.
Beaucoup d'entreprises
textiles
(filature, tissage) ne doivent
également que de faibles sommes car payant des salaires relativement
élevés, elles ont moins bénéficié de
l'allègement des charges.
Deux activités
sont en revanche
concernées de manière plus significative par le
remboursement :
- la maille (chaussette, collants) ;
- la chaussure.
Dans les deux cas il s'agit d'unités concentrées, de taille
relativement élevée (plus de 250 personnes), mais regroupant
surtout des salariés de production aux salaires proches du SMIC. Seules
10 % des entreprises doivent plus de 0,5 million de francs
(0,08 millions d'euros), avec de 30 à 40 entreprises
dépassant largement 1 million de francs (0,15 millions
d'euros).
Votre commission souhaite que le Gouvernement effectue sans dogmatisme
excessif le recouvrement des sommes dont la Commission européenne a
exigé le remboursement.
B. LA CONSTRUCTION NAVALE FACE AU « DUMPING » SUD CORÉEN
1. Un marché caractérisé par un déséquilibre permanent entre l'offre et la demande
La
construction de grands navires de commerce est un marché mondial
totalement ouvert, sans aucune protection douanière ni
géographique et sur lequel la concurrence est renforcée par
l'existence d'une flotte de libre immatriculation.
L'industrie mondiale de la construction navale a bénéficié
en 2000 d'une nette amélioration du marché (+ 56 % par rapport
à 1999). Celle-ci est due à l'augmentation du trafic maritime, au
remplacement d'une partie des pétroliers
« âgés », mais aussi à des
anticipations de commandes compte tenu des prix relativement bas.
Une bonne partie de ces commandes a été prise par la
Corée du Sud,
qui détient 35,6 % du marché en
2000, contre 33,3 % en 1999 et 24,9 % en 1998. La Corée du Sud
consolide ainsi la place de
premier constructeur mondial qu'elle occupe
depuis trois ans
. La part du Japon a été de 25,9 % en
2000 contre 26 % en 1999 et 33,1 % en 1998. La part de l'Union
européenne (plus la Norvège) est restée stable :
17,5 % en 2000 contre 17,2 % en 1999 et 25,8 % en 1998. Cette
stabilité est assurée car des commandes supplémentaires de
paquebots, secteur sur lequel les chantiers coréens ne sont pas en
concurrence directe, ont compensé des pertes de marché pour
d'autres types de navires.
Le marché mondial reste toujours caractérisé par
un
déséquilibre important entre l'offre et la demande
et
l'industrie dispose d'ores et déjà de capacités largement
suffisantes pour répondre à la totalité de la demande
future. Celle-ci devrait atteindre son niveau le plus élevé en
2004, restant très inférieure aux capacités de
construction navale prévues, puis devrait ensuite rester durablement
orientée à la baisse. Malgré cette situation
excédentaire, la capacité mondiale de construction devrait
continuer à augmenter, en particulier en Corée du Sud. Le
déséquilibre entre l'offre et la demande devrait donc s'aggraver,
du fait de la chute de la demande et de l'accroissement continu des
capacités, entraînant inévitablement une chute des prix.
La faiblesse actuelle des prix, qui restent inférieurs à ceux des
années 1990, est due essentiellement à l'augmentation
importante des capacités en Corée du Sud et
aux très
bas niveaux de prix des offres
des chantiers navals coréens.
Enchaînant les rapports sur le sujet, la Commission européenne a
entrepris sept nouvelles investigations très détaillées
pour des commandes placées en Corée du Sud, qui montrent que
toutes ces commandes ont été prises à perte (le niveau
moyen de ces pertes est estimé à 14 %)
.
2. La réaction française et européenne
a) L'évolution divergente des chantiers français
Exclusivement orientés vers la production de navires de
charge (pétroliers jusqu'à 550.000 tonnes de port en lourd,
porte-conteneurs, vraquiers ...), les
Chantiers de l'Atlantique
,
à Saint-Nazaire, se sont reconvertis depuis le milieu des années
1980 dans la construction de
navires à haute valeur ajoutée
(segment de marché moins soumis à la concurrence des
chantiers du Sud-Est asiatique) :
- paquebots : 12 paquebots en commande à la fin de
l'année 2000 ;
- navires de transport de gaz naturel liquéfié : 5
méthaniers de 135.000 m3 livrés à la Malaisie entre
1994 et 1997.
A la fin de l'année 2000, outre les effectifs propres au chantier, le
site de Saint-Nazaire comprenait 500 intérimaires et 5000 personnes
employées par les entreprises sous-traitantes travaillant dans le
chantier. La très forte augmentation du chiffre d'affaires est due
à la livraison de six paquebots au cours de l'exercice (1er avril 2000
au 31 mars 2001). Le chiffre d'affaires devrait toutefois diminuer au cours du
prochain exercice.
S'agissant des
Ateliers et chantiers du Havre (ACH),
un accord est
intervenu, rappelons-le, en juillet 1999, entre la direction de l'entreprise,
les représentants du personnel et l'Etat, pour la mise en oeuvre
d'
un
plan social accompagnant la fermeture de ce chantier
, dont
le coût (39.18 millions d'euros) est intégralement pris en
charge par les finances publiques. Parallèlement, un chargé de
mission auprès du Premier ministre a été nommé pour
mettre en oeuvre sur place, au Havre, un programme de développement
industriel destiné en particulier à faciliter le reclassement des
personnels et réunir les conditions permettant le développement
d'un « Pôle industriel et naval » autour de la
réparation navale et de l'essaimage de certaines activités
susceptibles de pérennisation.
Sur les 669 personnels des ACH licenciés entre août 1999 et juin
2000, une solution de reclassement a été trouvée pour 485
personnes (72,5 % des licenciés). Il convient de noter un
très faible nombre de volontaires pour un emploi aux Chantiers de
l'Atlantique à Saint-Nazaire, qui ont proposé d'embaucher environ
300 personnes. Seulement 135 personnes ont fait acte de candidature et 52
personnes ont été embauchées ou se sont vus proposer un
contrat Les autres ont été refusées, ne correspondaient
pas aux spécialités nécessaires ou ont annulé par
la suite leur candidature.
L'essaimage réalisé à partir des activités
susceptibles de développement (chaudronnerie, mécanique, bureau
d'études, ingénierie) a permis la pérennisation de
80 emplois devant être portés à environ 110 d'ici fin
2001. Pour ce qui concerne la réparation navale (130 emplois
directs existants au 30 juin 2001), une solution de reprise est en cours
de négociation.
b) Quelle réponse au niveau communautaire ?
Alors
que le « dumping » sud coréen ne fait plus de
doutes, la réglementation communautaire interdit désormais aux
Etats membres les aides à la commande dans le secteur de la construction
navale.
Le règlement communautaire (n° 1540/98 du 29 juin 1998) sur
les aides à la construction navale a en effet interdit les aides
à la commande à compter du 31 décembre 2000, et n'autorise
plus que les aides à la fermeture partielle ou totale. Il a toutefois
étendu à la construction navale les dispositifs applicables aux
autres secteurs industriels concernant les aides à la recherche et au
développement, au sauvetage et à la restructuration d'entreprises
en difficulté, aux investissements pour l'innovation et la protection de
l'environnement.
Dans le contexte de concurrence très agressive de certains Etats
asiatiques,
une tentative, sous présidence française, pour
revenir sur l'interdiction des aides à la commande a
échoué
: en l'absence de propositions de la Commission
et alors que certains Etats membres y auraient fait obstacle, le Conseil
Industrie du 5 décembre 2000 n'est pas parvenu à
revenir sur la suppression des aides à la commande à partir du
31 décembre 2000.
Toutefois, en réaction aux surcapacités et à la baisse
constante des prix sur le marché mondial de la construction navale, la
Commission européenne et le Gouvernement coréen ont signé,
le 22 juin 2000, «
un procès-verbal
agréé
» dans le but d'éviter les
surinvestissements non rentables et la sous-cotation des prix.
Observant que des pratiques concurrentielles déloyales persistent sur le
marché mondial, la Commission a présenté au Conseil
Industrie du 5 décembre 2000 une communication verbale
prévoyant :
- une négociation avec la Corée en vue de parvenir à
un accord satisfaisant ;
- d'établir un rapport, (présenté au Conseil
Industrie des 14 et 15 mai 2001), qui réaffirme que les
pratiques de la Corée relèvent de la concurrence déloyale
(les ventes étant réalisées avec des pertes de 7 à
40 %, avec une moyenne de 14 %) ;
- de porter l'affaire devant l'OMC en l'absence de solution
négociée ;
- de proposer un mécanisme de soutien défensif temporaire
pour contrer les pratiques déloyales de la Corée jusqu'à
la conclusion de la procédure devant l'OMC.
Le Conseil Industrie a pris acte de la proposition de la Commission. Il s'est
félicité de l'intention de la Commission d'engager une
procédure devant l'OMC
en l'absence de solution
négociée avec la Corée au plus tard le 30 juin 2001
et a pris acte de l'intention de la Commission de mettre en place,
simultanément, un
mécanisme de soutien défensif
temporaire
. Cette aide viserait les navires porte-conteneurs, les
transporteurs de produits chimiques et les transporteurs de produits
pétroliers. Elle se situerait à 6 % de la valeur du contrat
(avant aide) et serait plafonnée à 14 % (niveau moyen des
pertes observées).
Une décision formelle sur cette proposition sera prise au plus tard lors
du
Conseil Industrie du 5 décembre 2001
, le
mécanisme défensif proposé par la Commission suscitant
d'ores et déjà l'
opposition de certains Etats membres
.
Votre commission regrette la divergence de vues entre certains Etats membres
sur cette question, empêchant l'évolution de la
réglementation.
En France, compte tenu de l'arrêt des aides à la commande au
31 décembre 2000, le projet de loi de finances pour 2002 ne
prévoit pas d'ouverture de nouveaux crédits en autorisation de
programme. Seuls 103,7 millions d'euros en crédits de paiements,
pour faire face aux besoins découlant des commandes enregistrées
les années précédentes, sont demandés sur le
chapitre budgétaire 64-93.
Le tableau ci après résume l'évolution des aides sur ce
chapitre depuis 1997 :
AIDES BUDGÉTAIRES À LA CONSTRUCTION NAVALE
En millions d'euros |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
2002 |
AUTORISATIONS DE PROGRAMME |
||||||
Dotations de crédits ouvertes
|
326,09
|
643,90
|
851,05
|
575,63
|
342,40
|
0 |
Consommations |
177,65 |
277,64 |
471,99 |
187,35 |
74,82* |
0 |
CRÉDITS DE PAIEMENT |
||||||
Dotations de crédits ouvertes
|
245,27
|
617,75
|
546,23
|
279,25
|
159,61
|
103,66 |
Consommations |
115,35 |
243,03 |
467,38 |
197,60 |
136,76* |
|
*Ces montants correspondent uniquement au 1er semestre 2001.
C. LA MÉCANIQUE : 7.000 ENTREPRISES, 500.000 EMPLOIS ET UNE TROISIÈME PLACE EUROPÉENNE
L'industrie mécanique
regroupe plusieurs
secteurs : les biens d'équipement mécanique, les services
industriels du travail des métaux, les produits métalliques.
Ainsi définie, elle occupe
une place importante
au sein de
l'industrie française : en 2000, elle rassemblait 6900 entreprises
de plus de 20 personnes, réalisant un chiffre d'affaires
cumulé de 83 milliards d'euros, dont plus d'un tiers environ
(32 %) est exporté, et employant 561.200 personnes.
Ces chiffres donnent à la mécanique française
le
cinquième rang mondial
, derrière l'Italie, qui progresse
sensiblement, et toujours loin derrière les Etats Unis, le Japon et
l'Allemagne. En Europe, la mécanique allemande qui représente
environ 2 fois et demi son homologue française, (pour un total de
l'industrie allemande, représentant un peu plus de 2 fois
l'industrie française), est le chef de file incontesté,
contribuant pour plus de 30 % à la production de l'ensemble
européen.
Après la crise traversée entre 1990 et 1993, la mécanique
a depuis 1994 renoué avec une croissance soutenue : au cours de la
période 1994 à 2000, le chiffre d'affaires a progressé de
39 % et les exportations de 42 %.
En 2000, le secteur a assuré une
forte croissance
de son
activité (+10 %), notamment grâce aux exportations
(+13 %). Les trois sous-ensembles ont connu une situation favorable, qui
peut être qualifiée de satisfaisante pour ce qui concerne
l'industrie des biens d'équipement mécaniques et les services
industriels du travail des métaux. Ces évolutions favorables de
l'activité se sont accompagnées d'une augmentation de l'emploi,
particulièrement dans les entreprises des services industriels du
travail des métaux.
EVOLUTION DU SECTEUR DE LA MÉCANIQUE
|
|
1999/2000
|
Chiffre d'affaires en millions d'euros |
1999/2000
|
Exportations en millions d'euros |
1999/2000
|
Equipement mécanique |
337 500 |
103,1 |
55 800 |
110,5 |
20 330 |
112,2 |
Services industriels du travail des métaux |
136 700 |
106 |
15 200 |
111 |
2 650 |
121,3 |
Produits métalliques |
87 000 |
102,8 |
11 950 |
107 |
3 260 |
110,9 |
Total |
561 200 |
103,8 |
82 950 |
110 |
26 240 |
113 |
Source : SESSI, ministère de l'industrie
1. Les biens d'équipement mécanique : une bonne année 2000
Le
secteur des biens d'équipement mécanique
(3.742 entreprises, 337.500 emplois) représente à lui
seul plus des deux tiers de la mécanique et, de ce fait, fonde en grande
partie les caractéristiques de la branche dans son ensemble.
Cet ensemble regroupe huit secteurs distincts, d'importance
inégale :
LES BIENS D'ÉQUIPEMENT MÉCANIQUES
|
Effectifs |
1999/2000
|
Chiffre d'affaires en milliers d'euros |
1999/2000
|
Export en millions d'euros |
1999/2000
|
Construction métallique |
33 190 |
108,8 |
4 830 |
115,7 |
430 |
88 |
Chaudronnerie |
65 100 |
99 |
8 597 |
108,3 |
1 800 |
110 |
Equipements mécaniques |
65 130 |
102,4 |
11 045 |
109,5 |
5 330 |
113 |
Machines usage général |
86 070 |
106,7 |
14 720 |
113,8 |
5 280 |
120,1 |
Machines agricoles |
17 220 |
97,8 |
3 500 |
100 |
1 020 |
103,7 |
Machines-outils |
14 600 |
103,5 |
2 530 |
117,7 |
740 |
111,3 |
Machines usage spécifique |
55 570 |
102,1 |
10 500 |
108,8 |
5 660 |
109,6 |
Armes et munitions |
670 |
95 |
93 |
111,7 |
39 |
109,8 |
Total |
337 500 |
103,1 |
55 800 |
110,5 |
20 330 |
112,2 |
Source : SESSI, ministère de l'industrie
L'exercice 2000 a été marqué par une progression
significative de l'activité dans la plupart des secteurs, le machinisme
agricole étant le seul à connaître une situation peu
favorable. Après une année 1999 en demi-teinte
(stabilité), les exportations sont en augmentation sensible, leur part
dans la production atteignant 36,5 %, étant entendu que pour
certains secteurs cette proportion approche ou dépasse les 50 %
(machines, équipements mécaniques).
Au cours des premiers mois de l'année 2001, l'activité du secteur
s'est maintenue à un niveau élevé. Dès le milieu de
l'année, une dégradation limitée des prises de commandes
était toutefois perceptible, en particulier sur les marchés
extérieurs. On note ainsi un ralentissement au niveau européen,
qui constitue le premier débouché du secteur (57 % des
exportations).
Sur le marché intérieur, l'investissement des entreprises reste
toujours ferme, même si certains projets ont été
repoussés. La fin de l'année présente des incertitudes.
2. Les services industriels du travail des métaux : une majorité de PMI
Les
services industriels du travail des métaux
regroupent les secteurs
de la forge-estampage-matriçage, le découpage-emboutissage, la
métallurgie des poudres, du traitement et revêtement des
métaux, du décolletage et de la mécanique
générale. Il s'agit en général de
« sous-traitants » dans le cadre de grandes filières
industrielles : automobile, aéronautique, etc. De plus, ces
entreprises sont généralement concentrées sur le
marché national et sont donc très sensibles aux évolutions
de la situation intérieure (les exportations, en progression continue,
représentent encore moins de 18 % de l'activité). De petite
taille, elles ont pour clients et pour fournisseurs de très grandes
entreprises.
Cet ensemble est pour l'essentiel constitué de PMI (le chiffre
d'affaires moyen est de 677.000 euros) : plus de 97 % des
entreprises comptent moins de 250 personnes et 22 entreprises
seulement emploient plus de 500 personnes. La forte présence de PMI
explique en partie le niveau relativement faible des exportations, cependant en
progression sensible pour représenter 17,4 % du total (12 % en
1993).
SECTEUR DES SERVICES INDUSTRIELS DU TRAVAIL DES MÉTAUX
Exercice |
Nombre d'entreprises |
Effectifs |
Chiffre d'affaires en millions d'euros |
2000 |
2247 |
136 727 |
2 320 |
1999 |
2228 |
126 228 |
2 064 |
1998 |
2186 |
125 115 |
1 990 |
(entreprises de plus de 20 personnes)
Source SESSI, ministère de l'industrie.
Depuis l'exercice 1993, marqué par des destructions d'emplois et une
forte réduction de l'activité, ces secteurs ont renoué
avec la croissance. Sur la période 1994 à 2000, les effectifs ont
progressé de plus de 30 % et le chiffre d'affaires de près
de 70 %.
L'exercice 2000 se traduit par une nouvelle et forte
progression du chiffre d'affaires
, bien plus soutenue qu'en 1999
(+12,5 % contre 3,7 %). Cette croissance d'activité touche
tous les sous-secteurs, mais à des degrés divers. Les entreprises
du découpage-emboutissage, qui représentent près du tiers
de l'ensemble ont connu une très forte progression de leur
activité (+23 %) en raison d'une part de la bonne santé du
marché de l'automobile en Europe, et d'autre part des effets de
l'externalisation d'une partie de ces activités, encore très
intégrées chez les constructeurs automobiles français. Par
ailleurs, les secteurs du traitement et revêtement des métaux, du
décolletage et de la métallurgie des poudres ont également
connu une croissance à deux chiffres (+ 10 à + 15 %).
En 2001, la tendance à une inflexion dans le rythme de croissance de
l'activité est observée depuis le début d'année,
mais la situation relativement favorable du marché intérieur, et
notamment du marché de l'automobile, qui constitue le principal
débouché pour les entreprises du secteur, donne à
prévoir, au total, une nouvelle progression de l'activité du
secteur.
3. La fabrication de produits métalliques « tirée » par les exportations
La fabrication de produits métalliques rassemble quatorze sous-secteurs d'importance inégale, comportant notamment la coutellerie, la fabrication de serrures, la visserie boulonnerie et la fabrication de fils métalliques. Les entreprises de ces secteurs visent des marchés grand public (coutellerie, articles de ménage) ou industriels (ressorts et chaînes), voire les deux (boulonnerie, visserie). Les problèmes qu'elles rencontrent sont donc très divers. Elles sont en très grande majorité des PMI. En 2000, on ne compte en effet que 70 entreprises de plus de 250 emplois (8 % du total), qui assurent 45 % du chiffre d'affaires total du secteur et 56 % de ses exportations. En 2000, cet ensemble comptait 918 entreprises de plus de 20 personnes, employant 87.000 personnes et réalisant un chiffre d'affaires total de 11,947 milliards d'euros. Par rapport à 1999, le secteur affiche une croissance significative en ce qui concerne l'activité, le chiffre d'affaires progressant de 6,9 % (+2 % en 1999), et une progression s'agissant de l'emploi (+2.400 emplois). Après la stagnation observée en 1999, les exportations affichent une progression sensible (+11 % sur 99) et retrouvent un dynamisme qui jusqu'en 1998 avait largement contribué à la croissance du secteur. A l'inverse, le marché intérieur ne progresse quant à lui que de 1,8 %, affichant ainsi une performance moindre que celle de 1999 (+6,3 % sur 1998).
D. LA SIDÉRURGIE FRANÇAISE FACE À L'OFFENSIVE AMÉRICAINE
1. Les conséquences encore palpables de la crise asiatique
La
globalisation du marché de l'acier et la concurrence internationale sur
ce marché se sont sensiblement accélérées depuis le
début des années 1990. Indépendamment des échanges
physiques, les prix sont devenus mondiaux. Les acheteurs connaissent le prix
sur tous les marchés et imposent le cours le plus bas : le
marché est totalement globalisé.
En 2000, la consommation d'acier a crû de 8 % et la production de
7,4 %. En terme de volume, le commerce mondial d'acier a été
très soutenu, avec une croissance des échanges de l'ordre de
12 %, à hauteur de 208 millions de tonnes. Pour la zone OCDE,
les exportations nettes (exportations moins importations), de 4,2 millions
de tonnes en 1999, sont passées à 0,4 millions de tonnes en
2000, principalement sous l'effet d'une hausse significative des importations,
de 16,2 % (soit 15 millions de tonnes) en 2000, à hauteur de
110 millions de tonnes. Les exportations de la zone CEI
6(
*
)
ont continué à
croître à hauteur de 46 millions de tonnes, soit une hausse
de 7,8 %. La Chine connaît toujours une forte croissance de ses
importations, avec une hausse de 22,5 % en 2000, poussées par une
demande intérieure toujours très solide. Dans les autres
régions d'Asie, les exportations poursuivent leur croissance
(+3,5 %), alors que dans le même temps, les importations se
rétablissent avec une croissance de +8,2 %.
La crise asiatique de 1998 a mis à mal les exportations de la zone
OCDE
dans ce secteur. En particulier, pour l'Europe des quinze, cela s'est
traduit par une baisse importante des exportations nettes depuis 1997 (les
exportations nettes reculent de plus de 10 millions de tonnes si l'on
compare les niveaux avant et après crise). Celles-ci sont
négatives en 1999 (-0,8 millions de tonnes) et à peine
équilibrées en 2000. Il n'y a donc pas de retour à la
situation antérieure à la crise pour l'Union Européenne,
et de façon plus large, pour l'OCDE.
Pour résumer, les exportations de l'Union Européenne ne
retrouvent pas leur niveau d'avant la crise. Alors qu'elle était
exportatrice nette, la zone bénéficie d'un solde à peine
équilibré de ses échanges. La zone OCDE est devenue
faiblement exportatrice nette (0,4 millions de tonnes en 2000).
L'Amérique du Nord consomme plus qu'elle ne produit et ses importations,
encore élevées, sont en repli par rapport à l'année
1998, résultat d'une politique commerciale constante visant à les
limiter. La zone Asie Pacifique connaît une reprise de sa consommation
d'acier mais à un rythme moins rapide qu'auparavant.
2. La sidérurgie française
Les tableaux ci-après résument les données essentielles de l'industrie sidérurgique française, en terme de production et de marché :
CHIFFRES CLES DE L'INDUSTRIE SIDERURGIQUE FRANCAISE EN 2000 |
|
Production : acier brut
|
21 millions de tonnes
|
Part de la production issue de la filière électrique |
40,3 % |
Part des produits issus de la coulée continue |
95,0 % |
Livraisons de produits sidérurgiques (hors relaminage
France)
|
20,9 %
|
Activité sidérurgique (périmètre CECA) |
9,88 milliards d'euros |
Commerce
extérieur : exportations
|
6,65 milliards d'euros
|
Consommation française de produits sidérurgiques |
17,7millions de tonnes |
Source : Ministère de l'industrie
MARCHE INTÉRIEUR (en milliers de tonnes) EN PRODUITS FINIS SIDÉRURGIQUES |
|||
|
1999 |
2000 |
Evolution en % |
Livraison des usines françaises
|
8 196
|
8 338
|
+ 1,7
|
Total |
17 838 |
19 060 |
+ 6,9 |
Source : Ministère de l'industrie
MARCHES EXTÉRIEURS (en milliers de tonnes) EN PRODUITS SIDÉRURGIQUES * |
|||
EXPORTATIONS |
1999 |
2000 |
Evolution en % |
Pays de l'Union Européenne (15) |
11 515 |
11 733 |
+ 1,9 |
Pays
tiers dont :
|
2 168
|
2 988
|
37,8
|
TOTAL |
13 683 |
14 721 |
7,6 |
Source : Douanes et FFA
(*) Produits sidérurgiques = produits finis sidérurgiques +
demi-produits pour relaminage.
Les chiffres figurant dans les tableaux ci dessus mettent en évidence
non seulement le caractère ouvert du marché national des produits
sidérurgiques, mais aussi
la relativement bonne tenue des industries
sidérurgiques françaises
en terme de
compétitivité sur le marché européen.
3. Vers un contentieux transatlantique sur l'acier ?
Aux
Etats-Unis, des difficultés récentes de l'industrie
sidérurgique américaine (depuis 1998, près de vingt
sociétés du secteur de l'acier en faillite ont été
placées sous protection du « chapitre 11 » sur les
faillites) ont entraîné un
durcissement de la politique
commerciale
. Parmi ces sociétés figurent le quatrième
producteur américain. Plusieurs facteurs expliquent cette
situation :
- le déclin de la filière, intégrée, de
production de l'acier, qui n'est plus en mesure d'affronter la concurrence en
raison de coûts de production trop élevés ;
- les niveaux de prix particulièrement bas sur le marché
américain. Cette tendance a été largement favorisée
par la bataille que se livrent et continuent à se livrer les producteurs
américains, parfois uniquement soucieux d'utiliser leur outil de
production ;
- une industrie sidérurgique qui a trop tardé à
opérer les restructurations nécessaires. Ainsi, les 2/3 de la
production d'acier aux Etats Unis sont assurés par
12 sociétés, alors qu'en Europe les 2/3 de l'acier brut sont
élaborés par 6 sociétés. Ces quelques chiffres
illustrent le retard américain.
Face à cette situation, le président américain a
annoncé courant juin 2001 sa décision d'engager une
série d'actions afin de résoudre les difficultés que
connaît l'industrie américaine de l'acier.
A ce titre, une
demande d'ouverture de procédure au titre de la
« clause de sauvegarde » du droit américain
a
été formulée et va conduire à ce qu'
une liste de
produits fasse l'objet d'une enquête
, dont le champ est très
large et couvre toute la gamme des produits : aciers plats et longs,
aciers inoxydables et aciers spéciaux. L'investigation s'étend
à l'ensemble des pays producteurs dont les produits sont importés
aux Etats Unis. Rappelons que le niveau des importations aux USA est de
38 millions de tonnes, dont 5 millions de tonnes de productions
originaires d'Europe.
D'éventuelles mesures américaines durcissant les conditions
d'importation dans ce pays ne manqueraient pas d'avoir des conséquences
pour l'industrie européenne. Non seulement elles pourraient affecter les
produits exportés par les Européens vers les USA, mais elles
provoqueraient un afflux sur le marché européen de produits
n'ayant pu se placer aux Etats Unis.
Votre commission est préoccupée par l'ouverture de cette
procédure : d'éventuelles mesures unilatérales de
l'administration américaine dans ce domaine ne manqueraient pas d'avoir
des conséquences néfastes pour l'industrie sidérurgique
européenne.
E. L'INDUSTRIE AUTOMOBILE : VERS UN RETOURNEMENT DE CYCLE ?
1. La construction automobile : un puissant moteur de l'économie française
L'industrie automobile est un secteur majeur de
l'économie
française. Après deux années exceptionnelles, le
marché automobile français, malgré une conjoncture
économique moins favorable, continue sa progression.
Sur les
8 premiers mois de 2001, l'augmentation des immatriculations de
voitures particulières est de 6,1 %
. Malgré les
attentats, les perspectives restent bonnes et devraient permettre d'atteindre
le seuil des 2,2 millions d'unités sur l'année. Ces bonnes
performances s'expliquent par l'attrait des nouveaux modèles,
français et étrangers, auprès des consommateurs, la
montée en gamme des équipements, la progression des ventes
destinées aux entreprises et l'apparition de nouvelles offres de
location des constructeurs avec option d'achat, maintenance et assurance. Dans
un marché désormais dominé par le diesel,
le taux de
pénétration des constructeurs nationaux ne cesse d'augmenter,
pour atteindre plus de 60 % du marché français
.
Le secteur de la construction automobile emploie en France, directement,
plus de 150.000 personnes
et génère un chiffre
d'affaires de
92 milliards d'euros
, soit
15 % du chiffre
d'affaires industriel total
. L'activité est toujours
dynamisée par la forte
croissance des exportations
qui concernent
actuellement plus de 7 véhicules sur 10. Elles sont
réalisées pour 83 % vers l'Europe, où près
d'une voiture sur quatre est de marque française. La stratégie
des constructeurs nationaux se caractérise également par une
forte présence hors de la zone Europe, à l'image de l'accord
conclu entre Renault et Nissan et des implantations de sites industriels en
Amérique du Sud.
Pour améliorer encore leur productivité et leur
compétitivité, les industriels français font depuis des
années des efforts importants d'adaptation tant au niveau du personnel
qu'à celui de l'outil industriel : en 2000, leurs investissements
ont été supérieurs à 4 milliards d'euros.
En France, on dénombre 27,5 millions de voitures
particulières. La consommation automobile des ménages a
évolué ces dix dernières années et s'est
recomposée au profit des dépenses d'entretien et au
détriment des coûts d'achat, comme l'indique le tableau
ci-après :
EVOLUTION DE LA CONSOMMATION AUTOMOBILE DES MÉNAGES
|
1990 |
2000 |
|
En milliards d'euros |
|
Achats de véhicules neufs |
22,3 |
21,2 |
Achats de véhicules d'occasion |
4,0 |
7,1 |
Dépenses pièces détachées et accessoires |
12,8 |
19,4 |
Dépenses, entretien et réparation |
11,1 |
14,8 |
|
En milliers d'euros |
|
Consommation automobile par ménage motorisé |
4 721 |
5 376 |
Source : INSEE
L'industrie automobile fait appel à
une chaîne élargie
de fournisseurs
, pour un montant total de facturations s'élevant
à 49,5 milliards d'euros en 2000, répartis comme suit :
Information navigation
(et
auto-radios)
0,3 milliard d'€
Plasturgie
4,0 milliards d'€
Caoutchouc industriel
1,6 milliard d'€
Constructeurs
automobiles
Équipements constructeurs
11,0 milliards d'€
Équipementiers
19,7 milliards d'€
Métal
6,3 milliards d'€
Roulements
0,6 milliard d'€
Fonderie
1,6 milliard d'€
Pneumatiques
3,6 milliards d'€
Verre
0,4 milliard d'€
Batteries
0,4 milliard d'€
Source : Ministère de l'industrie, SESSI.
2. Les équipementiers face à une baisse de rentabilité
En 2000,
le secteur des équipementiers automobiles
a atteint un chiffre
d'affaires record dépassant les 20 milliards d'euros, soit
20 % du chiffre d'affaires de l'industrie automobile. Il se compose de
304 entreprises, dont 238 PMI. Ce secteur se caractérise par
une forte concentration, les entreprises de plus de 500 salariés
réalisant près de trois quart du chiffre d'affaires du secteur.
Tous les grands équipementiers mondiaux sont présents sur le
territoire national. Les filiales françaises de groupes étrangers
concourent à hauteur des deux tiers du chiffre d'affaires du secteur et
à près du quart des exportations du secteur. Dans l'industrie
française d'équipement automobile, un salarié sur quatre
travaille dans une filiale détenue par un groupe américain. Les
équipementiers allemands constituent le deuxième pôle
étranger et contribuent à plus de 20 % aux exportations
totales du secteur.
Les effectifs de ce secteur s'établissent à près de
134.000 salariés
. Depuis ces cinq dernières
années, les entreprises ont réalisé des investissements
importants pour augmenter leurs capacités de production, mais aussi pour
créer de nouveaux sites industriels. Largement tourné vers les
marchés extérieurs, ce secteur a un taux d'exportation de
41,5 % qui se rapproche de celui de la construction automobile.
Dans un contexte de pression sur les prix demandée par les
constructeurs, la rentabilité des équipementiers est en baisse.
Le taux de marge s'érode pour atteindre 28,6 % en 1999, alors que
celui des constructeurs est en progression (45 % en 1999). Pour la
première fois de la décennie, en 2000, le résultat net
comptable de la profession devient négatif.
F. LES SECTEURS ÉLECTRIQUE ET ÉLECTRONIQUE FRAPPÉS PAR LE RALENTISSEMENT ÉCONOMIQUE
1. Un secteur électrique fortement internationalisé
Le
secteur industriel électrique
en France est
représenté par près de 200 entreprises qui ont
réalisé en 2000 un chiffre d'affaires proche de
9,3 milliards d'euros (+8,9 %) et exporté, en outre,
6,9 milliards d'euros, en croissance de 8,9 % par rapport à
1999. Ces entreprises opèrent essentiellement dans les secteurs de
l'électrification
(équipements des réseaux publics
et privés d'électricité), des
constituants
électriques
industriels et des
automatismes
.
Ce secteur est un des principaux acteurs de la filière électrique
et énergétique française, avec les opérateurs
(EDF-GDF), les constructeurs de matériels de production d'énergie
(turbines, moteurs thermiques, compresseurs...), les câbliers et les
installateurs. Les entreprises du secteur emploient
61.000 personnes en
France et 193.000 dans le monde
. Le secteur électrique
français occupe
le 4
ème
rang mondial
,
après les Etats-Unis, le Japon et l'Allemagne, et représente
8 % du commerce mondial.
Ce secteur a connu une internationalisation à un rythme très
soutenu depuis plus de 10 ans. Cette politique a été
engagée par pratiquement toutes les entreprises françaises du
secteur, à partir du double constat de la
saturation progressive et
de l'ouverture croissante du marché français
et de
l'existence d'un
très fort potentiel sur les marchés des pays
en voie d'industrialisation
.
Cette politique s'est appuyée sur deux axes stratégiques :
- les
exportations directes
à partir des usines
françaises, de plus de 80 % de la production nationale en 2000
(moins de 50 % en 1992) ;
- la
production à partir d'unités industrielles à
l'étranger
, ces implantations ayant été
fréquemment réalisées par le biais d'acquisitions
externes. Dans ces métiers, dont les produits sont très
techniques et essentiels à l'activité économique d'un
pays, la présence locale et la proximité technique du client sont
des facteurs essentiels de réussite. En 2000, les entreprises
françaises
emploient 2 personnes à l'étranger pour
une personne en France
, alors que la proportion, était de 1 pour 1
en 1992. Le chiffre d'affaires réalisé dans le monde par les
entreprises françaises est de 27 milliards d'euros.
Ces succès à l'international s'expliquent notamment par la forte
compétitivité, technique et économique, des produits
français, ainsi que par l'existence de quelques groupes de taille
mondiale (SCHNEIDER, ALSTOM) moteurs de l'internationalisation de l'ensemble du
secteur.
L'opération de fusion annoncée entre SCHNEIDER et LEGRAND ayant
été interdite par la Commission Européenne, au vu des
critères européens de la concurrence, il pourrait en
résulter une séparation des activités de réseaux
(ex-CEGELEC) du groupe ALSTOM (cession au personnel).
2. Le secteur électronique en récession
Le
secteur des NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la
communication) a connu entre 1998 et 2000 un contexte de marché
particulièrement porteur puisque
la croissance annuelle moyenne du
secteur électronique a été durant ces trois années
de l'ordre de 12 %
. Jusqu'en 2000, la reprise de l'investissement
informatique des entreprises, conjuguée à la mise en oeuvre de
l'Euro et aux efforts accomplis pour faire face au problème de
l'an 2000, ont constitué de puissants facteurs de
développement de ce marché. Parallèlement,
l'intérêt croissant des Français pour ces nouvelles
technologies a joué un rôle moteur dans la dynamique de ce
marché.
Durant le premier semestre 2001, la croissance du marché des
technologies de l'information et des communications a été
nettement moins soutenue. Deux secteurs ont été
particulièrement affectés par ce ralentissement : le secteur
du matériel informatique et celui de la téléphonie mobile.
Dans le secteur du
matériel informatique
, les ventes mondiales
ont, pour la première fois depuis 15 ans, reculé au
deuxième trimestre 2001. C'est sur le marché américain que
ce ralentissement est le plus important, du fait notamment de la baisse des
investissements des entreprises, et d'une relative saturation du taux
d'équipement des ménages (60 % des ménages
équipés). Le marché européen du matériel
informatique est également affecté mais dans une proportion
moindre. En France, la demande reste encore soutenue non seulement pour le
matériel informatique mais aussi pour les services et les
périphériques.
Dans le secteur des
télécommunications
, c'est dans le
segment de la téléphonie mobile, et plus particulièrement
des terminaux, que le ralentissement est le plus net. Ce marché est
aujourd'hui moins dynamique, notamment en Europe, du fait d'une relative
saturation de l'équipement des ménages. Cette situation a
entraîné une crise de surproduction dans le secteur qui s'est
traduite par des restructurations chez les principaux constructeurs.
Cette tendance générale devrait se poursuivre au cours des mois
à venir, ces secteurs industriels étant les plus concernés
par le
retournement du cycle
. Les services, notamment de
télécommunications ou encore ceux liés au
développement de l'Internet, demeurent orientés à la
hausse.
En France, on estime que 30 %
7(
*
)
des ménages étaient
équipés d'un micro ordinateur en 2000 contre 18,5 % en 1997.
En matière de télécommunications, les changements sont
encore plus rapides puisque au 30 juin 2001, 55,1 %
8(
*
)
des français disposaient d'un
téléphone mobile. Par ailleurs, la diffusion d'Internet s'est
poursuivie. A la fin de l'année 2000, il y avait, selon la
définition de l'internaute adoptée, entre 6,8 et
11 millions
9(
*
)
d'internautes. Dans les entreprises, notamment les plus petites, le taux de
connexion à Internet a également fortement augmenté ;
73 %
10(
*
)
des PME de 6
à 200 salariés avaient, en 2000, au moins un accès
à Internet contre seulement 27 % en 1997.
Le secteur des
semi-conducteurs
, après une année 2000 en
très forte croissance, plonge dans une crise sans
précédent en 2001. Après les années de
récession de 1996-1998, la croissance du marché mondial a atteint
une croissance record de 36 % en 2000. Cependant, après cette
année exceptionnelle, le marché connaît depuis le
début 2001 une crise d'une brutalité et d'une ampleur sans
précédent.
Les prévisionnistes ont revu leurs prévisions de croissance
à la baisse depuis le début de l'année, pour atteindre le
chiffre record de
30 % de décroissance du marché
prévu pour 2001, chiffre qui peut encore se dégrader. La
profession espère cependant que le troisième trimestre 2001
sera la plus mauvais et que la situation se stabilisera ensuite. La reprise
n'est toutefois pas espérée avant au mieux le milieu 2002.
Cette crise est due à la conjonction d'au moins
trois facteurs : la crise des télécommunications
mobiles, la crise de l'informatique et l'« explosion » de
la « bulle Internet ». Les ventes de
téléphone mobiles seront cette année inférieures de
50 % aux prévisions de janvier ; le marché de
l'informatique a pour la première fois une croissance mondiale
nulle ; la bulle internet entraîne une crise financière
importante, un ralentissement des investissements et une crise des
équipementiers du secteur. Tout cela est aggravé par une
accumulation de stocks en 2000, avec plus de 9 mois à
résorber chez les équipementiers et les opérateurs (sur
des produits dont la durée de vie prévue était souvent de
moins de 2 ans).
L'ensemble du secteur des semi-conducteurs est touché : le taux
d'occupation moyen mondial des unités de production est tombé
à 70 % ; les investissements nouveaux ont été
brutalement arrêtées ; les prises de commandes sont quasiment
inexistantes ; les prix des mémoires et des microprocesseurs ont
chuté fortement (-50 % à -60 %). Dans la
microélectronique, seul le segment de l'électronique automobile
poursuit sa croissance, d'environ 10 % par an.
Le secteur optoélectronique, qui a connu une croissance exceptionnelle
en 2000 et a vu la création de nombreuses
« start-ups », est également touché de plein
fouet. Les opérateurs ont en effet fortement ralenti leurs
investissements en réseaux optiques, pour deux raisons : les
réseaux installés sont sous-utilisés, et la charge des
licences UMTS, allégée récemment en France mais pas
ailleurs en Europe, oblige à réduire fortement les
investissements.
Une vague importante de restructurations et de plans sociaux est en cours
à travers le monde.
Malgré la fermeture envisagée de
certains sites de production, la France est relativement peu touchée,
comparativement aux autres pays (Etats-Unis, Canada, Angleterre, Allemagne,
etc...). Cependant, si le marché continue à se dégrader,
les sites français de production de semi-conducteurs souffriront
également.