II. LA MISE EN oeUVRE : DES PROGRÈS, MALGRÉ DES DÉLAIS TOUJOURS TROP LONGS
Les moyens mis en oeuvre pour l'évaluation des politiques publiques sont conséquents. Ils permettent d'élaborer des études dans des délais plus brefs que par le passé, même s'il serait souhaitable que ceux-ci soient encore abrégés.
A. DES MOYENS PLUS CONSÉQUENTS
Les crédits dévolus au fonds national de l'évaluation avoisinent six millions de francs par an, ainsi qu'il ressort du tableau suivant :
Fonds national de l'évaluation, chapitre 34-98 « Études » 6( * )
(Situation au 31 août 2001, en euros)
Année |
LFI |
Reports |
Crédits disponibles |
Crédits consommés |
1998 |
68 297 |
933 263 |
1 001 560 |
238 313 |
1999 |
68 602 |
760 731 |
829 333 |
36 616 |
2000 |
907 072 |
1 044 258 |
1 951 329 |
107 102 |
2001 |
907 072 |
1 844 227 |
2 751 299 |
523 311 |
Source :
CGP.
D'aucuns pourraient s'étonner de l'
importance
des reports
enregistrés
au fil du temps : ceux-ci étaient de
5,4 millions de francs (0,8 million d'euros) en 1999 et de
12,7 millions de francs (1,9 million d'euros) en
2000. Ils atteignent plus de
18 millions de francs (3 millions
d'euros) en 2001
. Selon les informations communiquées à
votre rapporteur pour avis,
l'importance de ces reports proviendraient du
retard pris dans la réalisation des évaluations
. Elle
s'explique, en outre, par la volonté délibérée
d'éviter des mouvements « sinusoïdaux » des
crédits qui auraient pu conduire, à terme, à leur
diminution progressive, alors même que, du fait que les premières
évaluation lancées en 1999 viennent à terme, ces
crédits devraient être, pour l'essentiel, consommés au
cours du prochain exercice.
B. DES RÉSULTATS PLUS SUBSTANTIELS QUE PAR LE PASSÉ
L'intention des rédacteurs du décret de 1998
était de favoriser la réalisation d'évaluations dans un
délai raisonnable
. C'est ainsi qu'en réponse aux questions
posées par le rapporteur pour avis de votre commission à
l'occasion de l'examen du projet de loi de finances pour 2000, il avait
été indiqué que
la durée envisagée pour
la réalisation d'une étude serait d'un an et qu'elle pourrait, le
cas échéant, être portée à dix-huit mois dans
des cas exceptionnels
.
Trois ans après l'entrée en vigueur du nouveau régime, il
est loisible de tirer un premier bilan de son application, avant
d'évoquer les évaluations qui seront réalisées au
cours des prochaines années. Il en ressort que
si des progrès
très nets sont à mettre à l'actif de la nouvelle
procédure en termes de résultats
,
certaines lourdeurs
inhérentes à la mécanique administrative
, qui seront
évoquées ci-après
laissent encore subsister une marge
de progression en termes d'efficacité et de rapidité.
1. Les programmes d'évaluation pour 1999, 2000 et 2001
La
première « vague » d'évaluations
lancée le 13 juillet 1999
Sur les cinq évaluations lancées le 13 juillet 1999, trois
étaient terminées fin juillet 2001. Elles concernent :
- la préservation de la ressource destinée à la
production d'eau potable ;
- les nouveaux services-Emplois jeunes dans le secteur de la jeunesse et
des sports ;
- les aides à l'emploi dans le secteur non marchand.
Leur publication est prévue dès que l'avis du Conseil national de
l'évaluation aura été rendu et que seront connues les
réactions et les propositions de suite envisagées par les
administrations concernées.
Les deux autres, dont les instances d'évaluation ont été
respectivement installées le 13 janvier 2000 et le 9 mai suivant, ne
sont pas terminées. Il s'agit des travaux concernant :
- la lutte contre le sida ;
- et le logement social dans les départements d'Outre-mer.
La deuxième vague lancée le 12 octobre 2000
Trois évaluations sont en cours à ce titre. Elles
concernent :
- la formation continue des agents de l'État (instance
d'évaluation installée le 9 mars 2001) ;
- la mise en oeuvre de la politique nationale de sécurité
routière par les systèmes locaux de sanction (instance
d'évaluation installée le 18 avril 2001) ;
- le développement rural (instance d'évaluation
installée le 2 mai 2001).
La liste des nouvelles évaluations arrêtée en juin
2001
Le Premier ministre a approuvé, le 2 août 2001, le programme
d'évaluation proposé par le Conseil national de
l'évaluation. Celui-ci concerne :
- les fonds structurels et les politiques régionales ;
- le service public des déchets ménagers ;
- les aides aux très petites entreprises ;
- la contractualisation avec les universités ;
- le recours à des opérateurs externes pour la mise en
oeuvre des politiques actives d'emploi ;
- le transport combiné rail/route ;
- l'étude de faisabilité d'une évaluation sur les
politiques d'amélioration de l'accès à la
prévention et aux soins.
Selon les éléments communiquées à votre rapporteur
pour avis, les instances d'évaluation de ce troisième programme,
en cours de composition, seront installées à l'automne 2001.
2. Appréciations de votre rapporteur pour avis
D'un
point de vue général,
votre commission se félicite que
la nouvelle procédure ait permis de lancer des évaluations
à un rythme relativement soutenu.
Le défaut du régime
antérieur a donc été corrigé : la
procédure de sélection des thèmes d'évaluation ne
revient pas à « tuer dans l'oeuf » toutes les
initiatives. Il n'en demeure pas moins que
la procédure actuelle ne
permet pas au Parlement de proposer d'utiliser la procédure
interministérielle d'évaluation que le plan met en oeuvre. Cet
état de fait procède d'une conception excessivement stricte de la
séparation des pouvoirs qui sert, en la circonstance, d'utile
prétexte pour dissimuler la frilosité de l'exécutif.
Celui-ci craindrait-il les initiatives susceptibles d'être prises en la
matière par le législateur ?
Au demeurant, la faculté donnée aux représentants des
associations d'élus locaux de proposer des évaluations n'a pas
été mise à profit. Reste d'ailleurs à savoir qui
prendrait en charge le coût des évaluations
suggérées dans ces conditions.
On notera, au demeurant, la
contradiction qui tient à ce que des associations d'élus puissent
proposer des évaluations, alors même que les Assemblées
parlementaires ne jouissent pas de ce droit.
Votre rapporteur pour avis constate, en outre,
qu'en l'état actuel
des procédures, le délai « incompressible »
observé pour les évaluations les plus récentes n'est pas
inférieur à deux ans. Des progrès seraient-ils
susceptibles d'être réalisés afin de raccourcir les
procédures de sélection, par le biais d'appel d'offres, des
prestataires de services susceptibles de réaliser les études
techniques et statistiques qui constituent la « matière
première » des évaluations
? Telle est la
question que votre rapporteur pour avis entend poser au Gouvernement à
l'occasion de l'examen du budget. Il s'avère, en effet, que le
délai minimum de deux ans nécessaire pour la publication d'une
évaluation résulte largement de la procédure de mise en
concurrence des prestataires intéressés, les services du
ministère de l'économie et des finances exigeant que celle-ci
soit mise en oeuvre simultanément pour l'ensemble des marchés
intéressant une même étude. C'est pourquoi votre commission
s'interroge sur les mesures concrètes qui pourraient être
instituées afin que le respect des principes de mise en concurrence n'ai
pas pour effet d'allonger à l'excès les délais.