II. LES PARTENAIRES DU CGP ET LES DESTINATAIRE DE SES TRAVAUX : UNE COOPÉRATION AVEC LE PARLEMENT SUSCEPTIBLE D'ÊTRE AMÉLIOREE
Comme le
rappelle le rapport annuel du Commissariat général du plan (CGP),
le Premier ministre a souhaité que cette institution
spécifiquement française exerce une «
fonction
particulière
»
1(
*
)
au sein du «
dispositif
français de préparation des décisions
gouvernementales
»
2(
*
)
.
C'est donc dans le cadre de
l'action gouvernementale que s'inscrivent les activités du CGP
.
Votre rapporteur pour avis estime
que le Commissariat général
du plan devrait entretenir des relations plus étroites avec les deux
chambres qui composent le Parlement
. En effet, bien loin de n'être
que l'un des organes de préparation des «
décisions
gouvernementales
», pour reprendre les termes mêmes du
rapport annuel précité, il doit être au service de l'Etat,
à commencer par celui de la représentation nationale. Bien des
progrès pourraient être accomplis sur ce point, faute de quoi l'on
confondrait, de façon abusive, l'Etat avec l'exécutif, quand bien
même celui-ci n'est qu'un des organes de celui-là.
Force est de constater, en effet, que le Commissariat général
entretient des relations plus suivies avec le Conseil économique et
social ou avec le Conseil d'analyse économique constitué par le
Premier ministre qu'avec les deux Assemblées du Parlement.
1. Des relations assez suivies avec le Conseil économique et social
Le CGP
entretient des contacts avec le Conseil économique et social (CES).
C'est ainsi que celui-ci a
été saisi par le Premier ministre,
le 17 juillet 2000, pour débattre du
Rapport sur les
perspectives de la France
dont M. Lionel Jospin avait demandé
l'élaboration. Ce document, rendu public le 6 juillet 2000, a
été élaboré à la suite des travaux d'une
commission de concertation, nommée par arrêté du Premier
ministre, laquelle comprenait des représentants des associations
d'élus, des partenaires sociaux et des experts. Le Conseil
économique et social a rendu son avis sur ce texte le 29 novembre
2000.
Cette consultation sur les travaux du plan entre pleinement dans le champ
qu'ouvre l'article 70 de la Constitution du 4 octobre 1958, lequel
prévoit que le Conseil économique et social peut être
consulté par le Gouvernement sur tout problème de
caractère économique ou social. Aussi votre commission des
Affaires économiques se félicite-t-elle de la contribution du CES
aux travaux du plan.
2. Le rôle spécifique du Conseil d'analyse économique
Le
Conseil d'analyse économique (CAE) a été
créé par décret du 23 juillet 1997. Il a pour mission
de livrer au Premier ministre, qui le préside, des points de vue et des
analyses d'experts en vue d'éclairer les choix du gouvernement en
matière économique. Il comprend 39 membres désignés
par arrêté du Premier ministre, dont le Commissaire au plan et le
chef du service économique, financier et international qui en font
partie de droit et participent à ses travaux.
Selon les informations communiquées à votre rapporteur pour avis,
en réponse à ses questions, ce conseil est «
un lieu
de confrontation sans a priori où tous les avis peuvent s'exprimer, sans
qu'il y ait nécessairement consensus.
» En outre,
«
les travaux du CAE sont animés par une cellule permanente
de 17 membres dont le Président délégué, le
Secrétaire général, quatre conseillers scientifiques (dont
deux sont en même temps membres du CAE), une assistante pour les
publications, et une documentaliste.
» Le budget du Conseil est
de 2,46 millions de francs.
Les 33 rapports qu'il a élaborés ont été
publiés et diffusés par la Documentation française, et
tirés à 3.000 ou 4.000 exemplaires.
Outre un séminaire mensuel sur le développement, le CAE
poursuivra, dans les mois à venir, ses travaux sur : les
enchères publiques, les conséquences économique du
vieillissement, la gouvernance mondiale, les perspectives de l'UMTS, l'effet de
serre et la monnaie électronique.
Votre commission constate que la création du CAE est
caractéristique de la multiplication des structures de réflexion
qui gravitent dans l'orbite du plan et parfois même dans le champ des
prérogatives du Commissariat général
. Elle rappelle
que sans compter les instances d'évaluation dont il assure le
fonctionnement, le plan subventionne, outre le Conseil d'analyse
économique, non moins de quatre organismes d'études
économiques ou sociales (CREDOC, CEPREMAP, IRES, OFCE), outre les deux
institutions qui lui sont budgétairement rattachées (CEPII et
CSERC). Etait-il, dès lors si nécessaire de constituer une
nouvelle structure ad hoc ? Ses créateurs ont-ils jugé
l'indépendance des autres organismes d'études trop étendue
à leur gré ?
Votre rapporteur pour avis s'interroge sur
ce point
.
3. Des progrès à réaliser en matière de communication en direction des relais d'opinion et du grand public
Votre
rapporteur pour avis considère qu'eu égard à la
qualité des travaux du plan, il conviendrait de leur donner une plus
grande diffusion.
Il résulte des informations qui lui ont été
communiquées que
les moyens humains et les crédits
affectés à la communication du Commissariat général
sont très -voire trop- limités
. Il n'existe, pour le moment,
pas de service spécifique de la communication dans cette institution
dont l'une des fonctions est pourtant de contribuer aux débats -et donc
à l'information- de notre société en général
et de ses « relais d'opinion », en particulier.
Des
progrès mériteraient, à n'en pas douter, à coup
sûr, d'être réalisés sur ce sujet essentiel dans un
environnement ou le « faire savoir » est presque aussi
prisé que le « savoir faire »
.
Cette situation s'explique, pour partie, par une raison technique qui tient
à la
globalisation des crédits
. Celle-ci, qui tend
à assouplir le principe de spécialité des lignes
budgétaires, aboutit à limiter la lisibilité des documents
comptables annexés au projet de loi de finances en
« noyant » les crédits de communication dans la
masse des crédits de fonctionnement.
4. Une question de principe : les relations du Parlement et du Commissariat général
Pour
votre rapporteur pour avis, il existe également un déficit de
communication et d'échanges entre le Commissariat au plan et les deux
chambres du Parlement.
C'est ainsi qu'
il
aurait été souhaitable que le
Parlement soit officiellement consulté
à l'occasion de
l'élaboration de documents tels que le
Rapport sur les perspectives
de la France
, eu égard à l'incidence que ce document est
susceptible d'avoir sur les politiques publiques. Le rapporteur spécial
des crédits du plan devant l'Assemblée nationale, M. Georges Tron
a d'ailleurs également observé, dans son dernier rapport, que ce
document devrait
«
être transmis au Parlement
accompagné d'une lettre du Premier ministre précisant les
principaux enseignements que le Gouvernement entend en tirer. [mais que] Cette
lettre n'a toujours pas été adressée aux
assemblées.
»
3(
*
)
Il existe donc une
pleine convergence de vues entre l'Assemblée
nationale et le Sénat sur ce point
. On rappellera, au demeurant que
l'avant-dernier alinéa de l'article 34 de la Constitution dispose
que ce sont des lois de programme -et non de simples rapports- qui
«
déterminent les objectifs de l'action économique
et sociale de l'Etat
. »
Les activités du CGP
intéressent donc, au premier chef, le Parlement, tant dans le cadre de
son activité normative que dans celui du contrôle qu'il exerce sur
l'action du Gouvernement
.
Considérant que l'exécutif n'est pas le seul organe de l'Etat et
prenant acte de ce que
la planification
, entendue comme la fixation
d'objectifs globaux par une loi de plan,
est tombée en
désuétude
depuis l'adoption de la loi n°83-653 du
29 juillet 1983 portant réforme de la planification,
votre
rapporteur pour avis juge souhaitable que le Parlement soit davantage
associé au choix des sujets traités afin que ceux-ci contribuent
à éclairer, chaque année, le débat relatif au
projet de loi de finances. Le législateur serait ainsi à
même de valider les conclusions des rapports et de suivre, à moyen
terme, le sort fait aux recommandations issues des travaux du plan
. Cette
question est, au demeurant, intimement liée au renforcement des moyens
d'évaluation de ces politiques qui fera l'objet du chapitre 3 du
présent rapport pour avis.