B. LE RÔLE DÉCLINANT DE LA FRANCE DANS LA DÉTERMINATION DES POLITIQUES DE DÉVELOPPEMENT

Le souci d'une meilleure articulation des aides bilatérales et multilatérales ne s'impose pas seulement à l'échelle de l'Europe ; il concerne également les institutions de Bretton Woods. Or, jusqu'à présent, la concertation avec ces organismes présente un caractère plus formel qu'opérationnel. L'effort de coordination pourrait sans doute plus aisément se concrétiser si la France avait davantage qu'aujourd'hui la capacité de peser sur les décisions des institutions de Bretton Woods.

1. Une coopération plus formelle que réelle

La France participe régulièrement aux " groupes consultatifs " organisés par la Banque mondiale. Ces réunions annuelles associent les donateurs avec les pays bénéficiaires afin de discuter les orientations fondamentales et les priorités de l'aide. Ces réunions sont aujourd'hui trop enfermées dans un cadre formel. Aussi, notre pays a-t-il avancé plusieurs propositions pour rendre à cet exercice son utilité : ouverture des groupes consultatifs au secteur privé et à la société civile, réunion des donateurs lors de la présence des pays bénéficiaires. La France a également suggéré que les groupes se réunissent alternativement entre les sièges des bureaux de la Banque et le pays bénéficiaire.

De même, les " tables rondes " des Nations unies -pour les pays qui ne sont pas concernés par les groupes consultatifs- devraient être adaptées.

Les propositions françaises auraient sans doute plus de chance d'aboutir si notre pays savait mieux faire entendre sa voix au sein de ces instances. Or, il faut le souligner, son influence tend à décliner.

2. Une difficulté certaine à peser sur les décisions des organisations multilatérales

Cette évolution trouve son origine dans la réduction de l'effort financier consacré par la France à l'aide au développement tant bilatérale que multilatérale. Les contributions volontaires françaises à l'aide multilatérale au développement (contributions aux organisations spécialisées des Nations unies, versement aux banques et fonds de développement) ont connu une érosion constante entre 1994 et 1999. Sur cette période, elles sont en effet passées de 4,7 milliards de francs à 3 milliards de francs, (soit 9 % du montant total de l'aide publique au développement). A titre d'exemple, notre pays a apporté une contribution de 12 millions de francs à ONUSIDA, le programme commun de lutte contre le SIDA coparrainé par les Nations unies (OMS, PNUD, UNICEF, FNUAP, UNESCO) et la Banque mondiale. Cette contribution peut paraître très limitée au regard de la priorité affichée à juste titre par la France à la lutte contre ce fléau.

Le ministre délégué à la coopération a souligné devant notre commission sa volonté de mieux valoriser notre expérience et notre savoir-faire par une " participation plus active aux grands débats internationaux sur les thèmes transversaux de la coopération internationale ". L'intention, certes, est louable, encore faudrait-il qu'elle soit relayée par un effort financier sans lequel notre pays ne saurait réellement exercer une réelle influence dans la détermination des grandes orientations en matière de politique d'aide.

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