E. L'INVESTISSEMENT PRIVÉ, FACTEUR DE DÉVELOPPEMENT SOUS RÉSERVE QUE LES INTÉRÊTS DES COMMUNAUTÉS FRANÇAISES À L'ÉTRANGER BÉNÉFICIENT D'UNE PLUS GRANDE ATTENTION DE LA PART DES POUVOIRS PUBLICS
L'érosion constante de l'aide publique au développement doit conduire à rechercher des moyens complémentaires d'assurer le développement des économies du sud. L'investissement privé apparaît de ce point de vue comme l'une des clés d'une croissance durable.
Or, jusqu'à présent, l'Afrique demeure dans une large mesure délaissée par les investisseurs étrangers. En effet, d'après le rapport de la CNUCED sur l'investissement dans le monde, rendu public en octobre dernier, les flux à destination du continent n'avaient représenté en 1999 que 9 milliards de dollars, soit 1 % seulement de la totalité des investissements étrangers directs. Encore ces capitaux se concentrent-ils sur un petit nombre de pays (principalement l'Afrique du Sud et le Nigeria en Afrique subsaharienne) et privilégient-ils le secteur énergétique.
Il n'en reste pas moins que l'Afrique subsaharienne et, en particulier, la zone franc, présente un potentiel économique à même de susciter l'intérêt des investisseurs. Ainsi, en 1998, alors même que les investissements étrangers en Afrique avaient régressé de 11 % par rapport à l'année précédente -passant de 9,3 à 8,3 milliards de dollars- les flux, d'après le rapport du Conseil des investisseurs français en Afrique (CIAN) avaient crû de 56 % dans la zone franc (en partie en raison des investissements français au Gabon et en Guinée équatoriale). En 1998, dix pays ont concentré 81 % des investissements privés français vers l'Afrique : Gabon, Congo, Egypte, Angola, Tchad, Afrique du Sud, Cameroun, Libye, Tunisie et Maroc.
Encourager ce mouvement suppose d'abord de la part des pays africains qu'ils mettent en place un cadre institutionnel et juridique stable sans lequel la confiance, indispensable pour les acteurs économiques, ne saurait s'instaurer.
Mais notre pays a aussi une responsabilité cruciale à exercer dans ce domaine, en apportant à nos ressortissants qui prennent le risque de s'expatrier et de parier sur l'Afrique, les garanties nécessaires. Or il faut admettre que nos compatriotes en Afrique n'ont pas bénéficié de l'attention nécessaire de la part des pouvoirs publics. Les autorités, quelles qu'elles soient, n'ont pas toujours assumé le rôle qui leur incombait, qu'il s'agisse du problème récurrent des pensionnés français ayant exercé en Afrique ou encore de l'absence d'indemnisation pour nos compatriotes victimes d'événements politiques qui laissent beaucoup d'entre eux ruinés et désespérés.
Conforter la situation des Français établis en Afrique sera pourtant, il faut encore le souligner, le meilleur moyen de favoriser les flux de capitaux vers le continent.