C. TENTATIVES D'AMÉLIORATION
L'amélioration des programmes devrait porter sur trois disciplines essentielles de l'enseignement/apprentissage du français, la phonétique, la grammaire et la littérature. Tenant compte des contraintes du contexte coréen, ces propositions ne visent pas à changer fondamentalement les méthodes existantes, mais à apporter quelques modifications pour faire évoluer cet enseignement/apprentissage dans un sens plus pratique et concret.
1. Travail systématique de la phonétique
Les élèves coréens sont
très sensibles à la
" bonne prononciation ",
dès qu'il s'agit d'une langue étrangère. Ils
apprécient les premières leçons consacrées à
la familiarisation avec les sons nouveaux, la correction phonétique
systématique avec rappel des règles... tout ce qui les aide
à améliorer leur prononciation.
La phonétique est essentielle, d'abord pour bien comprendre la langue
et aussi pour se faire comprendre ; on ne mettra jamais assez l'accent sur ce
point au cours de l'enseignement/apprentissage, d'autant plus que la
correspondance exacte entre les quarante sons coréens et les trente-six
sons français est extrêmement rare. Cet élément
fondamental est malheureusement souvent négligé en raison du
manque de compétence des enseignants, qui ne possèdent pas de
connaissances techniques précises pour intervenir dans la correction
phonétique de leurs élèves.
Il n'est donc pas étonnant qu'un étudiant coréen sur deux
éprouve de grandes difficultés face au système
phonologique du français qui lui semble si différent. La plupart
d'entre eux trouvent insuffisants les exercices de simple
répétition de phrases, proposés dans beaucoup de
méthodes.
Il est urgent d'introduire une nouvelle méthode de phonétique
adaptée aux différents niveaux des étudiants, comme le
propose Elisabeth GUIMBRETIERE.
Pour les débutants
, la connaissance des sons nouveaux se fera
par la mise en évidence des sons propres à la langue
française :
·
comparaison des voyelles existantes en français et
non existantes en coréen, conduisant à un panorama de toutes les
voyelles françaises ;
·
comparaison des consonnes en français et en
coréen, en vue de mettre en évidence les sons particuliers du
français, inconnus des Coréens ;
·
familiarisation avec ces sons nouveaux ;
·discrimination et reconnaissance des sons par des exercices
proposés ;
·
activités de production des sons placés dans
un contexte facilitant.
Ce travail systématique permettra de se rendre compte des
caractéristiques des sons français :
" tension,
acuité, labialité " (Elisabeth
GUIMBRETIERE)
48
, et de la position de la langue en avant et en
arrière, et non pas vers le haut et vers le bas comme en anglais.
A l'issue de ces différentes étapes et une fois que les sons
nouveaux seront bien intégrés, l'importance de la prosodie pourra
être clairement énoncée : la prosodie française
qui obéit à des règles précises -l'accent tonique
portant sur la dernière syllabe non muette- et son apparente similitude
à celle du coréen.
Pour le niveau avancé
, l'accent sera mis sur les
différents procédés de mise en valeur permettant de
maîtriser la prosodie française. Les étapes suivantes
pourront être envisagées :
·
après quelques écoutes du document sonore,
repérage des variations de débit : souligner les endroits
où le débit s'accélère ou ralentit ;
·
sensibilisation à l'intonation montante ou
descendante ;
·
travail sur la segmentation et sur la fonction des pauses :
voir où s'arrête la phrase et pourquoi ;
·
étape de production dans un contexte précis :
mettre en valeur tel mot à partir d'une phrase donnée.
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48
Plaisir des Sons, Hatier, 1989, p. 9.