3. Importance grandissante de la langue-culture japonaise

Malgré le rejet officiel, par les autorités coréennes, des manifestations culturelles japonaises, on assiste, depuis une dizaine d'années, à une pénétration grandissante de cette culture dans la vie quotidienne, ainsi qu'au développement rapide de l'enseignement/apprentissage du japonais.

Des expositions d'art (peinture, calligraphie, arrangement floral) sont régulièrement organisées en collaboration avec des artistes locaux. En outre, face à l'omniprésence de la presse et des films en vidéocassette provenant du Japon, on a le sentiment que le contact avec la langue-culture japonaise a lieu de manière discrète en public, mais beaucoup plus expansive en privé.

Depuis l'acceptation du japonais par le Ministère de l'Education comme seconde langue étrangère, bon nombre de lycées, en particulier les lycées techniques, ont choisi cette langue, facile à assimiler et utile pour la recherche d'un emploi. De plus, géographiquement, le Japon est un voisin et, en raison de sa réussite, un voisin très attractif. Pour ces raisons, le japonais s'impose de plus en plus, au détriment de l'allemand et du français.

Dans l'enseignement secondaire, le japonais vient en seconde position après l'allemand, mais devant le français. En faculté, il arrive seulement en cinquième position. Néanmoins, le nombre d'étudiants de la section de langue et de littérature japonaises s'accroît et cette langue, enseignée comme option, progresse également.

Dans les instituts privés, le japonais a autant de poids que l'anglais, car la puissance économique du Japon crée le besoin de négocier les affaires dans cette langue. Ces instituts proposent systématiquement des cours d'anglais et de japonais avec des méthodes connues du grand public. L'apparition des méthodes d'auto-apprentissage est aussi à noter : une chaîne de télévision japonaise (NHK) a mis au point une méthode audiovisuelle présentée sous forme de vidéocassettes. Ce type d'enseignement recueille un immense succès : son contenu répond parfaitement aux besoins et aux attentes du public et sa diffusion en est facilitée par l'usage très répandu du magnétoscope dans les foyers coréens.

Enfin, le Centre Culturel Japonais propose des cours de langue gratuits, avec une sélection et une évaluation rigoureuses des candidats. La qualité de l'enseignement y est appréciée. Son organisation valorise davantage le statut de la langue et encourage l'intérêt grandissant du public à son égard : examen d'entrée, contrôle continu, obtention de certificat... ce qui n'existe pas dans les autres instituts de langues. Un autre avantage repose sur les échanges faciles organisés pendant et après ces programmes d'études : stages de langue sur place, visites du pays.

Par ailleurs, le Japon devient l'autre destination pour des études prolongées 20 . Alors que les Etats-Unis ont longtemps constitué la destination privilégiée pour les professeurs et étudiants coréens, les pays d'Asie, Corée, Taïwan, Singapour, comptent désormais sur le Japon pour leur formation scientifique et technologique. Les étudiants asiatiques commencent à être présents dans les universités et laboratoires japonais, sans être pour autant aussi nombreux qu'aux Etats-Unis (50 000 étudiants étrangers en 1992, soit quatre fois plus qu'en 1982).

Les Coréens choisissent le Japon, non seulement pour la facilité des échanges, mais aussi pour la qualité de l'enseignement, réputée dans toute l'Asie. Pour les Asiatiques, en effet, la poursuite des études au Japon représente l'occasion unique d'apprendre auprès des meilleurs professeurs. De plus, dans divers domaines, l'enseignement correspond à une technologie très avancée. Un ancien informaticien du groupe coréen GOLDSTAR s'est inscrit, après avoir quitté son travail, en maîtrise d'ingénierie mécanique à l'Institut de Technologie de Tokyo. " Après six ans de travail en Corée sur ce sujet, j'ai compris que le Japon était véritablement à la pointe dans ce domaine ", explique-t-il.

Les étudiants consacrent, en général, un an à la maîtrise de la langue avant d'entamer leur cursus universitaire. Il est bien évident qu'ils ont des difficultés à rattraper les Japonais de souche. Cependant, certains réussissent brillamment : en 1992, le lauréat de la Faculté des Sciences de l'Université de Tokyo était un étudiant originaire de Singapour, ce qui a constituté un événement dans l'histoire des universités japonaises.

La politique du Japon, qui veut éviter les problèmes d'immigration, encourage les étudiants et les chercheurs de passage à rentrer chez eux. Les bourses sont peu nombreuses. La plupart financent eux-mêmes leur formation, malgré la cherté

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20
Cf. Le Japon séduit les étudiants asiatiques, Courrier international, 18 novembre 1993, p. 24.

du coût de la vie, s'ajoutant aux frais d'inscription, 25 000 francs par an pour le troisième cycle d'une université nationale et le double dans une faculté privée.

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