D. PROBLÈMES RELATIFS AU SYSTÈME UNIVERSITAIRE

1. Un système confronté à un afflux massif d'étudiants

L'enthousiasme dont font preuve les Coréens vis-à-vis de l'éducation, la recherche de la réussite sociale conditionnée par l'obtention du diplôme universitaire et le nombre de places encore insuffisant dans les facultés, malgré la forte augmentation de ces dernières années, ont creusé un décalage énorme entre l'offre et la demande dans l'enseignement supérieur. Les universités coréennes sont confrontées à un afflux massif d'étudiants qui entraîne une dégradation de la qualité de l'enseignement.

Depuis la fondation de l'Université Nationale de Séoul en 1946, la première de type occidental en Corée, le nombre d'établissements supérieurs et d'étudiants a augmenté de façon spectaculaire.

En 1986, la Corée possédait 100 universités, fréquentées par 250 650 étudiants et, en 1992, 134 établissements pour 1 090 000 étudiants. Le nombre d'universités est donc tout à fait insuffisant pour absorber cet énorme surplus d'étudiants. Chaque année, environ 800 000 candidats se présentent au concours d'entrée. Seuls 300 000 sont admis et les autres tentent leur chance l'année suivante, sans aucune garantie de succès. Cet important problème de redoublement pousse souvent les parents à envoyer leurs enfants à l'étranger, pour qu'ils apprennent au moins une langue étrangère. Cela peut être une solution dans l'immédiat, mais sûrement pas une solution définitive car, sans diplôme universitaire, ils auront, à leur retour en Corée, des difficultés à trouver du travail. Beaucoup de Coréens s'interrogent donc sur le devenir de ces étudiants à l'étranger.

La conséquence majeure de cet afflux d'étudiants est un manque de moyens humains et financiers, comme le montre un rapport récent de l'Université de Yonsé à Séoul.


·
manque de moyens humains :

Chaque section universitaire a, en moyenne, quatre à cinq cents étudiants. Dans certains cas extrêmes, un département compte 2 300 étudiants pour 28 professeurs.

Confrontés au problème des sureffectifs, les enseignants ont aussi plusieurs rôles à effectuer : chacun doit, en plus de dix heures de cours par semaine, mener son travail de recherches, en présenter régulièrement les résultats 15 , mais aussi s'occuper d'une quarantaine d'étudiants. Il s'agit là d'un travail supplémentaire, imposé par le Ministère de l'Education, dans le but précis de mieux contrôler chaque membre du département. En définitive, les tâches complémentaires ayant autant d'importance que les cours, les enseignants éprouvent beaucoup de difficultés à accomplir tout le travail imposé.

De nombreux enseignants à temps partiel ont dû être engagés pour compenser le nombre insuffisant des titulaires. Malgré une rémunération extrêmement faible, beaucoup acceptent cette expérience, car elle leur est comptée pour leur carrière dans l'attente d'être titularisés.


· manque de moyens financiers :

Les universités nationales y échappent, grâce aux subventions gouvernementales et aux généreuses et régulières contributions externes qui s'ajoutent aux droits d'inscription assez élevés, tandis que les universités privées trouvent l'essentiel de leurs ressources dans la perception de ces droits d'inscription. Ces derniers augmentent chaque année, mais sans pouvoir, à eux seuls, permettre le bon fonctionnement de ces universités.

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15
Nombre de résultats de recherches établi entre 1987 et 1993 : 158 735 à l'Université de Harvard, 89 537 à l'Université de Tokyo, 6 455 à celle de Hong-Kong, 4 478 à l'Université Nationale de Séoul, 1 689 à l'Université de Yonsé, 578 à celle des Philippines, SISA Journal, 30 septembre 1993, Séoul.

Les professeurs et les étudiants se plaignent des conditions de travail difficiles dans les laboratoires sans climatisation et dans les bibliothèques avec, en outre, trop peu de livres disponibles 16 , et de la lenteur des démarches pour obtenir de nouveaux matériels ou ouvrages scientifiques. D'autres sujets de mécontentement pourraient être cités... Ce double handicap sur le plan humain et financier ne peut être sans conséquences sur la qualité de l'enseignement.

Seules les écoles militaires ne rencontrent pas ces difficultés. Elles attirent les meilleurs éléments en raison de la gratuité des études et de la qualité des postes offerts à la sortie : parmi les cent cinquante hauts fonctionnaires du gouvernement actuel, seize sont issus de ces écoles, sans compter les trois derniers Présidents de la République.

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