CHAPITRE 2
PANORAMA DE LA CONJONCTURE
ÉCONOMIQUE EN
FINLANDE
I. LES « FONDAMENTAUX » SONT FAVORABLES
1. La politique budgétaire
Le
Gouvernement finlandais a présenté, en septembre 2000, le projet
de budget pour l'exercice 2001. Ce budget devrait s'élever à
196,6 milliards de markkaa, soit 33,1 milliards d'euros.
S'agissant des dépenses, un système de plafonds pluriannuels a
été mis en place.
Pour les contribuables, le projet de budget pour 2001 représente une
réduction d'impôts de 6,4 milliards de markkaa, soit 1,1 milliard
d'euros. L'imposition des salariés devrait ainsi, en moyenne, diminuer
de 1,5 point l'an prochain. Les réductions d'impôt pour 2001
devraient avoir un effet de relèvement des revenus nets. Mais la
question de la réduction de l'imposition des revenus salariaux sur le
moyen et le long terme reste centrale au regard des risques de réveil de
l'inflation hors prix du pétrole.
L'excédent budgétaire s'est établi à 1,9 % du PIB
en 1999 et à 4,5 %en 2000.
2. La réduction de la dette publique
Il est
prévu de réduire de 15 milliards de markkaa, soit 2,5 milliards
d'euros, la dette publique en 2001.
37 milliards de markkaa, soit 6,2 milliards d'euros, seront consacrés en
2001 au financement de la dette publique qui, à la fin de cet exercice,
devrait être ramenée à 375 milliards de markkaa, soit 63,1
milliards d'euros et 46 % du PIB.
3. La croissance
La
croissance économique se confirme plus rapide qu'on ne l'avait
prévue.
Le produit intérieur brut qui a cru de 5,7 % en 2000 devrait atteindre
4,5 % en 2001. Sur le début de la décennie, le PIB devrait ainsi
croître de 3,6 % l'an en moyenne.
Cette croissance est due à la vigueur des exportations et à une
bonne compétitivité, en particulier vis-à-vis des pays
hors zone euro.
La demande intérieure connaît, elle aussi, une bonne croissance et
son influence bénéfique devrait continuer à se faire
sentir en 2001.
Les investissements privés qui ont cru de 10,6 % en 2000 pourraient
progresser de 7,5 % en 2001. Quant aux investissements publics, qui ont
reculé de 3,8 % en 1999, ils ont augmenté de 6 % en 2000 et
pourraient progresser de 3,1 % en 2001.
4. La production industrielle : la forte hausse conjoncturelle se heurte aux manques de capacités
La
production industrielle a cru de 9,9 % en 2000 et pourrait augmenter de
7 % en 2001.
Le degré d'utilisation des capacités de production a atteint 92 %
dans l'industrie au cours du deuxième trimestre de 2000.
Les carnets de commande sont remplis, notamment ceux des petites et moyennes
entreprises, mais 32 % des entreprises souffrent, à présent, de
« goulots d'étranglement » de la production en
raison du manque de capacités.
5. Le commerce extérieur
Grâce à un fort développement de la demande
mondiale, les excédents de la balance commerciale et de la balance des
opérations courantes devraient atteindre des niveaux records
favorisés, il est vrai, par la faiblesse relative de l'euro.
L'excédent cumulé de la balance des transactions courantes pour
les neuf premiers mois de 2000 a atteint 6,4 milliards d'euros.
Les exportations qui avaient cru de 6,3 % en 1999 et de 10,7 % en 2000,
pourraient progresser de 7,4 % en 2001. Quant aux importations, après
avoir augmenté de 3,2 % en 1999, et de 8,3 % en 2000, elles pourraient
progresser de 5,8 % en 2001.
Ainsi, la balance commerciale devrait atteindre 75,3 milliards de markkaa, soit
12,7 milliards d'euros en 2000 et 79,4 milliards de markkaa, soit 13,4
milliards d'euros en 2001.
L'emploi : la tension sur la main-d'oeuvre s'accentue
Le taux de chômage est revenu à 8,9 % de la population active en
octobre 2000. Il pourrait passer à 8,6 % en 2001.
La baisse du chômage pourrait se ralentir. On pense toutefois qu'en 2004,
le taux de chômage pourrait avoisiner 7,5 % de la population active.
Un nouvel emploi sur quatre est créé dans l'industrie. Avec plus
de 500.000 emplois industriels -chiffre qui n'avait pas été
atteint depuis 1991- l'économie finlandaise est, de la sorte,
tirée par son industrie. 60.000 emplois y ont été
créés de 1994 à 1999 et, sur les seuls sept premiers mois
de 2000, 13.000 y sont nés. Le taux de chômage dans l'industrie
n'était ainsi que de 7,8 % en 2000
L'amélioration de l'emploi devrait, bien entendu, avoir un effet
bénéfique sur le pouvoir d'achat des ménages.
Toutefois, une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée affecte 10 %
des entreprises industrielles, notamment dans l'électronique,
l'électrotechnique, la métallurgie, la mécanique et le
bâtiment. Cette tension pourrait se traduire par une inflation des
salaires.
6. Les prix et les salaires
On ne
discerne plus actuellement, dans l'économie finlandaise, les
enchaînements inflationnistes typiques de la période
précédente. Toutefois, alors que la politique monétaire
est désormais l'apanage de la Banque centrale européenne, en
Finlande, les coûts ont augmenté plus vite que les prix de vente,
pesant sur l'amélioration de la rentabilité.
Les prix ont augmenté plus vite que les entreprises ne le
prévoyaient. Ils ont augmenté notamment dans des secteurs comme
la transformation des métaux, le papier et le bâtiment. Un
ralentissement des prix de vente était espéré au
troisième trimestre de 2000.
L'inflation qui ressortait de 1,2 % en 1999 et à 3,4 % en moyenne
en 2000 pourrait revenir à 2 % en 2001.
La faiblesse de l'euro et l'enchérissement des importations, en
particulier de pétrole, qui en résulte pèsent dans la
hausse des prix. Mais les facteurs intérieurs pèsent aussi. La
hausse structurelle du prix du logement joue notamment un rôle.
S'agissant des salaires, qui ont augmenté de 4,9 % en 2000, les
conventions collectives annuelles ou pluriannuelles entrant en vigueur à
compter de janvier 2001, qui ont abouti en novembre 2000, sont un des
facteurs-clés de l'économie au regard du risque inflationniste.
Aux termes de l'accord, les salaires pourraient croître de 3,1 % en 2001
et de 2,3 % en 2002 dans l'ensemble de l'économie et de 2,9 % en 2001
puis 2,3 % en 2002 dans l'industrie.