LA FINLANDE : LE PRAGMATISME TERRITORIAL ET LE SENTIMENT EUROPEEN A L'EPREUVE DU CLIMAT
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DÉLÉGATION DU GROUPE SÉNATORIAL
D'AMITIÉ
FRANCE-FINLANDE -
PROGRAMME DE LA VISITE EN FINLANDE
DU GROUPE SÉNATORIAL D'AMITIÉ FRANCE-FINLANDE
(22 au 26 janvier 2001) - INTRODUCTION
-
CHAPITRE PREMIER
ÉLÉMENTS POUR UNE APPROCHE
DE LA VIE POLITIQUE FINLANDAISE- I. UNE OPINION CONSENSUELLE...
- II. ... RÉGIE PAR UN GOUVERNEMENT « ARC-EN-CIEL »
- III. ...ET UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DONT LES POUVOIRS CONSTITUTIONNELS ONT ÉTÉ PROGRESSIVEMENT AMOINDRIS
- IV. LA PLACE DES FEMMES S'ÉLARGIT
-
V. LE SENTIMENT D'APPARTENANCE A L'EUROPE S'AFFIRME
- A. L'EUROPE DEVIENT UN THÈME ÉLECTORAL
- B. UN FINLANDAIS A JOUÉ UN RÔLE DÉCISIF DANS LE DÉNOUEMENT DE LA CRISE DU KOSOVO (mai-juin 1999).
- C. LA PRÉSIDENCE FINLANDAISE DE L'UNION EUROPÉENNE (juillet-décembre 1999) A ÉTÉ FÉCONDE
- D. L'EURO EST EN COURS D'ÉMISSION
- E. LE DÉBAT ENTRE « PETITS » ET « GRANDS » PAYS SE CONCLUT
- F. LES DOSSIERS MILITAIRES EUROPÉENS SONT APPRÉHENDÉS DE FAÇON SPÉCIFIQUE
- G. L'ENTRÉE DANS L'ESPACE « SCHENGEN » EST D'ACTUALITÉ
- VI. LES RELATIONS FRANCO-FINLANDAISES S'INTENSIFIENT
-
CHAPITRE 2
PANORAMA DE LA CONJONCTURE
ÉCONOMIQUE EN FINLANDE -
CHAPITRE 3
L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE :
UN CONCEPT INCONNU MAIS DES RÉALITÉS ARDUES- I. LES DONNÉES DE BASE : LES LIMITES DE L'OEKOUMÈNE ET LA MAÎTRISE DES INÉGALITÉS
- II. LES POLITIQUES RÉGIONALISÉES : LE MARCHÉ IMPOSE SES CHOIX
-
CHAPITRE 4
L'EDUSKUNTA -
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
EN LANGUE FRANÇAISE
LA
FINLANDE :
LE PRAGMATISME TERRITORIAL ET LE SENTIMENT
EUROPÉEN
À L'ÉPREUVE DU CLIMAT
__________
Compte rendu de la mission effectuée en Finlande par une délégation du Groupe sénatorial d'amitié France-Finlande du 22 au 26 janvier 2001
DÉLÉGATION DU GROUPE SÉNATORIAL
D'AMITIÉ
FRANCE-FINLANDE
Président de la Délégation
:
M. Jean-François LE GRAND,
Sénateur de la Manche, Président du Groupe sénatorial
d'amitié France-Finlande
Membres de la Délégation
:
M. Philippe
MADRELLE,
Sénateur de Gironde
M. François TRUCY,
Sénateur du Var
***
Secrétariat de la Délégation
:
M. Jacques BERNOT,
Conseiller
PROGRAMME DE LA VISITE EN FINLANDE
DU GROUPE SÉNATORIAL
D'AMITIÉ FRANCE-FINLANDE
(22 au 26 janvier 2001)
Lundi
22 janvier 2001
15 h 20 Arrivée à l'aéroport - Accueil par S. Exc. M.
Gilles d'HUMIERES, Ambassadeur de France
16 h 30 Visite du centre de la Ville d'Helsinki
17 h 50 Conférence à l'université d'Helsinki par le
professeur Matti KLINGE sur l'histoire de la Finlande dans le contexte
européen
19 h 30 Dîner offert par M. Henrik LAX, Président de la commission
des Lois, Président du Groupe d'amitié Finlande-France du
Parlement de Finlande.
Mardi 23 janvier 2001
09 h 00 Entretien avec M. Jukka MIKKOLA, Vice-Président du Parlement de
Finlande - Présentation du travail législatif et du rôle du
Parlement
10 h 00 Entretien avec M. Henrik LAX et avec le secrétariat de la Grande
Commission sur le traitement des questions européennes au Parlement
11 h 15 Entretien avec M. Erkki TUOMIOJA, Ministre des Affaires
étrangères
12 h 30 Déjeuner offert par S. Exc. M. Gilles d'HUMIERES, Ambassadeur de
France, en présence des Français impliqués dans la vie
économique à Helsinki.
17 h 05 Arrivée à Oulu
18 h 00 Visite du centre de la Ville d'Oulu
19 h 00 Dîner offert par la Ville d'Oulu à la Maison d'hôtes
de Pehkolanlampi - Hôte : M. Matti PIKKAAINEN, Conseiller municipal
d'Oulu.
Mercredi 24 janvier 2001
09 h 00 Entretien avec M. Lauri LAJUNEN, Recteur de l'université d'Oulu
10 h 00 Présentation des innovations technologiques à Oulu et
visite de quelques entreprises de technologies nouvelles
11 h 30 Départ d'Oulu pour Kemi par la route
13 h 00 Déjeuner offert par la Ville de Kemi - Hôte : M.
Kalervo UKKOLA, Maire de Kemi
15 h 00 Visite en autocar de la Ville de Kemi et du Château de neige
19 h 00 Arrivée à Rovaniemi - Visite du centre de la ville
20 h 00 Dîner offert par le Consul honoraire de France, M. Marrku AUTTI,
à la Maison d'hôtes de Kemijoki Oy.
Jeudi 25 janvier 2001
10 h 00 Entretien avec Mme Hannele Pokka, Préfet de la province de
Laponie
11 h 30 Entretien avec M. Mauri YLÄ-KOTALA, Doyen de l'université
de Laponie
Présentation de la faculté des arts et du design de
l'université
13 h 00 Déjeuner offert par l'université de Laponie à
l'Arktikum
14 h 00 Visite de l'Arktikum, centre scientifique et musée
présentant les régions arctiques, leur mode de vie, arts, moeurs
et cultures
16 h 00 Visite au cercle polaire
17 h 00 Visite à Santa Claus Park
20 h 00 Dîner offert par la Ville de Rovaniemi dans une ferme
d'élevage de rennes - Hôte : M. Matti PELTTARI, Maire de
Rovaniemi.
Vendredi 26 janvier 2001
08 h 00 Présentation de la garnison de Rovaniemi - Hôte :
Major Pekka HELASTERÄ, commandant le régiment anti-aérien
10 h 30 Présentation des Gardes-frontières à la
frontière la plus septentrionale de l'Union européenne et des
modalités de l'application des accords de Schengen - Hôte :
Colonel Mikko KIRJAVAINEN
12 h 00 Dejeuner au Cercle des gardes-frontières
13 h 00 Départ de Rovaniemi
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
Les relations parlementaires franco-finlandaises sont confiantes et actives.
Sur la période récente, elles ont donné lieu, en septembre
1997, à une visite en France d'une délégation du groupe
« Finlande-France » de la Chambre des députés
de Finlande (Eduskunta), puis, en octobre 1998, à une visite officielle
en France de Mme Riita UOSUKAÏNEN, présidente de cette
assemblée. Le Groupe d'amitié
« Finlande-France » de l'Eduskunta s'est, à nouveau,
rendu en visite en France en novembre 2000. Par ailleurs, bon nombre de
réunions bilatérales ou multilatérales ou missions ont
permis, dans les contextes inter-parlementaires ou européens, aux
parlementaires des deux pays de se côtoyer et de travailler ensemble.
Ainsi, la dernière mission effectuée en Finlande par un
Sénateur français l'a-t-elle été par notre
éminent collègue, M. Claude HURIET, dans le cadre des travaux de
la commission des Affaires sociales, du 6 au 10 août 2000.
C'est rappeler dans quel climat de cordialité le Groupe
sénatorial d'amitié France-Finlande a été
invité par son homologue, le groupe Finlande-France de
l'Assemblée de Finlande, à se rendre dans ce pays du 22 au 26
janvier 2001.
La composition de la délégation envoyée par le Groupe
sénatorial d'amitié, de même que le programme de son
séjour sont présentés ci-dessus.
Mise à part la présentation de la vie parlementaire finlandaise
-exercice évidemment attendu dans un tel rapport-, les circonstances de
cette visite ont semblé propices à un renouvellement du regard
que les Français portent sur les réalités, tant politiques
qu'économiques, qui, depuis l'entrée de la Finlande dans l'Union
européenne en 1995, ont souvent et profondément
évolué dans ce pays.
La Finlande est, en effet, entrée, au terme de sa présidence de
l'Union européenne qui s'est achevée en décembre 1999 et
de l'élection présidentielle de février 2000, dans
une
période de relative stabilité des perspectives politiques
.
Sur le plan intérieur, en principe, les prochaines élections
législatives n'interviendront pas avant 2003. Au niveau européen,
un nouveau Parlement européen et une nouvelle Commission ont
été mis en place, la question de l'expression des
majorités a été tranchée : le cadre
institutionnel s'est donc fixé.
Or, à cette stabilité s'oppose l'extraordinaire
évolutivité de l'économie finlandaise dans quelques
secteurs particulièrement prospères. Il apparaissait donc
intéressant de faire un point de situation non seulement sur le plan de
la politique intérieure mais aussi sur le plan des performances
économiques.
Toutefois, la Finlande ayant fait, dans la période récente,
l'objet de publications, notamment en langue française
1(
*
)
, qui décrivent de façon parfaitement
actualisée ce pays, il importait de fournir des éclairages aussi
inédits que possible sur un sujet avec lequel les Français
commencent à se familiariser.
Enfin, l'originalité de ce déplacement résidait à
la fois dans un de ses principaux thèmes -
l'aménagement du
territoire
- et dans la saison à laquelle il a été
effectué :
l'hiver
. Le présent rapport
présente donc quelques éléments d'analyse des
disparités géographiques et climatiques finlandaises et des
moyens consacrés à les surmonter.
CHAPITRE PREMIER
ÉLÉMENTS POUR UNE APPROCHE
DE
LA VIE POLITIQUE FINLANDAISE
I. UNE OPINION CONSENSUELLE...
La
Finlande apparaît, comme un pays consensuel relativement à bien
d'autres. Plusieurs facteurs concourent à la recherche d'un tel
consensus dans l'opinion.
Les leçons de l'histoire
, d'abord. Une histoire marquée
par les dominations successives -depuis le XII
ème
siècle, de la Suède puis, de 1809 à 1917, de la Russie- et
par le resserrement des solidarités que ces dominations ont induites
pour le peuple de Finlande. Une histoire marquée, immédiatement
après l'indépendance de 1917, par une guerre civile entre
« blancs » et révolutionnaires qui, en trois mois,
causa la mort de 35.000 personnes. Une histoire marquée enfin par la
terrible guerre d'hiver menée contre l'Union Soviétique en
1939-1940. Le souci de l'unité comme le prix du sang ne sont pas de
vains mots pour les Finlandais.
Mais, au-delà de l'histoire, il faut trouver la source du consensus dans
les
mentalités
. Marquées sans doute par le climat,
celles-ci sont portées, sinon à la mélancolie, du moins
à la réserve. Dans l'enceinte du Parlement, les applaudissements
sont ainsi rares, de même que les interruptions. Le devoir de respecter
la parole et l'expression des autres est particulièrement
observé, y compris par les enfants. Le fonds religieux luthérien
-vivace puisqu'il caractérise plus de 85 % de la population- implique la
rigueur au travail, le souci des missions consciencieusement remplies,
l'exactitude dans les rendez-vous d'affaires.
Certains commentateurs soulignent le poids des conventions mais d'autres font
valoir que celui-ci doit être analysé comme une résistance
instinctive à l'irrationnel qui, dans le monde arctique, conserve une
place. Le chamanisme a ainsi fait l'objet d'allusions renouvelées.
Le respect de la convivialité est sensible. Le meilleur de celle-ci
n'est-il pas consacré aux propos de fin de repas et... aux pas de
tango ?
Du tango finlandais
Le
goût des Finlandais pour le tango est inexpliqué. Sans doute la
danse est-elle un moyen pour les couples de faire connaissance dans les bals
sans encourir les commentaires d'une société dont nous avons vu
qu'elle était imprégnée de rigueur protestante et, en
fait, peu nombreuse.
Toujours est-il que les années 1960 ont été
marquées par un véritable
« raz-de-marée » de tangos, dont les mélodies
intégraient les rythmes des musiques locales ou environnantes faute de
pouvoir s'inspirer de l'exemple argentin.
Les années 1990 ont laissé place à la nostalgie de ces
années 1960 et ont donné lieu à une série de films
ou d'émissions de télévision faisant la part belle au
tango.
Ainsi, les mentalités sont-elles spontanément portées
à une forme de consensus.
Cette propension est notamment perceptible dans le secteur de la justice
où le citoyen finlandais préférera recourir à
l'arbitrage ou à la conciliation qu'à la saisine des juridictions.
Quelques signes révèlent cette même tendance en politique.
La participation aux grandes échéances électorales est
importante. Ainsi, lors de l'élection présidentielle de
février 2000, le taux de participation a-t-il atteint 80,2 %.
Si les abstentions ont atteint 70 % aux élections
européennes de juin 1999, il faut y voir la conséquence d'un
enjeu jugé moins décisif, de même pour les élections
municipales du 22 octobre 2000 où la participation a plafonné
à 55,8 %.
S'agissant de la doctrine de défense et de la non-appartenance à
l'OTAN, le maintien du statu-suo est prôné par tous même si,
pendant la campagne pour l'élection présidentielle de 2000,
seules Mme REHN et un candidat plus marginal, M. KUISMA, ont fait entendre, sur
ce point, quelques dissonances.
S'agissant enfin de la politique intérieure, la thèse de
l' « Etat-providence » -thème traditionnel de
la gauche et, notamment, de la centrale SAK- a été repris pendant
la campagne par la plupart des candidats.
II. ... RÉGIE PAR UN GOUVERNEMENT « ARC-EN-CIEL »
Le
Gouvernement émane de la majorité parlementaire. Il n'est
désigné que formellement par le Président de la
République.
Les élections législatives de mars 1999 ont traduit un
léger glissement à droite de l'électorat et le recul
relatif des sociaux-démocrates qui, perdant 12 sièges, en ont
conservé 51 avec 22,9 % des suffrages exprimés. Les centristes
les suivaient de près avec 48 sièges, en progrès de 4
sièges, et avec 22,4 % des suffrages. Les conservateurs ont gagné
7 sièges avec 46 députés et 21 % des suffrages. Les
ex-communistes de l'Alliance ont obtenu 10,9 % des suffrages et 20
sièges. Enfin, il faut évoquer le traditionnel rôle de
« pivot » du Parti libéral suédois (11
sièges), celui des Verts (11 sièges également) et celui de
l'Union chrétienne (10 sièges).
Composition du Gouvernement
Premier ministre :
M. Paavo LIPPONEN
(SDP - Social démocrate)
Premier ministre a.i. et ministre des finances :
M. Sauli NIINISTO
(KOK - Rassemblement national)
Ministre des Affaires étrangères :
M. Erkki TUOMIOJA
(SDP - Social démocrate)
Ministre du Commerce extérieur :
M. Kimmo SASI
(KOK -
Rassemblement national)
Ministre de la Justice :
M. Johannes KOSKINEN
(SPD - Social
démocrate)
Ministre de l'Intérieur :
M. Ville ITALA
(KOK -
Rassemblement national)
Ministre des Affaires régionales et municipales :
M. Martti
KORHONEN
(VAS - Alliance des gauches)
Ministre de la Défense :
M. Jan-Erik ENESTAM
(RKP - Parti
suédois)
Ministre des Finances adjoint :
Mme Suivi-Anne SIIMES
(VAS -
Alliance des Gauches)
Ministre de l'Education :
Mme Maija RASK
(SDP - Social
démocrate)
Ministre de la Culture :
Mme Suivi LINDEN
(KOK - Rassemblement
national)
Ministre de l'Agriculture et des Forêts :
M. Kaveli HEMILA
(SIT - non inscrit)
Ministre des Transports :
M. Olli-Pekka HEINONEN
(KOK -
Rassemblement national)
Ministre du Commerce et de l'Industrie :
Mme Sinikka MONKARE
(SDP -
Social démocrate)
Ministre des Affaires sociales et de la Santé :
Mme Maiija
PERHO
(KOK - Rassemblement national)
Ministre des Services fondamentaux :
M. Osmo SOININVAARA
-RKP -
Parti suédois)
Ministre du Travail :
Mme Tarje FILATOV
(SDP - Social
démocrate)
Ministre de l'Environnement :
Mme Satu HASSI
(VIHR - Verts)
La composition et la coloration du Gouvernement sont restées
stables
dans la période récente, sans que les
élections au Parlement européen du 13 juin 1999, dont les
résultats n'allaient pas en faveur du Premier ministre, les affectent
sensiblement. Une telle stabilité est un fait nouveau dans la vie
politique finlandaise.
III. ...ET UN PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DONT LES POUVOIRS CONSTITUTIONNELS ONT ÉTÉ PROGRESSIVEMENT AMOINDRIS
La
réforme constitutionnelle, progressivement opérée de 1990
jusqu'en 1999, a amené des modifications importantes du cadre d'exercice
des pouvoirs du Président de la République, par rapport à
l'ancienne Constitution finlandaise dont le Professeur Maurice DUVERGER avait
pu souligner le caractère semi-présidentiel, voisin de celui de
la Constitution française.
L'élection du Président de la République au suffrage
universel, introduite par voie d'amendement à la Constitution en 1991,
est à l'origine de ces modifications.
D'une façon générale, les pouvoirs du Président de
la République ont été encadrés.
La dissolution du Parlement
Le Président de la République a le pouvoir de dissoudre le
Parlement mais il ne peut le faire que «
sur l'initiative
motivée du Premier ministre, après audition du président
de la Chambre et des groupes parlementaires
». En clair, le
Président ne peut unilatéralement prendre l'initiative de la
dissolution. En revanche, il dispose d'une marge d'appréciation par
rapport aux arguments développés en cas de demande de dissolution
émanant du Premier ministre.
La formation du Gouvernement
En cette matière, le rôle du Président est désormais
«
plutôt d'ordre
cérémoniel
»
2(
*
)
.
Toutefois, il conserve, de fait, la possibilité d'exprimer des souhaits
quant à la personnalité des futurs ministres, souhaits que le
Premier ministre ne saurait négliger.
La répartition des compétences entre le Président
et le Gouvernement en matière de politique
étrangère
De façon générale, les modalités d'exercice des
pouvoirs du président de la République sont définies par
l'article 58 de la nouvelle Constitution, à savoir :
«
Le Président de la République arrête ses
décisions lors des séances du Gouvernement sur proposition de
décision présentée par ce dernier
».
Et encore :
«
Un dossier est renvoyé pour préparation au
Gouvernement dans le cas où le Président de la République
ne prend pas, sur ce dossier, une décision conforme à la
proposition de décision formulée par le Gouvernement dans la
matière
».
Le président de la République dispose aussi d'un pouvoir de
renvoi pour réexamen sur tous les sujets qui n'impliquent pas le
dépôt d'un projet de loi.
S'agissant de politique internationale, l'article 93 de la nouvelle
Constitution opère une répartition des compétences entre
le Président et le Conseil des ministres. Toutefois, une première
ambiguïté porte d'emblée sur la distinction entre politique
étrangère et politique européenne, ce dernier domaine
relevant, en principe, de la compétence du Conseil des ministres.
Ainsi, lors de la présidence finlandaise de l'Union européenne,
une divergence est-elle apparue entre le Président Matti AHTISAARI et le
Premier ministre Paavo LIPPONEN s'agissant du ministre auquel devait être
confié le suivi du dossier des questions institutionnelles à
soumettre à la Conférence intergouvernementale, ainsi que de
l'élargissement. En définitive, cette divergence a
été surmontée par un partage de ces responsabilités
entre le ministre des Affaires étrangères (questions
institutionnelles et CIG) et le ministre des Affaires européennes
(élargissement).
D'autres exemples de cette dyarchie de fait pourraient être
trouvés.
Ainsi, s'agissant de l'acceptation d'un certain isolement diplomatique de
l'Autriche à la suite de ses dernières élections
législatives, il semble que le Président de la République
finlandaise n'ait pas été consulté et qu'il ait dû
s'aligner sur la position prise par le Premier ministre.
Enfin, diverses réformes récentes ou projets de réformes
de structure traduisent une tendance à la dépossession du
Président de la République en matière de politique
internationale :
- le Conseil de défense, présidé par le Premier ministre,
organe dont la vocation était de conseiller le Président de la
République en tant que Commandant suprême des forces
armées, a été supprimé. De fait, les analyses
relatives à la défense relèvent ainsi du Gouvernement et
du ministre de la Défense ;
- le principe d'une co-présidence de la délégation
finlandaise prenant part aux manifestations décisionnelles de l'Union
européenne semble devoir être consacré par l'usage ;
- enfin, la présidence de la commission gouvernementale chargée
des questions de politique étrangère et de
sécurité, traditionnellement confiée au Président
de la République, pourrait être remise en cause.
La ratification des lois
Les lois sont transmises au président pour ratification. Si celle-ci
n'intervient pas dans un délai de trois mois, la loi revient au
Parlement pour un nouvel examen immédiat.
IV. LA PLACE DES FEMMES S'ÉLARGIT
Dès 1907, la Finlande -alors Grand Duché- a
accordé le droit de vote aux femmes. Depuis cette date, la place des
femmes dans la vie publique s'est affirmée constamment.
Aujourd'hui, trois postes de préfet de province sur cinq sont
occupés par des femmes.
Le Parlement actuel compte 74 femmes sur 200 députés
,
soit, par définition, un pourcentage de 37 %.
La présidence de la Chambre des députés est actuellement
assumée par une femme.
Mme Riita UOSUKAINEN -qui s'est rendue en visite officielle en France et a
été reçue au Sénat en septembre 1998-
préside l'Eduskunta. D'origine carélienne, elle jouit d'une
grande popularité en raison de sa forte personnalité. Elle a
écrit, en 1996, un livre où elle relatait avec
sincérité divers aspects de sa vie.
Des portefeuilles ministériels aussi importants que la Défense ou
les Affaires étrangères ont été détenus dans
les années récentes ou sont détenus par des femmes.
L'élection, le 6 février 2000, de Mme Tarja HALONEN, avec 51 %
des voix, comme onzième Président de la République, a
constitué un fait nouveau. Pour la première fois, en effet, une
femme était élue comme Chef de l'Etat.
Née le 24 décembre 1943, Mme HALONEN, juriste de formation,
passionnée de gymnastique et de théâtre, a mené une
carrière de syndicaliste étudiante puis est entrée en
politique comme assistante parlementaire du Premier ministre (1974-1975).
Membre du Conseil municipal d'Helsinki (1977-1996), elle a été
élue au Parlement où elle siégea dans les rangs du SPD.
Président de la commission des Affaires sociales (1984-1987) puis de la
Grande commission du Parlement (1995), elle est entrée au Gouvernement,
où elle a détenu successivement quatre portefeuilles : les
Affaires sociales et la Santé (1987-1990), la Justice (199-1991), la
Coopération nordique (1991) et les Affaires étrangères
(1995).
On remarquera que la campagne pour les élections présidentielles
a été marquée par six candidatures féminines, parmi
lesquelles on pouvait notamment relever celle de Mme UOSUKAINEN.
Ces quelques faits marquent l'affirmation de la place des femmes dans la vie
politique finlandaise et l'avance relative que celle-ci induit, s'agissant de
la parité entre hommes et femmes, par rapport à notre pays.
V. LE SENTIMENT D'APPARTENANCE A L'EUROPE S'AFFIRME
Entrée dans l'Union européenne depuis le 1 er janvier 1995 3( * ) la Finlande adhère sans complexe à l'idée d'Europe et ignore, pour l'essentiel, l'euroscepticisme. Le Président AHTISAARI déclarait dès juin 1999 « Nous sommes tout à fait à l'aise là où nous nous trouvons » et le Premier ministre lui faisait écho en assurant « Notre expérience de l'adhésion est positive » 4( * ) .
A. L'EUROPE DEVIENT UN THÈME ÉLECTORAL
Certes,
le taux de participation aux élections européennes du 13 juin
1999 a pu montrer, selon certains commentateurs, que les Finlandais
«
n'ont pas vraiment intégré l'Europe dans leur
grille de références
». Certes, selon d'autres
commentateurs, le Finlandais moyen oppose aux effets de l'Union
européenne «
un long silence
méditatif
»
5(
*
)
. Mais ces
jugements doivent être corrigés.
Tous les candidats à l'élection présidentielle de
février 2000 étaient « européens »,
à l'exception d'un candidat considéré comme marginal, I.
HAKALEHTO. Ainsi, M. E. AHO, candidat dont le parti comportait pourtant une
fraction plutôt eurosceptique, avait fait entrer la Finlande dans
l'Europe lorsqu'il était Premier ministre.
Ce sentiment commun d'appartenance trouve toutefois certaines limites.
L'européanisme peut ainsi être considéré comme
exagéré lorsqu'il aboutit à négliger les canaux
traditionnels de la coopération nordique.
De même, l'alignement du Gouvernement finlandais sur certaines positions
défendues par les « grands pays » d'Europe, comme
l'Allemagne ou la France, a été jugé parfois excessif.
L'adoption d'une position dure à l'égard de l'Autriche, au vu des
résultats de ses élections législatives, a ainsi
été parfois critiquée.
Sur le plan du fonctionnement des institutions, si le Gouvernement
détient désormais la compétence -qui relevait autrefois du
Parlement- d'approuver la législation communautaire, les
possibilités d'implication du Parlement dans la phase
d'élaboration des actes communautaires ont été
renforcées.
Par ailleurs, la présidence finlandaise a, comme cela a
été indiqué ci-dessus, été marquée
par le souci d'éviter toute susceptibilité s'agissant de la part
prise par les plus hauts représentants de l'exécutif finlandais
aux réunions et aux décisions communautaires. Cela a
été rendu possible par «
une entente politique entre
l'ancien Président Martti AHTISAARI et le Premier ministre Paavo
LIPPONEN
»
6(
*
)
. Ainsi, le Premier
ministre prend-il toujours part aux sommets de l'Union tandis que le
Président de la République y participe également quand il
estime que les questions à l'ordre du jour exigent sa présence.
Il n'en est pas moins vrai que «
la répartition des
compétences entre le Président et le Conseil des ministres dans
les questions relatives à l'Union européenne reste encore
partiellement obscure
»
7(
*
)
.
B. UN FINLANDAIS A JOUÉ UN RÔLE DÉCISIF DANS LE DÉNOUEMENT DE LA CRISE DU KOSOVO (mai-juin 1999).
La
présidence finlandaise a été
précédée, au printemps de 1999, par le paroxysme de la
tension au Kosovo.
M. Martti AHTISAARI, alors Président de la République, s'est
trouvé, du fait de la proximité de la présidence
finlandaise de l'Union européenne, en situation de jouer un rôle
important dans la recherche d'une solution à la crise. Il devait en
titrer une popularité exceptionnelle dans son pays comme à
l'étranger. Il fut même question, en juin 1999, qu'il parte comme
administrateur de l'ONU au Kosovo, fonction qui fut, en définitive
confiée à M. Bernard KOUCHNER.
Prenant la présidence de l'Union européenne, la Finlande devait
marquer clairement sa position sur le Kosovo
8(
*
)
:
«
La crise du Kosovo a constitué une menace pour la
sécurité en Europe et pour la défense des valeurs
fondamentales européennes. L'Union européenne joue en rôle
central dans l'apaisement de la souffrance humaine, dans le
rétablissement de conditions stables et justes et dans la mise en route
des travaux de reconstruction. Les crises dans la région occidentale des
Balkans ont renforcé la solidarité des Européens et leur
ont fait prendre conscience de leur responsabilité commune. Les citoyens
attendent une prévention et un contrôle des crises
opérées avec une efficacité nouvelle. A cet égard,
le Traité d'Amsterdam offre plusieurs possibilités et
instruments
.
«
La stabilisation de la situation dans les Balkans est une
mission urgente, qui exige que l'Union européenne s'y engage pleinement
et durablement. Pour consolider son rôle de protecteur de la
stabilité en Europe, l'Union européenne doit intervenir tout
d'abord dans la résolution de la crise du Kosovo et
l'amélioration des conditions politiques et économiques dans la
régions balkanique et ainsi restaurer la stabilité de l'Europe du
Sud-Est
».
C. LA PRÉSIDENCE FINLANDAISE DE L'UNION EUROPÉENNE (juillet-décembre 1999) A ÉTÉ FÉCONDE
Il est
revenu à la Finlande de présider, de juillet à
décembre 1999, l'Union européenne. Il faut souligner que, pour un
pays dont la population n'excède pas 5,5 millions d'habitants et qui
succédait à l'Allemagne, cette responsabilité a
été assumée sans défaillance.
Les thèmes majeurs du programme de la présidence finlandaise
étaient clairs
9(
*
)
:
- une Europe forte et ouverte ;
- une Union active et puissante au niveau mondial ;
- une Union élargie ;
- une Union transparente et efficace ;
- une économie stable, compétitive et favorable à l'emploi.
Il incombait à la présidence finlandaise de préparer la
Conférence intergouvernementale (CIG) chargée d'étudier
l'élargissement de l'Union et la réforme de ses institutions sur
trois questions qui n'avaient pas trouvé de réponse en 1997
à Amsterdam : la composition de la Commission, la
repondération des voix lors des votes au Conseil et l'extension des
décision pouvant être prises à la majorité
qualifiée.
Le Premier ministre finlandais s'interrogeait en juin 1999 :
«
Nous sommes arrivés à une étape où
il faut ouvrir le débat sur la nature de l'Union. Qu'est-ce que
l'Europe ? Que doit-elle être pour le
citoyen ?
»
1
.
En définitive, la présidence finlandaise a été
féconde et a marqué un essor diplomatique de la Finlande.
1. Le renouvellement de la Commission européenne
On se
souvient que la présidence finlandaise survenait à l'issue d'une
période dominée par la démission de la Commission de
l'Union européenne et par l'élection du Parlement européen
de juin 1999.
La nouvelle présidence s'est attachée avec succès à
rétablir l'équilibre des rapports entre les institutions de
l'Union après la prise de fonction, en septembre 1999, de la Commission
recomposée.
2. Le plaidoyer pour le voisin russe
L'environnement régional continue à exercer
une
influence déterminante sur la politique étrangère qui
privilégie une stratégie de « dimension
septentrionale ».
Avec sa frontière commune de 1.270 km et la
« fenêtre » qu'elle ouvre sur les pays baltes, la
Finlande attache une grande importance à un renforcement de la
coopération politique, économique et écologique entre les
pays de la zone baltique et, plus largement, de l'Union européenne,
d'une part, et la Russie, d'autre part.
La Finlande espère bénéficier d'une
inter-dépendance russo-européenne croissante et devenir un
important centre logistique en Europe du nord, avec un marché potentiel
de 60 millions de consommateurs joignables en 48 heures dans la région.
Elle s'attache à poursuivre l'amarrage à une Union
européenne élargie.
La Finlande a ainsi eu, durant sa présidence, à coeur de mettre
en oeuvre le nouveau pacte de coopération entre l'Union
européenne et la Russie. La construction d'un gazoduc Yamal-Europe de
l'Ouest via la Finlande, d'une autoroute
Helsinki-Saint-Pétersbourg-Moscou, la modernisation de la route reliant
Paris à Moscou via Berlin, Varsovie et Minsk figuraient parmi les
projets de coopération susceptibles d'une aide européenne.
3. Le Conseil de Tampere (octobre 1999) et le sommet d'Helsinki (décembre 1999)
-
* Un Conseil européen s'est tenu à Tampere les 15 et 16 octobre
1999.
Parmi les décisions de ce conseil, il y a lieu de relever la création d' Eurojust , afin de renforcer la lutte contre les formes graves de criminalité organisée.
Selon les termes des conclusions adoptées par les Chefs d'Etat et de Gouvernement, « Eurojust sera une unité composée de procureurs, de magistrats ou d'officiers de police ayant des compétences équivalentes détachés par chaque Etat membre (...) Eurojust aura pour mission de contribuer à une bonne coordination entre les autorités nationales chargées des poursuites et d'apporter son concours dans les enquêtes relatives aux affaires de criminalité organisée, notamment sur la base de l'analyse effectuée par Europol. Cette unité devra aussi coopérer étroitement avec le Réseau judiciaire européen, afin, notamment de notifier l'exécution des commissions rogatoires ».
L'entrée en vigueur de ce nouvel instrument devrait intervenir avant la fin de l'année 2001.
* La présidence finlandaise s'est terminée en décembre 1999, sur ce que les commentateurs ont jugé comme un succès : le sommet d'Helsinki.
Les Quinze se sont notamment donnés les moyens de mener, à compter de 2003, de manière autonome, une intervention armée en Europe avec la création d'une force d'action rapide de 50.000 à 60.000 hommes.
La conférence intergouvernementale devait avoir pour tâche de résoudre trois points : la taille de la Commission, l'extension du vote à la majorité qualifiée et la pondération des voix.
Des négociations d'adhésion avec six nouveaux pays (Slovaquie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Bulgarie et Malte) devaient être engagées à compter de février 2000.
Enfin, l'idée de la création d'une Agence sanitaire indépendante était soutenue.
D. L'EURO EST EN COURS D'ÉMISSION
Seul
pays nordique dans ce cas, la Finlande s'apprête à mettre en
circulation, en 2002, les euros. Elle devra émettre 100 millions de
billets et 950 millions de pièces en euro pour remplacer les 130
millions de billets et les 2,5 milliards de pièces libellés en
markkaa actuellement en circulation.
L'Hôtel de la monnaie, situé dans la banlieue nord d'Helsinki,
à Rahapaja, ne produit plus, depuis un an, que des pièces de 1 et
2 euros. Il dispose de la machine la plus rapide du monde, avec 750
pièces frappées à la minute. La moitié des
pièces nécessaires a déjà été
produite et la Finlande pourra sans doute aider, en ce domaine, la Grèce
qui avait pris du retard. La Finlande ne produira pas de pièces de 1 et
2 cents, dont le coût de production est supérieur à la
valeur marchande.
Quant aux billets, ils sont imprimés par la société SETEC.
Un tiers des billets a déjà été imprimé et
la phase de pré-alimentation, à partir de septembre 2001,
s'annonce normalement.
L'acheminement de l'argent liquide, jusqu'alors assuré par la Banque de
Finlande, avec la logistique de la banque postale, propriété de
l'Etat, sera assumé par Automatia, société de gestion de
distributeurs de billets appartenant aux plus grandes banques du pays.
Bien que le volume des espèces en circulation soit, en Finlande, en
raison du nombre des cartes de crédit, le plus bas de l'Union
européenne, le coût du passage à l'euro pourrait
coûter quelques 500 millions d'euros pour permettre aux entreprises
privées finlandaises de modifier leurs programmes informatiques et
former leurs employés.
E. LE DÉBAT ENTRE « PETITS » ET « GRANDS » PAYS SE CONCLUT
La
Finlande a mis à profit sa présidence pour réaffirmer le
principe selon lequel il ne saurait, au sein de l'Union, exister de
« directoire » réunissant des pays plus influents
que d'autres, de même qu'il ne saurait y avoir d'Europe à deux
vitesses.
Ses représentants ont ainsi indiqué en juin 1999 :
«
Dans les grands pays, certains entretiennent l'illusion qu'on
est encore au XIX
ème
siècle. Il faut rester
fidèle au principe qui veut que tous les Européens soient
égaux. Les décisions doivent être prises autour de la table
commune et pas en dehors
».
Bien plus, M. Paavo LIPPONEN, Premier ministre, a insisté devant le
Collège de l'Europe à Bruges, le 10 novembre 2000, sur
l'importance d'une commission forte pour les petits Etats membres, car
«
l'intergouvernementalité est inefficace, dissimulatrice
et conduit à la suprématie de certains par rapport à
d'autres
». Selon lui, l'Union européenne devrait
élaborer des règles du jeu communes, sur la base d'une
réflexion, en quelque sorte, constitutionnelle. Ceci garantirait, mieux
qu'à l'heure actuelle, l'égalité entre les grands et les
petits Etats membres. Il a également souligné l'importance du
recours, de plus en plus étendu, aux décisions prises à la
majorité ; autrement, en effet, la prise de décision
communautaire à plus de vingt Etats membres deviendrait impossible.
Au terme du sommet de Nice, conclu le 11 décembre 2000, la presse
finlandaise s'est faite l'écho de certaines déceptions concernant
la clarté des conclusions de ce sommet, les Finlandais estimant que des
ambiguïtés subsistaient et qu'il faudrait, à terme, revenir
sur les questions institutionnelles, y compris dans la rédaction des
traités.
Au demeurant, on relèvera que les autorités finlandaises,
même si elles aussi ont parfois regretté la relative absence de
clarté des décisions de Nice, se sont déclarées
satisfaites de la répartition selon laquelle la Finlande disposera de
sept voix au Conseil et de treize députés au Parlement
européen.
Au total, il faut, selon certains commentateurs, surtout voir dans le recours
à la problématique des « petits pays » le
souci de la Finlande de s'intégrer aux grands débats
européens lorsqu'ils sont engagés.
F. LES DOSSIERS MILITAIRES EUROPÉENS SONT APPRÉHENDÉS DE FAÇON SPÉCIFIQUE
Conservant un souvenir extrêmement vif de la
proximité
de l'Union soviétique pendant la guerre d'hiver puis pendant et
après la guerre froide, la Finlande est particulièrement
sensible à la stabilité politique en Russie
. Elle se
montre, en contrepartie,
soucieuse de marquer son indépendance par
rapport à toute organisation militaire
intégrée de
façon à ménager le voisin russe.
Si le Premier ministre finlandais, M. LIPPONEN, a pu dire, en 1999, que la
Finlande ne serait «
pas un obstacle
» sur les
dossiers militaires européens, l'approche de celle-ci demeure originale.
Lors d'une conférence prononcée à Paris, devant l'Institut
français des relations internationales (IFRI), le 15 novembre 2000, M.
Erkki TUOMIOJA estimait ainsi : «
Le modèle de
coopération renforcée pourrait se montrer utilisable si l'on
voulait aller plus loin dans le domaine de la Défense dans le cadre de
l'Union
». En revanche, il assurait avec scepticisme :
«
L'Eurocorps présente, à mon avis, un exemple de
coopération qui n'apporterait aucune plus-value à l'Union. Par
contre, la coopération dans le domaine des industries de défense
pourrait être incluse dans les structures communautaires de telle sorte
que tous ceux qui désirent y participer puissent le
faire
». Bien plus, il concluait sans complaisance :
«
La Défense commune, semble-t-il, est une question
d'ambition pour ceux qui voudraient voir l'Union européenne devenir une
superpuissance
(...).
Citoyen d'un petit Etat, il m'est difficile de
voir quelque chose de positif dans cet objectif
.
Si l'on
considère à l'heure actuelle à juste titre que la trop
forte domination d'une seule superpuissance pose des problèmes, il ne
s'agit pas de résoudre ceux-ci en créant une nouvelle
superpuissance à son côté, mais il faudra plutôt
établir un ordre international dans lequel le comportement traditionnel
d'une superpuissance n'a plus ni sa place ni son utilité
».
Sur ces bases, la Finlande semble soucieuse de prendre une part active aux
travaux de la politique européenne de sécurité et de
défense (PESD), en axant ses centres d'intérêt sur la
prévention des conflits et la gestion des crises, notamment dans
leurs aspects non militaires
. Elle refuse toute militarisation de
l'Union européenne et n'aime pas le concept
d' « intervention ».
De même, une adhésion à l'OTAN n'est pas encore à
l'ordre du jour, mais il n'est pas exclu que le Gouvernement actuel soit
tenté de mener une politique plus volontariste à l'égard
de l'Alliance atlantique, au-delà de son ferme engagement dans le
partenariat pour la paix.
G. L'ENTRÉE DANS L'ESPACE « SCHENGEN » EST D'ACTUALITÉ
A partir
du mois de mars 2001, la Finlande sera partie intégrante de l'espace
régi par les accords multilatéraux de Schengen en matière
de franchissements frontaliers. Elle a satisfait à tous les
contrôles menés sur ce sujet en 2000. Sa résolution de se
montrer un exécutant exemplaire des accords de Schengen ne semble faire
aucun doute.
Il a été donné à la délégation de
s'entretenir de ces sujets avec le commandement des gardes-frontières de
la province de Laponie qui relève du ministère finlandais de
l'Intérieur mais dont l'organisation revêt un caractère
militaire.
Le dispositif qui comprend des postes de douane, des patrouilles, le recours
à des hélicoptères et, en cas de crise, à des
réservistes semble fiable. La coopération avec les forces
équivalentes de Norvège et du Suède semble bien
assurée.
L'analyse des risques dans les années à venir laisse toutefois
présager un fléchissement du dispositif du contrôle
frontalier du côté russe, induisant une porosité accrue de
la frontière commune, notamment face à l'immigration
illégale de ressortissants (notamment Moldaves, Tamouls, Bengalis ou
ressortissants de l'ancienne Yougoslavie) non seulement dans la zone de Viborg
mais aussi au Nord.
VI. LES RELATIONS FRANCO-FINLANDAISES S'INTENSIFIENT
L'intensification des relations entre la France et la Finlande
a
été progressive. Elle marque la période contemporaine.
Au XVII
ème
siècle, des troupes finlandaises
enrôlées sous la bannière du roi Gustave Adolphe de
Suède, vinrent, rapportent les historiens, à la faveur de la
guerre de Trente ans, piller quelques villages des confins de l'Alsace et de la
Lorraine. En 1736-1737, le mathématicien MAUPERTUIS, l'abbé
OUTHIER et le physicien CELSIUS séjournèrent en Laponie pour une
difficile mission de mesure de l'aplatissement de la rotondité de la
terre aux pôles
10(
*
)
. Puis ce fut la
France de Louis XV qui avança les sommes (
80 tonneaux d'or
)
nécessaires à la construction du fort de Suomenlinna, devant
Helsinki. Il s'agissait, alors, de décourager d'éventuelles
convoitises russes sur la Finlande.
Mais une influence française ne fut guère perceptible, au
XVIII
ème
siècle, qu'au sein de l'aristocratie
d'origine suédoise et qu'en Savonie, pays entourant, aux confins de la
Carélie, la petite ville de Savonlinna, où l'on chante encore une
« Marseillaise » en finnois.
La guerre de Crimée fut, au XIX
èm
e siècle, pour
la France, l'occasion de bombarder la forteresse de Suomenlinna, tenue alors
par les russes.
Certes, l'indépendance de la Finlande en 1917 fut suivie aussitôt
de sa reconnaissance par la France et de l'établissement de relations
diplomatiques, mais les années de la Seconde guerre mondiale puis celles
de la Guerre froide qui avaient vu la mise en oeuvre de la ligne
« Paasikivi » ne permirent pas le plein
épanouissement de ces relations.
La visite officielle du président KEKKONEN au Général de
GAULLE en 1964 fut, à bien des égards, le premier
témoignage des relations interétatiques franco-finlandaises.
L'entrée de la Finlande dans l'Union européenne a fait d'elle
un partenaire familier de notre pays
.
M. Lionel JOSPIN, Premier ministre, s'est rendu à Helsinki le 10
septembre 1998. Il s'agissait de la première visite à ce niveau.
M. Jacques CHIRAC, Président de la République, s'est rendu en
Finlande le 10 mai 1999 pour une visite officielle d'à peine vingt
heures, le programme de ce voyage ayant été réduit, en
plein accord avec les autorités finlandaises, en raison de la situation
au Kosovo. Cette visite était la première d'un Chef de l'Etat
français depuis 1987. Elle a permis de constater une grande convergence
de vues entre la Finlande et la France et de préparer les
présidences finlandaise (juillet à décembre 1999) puis
française (juillet à décembre 2000) de l'Union
européenne.
M. Jacques CHIRAC s'est rendu à nouveau à Helsinki le 27 novembre
2000, en tant que Président de l'Union européenne.
Les positions françaises et finlandaises sont souvent convergentes.
La Finlande partage avec nous une vision
« politique »
et pas seulement économique
de
la construction européenne
.
Certes, nos relations commerciales sont déficitaires -la Finlande
étant notre 30
ème
client et notre
19
ème
fournisseur- en raison du poids de la filière
bois/papier mais des pistes d'avenir s'ouvrent :
- pour la France, avec la voie d'accès vers les marchés russe et
balte qu'offre la Finlande ;
- pour la Finlande, avec des marchés alternatifs comme le domaine
aéronautique -avec l'acquisition d'Airbus par Finnair ou le projet
nordique d'acquisition d'hélicoptères militaires de transport-
mais aussi comme le domaine audiovisuel, avec le rôle de TV5.
CHAPITRE 2
PANORAMA DE LA CONJONCTURE
ÉCONOMIQUE EN
FINLANDE
I. LES « FONDAMENTAUX » SONT FAVORABLES
1. La politique budgétaire
Le
Gouvernement finlandais a présenté, en septembre 2000, le projet
de budget pour l'exercice 2001. Ce budget devrait s'élever à
196,6 milliards de markkaa, soit 33,1 milliards d'euros.
S'agissant des dépenses, un système de plafonds pluriannuels a
été mis en place.
Pour les contribuables, le projet de budget pour 2001 représente une
réduction d'impôts de 6,4 milliards de markkaa, soit 1,1 milliard
d'euros. L'imposition des salariés devrait ainsi, en moyenne, diminuer
de 1,5 point l'an prochain. Les réductions d'impôt pour 2001
devraient avoir un effet de relèvement des revenus nets. Mais la
question de la réduction de l'imposition des revenus salariaux sur le
moyen et le long terme reste centrale au regard des risques de réveil de
l'inflation hors prix du pétrole.
L'excédent budgétaire s'est établi à 1,9 % du PIB
en 1999 et à 4,5 %en 2000.
2. La réduction de la dette publique
Il est
prévu de réduire de 15 milliards de markkaa, soit 2,5 milliards
d'euros, la dette publique en 2001.
37 milliards de markkaa, soit 6,2 milliards d'euros, seront consacrés en
2001 au financement de la dette publique qui, à la fin de cet exercice,
devrait être ramenée à 375 milliards de markkaa, soit 63,1
milliards d'euros et 46 % du PIB.
3. La croissance
La
croissance économique se confirme plus rapide qu'on ne l'avait
prévue.
Le produit intérieur brut qui a cru de 5,7 % en 2000 devrait atteindre
4,5 % en 2001. Sur le début de la décennie, le PIB devrait ainsi
croître de 3,6 % l'an en moyenne.
Cette croissance est due à la vigueur des exportations et à une
bonne compétitivité, en particulier vis-à-vis des pays
hors zone euro.
La demande intérieure connaît, elle aussi, une bonne croissance et
son influence bénéfique devrait continuer à se faire
sentir en 2001.
Les investissements privés qui ont cru de 10,6 % en 2000 pourraient
progresser de 7,5 % en 2001. Quant aux investissements publics, qui ont
reculé de 3,8 % en 1999, ils ont augmenté de 6 % en 2000 et
pourraient progresser de 3,1 % en 2001.
4. La production industrielle : la forte hausse conjoncturelle se heurte aux manques de capacités
La
production industrielle a cru de 9,9 % en 2000 et pourrait augmenter de
7 % en 2001.
Le degré d'utilisation des capacités de production a atteint 92 %
dans l'industrie au cours du deuxième trimestre de 2000.
Les carnets de commande sont remplis, notamment ceux des petites et moyennes
entreprises, mais 32 % des entreprises souffrent, à présent, de
« goulots d'étranglement » de la production en
raison du manque de capacités.
5. Le commerce extérieur
Grâce à un fort développement de la demande
mondiale, les excédents de la balance commerciale et de la balance des
opérations courantes devraient atteindre des niveaux records
favorisés, il est vrai, par la faiblesse relative de l'euro.
L'excédent cumulé de la balance des transactions courantes pour
les neuf premiers mois de 2000 a atteint 6,4 milliards d'euros.
Les exportations qui avaient cru de 6,3 % en 1999 et de 10,7 % en 2000,
pourraient progresser de 7,4 % en 2001. Quant aux importations, après
avoir augmenté de 3,2 % en 1999, et de 8,3 % en 2000, elles pourraient
progresser de 5,8 % en 2001.
Ainsi, la balance commerciale devrait atteindre 75,3 milliards de markkaa, soit
12,7 milliards d'euros en 2000 et 79,4 milliards de markkaa, soit 13,4
milliards d'euros en 2001.
L'emploi : la tension sur la main-d'oeuvre s'accentue
Le taux de chômage est revenu à 8,9 % de la population active en
octobre 2000. Il pourrait passer à 8,6 % en 2001.
La baisse du chômage pourrait se ralentir. On pense toutefois qu'en 2004,
le taux de chômage pourrait avoisiner 7,5 % de la population active.
Un nouvel emploi sur quatre est créé dans l'industrie. Avec plus
de 500.000 emplois industriels -chiffre qui n'avait pas été
atteint depuis 1991- l'économie finlandaise est, de la sorte,
tirée par son industrie. 60.000 emplois y ont été
créés de 1994 à 1999 et, sur les seuls sept premiers mois
de 2000, 13.000 y sont nés. Le taux de chômage dans l'industrie
n'était ainsi que de 7,8 % en 2000
L'amélioration de l'emploi devrait, bien entendu, avoir un effet
bénéfique sur le pouvoir d'achat des ménages.
Toutefois, une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée affecte 10 %
des entreprises industrielles, notamment dans l'électronique,
l'électrotechnique, la métallurgie, la mécanique et le
bâtiment. Cette tension pourrait se traduire par une inflation des
salaires.
6. Les prix et les salaires
On ne
discerne plus actuellement, dans l'économie finlandaise, les
enchaînements inflationnistes typiques de la période
précédente. Toutefois, alors que la politique monétaire
est désormais l'apanage de la Banque centrale européenne, en
Finlande, les coûts ont augmenté plus vite que les prix de vente,
pesant sur l'amélioration de la rentabilité.
Les prix ont augmenté plus vite que les entreprises ne le
prévoyaient. Ils ont augmenté notamment dans des secteurs comme
la transformation des métaux, le papier et le bâtiment. Un
ralentissement des prix de vente était espéré au
troisième trimestre de 2000.
L'inflation qui ressortait de 1,2 % en 1999 et à 3,4 % en moyenne
en 2000 pourrait revenir à 2 % en 2001.
La faiblesse de l'euro et l'enchérissement des importations, en
particulier de pétrole, qui en résulte pèsent dans la
hausse des prix. Mais les facteurs intérieurs pèsent aussi. La
hausse structurelle du prix du logement joue notamment un rôle.
S'agissant des salaires, qui ont augmenté de 4,9 % en 2000, les
conventions collectives annuelles ou pluriannuelles entrant en vigueur à
compter de janvier 2001, qui ont abouti en novembre 2000, sont un des
facteurs-clés de l'économie au regard du risque inflationniste.
Aux termes de l'accord, les salaires pourraient croître de 3,1 % en 2001
et de 2,3 % en 2002 dans l'ensemble de l'économie et de 2,9 % en 2001
puis 2,3 % en 2002 dans l'industrie.
II. LES PRINCIPAUX SECTEURS DE L'ACTIVITÉ ÉCONOMIQUE ÉVOLUENT POSITIVEMENT
1. Électricité : la Finlande favorise la production mixte d'énergie
La
structure de la production d'électricité en Finlande se distingue
de celle des autres pays nordiques par sa diversité.
Les quatre
réacteurs nucléaires actuellement en service assurent 28 % de
l'approvisionnement énergétique du pays
. La part totale de
l'énergie nucléaire et de l'énergie hydroélectrique
représente un peu moins de la moitié et la production
combinée d'électricité et de chaleur le tiers. Le reste
provient essentiellement de centrales thermiques à la houille et
d'électricité importée.
La part des importations a crû peu à peu. Elle avoisine 15 % de
l'électricité consommée
. La quantité
d'énergie électrique importée de Suède et de
Norvège varie beaucoup avec la sécheresse. La Finlande importe de
quatre à cinq TWh par an de Russie.
Lorsque la production industrielle augmente, les besoins en chaleur de
l'industrie augmentent aussi. Il s'ensuit que les possibilités de
produire de l'électricité et de la chaleur s'améliorent.
L'utilisation du bois et des déchets de bois est, dans ce cas, la source
d'énergie la plus importante et celle qui ne cesse de se
généraliser. Il est aussi possible d'accroître la
production d'énergie électrique dans les centrales thermiques
combinées au gaz naturel à condition que l'on puisse disposer de
gaz naturel à des prix compétitifs.
Environ le tiers de l'électricité produite en Finlande
l'année dernière provenait de la production combinée de
chaleur et d'électricité. Un peu moins de la moitié
était produite dans les centrales de l'industrie et le reste dans les
installations de chauffage urbain. Les quatre cinquièmes du chauffage
urbain reposent sur la production mixte de chaleur et
d'électricité.
La technique de production mixte permet d'utiliser de 80 à 90 % de
l'énergie contenue dans le combustible. Il en résulte que les
émanations polluantes sont environ un tiers moins élevées
que dans les cas où la chaleur et l'énergie sont produites dans
des installations séparées.
Certes, une installation de production combinée implique souvent des
investissements plus importants que les modes de production d'énergie de
substitution. Mais elle reste plus avantageuse du fait de son rendement global
plus élevé. La production combinée de chaleur et
d'électricité pourra ainsi être accrue et il est possible
que le gaz naturel et le bois soient préférés à la
houille, à la tourbe et au pétrole.
La consommation d'électricité en Finlande devrait croître
en moyenne de 1,5 % par an d'ici à 2010, puis de 1 % par an,
l'accroissement des besoins en énergie électrique
intéressant surtout l'industrie.
Il sera possible de couvrir un peu moins de 40 % de l'électricité
dont la Finlande aura besoin en 2010 avec l'énergie
hydroélectrique et l'énergie nucléaire dont on dispose
actuellement et 40 % de plus avec l'énergie de production de l'industrie
et l'électricité produite dans le cadre du chauffage urbain. Le
reste devrait être fourni par de nouvelles ou d'anciennes installations
d'énergie thermique et par l'importation d'électricité.
Une projection des besoins à plus long terme a été
étudiée.
En 2015, la Finlande aura besoin d'une production d'énergie
électrique supérieure de 3.800 MW à celle d'aujourd'hui,
c'est du moins ce qui apparaît dans le rapport sur «
Le
marché de l'électricité 2015
» de la
Confédération du secteur de l'énergie. Cette estimation
est basée sur une croissance annuelle d'un peu moins de 3 % du PIB. Le
besoin en électricité passera des 78 milliards de KWh en 1978
à 92 milliards en 2010 et 97 milliards en 2015. Malgré le
changement structurel qui a lieu dans l'industrie et malgré
l'amélioration continuelle de l'utilisation de l'énergie, la
consommation d'électricité dans l'industrie croîtra
approximativement de 43 milliards de KWh au cours des quinze années
à venir.
Pour couvrir les besoins prévisibles à terme, la compagnie TVO
vient de déposer un
projet de construction d'un réacteur
nucléaire
de 1.000 à 1.600 mégawatts qui deviendrait
le cinquième réacteur civil en Finlande et le troisième
appartenant à TVO. Un tel projet, dont le coût est
évalué à 2,5 milliards d'euros, suscite un débat
entre les industriels -notamment la filière bois-papier- qui
souhaiterait disposer d'énergie en quantité et à bon
marché et les écologistes qui, évoquant les objectifs
fixés par la Conférence de Kyoto, plaident pour les
biocombustibles, l'énergie éolienne ou le gaz naturel. Si le
nouveau réacteur était mis en service, il ferait passer la part
de l'électricité d'origine nucléaire à 35 % de
l'approvisionnement énergétique du pays.
Il reste que le débat sur l'industrie nucléaire, qui s'amplifie
depuis une quinzaine d'années, devra être tranché par le
Parlement.
2. Acier : l'effort porte sur les aciers spéciaux
Les
principaux sidérurgistes finlandais sont Rautaruuki Steel Oyj, Outokumpu
Steel Oyj et Imatra Steel Oyj. Environ quatre millions de tonnes d'acier ont
été produite en 1999, soit 2,5 % de l'ensemble de la production
européenne. En particulier, la Finlande fournit 10 % de la production
européenne d'
acier inoxydable
.
Rautaruukki Steel
, principal élément du groupe industriel
Rautaruukki, a inauguré en avril 2000 l'usine de zingage la plus moderne
d'Europe. Cette usine, d'une capacité de 400.000 tonnes, située
à Hämeenlinna, permettra à Rautaruukki de doubler sa
capacité de galvanisation à chaud et confirmera la position du
groupe comme l'un des premiers fabricants européens de produits en
tôle galvanisée. Producteur et transformateur d'acier, cette
société met au point, fabrique et commercialise des produits en
acier de haute qualité ainsi que les services qui s'y rattachent. Le
groupe Rautaruukki exerce une activité de production dans quinze pays
européens. Son chiffre d'affaires 1999 s'est élevé
à 2,4 milliards d'euros et on estime que celui de 2000 atteindra 2,7
milliards d'euros. Le groupe emploie actuellement quelque 13.000 personnes dont
environ 5.000 hors de Finlande.
Le groupe
Outokumpu Oyj
et la société suédoise
Avesta Sheffield vont créer une société commune de
production d'acier inoxydable qui aura comme raison sociale AvestaPolarit et
sera le deuxième plus grand producteur du monde dans ce domaine. Son
chiffre d'affaires atteindra plus de 18 milliards de markkaa (3 milliards
d'euros). Elle emploiera 8.700 personnes et, outre la Finlande et la
Suède, disposera d'unités de production en Grande-Bretagne et aux
Etats-Unis. Outokumpu détiendra 55 % de la nouvelle
société et Avesta Sheffiedl 45 %. La fusion sera
réalisée sous la forme d'une offre d'échange d'actions.
3. Électronique : l'essor du commerce électronique
Les
rendements boursiers exceptionnellement élevés dont les
entreprises finlandaises de l'électronique ont
bénéficié de la part de leurs filiales
étrangères expliquaient les bénéfices records de
1998.
En 1999, l'évolution du chiffre d'affaires et des exportations a
continué d'être la meilleure dans l'industrie de
l'électronique. Ce chiffre a, en effet, crû d'un tiers et les
exportations de près de 40 %, celles-ci représentant 88 % du
chiffre d'affaires.
Si le commerce électronique représente encore un volume
relativement faible dans les entreprises industrielles finlandaises, il leur a
toutefois permis des progrès sensibles grâce, entre autres,
à un accroissement de rentabilité, de productivité et du
degré d'utilisation de la capacité.
La carte d'identité électronique
La
Finlande est le premier pays au monde à avoir adopté la carte
d'identité électronique
. On peut se la procurer auprès
des services de police depuis décembre 1999. Plus de 6.000 Finlandais
l'ont déjà. La carte électronique se présente comme
une carte d'identité normale avec photo, mais on y a ajouté une
puce électronique qui contient le code personnel du titulaire. Ce code
personnel, qui permet l'identification électronique du détenteur
de la carte, a été mis au point par le Registre d'Etat civil. Il
garantit que ceux qui utilisent un réseau informatique sont bien ceux
qu'ils prétendent être.
La carte permet de régler ses affaires en toute confiance sur le
réseau Internet. Le titulaire de la carte peut aussi signer
électroniquement et assurer la confidentialité des documents
qu'il envoie. La signature et la confidentialité sont assurées
à l'aide du code personnel. La signature électronique offre des
possibilités nouvelles d'élargissement des services, en
particulier dans le commerce en ligne. Les commerçants doivent
être spécialement équipés pour assurer ce genre de
services. Les ordinateurs doivent aussi être munis d'un lecteur de
cartes, équipement en voie de standardisation.
Il est projeté d'étendre l'identification électronique aux
entreprises. Le code d'entreprise, qui correspondrait au code personnel,
permettrait de regrouper les données dont disposent les divers services
administratifs pour que les entreprises ne soient plus obligées de
répéter les mêmes données à plusieurs
services différents. Un projet de loi sur ce sujet pourrait être
discuté dès 2001.
A ce jour environ 95 % de l'industrie finlandaise pratiquent le commerce
électronique sous une forme ou sous une autre
. Certes, cette
pratique reste plus rare dans les petites et moyennes entreprises. Selon le
rapport établi par la Confédération de l'industrie et des
employeurs finlandais (CIEF), le tiers des petites entreprises et 60 % des
moyennes semblent ainsi être entrées dans le jeu.
Quant au secteur bancaire, le nombre des clients en ligne a fortement
augmenté.
MERITA, la plus grande banque finlandaise a plus de 800.000 clients en ligne,
soit la moitié de sa clientèle. Viennent ensuite le groupe
OKOBANK avec 510.000 clients en ligne, puis le groupe LEONIA avec plus de
400.000 clients, soit le tiers de sa clientèle.
Le volume du commerce électronique dans les entreprises devrait plus que
doubler d'ici à 2003 et c'est la vente des produits qui devrait
augmenter le plus.
4. Téléphonie : la croissance extraordinaire du téléphone mobile
En 1998,
la Finlande a été érigée par l'OCDE au rang de
modèle de « société de
l'information », éclipsant ainsi la Suède, son voisin
mieux connu. Les nouvelles technologies sont désormais le premier
secteur industriel.
On explique souvent cette réussite par la libéralisation
précoce du marché de la téléphonie, par la
lucidité des patrons finlandais ou par les efforts consentis par l'Etat
depuis le début des années 1990 pour équiper les
écoles et les bibliothèques d'ordinateurs et d'Internet. Mais
certains chercheurs mettent également en avant les particularités
de la société finlandaise, qui, à côté des
fleurons économiques que tout le monde connaît, a
développé une véritable culture des nouvelles technologies.
Alors qu'il a été annoncé qu'il avait obtenu une commande
de 260 millions d'euros de l'opérateur polonais Polkomtel pour
développer le réseau de téléphonie mobile,
Nokia
se confirme, par delà les aléas de la bourse, comme
le
géant finlandais
. Il représente à lui seul
55.000 emplois. Il est le premier mondial sur le marché des
téléphones mobiles et la 5
ème
marque la plus
connue dans le monde.
Le match Nokia-Ericsson est l'illustration de l'émancipation
finlandaise, avec 41 millions de mobiles vendus par Nokia, contre 24 pour
Ericsson.
Selon le ministère des Télécommunications et des
Transports, le nombre de connexions de téléphones mobiles a
dépassé, en 2000, les 3,6 millions d'unités, classant la
Finlande au premier rang mondial par habitant.
5. Biotechnologies
Le
secteur des biodisciplines s'est rapidement développé ces
dernières années. C'est ainsi que l'on compte actuellement plus
de 90 entreprises dans l'industrie biotechnique, soit près de 10 % de
l'ensemble de ce qu'il est convenu d'appeler des bioentreprises en Europe.
C'est dans la région de Turku que se sont concentrés plus de la
moitié de l'industrie pharmaceutique de Finlande et les deux tiers de
l'industrie du diagnostic.
Les grandes entreprises pharmaceutiques comme Leiras du groupe Schering, Orion
Pharma et Perkin Elmer Life Sciences/Wallac sont depuis longtemps
implantées dans la région. Ces dernières années, le
Centre technologique de Turku a connu une importante activité
entrepreneuriale et de recherche.
Les chercheurs de Turku furent, entre autres, les premiers à faire
apparaître la structure d'une protéine enzymatique isolée
et, à l'heure actuelle, c'est à l'université de Turku que
se trouve la seule chaire de développement des denrées
alimentaires de Finlande.
Les universités pratiquent depuis longtemps une coopération
étroite et pionnière non seulement entre elles mais aussi avec
les industries locales
de l'agro-alimentaire et de la pharmacie. Beaucoup
de professeurs ont acquis une expérience au service des
départements de recherche et développement de l'industrie.
Le
centre Medipolis
implanté à Oulu dans le nord de la
Finlande depuis 1990 est devenu un groupe biotechnologique et médical
internationalement reconnu. L'objectif de Medipolis est de diversifier et
faciliter les conditions préalables qui permettent d'offrir des services
de santé publique et par là d'améliorer la qualité
de la vie. Le CHU d'Oulu ainsi que la faculté médicale et
biotechnique de l'université d'Oulu se trouvent à
proximité immédiate de Medipolis. Les entreprises qui sont
installées à Medipolis coopèrent étroitement non
seulement entre elles mais aussi avec l'université et les instituts de
recherche. La gamme de produits de Medipolis, qui emploie au total 500
professionnels dans plus de quarante entreprises, propose des
médicaments, des équipements et des programmes, divers produits
de diagnostic et des aliments diététiques.
Mais le progrès des biotechnologies est bien entendu associé
à celui des nouvelles technologies de l'information et de la
communication.
«
Biowap
», un système de recherche gratuite
de données dans les bases de données de l'Internet à
partir du téléphone mobile 24 heures sur 24 et en tous lieux a
été mis au point par les chercheurs de domaine de biotechnologies
et fonctionne au prix de la communication normale.
6. Forêt - Bois - Papier
Deux des
dix plus grandes entreprises forestières du monde sont finlandaises dans
une filière qui est désormais le deuxième -et non plus le
premier- secteur de l'industrie de ce pays.
Avec 0,5 % des ressources forestières mondiales, la Finlande fournit
entre 15 et 25 % du papier et du carton vendus dans le monde.
Pourtant, les forêts finlandaises ne font pas l'objet d'une exploitation
sans limites : certaines sont protégées et, depuis trente
ans, les plantations et la régénération naturelle
excèdent les prélèvements.
Alors qu'au printemps 2000 le géant
UPM-Kymmene
avait
renoncé à son projet d'acheter l'entreprise américaine de
l'industrie forestière Champion, après que l'américaine
International Paper avait offert pour Champion 300 millions de dollars de plus
qu'elle, une nouvelle opportunité s'est offerte à l'égard
de la firme REPAP. UPM-Kymmene s'est porté acquéreur de ce
fabricant canadien de papier pour magazines. Cette opération devrait
renforcer la position dominante d'UPM sur le marché mondial des papiers
pour magazines, en Amérique du Nord en particulier. UPM devrait verser
plus de 700 millions de markkaa (117,7 millions d'euros) pour l'ensemble des
actions de REPAP et prendre à son compte la dette nette de la
société lourdement surendettée. Cette dette
s'élève à 5,4 milliards de markkaa (0,91 milliards
d'euros). La valeur totale de ce marché s'élève à
environ 6 milliards de markkaa (1 milliard d'euros) et inclut outre l'usine
à papier, deux usines à pâte à papier et deux
scieries.
La récolte du bois est très mécanisée en Finlande.
Plus de 90 % du volume du bois abattu chaque année y est
récolté à l'aide d'engins d'abattage et de
débardage.
La société
Ponsse
est pionnière dans les logiciels
destinés à l'industrie forestière. Les logiciels
permettent de contrôler presque toutes les opérations. Les engins
peuvent, en outre, être reliés par courrier électronique.
La production papetière s'oriente de plus en plus vers des produits
spécialisés pour les papiers d'impression et les emballages.
7. Tourisme
Le
tourisme se développe progressivement en Finlande.
Certaines provinces comme la Laponie, misent sur l'atout que représente
l'espace, l'écologie et la tradition des pays du froid. 300 vols
charters ont ainsi pu être décomptés dans les
aéroports de cette province en 2000, en provenance de pays comme la
Russie, le Japon et les divers Etats de l'Union européenne.
La délégation a pu apprécier l'inventivité de
projets de développement touristique comme le parc d'attraction du
Père Noël (
Santa Claus Park
)
11(
*
)
, installé dans un abri antinucléaire
près de Rovaniemi, comme l'aire commerciale du cercle arctique au nord
de cette même ville ou comme le
Château de neige
édifié chaque année à
Kemi
.
CHAPITRE 3
L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE :
UN
CONCEPT INCONNU MAIS DES RÉALITÉS ARDUES
La
campagne pour les élections présidentielles de 2000 a mis en
évidence la problématique de ce que nous appelerions
l'aménagement du territoire : désertification de l'espace
rural, fossé grandissant entre villes et campagnes marquant l'opposition
d'une Finlande moderne et d'une vie rurale presque archaïque.
M. Esko AHO, président du parti du Centre, a souligné notamment
ces thèmes et sa place nettement en tête dans les campagnes, lors
de l'élection présidentielle, a illustré ce clivage.
Selon certains commentateurs, la victoire du Sud sur le Nord, des urbains sur
les ruraux qu'a impliqué l'élection de février 2000
devrait inciter à la réflexion car, dans la mesure où elle
recouvre l'évolution économique, elle constitue un défi
pour les responsables du pays.
Pour eux, d'une certaine façon, une « fracture »
géographique semblerait apparaître entre :
- d'une part, les régions d'Helsinki, de Turku, de Tampere et de
l'Uusisima, en développement ;
- et, d'autre part, les régions de Laponie, d'Oulu, de Vaasa et de
l'île d'Aland.
Il a semblé intéressant à la délégation du
groupe sénatorial d'amitié d'évaluer ce diagnostic et de
mesurer l'impact des politiques régionalisées
élaborées pour répondre à ce défi.
I. LES DONNÉES DE BASE : LES LIMITES DE L'OEKOUMÈNE ET LA MAÎTRISE DES INÉGALITÉS
A. LES CONTRAINTES CLIMATIQUES SONT SÉVÈRES
La
Finlande se situe, pour l'essentiel, entre les 60
ème
et
70
ème
parallèles. Un quart de sont territoire est donc
situé au nord du cercle arctique.
En dépit de cette latitude, le climat de la Finlande est affecté
par le réchauffement qu'exerce jusqu'à sa côte sud le Gulf
Stream. Il est ainsi humide, avec des hivers froids et une variation
prononcée des saisons.
L'été, la température avoisine 17° au sud et 10°
au nord. L'hiver, les lacs et les littoraux marins gèlent pendant un
à cinq mois, voire, pour les lacs, pendant huit mois.
Les précipitations surviennent en toutes saisons. Elles atteignent 600
à 900 millimètres au sud et 400 à 500 millimètres
en Laponie, la moitié de ces précipitations étant
constituées de neige.
La durée de l'éclairement diurne varie fortement selon les
saisons. A la fin du mois de juin, la durée du jour dépasse 19
heures dans le sud et le soleil ne descend pas au-dessous de l'horizon pendant
73 jours. En hiver, l'éclairement diurne atteint 6 heures au sud tandis
qu'
au nord, où l'hiver s'étend sur 200 jours, la nuit polaire
dure 51 jours
.
La durée de la croissance des végétaux, si elle atteint
170 jours dans le sud, ne dépasse pas 100 jours au nord.
Ces réalités climatiques limitent les types de cultures possibles
et imposent des coûts élevés.
Mais si le froid est une contrainte, il est aussi, sur le plan de
l'activité économique et du développement, un défi
à relever
.
Ainsi, comme les auteurs du présent rapport ont pu le constater de visu,
l'aéroport de Rovaniemi
, ville de la Laponie sur le cercle
polaire arctique, doit surmonter un environnement difficile pour les transports
aériens. La circulation y est pourtant la plus dense en hiver. Le fait
que l'aéroport domine son environnement ajoute aux impératifs de
sécurité en vol. Outre le froid et la neige, les nuages
recouvrent la piste, souvent des jours entiers. Les appareils d'observation
météorologique de Vaisala contribuent à renforcer la
sécurité sur un terrain où la neige, le froid, le gel et
les gelées blanches sont une réalité impitoyable.
Le trafic est donc le plus animé pendant les durs mois d'hiver sur
l'aéroport de Rovaniemi, le plus moderne aéroport de type CATT II
d'Europe du Nord. Le système d'atterrissage CAT II qui l'équipe
améliore la sécurité et la régularité des
vols. Aujourd'hui, 350.000 voyageurs transitent chaque année par
Rovianemi.
Des informations météorologiques précises,
communiquées en temps réel, contribuent à améliorer
les conditions des activités aériennes et la
sécurité de l'aéroport tout en abaissant les frais de
gestion. Le travail du personnel de maintenance de l'aéroport est
facilité par des systèmes informatiques modernes qui
préviennent des changements de conditions météorologiques
et de la surface de la piste. Les équipements d'observation
météorologique contribuent à la planification des mesures
d'entretien et à maintenir les frais opérationnels au minimum. La
station ROSA de Vaisala mesure la température de la surface de la piste,
du point de rosée et de l'air, la force de la pluie et les conditions
qui règnent à la surface du sol. Un capteur donne des
informations sur l'état de gel, les antigels chimiques, les teneurs en
eau et les températures de la surface de la piste. Les unités de
visualisation des vents Vaisala qui se trouvent sur la tour de contrôle
aident le personnel de l'aéroport à relever les défis du
climat arctique.
S'agissant de la recherche, l'effet du froid sur la santé de l'homme est
à l'étude depuis de nombreuses années. La Finlande, qui
appartient en partie à la zone arctique, en partie à la zone
subarctique, est naturellement portée à cette recherche. Les
unités de recherche ont ainsi créé, en coopération
avec les entreprises, des produits et des matériaux qui permettent de
neutraliser les effets du froid.
L'institut régional de médecine du travail d'Oulu
qui est
spécialisé dans l'étude du froid dispose de laboratoires
spéciaux (habillement, climatisation, ergonomie, hygiène du
travail et froid). On y étudie, entre autres, la capacité
d'isolation thermique des textiles, la perméabilité des tissus
à l'air et leur résistance à la pénétration
de la vapeur d'eau ainsi que les effets conjugués du froid et des
vibrations.
B. LES CONTRAINTES TOPOGRAPHIQUES SONT RÉELLES
Les
contraintes topographiques s'ajoutent à celles du climat.
Des étendues importantes sont occupées par des lacs.
Sur une superficie totale de 33,8 millions d'hectares, la forêt en
représente 23 millions, les cours d'eaux, lacs et étangs 3,36
millions et les terres improductives 3,7 millions.
Il ne reste que 0,95 million d'hectares pour les surfaces bâties et 2,75
millions de terres cultivables (soit 8,1 %).
Enfin, le substrat morainique de la plupart des terres impose d'éviter
l'érosion des sols et la perte de leurs éléments
nutritifs. D'où le souci d'exploiter les terres cultivées dans le
respect des conditions naturelles et le respect du potentiel de production.
C. LES SÉQUELLES DÉMOGRAPHIQUES ET SOCIALES DE LA RÉCESSION DES ANNÉES 1990-1993 SE RÉSORBENT PROGRESSIVEMENT
1. Les inégalités de répartition de la population restent fortes
Les inégalités de répartition de la population sont sensibles. Ainsi, la région de Laponie, qui couvre près du tiers de la Finlande, ne compte que 200.000 habitants, encore ceux-ci sont-ils regroupés, pour l'essentiel, dans les agglomérations comme Rovaniemi ou Kemi. Certaines zones connaissent en moyenne une densité de population de 2 habitants au kilomètre carré. Par contraste, l'agglomération d'Helsinki regroupe, à elle seule, 20 % de la population finlandaise.
2. Le vieillissement de la population est un défi à relever
Un
récent rapport de l'OCDE sur la Finlande a mis en lumière le
véritable défi que constitue, pour ce pays, le vieillissement de
sa population.
On compte actuellement un retraité en Finlande sur quatre personnes en
âge de travailler. On estime qu'en 2030 la proportion des
retraités dans l'ensemble de la population sera, en Finlande, la
deuxième la plus élevée des pays de l'Union
européenne.
La conséquence du vieillissement de la population entraînera un
alourdissement de la part des salaires consacrée aux cotisations de
retraite, celle-ci passant de 21,5 % actuellement à 32 % en 2050.
Des financements nouveaux devront, en outre, être cherchés pour
assurer la couverture maladie des personnes âgées.
Pour y remédier, l'OCDE suggère que l'âge réel de la
retraite, qui est en Finlande de 59 ans, soit relevé et reporté
vers 65 ans. Elle suggère, en outre, l'introduction de comptes de
retraites.
En outre, bien que ce pays soit un de ceux de l'OCDE où les
inégalités de revenus sont les moins grandes, la récession
des années 1990-1993 a douloureusement marqué la Finlande. C'est
un sujet que les Finlandais n'abordent qu'avec pudeur, convenant que le nombre
des exclus et des suicides a représenté, pour cette
période heureusement révolue, un coût qui pourrait sembler
inacceptable. Cette récession pèse encore, en dépit de la
reprise économique, sur certaines portions du territoire. Certaines
poches, notamment dans le nord, concentrent des populations dont la moyenne
d'âge excède 50 ans, sans formation et au chômage de longue
durée. Elles paraissent difficilement résorbables.
3. L'égalitarisme apparent semble parfois masquer des réalités plus diffuses
La
société finlandaise originaire, rurale, profondément
égalitariste et marquée par le luthéranisme, proscrivait
les différenciations de richesse, de prestige ou de pouvoir. Or, on
notera que la Finlande partage avec la Suède la particularité
d'une capitalisation concentrée dans les mains d'une partie relativement
limitée de la population, phénomène qui vient en quelque
sorte contredire le modèle social-démocrate dominant en
matière de revenus.
Bien plus, le creusement de certaines inégalités -comme la
distribution de la propriété foncière, la situation au
regard de l'impôt, le recours à certaines aides publiques, comme
celles afférentes à l'entretien du patrimoine ou à
l'octroi de bourses pour les étudiants à l'étranger- tend
à susciter une forme de contestation des populations
géographiquement isolées ou socialement oubliées.
Selon certains commentateurs enfin, les sphères dirigeantes d'Helsinki
ne sont, quant à elles, pas toujours spontanément enclines
à considérer les disparités du développement
territorial comme un problème central alors que la conjoncture
économique, sur un plan global, est particulièrement favorable
pour la Finlande.
II. LES POLITIQUES RÉGIONALISÉES : LE MARCHÉ IMPOSE SES CHOIX
A. L'INITIATIVE PRIVÉE LOCALE S'AFFIRME COMME LE MOTEUR PRINCIPAL DU DÉVELOPPEMENT DES TERRITOIRES
A la
différence de notre pays, la Finlande laisse principalement
procéder le développement de ses territoires de l'initiative
privée et non pas d'une volonté publique, qu'elle soit
administrative ou politique.
Des réformes structurelles ont, certes, été
proposées afin de stabiliser les écarts entre régions.
Certains en souhaitent l'accélération. Mais ces réformes
s'avèrent difficiles à mettre en oeuvre par une classe politique
où la recherche du consensus est jugée primordiale et où
les syndicats de travailleurs -avec des taux de syndicalisation avoisinant 80
%, voire 95 % dans certains secteurs- sont très puissants. D'où
la difficulté de trancher sur des questions comme l'assouplissement des
règles d'embauche, le partage du travail, le développement du
temps partiel, voire la durée du temps de travail, ou comme des plans
d'économies dans les dépenses sociales.
En outre, les dirigeants finlandais marquent un certain scepticisme à
l'égard du modèle d'aménagement du territoire que peut
développer un pays comme le nôtre
, comme à
l'égard de types d'institutions qui nous paraissent aussi importantes,
pour la planification du développement et la péréquation,
que l'échelon ministériel. Pour eux, en effet, avant tout,
comptent l'initiative locale et
le volontarisme
du projet local.
L'idée que des techniciens puissent théoriser, depuis la capitale
ou les principales villes de province, une vision d'aménagement qui
viendrait, en quelque sorte, s'imposer aux éventuels projets locaux
apparaît presque incongrue. Au cours des entretiens qu'ils ont pu avoir
avec les dirigeants finlandais, les auteurs du présent rapport ont ainsi
pu entendre des expressions : «
L'aménagement du
territoire ? Cela n'existe pas en Finlande. Nous n'avons pas cela. Mais
pourquoi l'aurions-nous ? L'important n'est-il pas l'initiative
locale
? ».
Enfin, le secret du développement des territoires semble venir, en
Finlande,
d'une synergie entre la stratégie émanant des
entreprises privées et l'offre de formations des universités
.
La délégation a ainsi pu s'entretenir avec les responsables de
l'université d'Oulu mais aussi avec ceux de l'université de
Laponie à Rovaniemi. Dans les deux cas, la communauté pragmatique
d'action entre ces dirigeants et les acteurs économiques du terrain est
évidente, les universités assurant la recherche fondamentale en
liaison avec les industriels. Une telle remarque avait d'ailleurs
déjà été faite à propos de la région
d'Emilie Romagne en Italie dans un rapport de la mission sénatoriale
d'information sur l'aménagement du territoire en 1994
12(
*
)
.
Une
université
comme celle
d'Oulu
-deuxième
université finlandaise après Helsinki, créée en
1958 et qui compte 6 facultés et 13.500 étudiants pour une aire
géographique qui équivaut au territoire de l'Autriche et de la
Hongrie- s'honore ainsi de former la majeure partie du personnel de la firme
Nokia, mais aussi de contribuer à la recherche-développement de
nombreuses entreprises de pointe.
L'université de Laponie
a développé une
stratégie internationale pour 1998-2010. Quant à la
faculté du design de cette université, elle a mis en ligne le
catalogue actualisé de la création en Laponie avec le concours
des entreprises créatrices et de ses étudiants.
De 1998 à 2000, les formations en nouvelles technologies ont ainsi
permis de créer 600 emplois en Laponie.
Mais les entretiens avec les
entrepreneurs privés
ont
montré de façon particulièrement éclairante que
c'était sur eux, et non pas sur les collectivités publiques
que reposait le soin de définir des stratégies territoriales de
développement
qui aient une visibilité mondiale
Ainsi, les principaux industriels du secteur des nouvelles technologies qui
développent depuis 1992,
à Oulu
, des centres
d'activité dans le domaine de la recherche (Technopolis qui regroupe 130
entreprises et 3.000 employés) et de la santé (Médipolis
qui regroupe plus de 50 entreprises et 500 employés) ont-ils, en
coopération avec leurs homologues suédois,
développé
le projet « Multi-Polis »
qui s'étend sur le nord de la Suède et de la Finlande et qui
prévoit la création d'une dizaine de pôles technologiques
spécialisés sur des «
niches
» du
marché. La carte ci-après en montre la répartition.
carte n° 1
Les principaux instruments du succès de ces centres tiennent à une offre de bureaux puissamment prééquipés pour les nouvelles technologies, des espaces de conférence à proximité, des centres d'expertise dans des domaines comme la comptabilité d'entreprise et la maintenance informatique, un souci de l'image d'entreprise.
B. LE CADRE INSTITUTIONNEL LOCAL A ÉTÉ RÉCEMMENT RÉNOVÉ
La réforme régionale opérée en 1997 a rénové le cadre institutionnel du développement territorial. Trois niveaux d'administration sont désormais distincts : les communes, les « régions » et les provinces.
1. Les communes
Les
communes sont au nombre de 448.
Leur taille est très variée : ainsi une commune
compte-t-elle 150 habitants alors qu'Helsinki, la capitale en regroupe 547.000
et près d'un million avec sa banlieue. De même, leur superficie
est variable. L'une d'elle peut couvrir 300 km
2
.
Les communes bénéficient de l'autonomie. Elles disposent d'une
fiscalité assise sur les revenus salariaux des personnes physiques ainsi
que sur le résultat d'activité des entreprises, mais sous un
plafond de 20 %.
Le
conseil municipal
est élu pour 4 ans au suffrage universel. Il
vote le budget.
Chaque commune dispose, en outre, d'un
conseil d'administration
animé par un maire, fonctionnaire à temps plein,
désigné par le conseil municipal pour la durée de son
mandat et qui peut être démis.
Les projets de développement territorial sont
directement
défendus par les communes auprès du Gouvernement, sous
réserve de l'avis du préfet de la province.
2. Les « régions »
Les
Finlandais appellent parfois « régions » ce qui
correspond plutôt à la taille des départements
français.
Cet échelon résulte de la réforme de 1997. Il fait
co-exister un échelon d'administration de l'Etat et un niveau de
regroupement des communes.
Outre l'île d'Aland, qui jouit d'un statut particulier, 19
« régions » découpent ainsi le territoire,
ainsi qu'en témoigne la carte ci-dessous.
carte n° 2
-
* L'administration étatique dans les régions.
Celle-ci comprend :
- des centres pour l'emploi et le développement économique, créés en 1997 ;
- des centres pour l'environnement, créés en 1995 ;
- les autres administrations régionalisées de l'Etat qui comptent au total 140 bureaux et 30.000 agents publics.
* Le regroupement communal
- le développement économique co-financé par les fonds structurels européens ;
- l'élaboration des schémas directeurs d'aménagement et d'urbanisme ;
- la santé.
3. Les provinces (lääni)
La
réforme de 1997 a abouti à la création de 6
« provinces » qui correspondent à notre
échelon régional et couvrent le territoire de plusieurs
« régions ».
La carte ci-après montre la répartition de ces provinces.
carte n° 3
A la
tête de ces provinces se trouvent un représentant de l'Etat ou
préfet nommé (pour 8 ans au plus) par le Gouvernement parmi les
politiciens chevronnés.
La délégation a eu le privilège de s'entretenir avec Mme
Hannelle POKKA, préfet de la province de Laponie, ancien ministre de la
Justice.
Les préfets coordonnent la politique de l'Etat dans le domaine de
l'enseignement, de la culture, des affaires sociales et de la santé, des
affaires économiques, de la concurrence, de la consommation, des
produits alimentaires, des affaires vétérinaires, de la police,
du sauvetage et de la lutte contre les incendies, des transports, de la
jeunesse et des sports et de la justice.
Tous les crédits disponibles au niveau de la province proviennent du
budget de l'Etat.
Au total les 6 préfectures emploient plus de 1.000 agents publics.
4. Le rôle de l'Etat tend parfois à devenir résiduel
Tout en
restant non négligeable, le rôle de l'Etat dans la politique
régionalisée tend parfois à devenir résiduel.
Certes, il ne faut pas négliger le soutien financier apporté par
le budget de l'Etat soit au financement des infrastructures -c'est le cas
notamment pour les voies routières rapides- soit aux projets
d'initiative locale mais, depuis l'adhésion à l'Union
européenne, ce soutien est plus ciblé.
De même ne faut-il pas sous-estimer le poids des emplois publics dans la
population active dans des régions comme la Laponie où ils
atteignent 50 %.
Mais, sur le plan de la conception des projets, le rôle de
l'administration de l'Etat tend à devenir second.
La loi n° 1135 sur le développement régional de 1993 a
permis le lancement d'un programme de
centres d'expertise
destinés à polariser localement l'expertise et qui implique les
ministères de l'Intérieur, de l'Education, de l'Agriculture et de
la Forêt, du Commerce et de l'Industrie ainsi que du Travail. Une
première phase d'expérimentation a permis la naissance de onze de
ces centres dans les « régions » de 1994 à
1998. Une seconde phase, qui a débuté en 1999 et court jusqu'en
2006, devrait permettre la mise en réseau de ces centres qui
atteindraient le nombre de 14. Les centres d'expertises réunissent les
industries, les collectivités locales, des centres de technologie et des
universités et les adminstrations déconcentrées. Les
programmes de ces centres traduisent prioritairement les besoins des industries
locales.
C. LA SOCIÉTÉ DE L'INFORMATION S'IMPOSE
Contrainte par l'isolement climatique et par les
étendues de
ses territoires, la population finlandaise s'est, dans les cinq
dernières années, convertie à la société de
l'information qui, seule, permet des transactions économiques rapides et
un dialogue instantané à distance.
75 % des transactions bancaires sont désormais effectuées par la
voie électronique.
Les exemples de développement fondés sur les nouvelles
technologies se multiplient.
La Ville de
Tampere
est ainsi sur le point de mettre en oeuvre un projet
« e-Tampere » de développement lié aux
services électroniques et aux activités commerciales, grâce
auquel les habitants trouveront, dès 2001, sur leur terminal toutes les
informations dont ils auront besoin sur les services sociaux, culturels ou de
loisirs offerts dans la ville, mais aussi par la ville grâce à un
système baptisé « Infocité ».
Le diagnostic médical de même que le renouvellement des
ordonnances à distance sont possibles dans les immensités
désertes de Laponie grâce à l'Internet et au courrier
électronique.
De ce point de vue, la société finlandaise peut apparaître,
à bien des égards, comme une
société
d'après-demain
. Les Finlandais se plaisent ainsi à affirmer
que leur pays est une superpuissance en matière de
télécommunications. Outre les résultats spectaculaires que
le marché intérieur a enregistrés aussi bien pour les
téléphones mobiles que pour l'accès à Internet, les
entreprises du secteur s'affirment de plus en plus dans la compétition
internationale, qu'il s'agisse des industries productrices, des
matériels ou des fournisseurs de services. Ces succès sont, en
bonne partie, dus à la politique de libéralisation qui a
transformé le cadre juridique dans lequel opèrent ces entreprises
et à leur dynamisme propre sur les plans technologique, industriel et
commercial.
La déréglementation engagée par les pouvoirs publics avant
même que l'Union européenne en ait fait une obligation, a
porté ses fruits de diverses manières. Pour le consommateur, la
concurrence a généralement entraîné une baisse des
prix et une amélioration de la qualité des services. Elle a eu
des effets bénéfiques sur la stratégie des entreprises qui
ont mis la recherche et le progrès technologiques au premier rang de
leurs priorités. Cela s'applique aussi aux entreprises industrielles qui
fabriquent les matériels et équipements, comme en témoigne
la réussite exceptionnelle de
Nokia
-la plus grande entreprise du
pays, comme il a été vu- qui occupe un créneau
internationalement reconnu et dont le chiffre d'affaires, en progression
rapide, dépassait 8,4 milliards d'euros pour le premier semestre 1999.
Quant à l'opérateur téléphonique Sonera, il
semblait bien placé à la fin de 1999 pour le passage de la
deuxième génération de téléphonie mobile
(GSM) à la troisième. Il consacrera des investissements
substantiels à ce nouveau réseau.
On sait, d'autre part, que
six Finlandais sur dix -pourcentage le plus
élevé au monde- possédaient un téléphone
mobile au début de 1999
. Cette performance est à rapprocher
de l'utilisation d'Internet -autre record- plus du tiers de la population s'y
étant connecté au moins une fois au cours du dernier trimestre
1998.
Quelques problèmes subsistent : l'étroitesse du
marché intérieur, mais aussi certains retards pris par
l'investissement entre 1990 et 1995 en raison de la récession. Enfin,
les
différences régionales dans la diffusion des technologies
ne semblent pas toutes surmontées. Le risque de
« marginalisation » de divers groupes de la population
(personnes âgées, certains ruraux, etc...) subsiste, lui aussi, en
raison de leur maîtrise insuffisante de ces technologies.
D. LE RECOURS AUX POLITIQUES STRUCTURELLES EUROPÉENNES PERMET DE COMPENSER UNE PARTIE DES DÉSÉQUILIBRES
1. Le soutien dans le cadre de la politique agricole commune
Les
aides communautaires à l'agriculture sont diverses. Tout d'abord, les
produits finlandais bénéficient du système de
soutien
prévu pour l'ensemble de l'Union à la suite de la
réforme de 1992. Celle-ci se fondait sur une baisse des prix et sur le
versement d'aides compensatoires, notamment sous la forme de paiements directs
(à l'hectare et par tête de bétail) plafonnés et
soumis à certaines conditions (le gel de terres, en particulier). Sont
concernés : les céréales, les oléagineux, le
lait (avec quotas au niveau national et à celui des exploitations), la
viande bovine, entre autres. Ce soutien représentait 1.643 millions de
markkaa en 1998.
Lors de l'adhésion, en 1995, la Finlande a obtenu de l'Union qu'on
utilise des critères larges comme la
latitude
dans la
définition de ces zones assimilées aux « zones de
montagne », ce qui a permis, d'inclure environ 85 % des surfaces
utiles du pays. En 1998, dernière année connue, l'Union
européenne a dépensé à ce titre 451 millions de
markkaa, la part financée par la Finlande étant de 1.200
millions.
Enfin, l'Union finance une aide gouvernementale (en 1998, 841 millions de
markkaa), étant entendu qu'une aide de même valeur est
versée par l'Etat. Un programme agri-environnemental a été
élaboré avec le concours de l'Union européenne pour
l'utilisation de ces aides. Dans ce cadre, un plan général de
protection de l'environnement agricole s'adressant à tous les
exploitants (élevage et culture) qui prennent certains engagements,
absorbe la plus grande part des crédits (environ 90 % des exploitations
en activité en bénéficient). Le reliquat transite par le
plan de protection supplémentaire ciblé sur des mesures plus
limitées (aide à l'agriculture biologique, par exemple).
Les années 1997 et 1998 ont été marquées par un
malaise croissant dans le monde agricole. C'est qu'en effet, dans la
perspective des négociations à venir de l'OMC et, surtout, de
l'élargissement de l'Union européenne, la politique agricole
commune devait être réformée à partir de l'an
2000 ; et -les Etats membres refusant d'imposer de nouvelles contributions
au budget de l'Union- les dépenses causées par l'admission des
pays de l'Est ont dû être compensées par des
économies à définir. En 1997, la Commission a rendu
publiques ses orientations dans le cadre de l' « Agenda
2000 » ou « paquet Santer », provoquant de vives
réactions en Finlande. Dans le prolongement de la réforme de
1992, la baisse des prix garantis (pour les céréales, la viande
de boeuf et le lait) a dû être poursuivie, en même temps que
s'accroissait la part de l'aide revêtant la forme de paiements directs
qui ne compensaient pas toujours la baisse des prix. Remaniées au
printemps 1998, ces propositions ont été mal accueillies.
L'insuffisance des paiements directs fut dénoncée, les
exploitants prévoyant des pertes annuelles éventuelles de 900
millions de markkaa.
L'opiniâtreté des négociateurs finlandais, arguant de
l'importance des handicaps affectant l'agriculture nationale, a finalement
triomphé. Les décisions adoptées au sommet de Berlin
(24-25 mars 1999) et confirmées par le Parlement européen en mai
1999 leur ont donné largement satisfaction. Pour les principales
productions, des compensations intégrales sont prévues pour les
pertes causées par la diminution des prix. Des mécanismes d'aide
spécifiques sont programmés pour la Finlande : aide au
séchage des céréales et des oléagineux, aide au
fourrage.
2. L'évolution des fonds structurels
Des
financements proviennent des fonds structurels de l'Union européenne en
fonction des objectifs de développement prioritaires auxquels la
Finlande est éligible.
Des conditions très favorables sont prévues pour les projets
situés dans les régions du Nord et de l'Est ayant une
densité démographique inférieure à 8 habitants au
kilomètre carré, correspondant à l'objectif 6 des fonds,
créé en 1995 pour la Suède et la Finlande.
En outre, l'Union européenne agit par le canal d'initiatives, telle
l'initiative «
Leader II
», s'ajoutant aux objectifs
5b et 6 pour le soutien des initiatives locales rurales, et
«
Interreg II
» visant des zones à cheval sur
la frontière finno-russe.
L'Agenda 2000 prévoyait la réforme des fonds structurels. La
Finlande craignait, en effet, qu'à la suite d'une rationalisation des
procédures (et de l'octroi d'aides aux futurs membres de l'Union
européenne), les transferts en sa faveur diminuent.
Pour finir, la Commission européenne a approuvé, à la fin
du mois d'octobre 2000, le Document unique de programmation 2000-2006 de
l'
objectif 2
(zones en difficultés structurelles)
pour les
îles Aland
. Il s'agit d'une décision de principe, qui devra
être confirmée après consultation des régions).
Le programme apporte une contribution communautaire de 4,6 millions d'euros,
qui permettront eux-mêmes de mobiliser environ 22 millions d'euros de
fonds privés et publics en faveur des quelque 6.500 îles et
îlots qui constituent cette région. Il devrait favoriser la
création de 200 emplois et de 30 nouvelles entreprises.
Les îles Aland (voir carte en annexe) sont éparpillées et
dépourvues de liaisons routières permanentes avec le continent.
Elles comptent principalement des petites entreprises ou des micro-entreprises
dotées d'une capacité d'investissement limité. Une
situation rendue d'autant plus difficile du fait que la zone pose des
problèmes d'accès aux marchés et limite les perspectives
de croissance des entreprises.
Ce concours européen vise l'expansion des entreprises aux fins de la
promotion d'un secteur de petites entreprises hautement compétitives. Le
programme est destiné à aider l'archipel à se doter d'une
économie plus diversifiée, étant donné que les
moyens de substance offerts par la production primaire traditionnelle sont en
apparente régression.
Le programme prévu se concentre sur quatre axes : les services de
conseil et d'aide à l'expansion des entreprises ; le
développement de l'archipel visant à freiner le déclin
démographique ; la société de l'information ;
l'adaptation de l'industrie et de la société aux
impératifs écologiques.
CHAPITRE 4
L'EDUSKUNTA
La
délégation du Groupe sénatorial d'amitié a
consacré la deuxième journée de sa visite en Finlande
à des entretiens dans le cadre de
la Chambre des
députés de Finlande
(Eduskunta).
Si les Finlandais se plaisent à faire remonter au
XIV
ème
siècle, en 1362, la participation de leurs
concitoyens à une institution parlementaire -en l'occurrence la
Diète suédoise-, l'implantation du fait parlementaire dans la
réalité politique finlandaise n'excède pas la seconde
moitié du XIX
ème
siècle, c'est-à-dire la
domination russe, avec la loi organique de 1869 puis la loi constitutionnelle
de 1906, en vertu de laquelle le Parlement -chambre unique- fut composé
de 200 députés élus au suffrage universel par les citoyens
de plus de 24 ans.
En dépit de la déclaration d'indépendance, en
décembre 1917, la législation de 1906 resta en vigueur et la
réforme de 1928 n'en modifia que les aspects réglementaires.
La Chambre des députés de Finlande s'honore ainsi d'être la
quatrième assemblée parlementaire d'Europe (après la
Grande-Bretagne, la Suède et la Suisse) à avoir fonctionné
sans interruption en Europe, y compris pendant les années de la Seconde
guerre mondiale.
I. L'ÉLECTION DES DÉPUTÉS
Le droit
de vote étant accordé à compter de 18 ans, les
députés finlandais sont élus au suffrage universel direct
à la proportionnelle. La durée de la législature est de
quatre années
.
Les élections ont, en général, lieu le troisième
dimanche de mars, à une époque où, l'hiver prenant fin, la
circulation des électeurs comporte moins d'aléas.
Le territoire est divisé en
15 circonscriptions
. Dans chaque
circonscription, le nombre des députés est proportionnel à
la population. Ainsi seuls 15 députés représentent le Nord
de la Finlande contre 17 pour Turku.
Les candidatures sont présentées par des partis ou des
comités d'électeurs.
Les autorités provinciales désignent pour chaque circonscription
une commission électorale établissant les combinaisons
d'alliances électorales et confirmant les résultats du scrutin au
niveau de chaque circonscription. Le ministère de la Justice constitue
l'autorité suprême en matière électorale.
Dans chaque circonscription, les députés sont élus en
fonction du nombre total de voix recueillies par chaque alliance
électorale. Le calcul se fait selon la méthode dite
d'Hondt : le candidat ayant obtenu le plus de voix est doté d'une
valeur égale au nombre total des voix obtenues par son alliance ;
les autres candidats de la même alliance reçoivent, selon leur
place, une valeur égale à la moitié, au tiers, au quart et
ainsi de suite, de la valeur attribuée au premier candidat. Dans le
calcul final, l'ordre de tous les candidats d'une même circonscription
est déterminé par la valeur obtenue par chacun d'entre eux. Une
telle méthode permet le pluripartisme mais favorise les formations
politiques de moyenne et grande tailles.
II. L'ORGANISATION PARLEMENTAIRE
A. LE DÉPUTÉ
L'article 11 de la Constitution dispose que, dans l'exercice
de son
mandat, tout député agit dans le respect des principes de justice
et de vérité, respecte la Constitution et n'est lié par
aucune prescription.
Comme dans notre pays, l'action du député ne se limite pas
à sa présence dans l'enceinte du Parlement. Il se doit de
rencontrer ses électeurs -dans sa circonscription comme à la
Chambre- et d'entretenir avec eux une correspondance, au besoin
électronique ou téléphonique. Les députés
sont souvent sollicités pour intervenir dans maintes manifestations.
Outre sa rémunération imposable qui a fait, en septembre 2000,
l'objet d'une réévaluation moyenne -diversement
appréciée, semble-t-il, par les Finlandais- de 40 %, le
député reçoit une indemnité non imposable dont le
montant dépend de son lieu de résidence. Cette indemnité
doit couvrir toutes les dépenses procédant de sa mission. Pendant
la session ordinaire, chaque député peut voyager gratuitement en
autobus, en train et en avion sur les lignes intérieures.
Au bout de quinze années de mandat (soit 4 mandats parlementaires), un
député à droit à une retraite représentant
60 % de son traitement parlementaire.
B. LES GROUPES PARLEMENTAIRES
Chaque
député appartient généralement à un groupe
parlementaire constitué des membres du même parti. Les groupes
prennent officiellement position sur les projets de loi et s'expriment sur les
questions d'actualité. Ils ont leur mot à dire tant en ce qui
concerne la composition des divers organes de la Chambre qu'en ce qui concerne
la participation à la responsabilité gouvernementale et la
nomination des ministres.
Ils peuvent aussi former des voeux à l'adresse du Gouvernement,
l'interpeller et déposer des propositions de loi. Les groupes
parlementaires se réunissent généralement le jeudi pour
procéder à l'examen des dossiers relevant de l'action
parlementaire et des sujets d'actualité.
Chaque groupe dispose d'un secrétariat rémunéré sur
fonds budgétaires. Son personnel est désigné en toute
indépendance par le groupe.
C. LE PRÉSIDENT
Au
début de chaque session ordinaire, les députés
élisent le président et les deux vice-présidents de la
Chambre. Le président de la Chambre dirige les débats mais ne
peut prendre part à la discussion ou au vote.
Dans la hiérarchie de l'Etat, le président de la Chambre est le
troisième personnage de l'Etat après le Président de la
République et le Président précédent.
Pour la planification du travail parlementaire, le président de la
Chambre est assisté d'une instance consultative appelée, comme
dans notre pays, la Conférence des présidents et comprenant le
président de la Chambre, les vice-présidents et les
présidents de commissions spécialisées. La
Conférence des présidents se réunit trente minutes avant
l'ouverture des séances plénières.
D. L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE
1. La commission du Secrétariat
La commission du Secrétariat, composée du président, des vice-présidents et de quatre députés, a pour mission première d'administrer la Chambre et de veiller à sa bonne gestion.
2. Les fonctionnaires
Le
Secrétariat de la Chambre comprend le secrétariat central, le
secrétariat des commissions et un département administratif. Le
Secrétariat est dirigé par le secrétaire
général de la Chambre, dont le suppléant est le
secrétaire général adjoint et il emploie environ 290
fonctionnaires.
Le Secrétariat central comprend le Bureau des procès-verbaux, le
Bureau de la langue suédoise, le Bureau des documents, le Service
d'information et le Service des fichiers. Ces services sont chargés de
toutes les tâches ayant trait à la préparation et au bon
déroulement des séances plénières. Le
Secrétariat central est aussi responsable de la préparation et de
la publication des procès-verbaux de la session ordinaire et des
registres, de même que de la distribution et de l'archivage des
documents. Le Service d'information collecte et fournit les renseignements
nécessaires au travail parlementaire.
Le Secrétariat des commissions est chargé de l'organisation des
travaux des commissions.
Le Département administratif comprend le Bureau de l'administration, le
Bureau des comptes et le Bureau des immeubles. Il est chargé de la
préparation et de l'exécution des affaires financières et
administratives, ainsi que de la gestion du personnel.
Le Bureau de la Chambre comporte également, placé sous
l'autorité directe du président de la Chambre et de son
secrétaire général, une Unité d'information et un
Bureau des affaires internationales.
3. Les administrations rattachées à la Chambre
Il
existe, par ailleurs, un certain nombre d'instances ou organismes
dépendant de la Chambre. Il s'agit du secrétariat du
médiateur (Ombudsman) parlementaire, du secrétariat des
contrôleurs de l'Etat et de la bibliothèque de la Chambre. Le
secrétariat de la délégation finlandaise au Conseil
nordique, de la délégation finlandaise au Conseil de l'Europe et
du groupe finlandais de l'Union interparlementaire relèvent du
secrétariat pour les affaires internationales.
L'Ombudsman parlementaire veille au bon fonctionnement de l'administration et
des tribunaux. La bibliothèque fait également office, au niveau
national, de bibliothèque centrale pour les sciences politiques et le
droit.
III. LE TRAVAIL LÉGISLATIF
A. L'INITIATIVE
Le
Gouvernement défend généralement ses projets de loi
à la Chambre une fois par semaine.
Tout député peut déposer une proposition tendant à
l'adoption d'une loi nouvelle ou à l'amendement d'une loi en vigueur.
Les motions peuvent être déposées en début de
session, tandis que les motions budgétaires peuvent être
déposées à l'automne lors de l'examen du projet de loi de
finances.
B. LE RÔLE DES COMMISSIONS
Les
commissions jouent un rôle prépondérant dans le travail
parlementaire. L'opinion de la Chambre repose, de fait, sur les conclusions du
travail effectué au sein de celles-ci. La Chambre compte, outre la
Grande commission qui sera évoquée plus loin,
14 commissions
spécialisées
(Finances, Lois, Affaires
étrangères, Administration, Transports et Communications, Loi
constitutionnelle, Agriculture et Forêt, Défense, Education et
Culture, Affaires sociales et Santé, Commerce, Travail et
Egalité, Environnement, Futur).
Parmi celles-ci, la délégation a été
particulièrement intéressée par le rôle de la
commission du Futur
dont l'activité s'apparente, en France,
à celle de l'Office parlementaire d'évaluation des choix
scientifiques et technologiques ou à celle du Groupe sénatorial
de Prospective.
La commission des Finances comprend 21 membres, les autres 17. La composition
des commissions est fixée une fois pour toutes en début de
législature. Elle correspond aux rapports de force politiques
prévalant à la Chambre. Chaque député peut
appartenir à deux commissions au plus. Les commissions se
réunissent une à quatre fois par semaine, selon le volume des
affaires à traiter. Les réunions se font à huis clos.
Chaque commission désigne son président et son
vice-président. Dans la mesure où les présidents de
commission sont membres de la Conférence des présidents, la
répartition permet qu'ils représentent le plus grand nombre de
groupes parlementaires dans le respect des rapports de force entre les groupes.
Un représentant de l'opposition peut assumer la présidence d'une
commission. C'est actuellement le cas du parti du Centre, s'agissant de la
Grande commission, de la commission des Finances, de celle de l'Agriculture et
de celle de l'Administration.
Pour l'élaboration de ses travaux, la commission écoute l'avis
d'experts et demande celui de fonctionnaires ou des autres commissions. Pour se
familiariser davantage avec un dossier, les commissions organisent visites et
voyages d'étude.
Les projets gouvernementaux, comme les propositions présentées
par les députés, sont renvoyés en commission. Une grande
majorité de projets gouvernementaux sont examinés. Quant aux
propositions des députés, elles passeront d'autant plus
aisément le filtre de la commission qu'elles correspondront à des
thèmes soutenus par le Gouvernement.
Lorsqu'ils renvoient en commission les projets ou propositions de lois, les
parlementaires peuvent émettre des recommandations à la
commission compétente. Celle-ci étudie le projet, tâche
dont la durée moyenne est de 2 à 4 mois. A l'issue de l'audition
des experts et de la discussion générale, la commission
décide de la teneur du projet de loi point par point. Le travail de la
commission donne lieu à un rapport expliquant la position adoptée
par celle-ci. Les parlementaires dont la position diffère de celle de la
commission peuvent faire mentionner, en annexe du rapport, leur avis divergent.
C'est sur la base du rapport de la commission compétente que le projet
de loi est examiné en séance plénière.
Les rapports et les procès-verbaux des commissions sont publics.
C. L'EXAMEN EN SÉANCE PLÉNIÈRE
1. La procédure
Le vote
des lois constitue, bien entendu, l'activité la plus importante des
députés. Depuis la récente réforme
constitutionnelle, il s'opère en
deux lectures
.
En première lecture, le projet de loi donne lieu à un
débat général. Le projet peut être
éventuellement envoyé à la
Grande commission
,
organe original parmi les institutions finlandaises, dont le rôle sera
précisé plus loin.
Chaque article est alors approuvé un par un, sur la base du rapport de
la commission spécialisée et -au besoin- de celui de la Grande
commission. Les propositions d'amendement font l'objet d'un vote.
Ensuite le projet est approuvé ou rejeté en deuxième
lecture.
Les autres textes soumis au Parlement ne font l'objet que d'une lecture unique
qui, selon la qualité et l'étendue du sujet, peut
nécessiter une ou plusieurs sessions. On y trouve la discussion de
divers rapports ainsi que des décrets et décisions du
Gouvernement dont l'approbation est la prérogative de la Chambre.
Les lois ordinaires, régissant la vie quotidienne des citoyens sont
approuvées à la majorité simple.
Quant aux lois constitutionnelles, elles portent sur quatre
thèmes : forme de Gouvernement ; Assemblée
parlementaire ; droit du Parlement de vérifier la
légalité des actes des membres du Conseil des ministres et du
Chancelier de la Justice dans l'exercice de leurs fonctions ; Haute Cour
de Justice. Toute proposition concernant l'adoption d'une loi constitutionnelle
ou à caractère constitutionnel requiert une majorité
qualifiée. En général, les lois constitutionnelles sont
d'abord approuvées à la majorité simple, puis
laissées en suspens jusqu'à la session suivant les
élections. Après les élections, elles sont
définitivement adoptées par la nouvelle Chambre à la
majorité des deux tiers.
Un projet de loi peut également être déclaré urgent,
en séance plénière, par une résolution ayant
réuni au moins les cinq sixièmes des votes. Il est finalement
adopté par la Chambre à la majorité des deux tiers des
suffrages exprimés.
L'examen du
budget
est, chaque année, l'apanage de chacune des
commissions permanentes, selon son domaine de compétence. Le budget est
examiné en séance plénière en décembre. Il
donne lieu à une centaine de votes successifs sur les divers
chapitres.
2. Le fonctionnement de la salle des séances
Les
députés débattent en séance plénière
dans la salle des séances.
En règle générale, les députés se
réunissent ainsi le mardi à 14 heures et le vendredi à 13
heures.
Tous les députés sont tenus d'assister aux séances
plénières et les absences doivent être motivées
.
Les députés peuvent aussi suivre les travaux en séance
plénière depuis leurs bureaux personnels grâce à des
haut-parleurs.
Vus du siège du président de la Chambre, les partis de gauche
sont assis à sa gauche, les centristes au milieu et les partis de droite
à droite. L'attribution des sièges dans la salle des
séances est faite sur proposition du Secrétariat
général de la Chambre. A l'intérieur des groupes, les
députés les plus expérimentés et les plus anciens
siègent généralement au premier rang, comme au Parlement
anglais.
Sur le plateau siègent le président de la Chambre (en cas
d'empêchement celui-ci est remplacé par le premier ou le second
vice-président) et le Secrétaire général du
Parlement qui remplit aussi les fonctions de conseiller juridique du
président de la Chambre. Le greffier, autre fonctionnaire
siégeant sur le plateau, veille à ce que les
députés prennent la parole dans l'ordre annoncé. Le
plateau est bordé à gauche par un espace réservé au
Gouvernement et à droite par un espace pour les interprètes. Les
sténographes de la Chambre se tiennent autour de la table ronde
située devant le plateau.
Un député dispose, en principe, d'un temps de parole
illimité ; il est cependant recommandé aux intervenants
montant à la tribune de ne pas parler plus de dix minutes. Tout
député a le droit, sans quitter son siège, de prendre la
parole pendant deux minutes. Lorsqu'il s'agit d'une proposition officielle ou,
par exemple, d'une intervention formulée au nom d'un groupe
parlementaire, le temps de parole imparti est porté à quinze
minutes.
Le pupitre de chaque député est équipé de boutons
de réservation pour ses interventions, d'un microphone, d'un
écran indiquant l'ordre du jour et les différentes interventions
prévues à la tribune, et de trois boutons de vote : le vert
est pour le « oui », le rouge pour le
« non », le jaune pour l'abstention. Les mêmes
signaux lumineux sont reproduits sur un grand tableau de distribution des voix,
faisant apparaître comment chacun a voté. Le résultat
chiffré des votes apparaît également au mur. Pour
l'élection de personnes où l'arbitrage de situations de
ballottage, les députés se servent d'un bulletin de vote.
Les débats de séance sont enregistrés et donnent lieu
à l'établissement de procès-verbaux imprimés. La
transcription des procès-verbaux est disponible dès le jour
suivant à la bibliothèque de la Chambre.
La tonalité des débats est marquée par la
sobriété des orateurs, par l'attention portée à
leurs propos et par le caractère mesuré des réactions.
IV. L'EXAMEN DES QUESTIONS EUROPÉENNES
Afin que
l'appartenance à l'Union européenne ne conduise pas à
l'affaiblissement du pouvoir législatif de la Chambre, des dispositions
précises relatives à la participation de la Chambre à la
préparation au niveau national des affaires européennes ont
été consignées dans la loi constitutionnelle. Selon les
termes de cette loi, le Gouvernement est tenu d'envoyer
immédiatement
à la Chambre, pour examen, les propositions
de la Commission européenne appelées à devenir
dispositions légales de l'Union européenne, si ces propositions
étaient du ressort de la Chambre lorsque la Finlande ne faisait pas
partie de l'Union européenne.
La
Grande commission
rend, au nom de la Chambre, un avis
préalable
sur l'attitude à adopter par la Finlande au
Conseil de l'Union européenne. Il convient cependant de noter que le
pouvoir de décision quant à la position de la Finlande revient au
Gouvernement, dont la responsabilité parlementaire devant la Chambre est
engagée y compris en ce qui concerne sa politique en matière
européenne. Les rapports du Gouvernement sur les questions ayant trait
à l'Union européenne sont renvoyés aux commissions
spécialisées pour examen. La prise de position de la Grande
commission s'effectue sur la base de l'avis exprimé par les commissions
compétentes, le plus souvent dans un
esprit de consensus
.
La Grande commission se réunit tous les vendredis pour passer en revue
les affaires qui seront examinées au Conseil de l'Union
européenne au cours de la semaine suivante. Les ministres appelés
à prendre part aux réunions du Conseil communiquent des dossiers
sur chaque point de l'agenda et viennent présenter devant la Grande
commission les affaires qui seront discutées au Conseil et l'informent
à l'avance
de l'opinion du Gouvernement sur ces questions. Selon
les délibérations de la Grande commission, soit la position du
ministre est approuvée telle quelle, soit le Gouvernement est
invité à évaluer la façon dont il prendra en
considération la prise de position éventuellement divergente de
la Grande commission.
Bien qu'une réunion commune soit prévue deux fois par an entre
les députés finlandais au Parlement européen et la Grande
Commission, la synergie entre les uns et l'autre semble faible.
Quant à la politique étrangère et de
sécurité de l'Union européenne, elle est jugée
comme faisant partie des Affaires étrangères de la Finlande et
relève, de ce fait, de la commission des Affaires
étrangères.
V. LE CONTRÔLE DE L'ACTIVITÉ GOUVERNEMENTALE
A. LA FORMATION DU GOUVERNEMENT ET LA MISE EN JEU DE SA RESPONSABILITÉ
La
Finlande a opté pour un système majoritaire.
Avant la formation du Gouvernement, le Président de la République
consulte, en premier lieu, le président de la Chambre, puis les
représentants des groupes parlementaires, afin de connaître leur
position sur la composition du prochain cabinet.
Formé, le nouveau Gouvernement soumet son programme à
l'approbation de la Chambre, afin d'obtenir
sa confiance
.
Le cabinet jouit de cette confiance aussi longtemps que la Chambre ne lui a pas
signifié expressément sa défiance par la voie d'une
motion de censure
. Le vote d'une motion de censure peut provoquer la
démission d'un ou de tous les membres du Gouvernement.
L'opposition peut remettre en question la confiance dont jouit le Gouvernement
à la Chambre en usant de la procédure de l'interpellation, qui
doit être appuyée par
au moins vingt signataires
. Le
Gouvernement se doit d'y répondre dans un délai de 15 jours
après en avoir pris connaissance officiellement. Le débat
d'interpellation est clos par un vote de confiance ou de défiance.
La confiance dont jouit le Gouvernement peut être mesurée d'autres
façons. C'est ainsi que le Gouvernement peut remettre en cause cette
confiance en soumettant à l'examen de la Chambre une communication sur
un sujet auquel il attache une importance particulière. Le débat
se rapportant à la communication est clos par un vote.
Le Gouvernement a également la possibilité d'informer la Chambre
de ses projets en produisant un compte rendu. L'affaire est alors
généralement renvoyée pour examen en commission, dont le
rapport sera présenté ultérieurement en séance
plénière. La Chambre se prononce sur la teneur du rapport de la
commission, sans toutefois qu'il y ait lieu de manifester sa confiance ou sa
défiance à l'égard du Gouvernement.
Le Premier ministre peut aussi présenter à la Chambre son point
de vue sur une question importante immédiatement, par le biais d'une
déclaration du Chef du Gouvernement. Cette dernière est suivie
d'un bref débat mais ne donne pas lieu à un vote.
B. LES QUESTIONS AUX MINISTRES
Les
parlementaires ont le pouvoir d'interroger le Gouvernement.
Toute question écrite est remise au ministre concerné, lequel a
trois semaines pour y répondre. Question et réponse sont
imprimées et distribuées à tous les députés
en séance plénière. La réponse ne peut donner lieu
à aucune discussion.
Les questions orales sont examinées les jeudis au cours d'une
séance spéciale encore appelée séance des
questions, lors de laquelle les députés peuvent directement poser
leurs questions aux ministres présents ou déposer leurs questions
à l'avance par écrit.
Une fois par mois a lieu une séance de questions au Gouvernement,
télédiffusée en direct, au cours de laquelle les membres
du Gouvernement répondent -en présence du Premier ministre-
à des questions d'actualité (de deux à quatre) choisies
à l'avance.
C. LES RAPPORTS D'ACTIVITÉ ET LA RESPONSABILITÉ DES MINISTRES
Le
Gouvernement et certains des fonctionnaires de l'Etat -tels le médiateur
(Ombudsman) parlementaire ou les contrôleurs des comptes de l'Etat-
communiquent à la Chambre des rapports sur leurs activités. Ces
rapports donnent lieu à des débats et à des
décisions visant à diriger et contrôler la gestion des
affaires du pays.
S'agissant de la responsabilité juridique des membres du Gouvernement,
il suffit de cinq députés pour qu'un ministre fasse l'objet d'une
observation, qui est alors examinée par la commission de la loi
constitutionnelle. La Chambre tranche sur les suites éventuelles
à donner en fonction du rapport de la commission. Dans les cas les plus
graves, la décision de la Chambre peut entraîner la convocation de
la Haute Cour de Justice.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
EN LANGUE FRANÇAISE
Jacques
MER -
La Finlande
-
Ed. La Documentation française, 1999, 159
p.
Mirja BOLGAR et Païvi VALLISAARI -
Finlande, une approche
culturelle
-
Ed. Société de littérature finnoise,
1999, 366 p.
Chirstian SERANOT -
Mémoires d'avenir - Cinquante ans d'amitié
franco-finlandaise
-
Ed. Stock, 1997, 121 p.
Eino JUTIKKALA -
Histoire de la Finlande
-
Ed. La Baconnière -
Neuchâtel, 1978, 347 p.
S. HENTLÄ, O. JUSSILA et J. NEVAKIVI -
Histoire politique de la
Finlande
-
Ed. Fayard, 1999, 522 p.
Matti KLINGE -
Histoire de Finlande en bref
-
Ed. Otava, 1992, 160
p.
Matti KLINGE -
Le monde baltique
-
Ed. Otava, 1997, 176 p.
S. HENTLÄ, J. NOUSIAINEN, M. HIDEN, S. IITINEN et L.M. HADALA -
Le
Parlement de Finlande
-
Ed. WS Bookwell, 2000, 235 p.
S. TIITINEN -
La réforme constitutionnelle en Finlande
-
Ed.
Ministère des Affaires étrangères, 1999, 10 p.
carte annexe
1
J. Mer - La Finlande - Documentation
française, 1999, 159 pages.
2
Henrik LAX - Conférence à l'Ambassade de Finlande
à Paris, 7 mars 2000, page 4.
3
Voir, sur ce sujet, le rapport d'information de la commission des
Affaires économiques du Sénat, n° 44 (1995-1996), pages 73
à 75.
4
Le Monde, 1
er
juillet 1999, page 3.
5
Matti MORTTINEN - Les Finlandais et l'Union européenne -
Aamulekti, novembre 2000.
6
Conférence donnée à Paris le 7 mars 2000 par
M. Henrik LAX, président de la commission des Affaires juridiques du
Parlement finlandais, pages 3 et 4.
7
Ibidem page 4.
8
Programme de la présidence finlandaise de l'Union
européenne. Résumé en français, juin 1999, pages 1
et 2.
9
Le Monde, 1
er
juillet 1999, page 3.
10
Cf. Journal d'un voyage au Nord par l'abbé OUTHIER,
Paris, 1744, réédité par Oy Edita AB. Helsinki 2000, 239 p.
11
Ce projet semble toutefois confronté à des
difficultés de financement, selon la presse (voir Helsingin-Sanomat -
Courrier international, 11 janvier 2001, n° 532).
12
Cf. Refaire la France - Sénat, 1994, p.
240-241.