Groupes interparlementaires d'amitié

France-Madagascar et Pays de l'Océan indien (1 ( * ))

LE MOZAMBIQUE :

UNE PÉPITE À L'EXPORT

Actes du colloque Sénat - Business France du 12 mars 2015

Sous le haut patronage de
M. Gérard LARCHER, Président du Sénat

Palais du Luxembourg
Salle Clemenceau

OUVERTURE

Message du Président du Sénat, M. Gérard LARCHER

lu par Mme Elisabeth LAMURE,
Présidente de la Délégation sénatoriale aux entreprises

Mesdames et Messieurs,

Le Président du Sénat, M. Gérard Larcher, m'a chargée de vous transmettre le message suivant :

« Le Sénat se félicite d'accueillir ce matin, pour la première fois, une grande manifestation entièrement consacrée au Mozambique.

Je tiens à remercier tout particulièrement M. Oldemiro Júlio Marques Balói, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, et M. Mario Fernandez Da Graça Machungo, ancien Premier ministre du Mozambique, Président de la première banque de ce pays, d'honorer de leur présence ce rendez-vous économique exceptionnel.

Il s'inscrit dans le cadre du partenariat fructueux que nous poursuivons depuis plusieurs années avec Ubifrance, et désormais avec Business France, au service de l'accompagnement de nos entreprises à l'international.

En effet, le Sénat est très attentif à tout ce qui peut développer et affermir la présence française dans le monde. Le dynamisme de nos groupes d'amitié y contribue pour une large part et je tiens à rendre hommage à l'action vigoureuse menée par le Président Richard Yung à la tête du groupe France-Madagascar et pays de l'Océan indien et à celle de Mme Marie-Françoise Pérol-Dumont, Présidente déléguée pour le Mozambique.

Je veux également saluer l'implication de la toute nouvelle Délégation sénatoriale aux entreprises et celle de sa présidente Mme Elisabeth Lamure également présente.

Mes remerciements vont aussi à toutes celles et tous ceux qui ont permis la tenue de ce colloque : Son Excellence M. Alexandre da Conceiçao Zandamela, ambassadeur du Mozambique à Paris, Son Excellence M. Serge Ségura, ambassadeur de France à Maputo, qui a fait spécialement le déplacement, ainsi qu'aux responsables économiques et partenaires mobilisés pour cette journée.

Votre nombre et votre présence, ce matin, attestent bien de l'intérêt tout particulier que nos entreprises accordent à cette région du monde.

Plus que jamais, l'Afrique est notre avenir ! Comme l'a rappelé le Président de la République, lors du dernier forum franco-africain qui s'est tenu à Bercy, l'Afrique est l'un des deux pôles de la croissance mondiale avec l'Asie et c'est le continent où la croissance démographique est la plus forte.

L'ancien ministre M. Jean-Louis Borloo l'a réaffirmé récemment encore lors du lancement du grand projet d'électrification du continent, auquel j'ai participé et apporté mon soutien.

Le Mozambique apparaît comme l'un des pays qui a les potentiels les plus élevés pour assurer son développement, et ceci dans tous les domaines : énergie, mines, agriculture, pêche, tourisme...

La France, vous le savez, est reliée à l'Afrique par l'histoire, mais aussi par des liens humains profonds.

La Haute Assemblée que j'ai honneur de présider entend contribuer, en renforçant ces liens privilégiés, au plein épanouissement de ces potentiels.

À tous, je souhaite donc de fructueux travaux, qui se poursuivront encore cet après-midi au Sénat par des entretiens personnalisés, en souhaitant qu'ils contribuent au développement de nos investissements et de nos échanges réciproques, au service de la croissance et de l'emploi ».

M. Richard YUNG,
Président du groupe interparlementaire d'amitié
France-Madagascar et Pays de l'Océan indien du Sénat

Monsieur le Ministre,

Monsieur le Président,

Messieurs les Ambassadeurs,

Chers collègues,

Mesdames et Messieurs,

Je suis très heureux, au nom du groupe d'amitié que j'ai l'honneur de présider, que le Sénat ait l'occasion d'accueillir ce matin ce grand colloque sur le Mozambique. Je salue à mon tour les nombreux participants et tout particulièrement le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Mozambique, M. Oldemiro Júlio Marques Baloi, qui nous fait l'honneur de sa présence.

On dit souvent ici du Mozambique qu'il est méconnu et encore largement ignoré de nos entreprises. Le présent colloque a justement pour objet de faire en sorte qu'il n'en soit plus ainsi. Il nous fournit l'occasion de faire découvrir les points forts de l'économie de ce jeune État. Indépendant depuis le 25 juin 1975, celui-ci a connu une histoire certes mouvementée mais bénéficie, à l'heure actuelle, d'une longue période de stabilité et de développement économique.

Des intervenants prestigieux, que je salue également et remercie par avance, auront l'occasion de développer devant vous et en détail les atouts économiques très nombreux et encore sous-exploités de ce pays qui s'étend sur 3 000 kilomètres de côtes le long de l'Océan indien, avec d'innombrables richesses.

Le Mozambique se situe au croisement de multiples influences : africaines, arabes, asiatiques, portugaises, boer et anglaises... Il jouit en outre, par sa situation géographique, d'une place privilégiée par rapport aux pays enclavés de la sous-région. Il n'est donc pas surprenant de constater que les grands projets foisonnent : projets gaziers, infrastructures de transports, achats d'équipements, modernisation des mines, etc. Il y a là autant d'opportunités pour les petites et moyennes entreprises françaises. Hier avait lieu au ministère des affaires étrangères le premier forum des PME à l'export. Les potentiels qui seront évoqués aujourd'hui s'inscrivent en toute logique dans le prolongement de cette initiative qui sera à réitérer pour soutenir le dynamisme de nos entreprises.

Le groupe d'amitié que je préside au Sénat connaît bien cette région dynamique de l'Afrique proche de l'Océan indien : il couvre huit États et compte une cinquantaine de sénateurs très engagés dans cette partie du monde.

Le groupe d'amitié est né de la relation de voisinage ancienne que la France entretient dans l'Océan Indien, notamment à travers les départements de La Réunion et Mayotte, qui rassemblent plus d'un million d'habitants (la plus importante population française d'outre-mer). La France possède aussi, comme vous le savez, une vaste zone économique exclusive dans le canal du Mozambique, autour des îles Eparses.

Nos relations avec le Mozambique ne sont certes pas aussi fréquentes qu'elles pourraient l'être mais elles progressent. Le Président précédent Armando Emilio Guebuza a été reçu en septembre 2013 par le Président Hollande et une rencontre avec les entreprises françaises opérant ou ayant des projets au Mozambique a déjà été organisée à cette occasion. Nos intérêts convergent donc sur l'importance des investissements et de la sécurité dans le Canal du Mozambique, qui est la zone de passage des pétroliers vers l'Europe ou les États-Unis.

Nous comptons beaucoup sur les progrès démocratiques et le rôle des élus pour accompagner le développement régional. C'est pourquoi nous condamnons l'assassinat, le 3 mars, à Maputo, de Gilles Cistac, professeur de droit à l'université de Maputo, citoyen binational engagé dans le débat démocratique mozambicain.

Ces échanges organisés aujourd'hui au Sénat sont donc particulièrement pertinents à nos yeux. Je forme des voeux les plus sincères pour qu'ils soient utiles et préfigurent un élan nouveau pour nos deux pays.

Mme Elisabeth LAMURE,
Présidente de la Délégation sénatoriale aux entreprises

Monsieur le Premier ministre,

Monsieur le Ministre,

Messieurs les Ambassadeurs,

Mesdames et Messieurs,

Je remercie vivement les organisateurs de me donner l'occasion de témoigner de l'engagement du Sénat en faveur tant du développement économique de l'Afrique que de la croissance à l'export des entreprises françaises. C'est précisément en ma qualité de présidente de la Délégation sénatoriale aux entreprises que j'ai l'honneur d'intervenir aujourd'hui devant vous. Permettez-moi de vous présenter en quelques mots cette structure nouvelle créée en novembre 2014 sous l'impulsion du président Larcher.

La délégation aux entreprises est composée de 42 sénateurs appartenant aux différents groupes politiques du Sénat. Elle est chargée d'informer le Sénat sur la situation et les perspectives de développement des entreprises, de recenser les obstacles à leur développement et de proposer des mesures visant à favoriser l'esprit d'entreprise et à simplifier les normes applicables à l'activité économique, en vue d'encourager la croissance et l'emploi dans les territoires. À cette fin, la délégation va à la rencontre des entrepreneurs, organise des réunions dans les territoires ou des visites d'entreprises, et prend toute initiative en vue d'une meilleure identification des besoins économiques et sociaux des entreprises.

Le soutien des entreprises françaises à l'export, pour leur permettre de conquérir de nouveaux marchés porteurs, fait partie des axes de travail que nous avons rapidement identifiés. La participation de la délégation à un colloque sur le Mozambique, qui connaît une croissance de 7,5 % depuis une décennie et s'annonce comme un partenaire d'avenir, relevait de l'évidence. Les lacunes à l'export des entreprises françaises, notamment par rapport à leurs concurrentes européennes, allemandes bien sûr mais aussi italiennes, sont bien connues. Hormis nos grands groupes industriels, nos entreprises sont encore trop peu présentes sur les marchés en forte croissance.

Comme pourront en témoigner les participants aujourd'hui réunis, le Mozambique demeure un pays méconnu, mais riche d'opportunités. L'exploitation des richesses minières et des énormes ressources gazières au large de ses côtes septentrionales portent la croissance du pays, qui connaît une transformation rapide. Les entreprises françaises notamment dans le secteur de l'énergie et des infrastructures ont tout le savoir-faire nécessaire pour s'y implanter.

Une filiale du groupe Bolloré a d'ailleurs inauguré en 2013 à Pemba un terminal flottant, dédié aux activités pétrolières et gazières. La concurrence chinoise, mais aussi australienne avec Rio Tinto, brésilienne avec Vale ou italienne avec INA est sur les rangs pour bénéficier de l'essor économique ; c'est pourquoi nous devons rester offensifs. Les secteurs de la santé et du tourisme, qui sont amenés à se développer, pourraient également se révéler porteurs pour nos entreprises.

La France a un atout à faire valoir : à la différence de ses concurrents, elle est directement présente dans la région grâce à ses collectivités d'outre-mer de l'Océan indien, La Réunion et Mayotte. Le Mozambique peut représenter une chance importante pour les entreprises de ces territoires, qui ont pris des initiatives intéressantes avec l'appui de Business France. Des délégations de chefs d'entreprises réunionnais et mahorais se sont récemment rendues sur place. Un projet d'implantation d'une pépinière de PME réunionnaises à Maputo est en cours d'étude. Une liaison aérienne entre Mayotte et le Mozambique est ouverte par une filiale d'Air Austral. Le développement des liens avec La Réunion et Mayotte - qui partage le même fond de culture bantoue que le Mozambique - pourrait avoir des effets d'entraînement intéressant pour les entreprises de l'hexagone qui disposeraient ainsi de relais et d'intermédiaires qui connaissent bien la région.

L'accroissement des investissements des entreprises françaises sera, je le crois, très profitable pour la population du Mozambique, qui, après la stabilisation politique, doit tirer bénéfice du « boom » économique en cours. Au-delà des investissements dans l'exploitation des ressources minérales, le savoir-faire français sera utile pour accroître les rendements de la production agricole et sylvicole, pour améliorer l'accès à l'eau et à l'électricité, pour moderniser les infrastructures de transport et pour assurer la structuration du secteur de la santé. Nos entreprises pourront ainsi encourager la progression de l'indice du développement humain du Mozambique, qui demeure encore malheureusement trop bas, tout en saisissant les opportunités nouvelles offertes par le pays.

Pour conclure, je veux dire aux entrepreneurs présents aujourd'hui que la délégation aux entreprises du Sénat se tient à leurs côtés, que nous sommes à leur écoute pour comprendre leurs difficultés et valoriser leurs succès. Je ne doute pas que cette matinée nous donnera l'occasion d'échanges riches et constructifs.

M. Axel BAROUX,
Directeur réseau international, Business France

M. le Ministre,

Mesdames et Messieurs,

Je voudrais commencer par adresser mes remerciements à M. Baloi, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Mozambique, qui nous fait l'honneur de sa présence ce matin, à M. Machungo, ancien Premier ministre du Mozambique et Président de la banque Millenium bim, à mon collègue du comité de promotion des investissements du Mozambique, M. Sambo, à MM. les ambassadeurs de France au Mozambique et du Mozambique en France.

Je tiens également à remercier le Sénat, qui nous accueille toujours très chaleureusement et qui constitue un outil très complémentaire de l'action de Business France en termes d'accompagnement des entreprises ; nos collègues de l'AFD, qui agissent dans l'ensemble de l'Afrique subsaharienne ; nos partenaires, le CIAN (Conseil des investisseurs français en Afrique), les conseillers du commerce extérieur de la France et Bpifrance ; et nos collègues Michaël Ehrlich et Virginie Botcazou, du service des événements spéciaux de Business France. Enfin, merci à tous ici présents, en particulier aux chefs d'entreprise et notamment les quatre chefs d'entreprise qui viendront témoigner de leur expérience de Maputo : Mme Pauline-Hélène Médina, directrice générale de Rovuma Consultores et fondatrice du club d'affaires franco-mozambicain, Mme Florence Arnoux, de CIS Mozambique, Mme Azmina Goulamaly, Présidente d'Aquapesca, et M. Stéphane Solé, du CCEF et vice-président « Afrique de l'Est » de Technip. Leurs témoignages seront particulièrement éclairants sur la situation du Mozambique et ses opportunités.

Business France est né le 1er janvier 2015 de la fusion de l'Agence française pour les Investissements internationaux (AFII) et d'Ubifrance. Nous avons trois missions : le soutien à l'attractivité et l'accueil des investisseurs étrangers en France ; l'accompagnement des entreprises, en particulier les PME et les entreprises de taille intermédiaire, sur les marchés étrangers. Plus de 11 000 courants d'affaires ont été recensés dans le cadre du dernier contrat qui nous liait à l'État. Une nouvelle mission nous incombe désormais : la promotion de l'image de la France.

Le Mozambique est l'un des 21 pays que Business France couvre aujourd'hui en Afrique. Ces 21 pays représentent 85 % de la population, 85 % de nos exportations (lesquelles se montent à 12,5 milliards d'euros), qui doivent progresser au regard de ce que font nos concurrents allemands et italiens en particulier. L'Afrique constitue aujourd'hui une priorité du gouvernement et donc de l'agence publique qu'est Business France.

Nous allons ouvrir de nouveaux bureaux dès cette année. Le continent enregistre des taux de croissance importants (les plus importants dans le monde après ceux de l'Asie). Singulièrement, le Mozambique a connu une croissance de près de 8 %, en moyenne, ces dix dernières années.

L'Afrique favorise aussi des relations de proximité, avec un seul fuseau horaire et des prix en baisse dans le transport aérien. Le continent constitue aussi une priorité de l'Agence française de Développement (AFD), avec laquelle nous négocions un partenariat afin d'allier nos forces au service des entreprises.

En 2014, nous avons réalisé quatre opérations collectives et accompagné plus d'une cinquantaine d'entreprises pour le seul Mozambique. Nous souhaitons faire beaucoup mieux en 2015. De nombreuses opérations collectives et des solutions d'accompagnement individuelles seront proposées. J'attire particulièrement votre attention sur la foire de Maputo, la FACIM, qui se tiendra du 31 août au 6 septembre 2015. Nous souhaitons vous donner envie d'y aller et vous donner à voir toutes les opportunités que recèle le Mozambique, en espérant avoir la joie de vous accueillir en septembre prochain sur le pavillon France de cette foire.

M. Oldemiro Julio Marques BALOI,
ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Mozambique

Merci à toutes et à tous. Je remercie particulièrement M. Richard Yung, Président du groupe d'amitié France-Madagascar et pays de l'Océan indien du Sénat, M. Axel Baroux, directeur général de Business France, Mesdames et Messieurs les représentants des entreprises et vous tous réunis ici.

Je voudrais d'abord dire, au nom du peuple mozambicain, de mon gouvernement et en mon nom propre, un grand merci à Business France, au Sénat et à tous ses partenaires pour l'aimable invitation qui m'a été faite de participer à ce colloque, qui fait suite à ma visite en France. Ce colloque a lieu au moment où le peuple du Mozambique va commémorer le 80 ème anniversaire de notre République. C'est une trajectoire riche, emplie de défis qui ont marqué chaque étape de notre croissance. Nous reconnaissons d'ailleurs la complémentarité des efforts consentis par la communauté nationale dans la tâche difficile de la reconstruction du Mozambique.

C'est avec une grande satisfaction que nous enregistrons la dynamique des rapports qui unissent la France et le Mozambique dans plusieurs domaines de coopération, ce qui se traduit par une importante contribution au développement de notre pays, tout particulièrement dans les domaines des infrastructures, de l'environnement, de la sécurité maritime et de la coopération économique et entrepreneuriale. Nos liens avec la France deviennent matures et s'enrichissent dans le cadre d'un partenariat fructueux dont le point culminant fut la visite du Président Guebuza fin 2013. Ces relations se fortifient à la faveur des missions conduites par des entrepreneurs français.

Nous avons par exemple reçu ce mois-ci une importante mission d'entrepreneurs français qui sont venus au Mozambique afin d'y mesurer le potentiel et les opportunités d'investissement. À cet égard, nous avons constaté avec grande satisfaction que Business France conduit un vaste programme d'activités au Mozambique tout au long de l'année.

De 2010 à 2014, le flux des investissements privés a atteint près de 23 milliards de dollars américains. Au cours de la même période, nous avons mis en place 13 projets avec des investisseurs privés français, pour environ 63 millions de dollars. La France occupait en 2014 la dixième place parmi les plus grands investisseurs étrangers au Mozambique. Je voudrais inciter les entreprises françaises à tirer parti de toutes les opportunités d'affaires au Mozambique, notamment dans l'agriculture, l'agro-industrie, la production d'énergie, les eaux, le tourisme et le développement d'infrastructures de soutien aux activités productives, y compris le gaz naturel.

Nous avons organisé en 2014 des élections présidentielles et des élections législatives, y compris pour les assemblées des provinces. Les pouvoirs, tant exécutif que législatif, ont donc été renouvelés récemment. Le Mozambique est aujourd'hui un pays tranquille avec d'excellentes conditions pour promouvoir les investissements étrangers. Le dialogue en cours sous toutes ses formes portera à son meilleur niveau la stabilité que mérite le peuple mozambicain. La démocratie est un défi important justifiant des mesures visant au renforcement de l'État et à l'élargissement de la participation du peuple. Ce processus doit atteindre tous les mécanismes légaux, en application du cadre politique prévu par la Constitution mozambicaine.

Cet exercice exige de longs débats avec les institutions politiques, qui sont de nature à favoriser une plus grande appropriation des processus de démocratisation et du destin de la Nation. Nous allons continuer d'encourager le débat d'idées au sein de la société civile afin que la paix demeure présente et que des principes stables de gouvernance soient intégrés de façon invariable dans les politiques publiques. L'Observatoire du développement et la Commission nationale pour les droits humains s'inscrivent dans cette perspective.

Le Mozambique a connu une croissance moyenne annuelle de 7,5 % par an au cours des cinq dernières années, dans un environnement de paix et de stabilité politique, qui a permis des réformes. Notre pays accueille des investissements importants dans des secteurs tels que le charbon et le gaz naturel, dans lesquels nous pouvons compter sur la présence de sociétés françaises. La concrétisation de ces investissements et le développement des PME constituent la preuve que le Mozambique s'affirme comme une destination sûre d'investissements au plan mondial. Le gouvernement mozambicain entend poursuivre les réformes nécessaires en vue de simplifier les procédures, d'améliorer l'environnement d'affaires et d'assurer sa compétitivité et son attractivité.

Il existe, certes, un certain nombre de défis à relever. Nous devons nous efforcer de combler le déficit de capital humain afin de répondre aux besoins des projets d'exploitation de ressources naturelles. La contribution des partenaires internationaux sera indispensable pour la formation des hommes et des femmes du Mozambique, notamment au travers de transferts de savoir-faire. C'est avec grande satisfaction que nous constatons que la France est un pays ouvert à la coopération, y compris dans le domaine des ressources humaines, afin de contribuer à la formation de notre population. Notre pays poursuivra ses investissements dans les domaines d'infrastructures de même que sur le plan social afin de relever les défis de la croissance, y compris ceux qui sont nés des récentes découvertes sur le plan des ressources naturelles.

Notre population attend des résultats rapides de l'exploitation des ressources naturelles et un impact direct sur son niveau de vie. Il y a là un grand défi pour le gouvernement, ce qui fait émerger une autre nécessité : garantir que les résultats obtenus sur le plan macroéconomique soient porteurs d'une amélioration de la vie des Mozambicains. Ceci doit se refléter dans une distribution plus équitable des revenus et une diminution des niveaux d'inégalités. Il faut donc s'assurer qu'un plus grand nombre de citoyens aient accès à l'eau potable, à l'assainissement, à l'éducation, à une santé de qualité et rechercher les conditions d'élargissement de la production agricole afin de rechercher la sécurité alimentaire au bénéfice du plus grand nombre.

Nous devons également éviter que les nouvelles découvertes fassent passer notre pays pour un Eldorado. Le Mozambique affirme sa différence dans la façon dont il conçoit ses ressources naturelles. Nous souhaitons que celles-ci constituent pour le pays une bénédiction et non une malédiction. C'est la raison pour laquelle nous continuons à les considérer dans une perspective holistique, en recherchant le développement de tous les secteurs de l'économie (agriculture, énergie, transports, etc.) afin de pouvoir incorporer les bénéfices des nouvelles ressources identifiées, sans risque de déstabiliser l'ensemble de notre économie.

Notre pays apporte également sa contribution à la résolution de crises et de conflits politiques ou militaires dans notre espace régional. A l'instar de ce qui a été fait à Madagascar, nous sommes engagés dans la région, y compris en République démocratique du Congo, afin d'assurer la paix dans la région. Le développement du Mozambique n'a de sens que s'il s'insère dans le développement de la région. De la même façon, le Mozambique a suivi l'évolution des négociations sur le Mali. Il salue l'effort de la France en faveur de la normalisation de la situation politique en République centrafricaine et au Burkina Faso.

Mesdames et Messieurs, je voudrais vous remercier une fois encore pour tout le soutien que la France apporte au Mozambique et notamment la façon dont vous contribuez à la croissance et au développement de notre pays, qui prouve les liens d'amitié, de coopération et de solidarité qui existent entre nos deux pays. Ce colloque fournit la preuve de votre engagement pour les resserrer et les rendre plus durables encore. Souhaitons, par conséquent, que notre partenariat continue de se renforcer.

Dr Mario Fernandez DA GRACA MACHUNGO,
ancien Premier ministre du Mozambique,
Président de la première banque du Mozambique
(Millenium bim)

Votre Excellence, Monsieur l'ambassadeur de France au Mozambique,

Monsieur le Président du groupe d'amitié France-Madagascar et pays de l'Océan indien du Sénat,

Mesdames et Messieurs les sénatrices et sénateurs,

Mesdames et messieurs,

Je vous remercie pour cette invitation qui m'a été faite d'intervenir lors de ce colloque. L'Afrique est sur le chemin de la croissance durable et devient une constellation de marchés émergents. Le Mozambique est l'un des pays, au sein du continent, qui connaissent la plus forte croissance et offrent les perspectives les plus prometteuses. Notre pays a enregistré une croissance annuelle moyenne de son produit intérieur brut de plus de 7 % au cours des dix dernières années. Avec une progression annuelle moyenne de 7,8 % attendue d'ici 2019, le pays se classe au neuvième rang mondial pour ce qui est des perspectives de croissance. Il est aussi le pays de la Southern African Development Community (SADC) qui peut se targuer d'afficher les prévisions de croissance les plus favorables pour les prochaines années.

Ces premiers résultats ont été principalement obtenus à travers d'importants investissements directs étrangers, en particulier dans les infrastructures, la production de charbon, le gaz et le secteur de l'énergie, pourvoyeurs d'une croissance à long terme. Certes, le mix de croissance du Mozambique reste dominé par l'agriculture, qui contribue encore pour près de 25 % à la richesse du pays. Il n'en demeure pas moins que les secteurs des mines, du gaz naturel et des ressources naturelles ont crû de 12,5 % l'an dernier, soutenus notamment par l'effort public de construction et d'investissement dans les infrastructures (notamment les lignes ferroviaires et les ports en eau profonde).

Le soutien et la participation du pays à plusieurs projets miniers et énergétiques en cours de développement sous l'égide d'investisseurs étrangers a attiré un nombre croissant de compagnies internationales désireuses d'explorer les potentiels du Mozambique. Les investissements sont ainsi en train de se développer dans le pays, particulièrement dans le domaine du charbon, du pétrole et d'une façon générale dans le secteur de l'énergie.

On dit aujourd'hui que le Mozambique est appelé à devenir un hub important pour l'énergie et un grand acteur dans ce domaine en Afrique australe, grâce aux ressources dont le pays dispose en charbon et en gaz, ce à quoi s'ajoute le potentiel hydroélectrique très élevé du bassin du Zambèze.

La forte croissance du produit national brut (PNB) réel a été principalement soutenue par des méga-projets tels que l'aluminium (avec Mozal), les projets d'exploitation de gaz naturel et le développement du charbon dans la province de Tete.

Depuis peu, les méga-projets d'exploitation de gaz deviennent un des piliers du développement économique du pays. Le Mozambique se veut un environnement favorable aux entreprises. C'est pourquoi le gouvernement a mis en place des incitations aux investissements directs étrangers. Au-delà de partenaires anciens que constituent l'Afrique du Sud et le Portugal, nous recevons aujourd'hui des investissements directs importants à l'initiative de grandes compagnies de nombreux pays.

Le développement de la Chine, du Brésil et d'autres pays émergents a aussi incité les grandes entreprises de ces pays à s'intéresser davantage, depuis quelques années, à l'Afrique du fait de l'attractivité des investissements dans cette région. Nous constatons une appétence de plus en plus grande pour ces pays et le Mozambique est désormais vu sous des augures très favorables par les organisations internationales. Les programmes de développement sociaux, économiques et les financements déployés par le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque Mondiale assurent aussi de bonnes relations entre le Mozambique et la communauté internationale. Par ailleurs, le Mozambique peut se comparer favorablement à ses voisins. L'Afrique s'est engagée à réduire le fossé économique qui la sépare d'autres continents, grâce à des objectifs de développement durable tels que l'investissement dans les infrastructures, l'assainissement, la production agricole ou encore le secteur technologique. La capacité des pays africains à compenser le fossé des investissements constaté aujourd'hui à leur détriment demeure néanmoins limitée et il est probable qu'à moyen terme, la plupart des pays africains doivent encore compter sur les financements extérieurs. Il reste donc un grand potentiel encore peu exploité.

La croissance du Mozambique est associée aux investissements nécessaires afin d'atteindre les objectifs de développement durable, dans des secteurs cruciaux tels que les infrastructures, l'énergie, les mines, le gaz et le pétrole. Le Mozambique a fait l'objet de découvertes récentes de gaz à hauteur de 153 milliards de pieds cubes, ce qui place ses réserves au niveau de l'Australie et de l'Irak. Il développe ses investissements en équipements d'énergie dans les secteurs du gaz et du pétrole, pour un montant de plus de 500 milliards de dollars.

Le gaz devra jouer un rôle fondamental dans le développement du Mozambique au cours des prochaines années, à l'échelle de l'Afrique australe, notamment grâce aux ressources contenues dans le bassin du Ruvuma. Le Mozambique constitue un lieu stratégique en vue de fournir des marchés dans ces secteurs à des prix attractifs.

Le Mozambique peut également devenir un hub très important sur le plan portuaire afin d'offrir de nouvelles liaisons avec ses voisins de l'Océan indien, à l'image du rôle que joue Singapour dans sa région.

En ce qui concerne le secteur de l'énergie, le Mozambique occupe une position stratégique pour desservir les marchés africains et faire face à la demande en forte croissance du continent. Nous avons en particulier une importante capacité de production hydroélectrique à l'échelle de l'ensemble de la région. Le développement des projets de charbon est également important et requiert des investissements massifs dans les infrastructures afin d'exporter vers des marchés clés tels que celui de l'acier.

D'une façon générale, les infrastructures sont en expansion au Mozambique, avec notamment un important programme de renouvellement des routes. Au total, près de 30 milliards de dollars ont été investis dans les infrastructures du pays ces dix dernières années.

Le Mozambique connaît donc une période de profonde transformation. Les réformes en cours touchent le domaine politique et réglementaire autant que celui du capital humain. Le pays devient une place de choix pour les investisseurs.

Outre la stabilité politique dont il jouit, son secteur financier constitue un atout. Nous pensons qu'il est fondamental de créer et consolider des alliances avec des acteurs étrangers afin de renforcer nos positions. Le développement des systèmes bancaires contribue aussi à la stabilité de notre pays. Nous avons amélioré nos résultats et nos ratios témoignent de la solidité de nos positions sur le marché local. En 2014, la croissance du secteur bancaire a dépassé 19 %. Nous affichons des ratios parmi les moins élevés du monde, loin de ce qui était défini par la Banque centrale. Nous entretenons des relations avec les investisseurs clés, notamment les institutions internationales, les bailleurs internationaux, les investisseurs internationaux et les partenaires locaux. La Banque Millenium bim est une des plus importantes du continent et s'appuie sur une très sérieuse expérience du marché. Elle a aussi des relations institutionnelles solides avec le gouvernement, les autorités locales et l'industrie, ce qui nous permet de développer des voies de coopération avec la France chaque fois que des investisseurs français s'intéressent à notre beau pays.


* ( 1 ) Membres du groupe interparlementaire d'amitié France-Madagascar et Pays de l'Océan indien : M. Richard YUNG, Président ; Mme Michèle ANDRÉ ; Mme Éliane ASSASSI ; M. Jacques BIGOT ; Mme Marie-Christine BLANDIN ; M. Jean-Marie BOCKEL ; Mme Nicole BONNEFOY ; M.  Jean-Pierre CANTEGRIT ; M. Patrick CHAIZE ; M. Pierre CHARON ; M. Daniel CHASSEING ; M. Gérard CORNU ; M. Ronan DANTEC ; M. Mathieu DARNAUD ; M. Michel DELEBARRE ; Mme Jacky DEROMEDI ; Mme Evelyne DIDIER ; M. Jean-Léonce DUPONT ; M. Louis DUVERNOIS ; M. Michel FONTAINE ; M. François FORTASSIN ; M. Jean-Paul FOURNIER ; M. Christophe-André FRASSA ; M. Jean-Marc GABOUTY ; M. Jacques GENEST ; Mme Jacqueline GOURAULT ; Mme Sylvie GOY-CHAVENT ; Mme Sophie JOISSAINS ; M. Alain JOYANDET ; M. Claude KERN ; Mme Élisabeth LAMURE ; M. Serge LARCHER ; M. Robert LAUFOAULU ; M. Michel LE SCOUARNEC ; Mme Valérie LÉTARD ; M. Didier MANDELLI ; M. Hervé MAUREY ; M. Gérard MIQUEL ; M. Thani MOHAMED-SOILIHI ; Mme Catherine MORIN-DESAILLY ; M. Cyril PELLEVAT ; Mme Marie-Françoise PEROL-DUMONT ; M. Jean-Vincent PLACÉ ; M. Jean-Claude REQUIER ; M. Didier ROBERT ; M. Simon SUTOUR ; M. Paul VERGÈS ; M. Jean-Pierre VOGEL.

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N° GA 126 - Avril 2015

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