III - L'AFRIQUE DE L'OUEST ET LA MENACE DU VIRUS EBOLA

A. UNE ÉPIDÉMIE AUJOURD'HUI CIRCONSCRITE

Jusqu'à ce qu'une fillette récemment rentrée de la Guinée voisine décède de la fièvre hémorragique à virus Ebola (FHVE) le 25 octobre 2014, aucun cas n'avait été signalé au Mali. Depuis, sept autres cas ont été recensés, dont cinq ont coûté la vie au patient. En raison de sa situation géographique, le pays est particulièrement exposé, puisqu'il partage une frontière d'environ 860 km avec la Guinée, où plusieurs centaines de cas se sont déclarés.

Le Niger quant à lui n'a pas encore fait état de la présence d'un malade sur son territoire.

B. ...MAIS À LAQUELLE SE SONT PRÉPARÉS LE NIGER ET LE MALI

La première mesure mise en place par les autorités sanitaires nigériennes et maliennes concerne la sécurisation des frontières par une détection systématique des cas de fièvre. Des cellules d'isolement sont, par exemple, prévues dans les aéroports pour traiter les cas suspects. La délégation a ainsi constaté lors de son arrivée à l'aéroport de Niamey et à celui de Bamako l'effectivité de cette mesure puisque une prise de température par thermomètre médical électronique ou par scanner thermique a été pratiquée sur chaque participant. Cela a également été le cas lors du passage du poste frontière de Kantchari entre le Niger et le Burkina Faso.

Cette procédure de contrôle s'inscrit dans une volonté des gouvernements d'éviter de fermer les frontières de leur pays aux voyageurs en provenance de ceux touchés par le virus Ebola. L'efficacité d'une mesure coercitive est mise en cause par la porosité des frontières entre les différents États de la zone, qui serait susceptible de favoriser l'arrivée clandestine de populations infectées.

1. Le plan de contingence nigérien

Le Niger a établi un plan de contingence pour un coût estimé de 5 milliards de francs CFA (7,6 millions d'euros), qui inclut des stratégies d'intervention avant la déclaration de cas sur le territoire, en cas d'épidémie et après l'épidémie. Ainsi, le plan d'urgence pour la prévention de l'introduction du virus, validé le 10 avril 2014 et actuellement en cours d'exécution, prévoit le renforcement de la surveillance épidémiologique aux points d'entrée aériens et terrestres, le renforcement des capacités des services de santé et des secteurs impliqués, ainsi que l'intensification de la communication pour changer les comportements des populations.

Si un cas de contamination était envisagé, Niamey a prévu d'envoyer les prélèvements au laboratoire de l'Institut Pasteur à Dakar. En cas de saturation des possibilités d'analyse par ce dernier, le laboratoire Mérieux à Montpellier ou l'Institut Pasteur de Paris pourraient assurer le diagnostic des échantillons prélevés.

La délégation a rencontré le docteur Eric Adéhossi, chef du service de médecine interne de l'hôpital de Niamey et coordinateur pour le gouvernement nigérien du dispositif. Il a assuré que les mesures annoncées par le ministre de la santé entreraient en application dans des délais rapides. Il a également fait part des difficultés liées au manque de moyens, aux lourdeurs administratives et à la crainte suscitée par l'épidémie.

2. Le dispositif malien

Confronté à la même menace, le Mali s'est doté d'un dispositif similaire de prévention contre le virus Ebola. Il a immédiatement mis en place des mesures de contrôles renforcés aux frontières adaptées aux risques encourus. Des équipes mobiles surveillent la frontière avec la Guinée, qui constitue une zone de circulation entre les deux pays (nombreux petits villages).

Ce dispositif s'articule autour de plusieurs axes, l'organisation institutionnelle, l'organisation au niveau opérationnel de la prévention portant sur la surveillance épidémiologique, la recherche et la prise en charge des cas suspects, l'information et la sensibilisation.

En cas de suspicion, un laboratoire certifié, situé à Bamako, en coopération avec le Center for disease control and prevention d'Atlanta (États-Unis), est en capacité de fournir les résultats aux tests effectués sur les échantillons en moins de huit heures. Cette procédure avait déjà été éprouvée à la mi-septembre, puisque 21 cas suspects avaient été signalés au Mali, tous s'étant avérés négatifs.

Au cours d'un entretien avec la délégation, le ministre de la santé du Mali, M. Ousmane Koné, a précisé que le dispositif s'articulait autour de plusieurs axes.

Au plan institutionnel, plusieurs structures et équipements ont été créés ou mis en place pour surveiller la progression du virus dans la zone et faire à l'éventualité d'une épidémie :

- un comité interministériel présidé par le ministre de la santé (OMS);

- un comité de coordination technique réunissant des professionnels de la santé et intégrant l'Organisation mondiale de la santé ;

- une équipe d'intervention rapide afin d'établir une communication entre les différentes équipes de santé ;

- des lignes téléphoniques dédiées ;

- une équipe de suivi des personnes ayant été en contact avec un cas suspect.

L'OMS juge que les mesures de surveillance et de suivi des personnes ayant été en contact avec les malades contribuent de manière décisive à enrayer la progression du virus. Au 10 décembre 2014, le bilan pour le Mali s'élevait ainsi à huit cas, dont six décès, un malade guéri et un malade en cours de traitement. La plupart des sujets placés sous surveillance en raison d'un contact avec un malade arrivaient à la fin de leur période d'observation. Le Mali a officiellement annoncé, le 18 janvier 2015, la fin de l'épidémie d'Ebola, puisque conformément aux recommandations de l'OMS, quarante-deux jours se sont écoulés sans qu'aucun cas nouveau ne soit enregistré.

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