II LE MALI : UN PAYS PAUVRE AVEC CEPENDANT DES ATOUTS
A. L'UN DES PAYS LES PLUS PAUVRES DU MONDE
Le Mali fait partie des « pays les moins avancés » (PMA). Le PIB par habitant s'élève à 252,5 dollars par an. La population malienne, qui s'élève à 9,5 millions d'habitants, est jeune (44 % de la population a moins de 18 ans et croît au rythme de 2,7 % par an) et peu éduquée (le taux de scolarisation n'atteint pas 20 %).
Cette situation s'explique par des handicaps naturels importants.
L'économie malienne pâtit de l'enclavement du pays, grand comme deux fois et demie la France (1 240 000 km 2 ), qui renchérit le coût des importations, et notamment des importations peu compressibles d'énergie, et qui entrave le développement des exportations.
L'économie malienne est dominée par le secteur agricole (40 % du PIB et 70 % de la population active). L'aridité des sols et la pluviométrie faible et aléatoire la rendent particulièrement dépendante des facteurs climatiques.
Le Mali bénéficie cependant d'un atout : la présence sur son sol de minerai d'or. L'ouverture de la mine de Sadiola va permettre une forte croissance de la production et de l'exportation d'or. Les recettes de ce secteur ont atteint 34 milliards de francs CFA en 1995 et constituent la troisième ressource d'exportation. Il est envisagé une production de 10 tonne/an pour 1997 pour la seule mine de Sadiola. La banque mondiale estime que le Mali pourrait être le troisième producteur d'or en Afrique en l'an 2000 avec 12 tonnes/an.
B. LES A TOUTS DE L'ÉCONOMIE MALIENNE
1. Une situation financière assainie
L'audience accordée à la délégation par le ministre des Finances, M. Soumaïla Cissé, ancien étudiant de l'Université de Grenoble, a permis de dresser un bilan de la situation financière du Mali.
Le Mali mène une politique d'ajustement structurel depuis 1982. Elle n'a cependant pas empêché une forte dégradation de la situation des finances publiques à la fin des années 80 et jusqu'en 1993.
Avec l'octroi d'une facilité d'ajustement à partir de 1992, le Mali a entrepris d'assainir la situation de ses finances publiques. Le directeur du FMI a souligné les bons résultats obtenus par le Mali. La trésorerie publique reste cependant fragile et l'attention des autorités a été appelée sur les risques de dérapage de la masse salariale, à l'approche des élections. Selon les prévisions des autorités maliennes, l'aide budgétaire extérieure, en diminution, ne sera plus nécessaire à partir de 1997.
La dette extérieure malienne constitue encore un frein au développement. L'encours de la dette représente 135,7 % du PIB en 1995. Le Mali a obtenu la consolidation en Club de Paris de sa dette extérieure bilatérale, ce qui a représenté 166 millions de francs français dont 40 millions de francs français par la France. Si les effets de cette mesure sont encore marginaux par rapport à la dette extérieure totale (1,2 million de francs français), la décision constitue un message politique fort vis-à-vis de la bonne gestion des finances publiques des autorités maliennes. Le Mali n'a plus d'arriérés extérieurs.
Le ministre des Finances a souligné que le Mali avait retrouvé une crédibilité financière auprès de ses partenaires extérieurs et avait restauré la confiance à l'intérieur.
En réponse à M. François Trucy, le ministre a évoqué les projets d'équipements du fleuve Niger. Il a souligné que l'ensablement menaçait et qu'il fallait élargir la période de navigabilité du fleuve, limitée à deux mois, mais que cette action nécessitait une approche concertée avec les pays concernés, l'Association du Bassin du Niger siégeant à Niamey. L'absence d'un grand barrage conduit à des variations de débits trop importants et ne permet pas de produire de l'électricité, le Mali utilisant l'énergie thermique.
En réponse à M. François Trucy, le ministre a ensuite précisé le régime de la fiscalité au Mali, en rappelant que 240 entreprises fournissaient 80 % des recettes fiscales du pays, lesquelles étaient composées à 80 % de recettes douanières.
En réponse à une question de M. Georges Berchet sur la fiscalité malienne, le ministre a rappelé que les droits de douanes seraient supprimés entre les cinq pays membres de l'Union économique et monétaire de l'Ouest Africain à compter du 1er juillet 1997, et que les taux de TVA seraient harmonisés, des différences importantes portant sur l'assiette ou le taux existant entre les pays de l'Union.
En réponse à une question de M. Georges Berchet sur le système scolaire, le ministre a annoncé la mise en oeuvre, à compter de l'automne 1997, d'un plan décennal portant sur l'ensemble du système éducatif, les efforts passés ayant été limités à l'éducation de base. Il a souligné les difficultés considérables du pays dans ce domaine, les classes comptant parfois jusqu'à 150 élèves, avec d'importantes disparités régionales. Évoquant l'enseignement supérieur, il a rappelé que l'université avait connu un afflux d'étudiants et que la fonction publique diminuant ses recrutements, il convenait d'instituer des grandes écoles recrutant sur concours après l'université.
Abordant le problème des bourses accordées par la France aux étudiants maliens, le ministre des Finances a considéré qu'il s'agissait d'un problème clef de l'avenir des relations franco-maliennes. Il a déploré que des étudiants maliens dont la situation matérielle et financière était garantie par la Banque centrale de l'Ouest Africain, qui possède un compte créditeur à la Banque de France, n'aient pas pu se rendre en France pour leurs études en raison des obstacles administratifs ou sanitaires mis à l'entrée et au séjour des étrangers. Il a prédit que si ces difficultés n'étaient pas aplanies, les étudiants africains poursuivront, dans une vingtaine d'années, leurs études au Canada ou aux États-Unis.
En réponse à une question de M. Jacques Legendre, le ministre a convenu que la situation de la justice commerciale n'était pas satisfaisante pour garantir les investissements étrangers, la justice au Mali manquant de locaux et d'effectifs, avec moins de 200 magistrats.
Interrogé par M. Yann Gaillard sur la part de libéralisme dans l'économie malienne, le ministre des Finances a concédé que la démocratisation n'avait pas diminué suffisamment l'étatisation de l'économie, l'État restant le premier employeur et le premier acheteur de biens et de services du pays.