III. L'AVENIR DE L'ALENA
A. UNE « GRANDE ZONE DE LIBRE-ÉCHANGE DES AMÉRIQUES » ?
L'ALENA ayant obtenu des résultats positifs, la seule question qui se pose est celle de son développement et de ses conséquences sur l'intégration latino-américaine. Nous dirigeons-nous vers une grande zone de libre-échange des Amériques ? Cette idée apparaît dans nombre de politiques américaines, de celle de Rockfeller à celle de Kennedy, par exemple. Tous ont eu l'idée, en quelque sorte, de « rattraper » Simon Bolivar. Au moment de sa mort, le Libérateur, en référence à ce qu'il considérait comme son plus grand échec, c'est-à-dire l'éclatement de l'Amérique latine en un très grand nombre de pays (34 aujourd'hui), déclarait : « J'ai labouré la mer ». Autrement dit, il n'avait pas réussi à fédérer ce continent, à lui donner une grande perspective. Il se trouvait alors face à un continent divisé.
L'idée d'une association économique n'est pas nouvelle. Dans les années 60, au Venezuela, j'ai vécu les vicissitudes du Pacte andin. Cette idée a souvent été présente en Amérique latine, mais elle a connu de nombreux échecs. Certes, l'idée d'association économique se répand à travers le monde, en Europe ou en Asie par exemple. Mais elle est difficile à se concrétiser en Amérique latine.
B. LA VOIE DU CHILI
De ce point de vue, l'exemple de la politique du Chili est éclairant ; nous pouvons évoquer ce pays d'autant plus facilement qu'il n'est pas l'objet de notre discussion. Ce pays de seulement 13 millions d'habitants, étiré le long de la côte pacifique, à l'extrémité du continent, est aujourd'hui considéré par les entreprises, sans prendre en compte l'aspect politique, comme l'un des « plus sérieux » des pays d'Amérique latine. Le Chili n'est pas affecté par l'effet Tequila. Par rapport aux autres pays latino-américains, il possède l'avantage d'être assez compréhensible pour les petites et moyennes entreprises. En raison de sa taille, il peut d'ailleurs accueillir de nombreuses PME.
Le Chili a beaucoup hésité. Au début des années 90, il s'est penché vers l'ALENA, ne voulant pas être absent de cette grande zone de libre-échange. Puis, à la suite de complications, d'un débat interne et de certaines exigences des ÉTATS-UNIS il est revenu sur sa position. Rappelons que le Chili était très soutenu par le Canada. Finalement, le Chili a choisi la voie du MERCOSUR. Il s'oriente vers la géographie la plus proche : l'union entre le Brésil, l'Argentine, le Paraguay et l'Uruguay. Nous orientons-nous vers une grande zone de libre-échange ? La question mérite d'être posée. En fait, il est possible qu'au lieu d'une multitude de dialogues bilatéraux, nous nous orientions vers des dialogues entre grands blocs. Le MERCOSUR deviendra alors un rival de l'ALENA. Telle est en tout cas mon impression.