Mme Nicole GONTIER, directeur général des services techniques à la Communauté urbaine de Dunkerque
Nombre des actions qui ont été évoquées se retrouvent sur Dunkerque. Je mettrai l'accent sur les mesures particulières que nous avons mises en place. Notre collectivité s'est préoccupée de la collecte depuis très longtemps, puisque nous avons institué un tri sélectif voilà 20 ans sur le territoire. Il s'agissait alors de l'une des premières initiatives en la matière en France. Nous pourrions penser qu'après 20 ans d'implication, nous sommes aujourd'hui exemplaires et que le Grenelle de l'environnement n'a rien à nous apporter. Tel n'est pas le cas. Nous nous sommes rapidement rendu compte que la question de citoyenneté se situe au coeur du sujet et que rien ne peut jamais être considéré comme acquis à son sujet. Il convient de communiquer sans cesse afin d'obtenir ce geste citoyen. Cette vision nous a conduits à mettre en place, en 2006, une charte de gestion des déchets, dans une organisation extrêmement participative afin de recueillir toutes les bonnes idées et volontés et de mettre au point un système partagé par l'ensemble de la population. 250 personnes sont venues travailler dans nos ateliers, un livre ouvert a été produit avec les contributions écrites d'une grande partie de la population. A l'issue de ces réflexions, la collectivité a approuvé la charte de gestion des déchets qui clarifie et structure les actions à mener à la fois par la collectivité, pour disposer d'outils ou de méthodes de collecte plus performants, et par la population, pour participer par son geste et rendre efficace le travail de la collectivité. Nous avons ainsi défini quatre axes majeurs visant à réduire les déchets à la source, valoriser davantage, rendre plus efficaces nos modes de collecte et à fédérer l'ensemble des acteurs afin que tous agissent dans le bon sens pour la gestion globale des déchets à l'échelle du territoire.
Je ne développerai qu'une partie de ses quatre axes, me concentrant sur des éléments qui n'ont pas encore été abordés par les différents intervenants. Pour ce qui est de la réduction à la source des déchets, nous menons comme à Nice une action de mise à disposition de composteurs gratuits en échange d'une formation et d'un engagement du citoyen à bien l'utiliser. Nous menons également une action tendant à diminuer les publicités non adressées distribuées dans les boîtes aux lettres. Un système de témoins permet de mesurer la façon de trier et de produire des déchets des citoyens.
M. Bruno LEPRAT
Ce sont donc des citoyens qui se sont inscrits dans un panel.
Mme Nicole GONTIER
Tout à fait. Ces témoignages nous donnent une bonne vision de la situation du territoire. Nous avons mené par ailleurs une campagne de mesure du contenu des différentes poubelles afin de déterminer les pistes d'amélioration. Nous nous situons au coeur d'un processus de mesure pour orienter notre action.
M. Bruno LEPRAT
Sur une poubelle, mesurez-vous le taux d'impureté ? Dans une poubelle consacrée au verre, par exemple, avez-vous comptabilisé les éléments qui ne devraient pas y figurer et l'évolution de la pédagogie qui est ensuite mise en place pour apurer ce déchet ?
Mme Nicole GONTIER
Depuis 20 ans que nous avions mis en place le tri sélectif, nous avions pris l'habitude de communiquer très régulièrement sur l'importance de jeter des éléments propres dans la poubelle dédiée au recyclage. Nous martelions « propre et sec ». Nous nous sommes rendu compte que notre message n'était pas satisfaisant. Les citoyens voulaient laver les bouteilles avant de les jeter mais certains se lassant, finissaient par ne plus les trier. Nous retrouvions ainsi la moitié des verres dans la poubelle des déchets ménagers. Notre objectif n'était pas atteint. Face à ce constat, nous étudions l'adaptation de notre message, en vérifiant pendant six mois, sur deux quartiers d'habitat collectif et individuel, son efficacité pour obtenir un meilleur taux de recyclage. Notre démarche consiste à mesurer et tester avant d'appliquer.
Le stop publicité permet d'économiser 40 kilogrammes de papier. Nous avons également institué des outils similaires à ceux évoqués pour Nice ou le Japon, qui permettent de transformer le maximum de déchets. Nous disposons ainsi d'un centre de valorisation organique où nous fabriquons du compost que nous vendons aux agriculteurs. Le déchet devient une matière valorisable. Nous travaillons auprès des cantines pour alimenter notre compost. Nous avons par ailleurs lancé une importante action d'animation du territoire avec des ambassadeurs et une maison du développement durable, que nous avons construite il y a 3 ans et dans laquelle nous recevons le public et les écoles pour leur parler des déchets, de l'eau, de l'environnement, des espaces verts.
M. Bruno LEPRAT
Quel est le rôle des ambassadeurs ?
Mme Nicole GONTIER
Nous disposons de deux types d'ambassadeurs. En premier lieu, les conseillers du tri se rendent auprès de la population pour vérifier les bonnes pratiques et détailler les gestes adaptés.
M. Bruno LEPRAT
Il s'agit donc de fonctionnaires.
Mme Nicole GONTIER
Oui. Une deuxième série d'ambassadeurs issus du monde associatif ou des candidats qui se sont présentés pour effectuer les mesures représente notre relais dans les associations de quartier et auprès de l'ensemble des habitants pour communiquer sur les bonnes pratiques et les bons gestes. Ces ambassadeurs s'intéressent à d'autres sujets que les déchets. C'est la raison pour laquelle nous leur avons proposé de jouer un rôle d'ambassadeur pour d'autres questions d'environnement.
Nous soutenons également une association qui regroupe l'ensemble des industriels du territoire et qui permet de transformer certains de leurs déchets en matières premières pour leurs collègues. Il s'agit en quelque sorte d'une bourse de déchets, qui constitue une démarche peu courante s'adressant au monde industriel.
M. Bruno LEPRAT
La ville de Dunkerque se singularise-t-elle par rapport aux chiffres nationaux sur la production de déchets ? On sait qu'un Français produit en moyenne un kilogramme par jour.
Mme Nicole GONTIER
Nous en produisons plus, malgré les efforts réalisés, mais notre niveau de recyclage atteint 37 %, là où le Grenelle de l'environnement exige 35 % à l'horizon 2012. Nous avons donc déjà atteint cet objectif. Nos outils de valorisation organique et énergétique nous ont également permis d'atteindre un taux de 95 % de réutilisation des déchets collectés, sous forme de matière ou d'énergie. Nous sommes donc assez heureux et sereins sur ce sujet.
M. Bruno LEPRAT
Merci à l'ensemble de nos orateurs. Nous avons le temps de prendre une question.
De la salle
Je voudrais poser une question à Monsieur Okamura. Sur la page de votre document Powerpoint présentant l'éducation à l'environnement à l'école Tozuka-minami figure la mention d'une monnaie environnementale valable au sein de l'école. De quoi s'agit-il ?
M. Kôshirô OKAMURA
Cette école organise différentes activités pour sensibiliser les élèves à l'environnement. Concernant la monnaie environnementale, s'il y a un élève qui apporte à l'école une canette en aluminium, il reçoit une pièce de monnaie environnementale. Lorsqu'il a un certain nombre de pièces, il peut acheter par exemple un kit de fleurissement pour cultiver une plante pour l'école qui promeut également le fleurissement. Cette monnaie permet aux enfants d'apprendre d'une manière ludique l'importance de protéger l'environnement.
M. Bruno LEPRAT
Mesdames, Messieurs, je vous propose d'applaudir nos témoins et d'accueillir Jacques Valade, ambassadeur itinérant pour l'Asie, qui va conclure et restituer quelques temps forts de notre après-midi.