- Appartenance politique :
- Membre du Groupe de l'Union Centriste des Démocrates de Progrès
- État civil :
- Né le 4 décembre 1905
Décédé le 15 juin 1987 - Profession :
- Professeur d'université
- Département :
- Ille-et-Vilaine
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Ancien sénateur de la Ve République
Travaux parlementaires
Ve République
FREVILLE (Henri)
Né le 4 décembre 1905 à Novent-Fontès (Pas-de-Calais)
Décédé le 15 juin 1987 à Rennes (Ille-et-Vilaine)
Sénateur de l'Ille-et-Vilaine de 1972 à 1980
Henri Fréville naît le 4 décembre 1905 à Novent-Fontès dans le Pas-de-Calais où son père est directeur de l'école publique. Il suit de brillantes études secondaires, au collège Mariette à Boulogne-sur-Mer, au Lycée Faidherbe à Lille puis au Lycée Louis-le-Grand à Paris. Après une licence d'histoire à la Sorbonne, il réussit l'agrégation d'histoire. Nommé professeur au lycée de garçons Chateaubriand de Rennes en septembre 1932, le jeune enseignant découvre la Bretagne et se prend de passion pour cette région dans laquelle il va désormais s'établir. Sa thèse d'histoire, soutenue en 1953, portera du reste sur l'intendance de Bretagne au XVIIIe siècle (L'Intendance de Bretagne (1689-1790), essai sur l'histoire d'une intendance en Pays d'Etats au XVIIIe, ce doctorat remarqué lui vaut en 1955 le Grand prix Gobert de l'Académie française). Disciple de Marc Sangnier, Henri Fréville rejoint la Jeune République, ce petit mouvement démocrate-chrétien de gauche issu du Sillon d'avant-guerre et qui est bien implanté en Bretagne. Il est marqué par la philosophie humaniste du personnalisme d'Emmanuel Mounier. Avec ses amis de la Jeune République, Henri Fréville accueille en 1933 le chef de la démocratie-chrétienne italienne pourchassé par les fascistes, observe avec sympathie les réformes du Front Populaire et soutient les Républicains espagnols qui fuient le franquisme.
Mobilisé en septembre 1939, il est fait prisonnier lors de la retraite de Dunkerque et reste dans un Stalag allemand jusqu'en mars 1943. Revenu à Rennes, il entre dans la Résistance. Dès l'été 1943, il devient le délégué pour la Bretagne du Comité général d'étude pour l'Information, ce qui l'amène à surveiller l'attitude des patrons de presse de l'Ouest dont certains ont participé à la Collaboration dans le cadre de la Propaganda Abteilung, puis à superviser l'épuration et la réorganisation de la presse à la Libération. En 1945, il est nommé directeur de cabinet de Victor Le Gorgeu, Commissaire régional de la République pour les quatre départements bretons. Ce démocrate-chrétien rejoint logiquement le MRP à sa création, siégeant bientôt au bureau de la fédération de l'Ille-et-Vilaine.
Henri Fréville (qui intègre en 1949 la Faculté de Lettres de Rennes, future Rennes II, comme enseignant d'histoire moderne) occupe rapidement des fonctions électives au sortir de la guerre. Elu conseiller municipal MRP de Rennes en 1947 puis adjoint au maire, il devient maire en mai 1953 et le restera jusqu'en mars 1977. Aux législatives de novembre 1958, il est élu député MRP en battant assez nettement le gaulliste Pierre Morel. Il représente la 1ère circonscription de l'Ille-et-Vilaine à l'Assemblée nationale jusqu'en juin 1968 où il est défait par le gaulliste Jacques Cressard après avoir voté la censure au Parlement. Il est alors membre de droit du bureau national du MRP et de la commission exécutive nationale du parti comme président de la section MRP du groupe du Centre démocratique de l'Assemblée nationale. Depuis 1964, le maire de Rennes est aussi membre du comité de lecture du Courrier des démocrates, bulletin de liaison du parti démocrate-chrétien.
Entre-temps, ce notable améliore son implantation politique en entrant à l'assemblée départementale, comme conseiller général du canton de Rennes Nord-Est, à partir de 1958. Dès 1966, il préside le Conseil général et conserve cette fonction jusqu'en 1976. A partir de 1970 (et jusqu'en 1977), il préside le Conseil de district urbain de Rennes et vice-préside le Conseil régional de Bretagne dès 1974 (et jusqu'en 1976). Au sein de ces différentes assemblées locales, Henri Fréville se passionne pour des questions techniques (entretien des réseaux routiers, aménagement de l'espace, distribution de l'eau, action sanitaire et sociale, promotion culturelle) ; il en tire une compétence reconnue en matière d'administration municipale qu'il met à profit pour moderniser Rennes.
A partir du milieu des années 1950 en effet, et cette évolution s'accélère dès les années 1960, Rennes se transforme radicalement sous sa direction énergique. Henri Fréville lance d'importants programmes de logements (Maurepas, Villejean, la ZUP sud, le Colombier). Il développe une politique de réserve foncière et de zones industrielles (avec l'arrivée notamment de Citroën), réalise l'infrastructure scolaire publique de Rennes, améliore la desserte routière et ferroviaire entre Rennes et Paris. Il dynamise enfin la cité bretonne sur le plan universitaire en orientant le campus vers les technologies de pointe. C'est sous son mandat que se met en place le « triangle électronique » Rennes-Lannion-Brest, dans lequel Rennes est définie comme « métropole de recherche ». Pendant ses 23 ans de mandat, la population de la ville s'accroît de 100 000 habitants, des entreprises s'y installent, des quartiers entiers surgissent de la campagne avoisinante. Longtemps, cette action de modernisation s'opère dans un relatif consensus politique. Catholique pratiquant, Henri Fréville se veut en effet un homme de dialogue et un centriste d'ouverture, il s'efforce de rassembler autour de lui une large majorité et refuse les étiquettes partisanes au profit d'une approche « technicienne » et dépolitisée de la gestion municipale.
Son échec aux législatives de 1968 incite Henri Fréville à se tourner vers la haute assemblée. Il est élu au Sénat le 26 septembre 1971. Membre du groupe de l'Union centriste des démocrates de progrès, il appartient à la commission des lois constitutionnelles, de législation, du suffrage universel, du Règlement et d'administration générale. Ce parlementaire intervient régulièrement lors des questions orales et discussions de projets de loi, surtout quand celles-ci traitent des quatre thèmes qui lui sont chers : l'enseignement supérieur (il se montre très attentif aux crédits de l'Université), la culture (il veut favoriser les musées provinciaux et défend une meilleure accessibilité des archives), les collectivités locales (il suit en expert les questions relatives à l'urbanisme, la politique foncière et l'aide aux communes) et l'environnement. Henri Fréville, vice-président du comité national de l'Eau, du comité du Bassin Loire-Bretagne et de l'agence financière de bassin, se passionne pour le sujet de l'assainissement de l'eau. Mais le sénateur intervient aussi sur d'autres thèmes, comme l'ORTF ou le rôle du Président de la République dans le cadre constitutionnel de la Ve République. Au Sénat, Henri Fréville vote en faveur de la loi du 5 juillet 1972 portant création et organisation des Régions et de la loi dite Royer du 27 décembre 1973 d'orientation du commerce et de l'artisanat. Il approuve la loi du 5 juillet 1974 fixant à 18 ans l'âge de la majorité et la loi Veil relative à l'interruption volontaire de grossesse. Il soutient la loi du 11 juillet 1975 portant réforme du divorce et la loi du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés.
En mars 1976, la défaite du maire au deuxième tour des cantonales face à un jeune candidat socialiste (Jean-Michel Boucheron, 28 ans, assistant d'économie à l'Université de Rennes) révèle que le « système Fréville » se fissure. De fait, si aucun adversaire ne nie l'importance de l'oeuvre de modernisation urbaine, beaucoup dénoncent à présent ses orientations. Cette rénovation urbaine est très coûteuse et l'endettement de la ville s'accroît. Régulièrement, l'édile réclame plus de moyens de la part de l'Etat dans le cadre du comité de liaison des maires des grandes villes mais ces requêtes restent vaines. La gauche dénonce l'abandon progressif d'une politique sociale au profit d'équipements de prestige et des choix urbanistiques supposés favorables aux milieux d'affaires et aux couches aisées de la population. Henri Fréville subit surtout la bipolarisation croissante du jeu politique français. Devant trouver une nouvelle majorité au conseil municipal face aux réticences croissantes de la gauche non communiste à soutenir son action, il doit s'allier de plus en plus avec les gaullistes et les conservateurs. Son centre apolitique se dilue donc depuis le début des années 1970. Le notable, élu autrefois sur ses seuls mérites, devient le représentant de la majorité présidentielle. La gauche, qui n'avait pas prise sur le « gestionnaire chrétien », vise plus facilement « l'homme de Giscard ». Comme les deux députés UDR de Rennes (Jacques Cressard et François Le Douarec) apprécient peu Henri Fréville et espèrent que sa chute leur assurera la présidence du Conseil général, les reports de voix se font mal à droite dans un contexte de tension accrue entre le Premier ministre et le Président de la République. L'échec du printemps 1976 ébranle Henri Fréville.
Quelques mois plus tard, le maire annonce qu'il ne se représentera pas aux prochaines municipales. En mars 1977, au terme d'une campagne où Henri Fréville soutient son dauphin, l'universitaire RI Jean-Pierre Chaudet, c'est un autre universitaire, le professeur de droit et socialiste Edmond Hervé qui l'emporte, confirmant la poussée du PS à Rennes et, de manière plus générale, en Bretagne. La victoire d'Edmond Hervé a été facilitée par la diffusion durant la campagne d'un livre à charge écrit en septembre 1976 par le conseiller général socialiste et géographe Michel Phlipponneau, Changer la ville changer la vie, qui critique sévèrement la gestion du maire. Ce dernier, ébranlé par cette accusation à ses yeux injuste, rédige dans les mois qui suivent un plaidoyer pro domo, Un acte de foi : trente ans au service de la cité, rappelant en humaniste chrétien que son projet d'une « cité moderne, humaine et fraternelle » reposait sur « la foi en l'homme ». Mais l'ère Fréville a déjà pris fin. Alors que l'homme avait incarné sa ville et la mairie pendant un quart de siècle, ce démocrate-chrétien en pays catholique, ne résiste pas à la politisation de la campagne qui a durci les clivages locaux.
Ayant abandonné à partir de 1977 tous ses mandats électifs à l'exception de celui de sénateur, Henri Fréville ne se présente pas aux élections sénatoriales de septembre 1980 et se désintéresse progressivement de la politique pour revenir à sa première passion : l'histoire de la Bretagne. Il collabore à L'histoire de Rennes publiée chez Privat, puis, à la lumière de sa propre expérience durant la guerre, publie en 1979 chez Plon un ouvrage sur La presse bretonne dans la tourmente, 1940-1946. Le sénateur, qui avait été la cible d'un attentat des autonomistes bretons du FLB le 26 août 1975, fait le récit, à partir d'archives publiques et privées, des efforts poursuivis par l'un des chefs autonomistes du « Mouvement breton » pour s'emparer, avec l'aide de l'occupant, des grands journaux régionaux d'information. Réussie avec la Dépêche de Brest, cette tentative échoua avec l'Ouest-Eclair. Au printemps 1985, Henri Fréville prolonge et élargit cette première enquête dans un ouvrage ambitieux paru aux éditions Ouest France : Archives secrètes de Bretagne, 1940-1944. Reposant sur les dossiers traduits de l'administration militaire allemande, des organismes issus de l'armistice, de la Délégation générale du gouvernement français en zone occupée ainsi que sur d'autres sources (archives régionales, registres d'écrous d'établissements pénitentiaires), cette étude minutieuse démontre comment certains autonomistes et séparatistes bretons furent utilisés par l'Allemagne.
En 1986, Henri Fréville a la satisfaction de voir son fils, Yves, professeur agrégé de droit, devenir député (UDF-CDS) d'Ille-et-Villaine. Il décède l'année suivante.
Elu le 26 septembre 1971
Fin de mandat le 1er octobre 1980 (ne se représente pas)
Membre du Groupe de l'Union Centriste des Démocrates de Progrès
Extrait de la table nominative
Résumé de
l'ensemble des travaux parlementaires
de Henri FREVILLE
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