TENAILLE-SALIGNY Etienne

avant 1889

TENAILLE-SALIGNY (ETIENNE-PHILIPPE-THÉODORE), sénateur de 1879 à 1888, né à Clamecy (Niévre) le 22 février 1830, mort à Clamecy le 24 mars 1889, vint étudier le droit à Paris et se fit recevoir avocat. En 1856, il acheta une charge d'avocat au conseil d'Etat et à la cour de Cassation, dont il se démit en 1870, après avoir échoué, comme candidat indépendant an Corps législatif, le 24 mai 1869, dans la 3° circonscription de la Nièvre, avec 4,618 voix contre 16,056 à l'élu officiel, M. Lepelletier d'Aunay, 2,381 à M. Eug. Dupin et 1,543 à M. Labot. Après le 4 septembre, il fut nommé maire du 1^er arrondissement de Paris par Gambetta et fut confirmé dans ses fonctions en novembre suivant. Dévoué aux idées et à la politique que Thiers représentait au pouvoir, il se présenta, le 8 février 1871, lors des élections pour l'Assemblée nationale, et ne recueillit dans la Nièvre que 18,461 voix sur 64,512 votants; quelques jours plus tard (26 février), il fut nommé préfet de ce département. Son administration fut signalée par de nombreuses poursuites dirigées contre les républicains : dix-huit citoyens furent arrêtés par son ordre à Cosne, traduits devant la cour d assises du Loiret sous l'inculpation de complot en faveur de la Commune de Paris, et condamnés à des petites variant de six mois de prison à quinze années de détention. Le 12 juillet suivant, M. Tenaille-Saligny fut nommé préfet de la Charente-Inférieure. Il occupait encore ce poste lors de la chute de Thiers au 24 mai ; il donna alors sa démission, revint à Paris, et se fit élire (novembre 1874) conseiller municipal du 1^er arrondissement. Rappelé dans l'administration, le 21 mars 1876, comme préfet du Pas-de Calais, il vit encore sa carrière interrompue par les événements du 16 mai 1377; mais, le 15 décembre suivant, il fut appelé à la préfecture de la Haute-Garonne. D'autre part, M. Tenaille-Saligny avait fait plusieurs tentatives infructueuses aux élections sénatoriales et législatives : le 30 janvier 1876, il réunit dans la Nièvre, comme candidat au Sénat, 108 voix seulement sur 378 votants. Le 20 février suivant, il posa sa candidature à la Chambre des députés dans l'arrondissement de Clamecy, et n'obtint que 6,589 voix, contre 10,142 à l'élu bonapartiste, M. Lepelletier d'Aunay. Il échoua encore, le 14 octobre 1877, avec 7,531 voix, contre 10,631 au même concurrent, réélu. Il entra enfin au Sénat le 5 janvier 1879, élu dans la Nièvre par 194 voix (378 votants). Il se fit inscrire au groupe de la gauche républicaine, fut rapporteur (juillet 1883) de la loi sur la réforme de la magistrature, demanda (août 1885), lors de la discussion de la loi sur le scrutin de liste, qu'il n'y eût pas d'élection partielle dans un département à moins que la représentation du département ne comptât un certain nombre de vacances, et vota pour l'article 7 de la loi Ferry, pour les ministères opportunistes qui se succédèrent au pouvoir, pour la réforme du personnel judiciaire, pour le rétablissement du divorce, pour les crédits de l'expédition du Toukin, pour l'expulsion des princes. Le 8 janvier 1888, M. Tenaille-Saliguy, candidat au renouvellement triennal du Sénat, obtint au premier tour de scrutin 183 voix opportunistes, sur 952 votants, et, au 2^e tour, 127 voix sur 749. Il refusa obstinément de se désister devant la liste radicale et ne réunit plus que 63 voix au 3^e tour; la division de la majorité républicaine fit passer la liste conservatrice. Chevalier de la Légion d'honneur (14 août 1876).

Extrait du « Dictionnaire des Parlementaires français », Robert et Cougny (1889)