M. Michel Canevet. Je retire mon amendement !
M. Olivier Dussopt, ministre délégué. Monsieur Delcros, les dispositions que vous proposez auraient effectivement un coût élevé. En outre, à l’instar de M. le rapporteur général, j’estime qu’elles seraient impraticables en 2020 et inconciliables avec l’automatisation en cours.
Le Gouvernement agit pour soutenir l’investissement des collectivités territoriales. J’insisterai sur deux mesures parmi tant d’autres.
La première est le milliard d’euros de dotation de soutien à l’investissement local (DSIL) voté en PLFR 3. Vous le verrez lors de l’examen du projet de loi de finances. À l’article 46, j’ai déposé à l’Assemblée nationale un amendement visant à préciser les programmes pour lesquels les autorisations d’engagement sont reconductibles en 2021. Évidemment, la part supplémentaire de DSIL en fait partie. Ainsi, ces crédits ne seront pas perdus.
La deuxième est l’appel à projets que nous allons demander aux préfets de région d’ouvrir dans les semaines qui viennent pour accompagner la rénovation thermique et énergétique des bâtiments des collectivités territoriales. Il sera doté de 950 millions d’euros et permettra également de soutenir l’investissement des collectivités.
Comme je l’ai dit lors de l’examen du PLFR 3, nous avons fait des choix autres que la contemporanéisation du FCTVA, y compris pour des questions de montants. Je sollicite donc le retrait de l’amendement n° 31. À défaut, j’émettrai un avis défavorable.
M. le président. L’amendement n° 136 rectifié bis, présenté par M. Canevet, Mmes N. Goulet, Billon et Sollogoub et MM. Levi, Kern, Le Nay, Cigolotti, Delahaye et Capo-Canellas, est ainsi libellé :
Après l’article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Le 2° du I de l’article L. 221-31 et le 3° du I de l’article L. 221-32-2 du code monétaire et financier sont complétés par un alinéa ainsi rédigé :
« …) Par dérogation au a du 1° du I, les actions de sociétés de capital-risque régies par l’article 1-1 de la loi n° 85-695 du 11 juillet 1985 portant diverses dispositions d’ordre économique et financier. »
II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
La parole est à M. Michel Canevet.
M. Michel Canevet. Les sociétés de capital-risque doivent être éligibles aux plans d’épargne en actions, les PEA, ainsi qu’aux PEA pour les PME et les entreprises de taille intermédiaire. Il s’agit de développer l’épargne salariale.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Mon cher collègue, je vous invite à retirer votre amendement. Dans la perspective du projet de loi de finances pour 2021, je vous propose de le retravailler, en particulier en restreignant son champ au PEA pour les PME.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué. Même avis ! Au demeurant, en l’état, ces dispositions créeraient une inégalité de traitement entre les sociétés de capital-risque et les autres.
M. le président. Monsieur Canevet, l’amendement n° 136 rectifié bis est-il maintenu ?
M. Michel Canevet. Non, je le retire, monsieur le président.
M. le président. L’amendement n° 136 rectifié bis est retiré.
Je suis saisi de deux amendements identiques.
L’amendement n° 23 rectifié est présenté par MM. Mandelli, Longeot et Tabarot, Mme Garriaud-Maylam, MM. Sol, de Nicolaÿ, Daubresse, Mouiller et D. Laurent, Mmes M. Mercier et Deromedi, MM. Bacci, Calvet, Piednoir, Favreau, Pellevat, B. Fournier, Bouchet, Moga, Duplomb et Rietmann, Mme Imbert, MM. Bonnecarrère, Détraigne, Chaize, Belin et Brisson, Mmes de La Provôté, Puissat et Lassarade, MM. Savary, Maurey, Guené et Gueret, Mmes L. Darcos, Raimond-Pavero, Muller-Bronn, Joseph et Férat, M. Gremillet, Mme Lavarde, M. Laménie, Mmes Canayer et Boulay-Espéronnier et M. Duffourg.
L’amendement n° 111 rectifié bis est présenté par MM. Jacquin, Féraud, Kanner et Raynal, Mme Briquet, MM. Cozic et Éblé, Mme Espagnac, MM. Jeansannetas, P. Joly, Lurel et J. Bigot, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Marie, Mérillou et Montaugé, Mme S. Robert, MM. Temal, Tissot et Antiste, Mme Monier et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain.
Ces deux amendements sont ainsi libellés :
Après l’article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Le second alinéa du 2 du VI de l’article 15 de la loi n° 2015-1785 du 29 décembre 2015 de finances pour 2016 est supprimé.
II. – La perte de recettes résultant pour l’État de la suppression du plafonnement de la compensation du versement mobilité prévue au I au titre de l’année 2020 est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
La parole est à M. Didier Mandelli, pour présenter l’amendement n° 23 rectifié.
M. Didier Mandelli. Il s’agit d’un sujet que nous avons déjà eu l’occasion d’aborder dans cet hémicycle : les effets liés au relèvement, décidé en 2016, du seuil de salariés au sein des entreprises pour le déclenchement du versement transport, rebaptisé depuis versement mobilité. Cette réforme a eu pour conséquence de priver les collectivités, autorités organisatrices des mobilités, de 93 millions d’euros de recettes.
Pour 2020, cette perte est compensée à hauteur de 48 millions d’euros. L’amendement vise à déplafonner ce montant, afin que les collectivités puissent obtenir la totalité de ces fonds, c’est-à-dire 93 millions d’euros. Cela représenterait donc 45 millions d’euros supplémentaires par rapport aux 48 millions d’euros déjà versés.
M. le président. La parole est à M. Olivier Jacquin, pour présenter l’amendement n° 111 rectifié bis.
M. Olivier Jacquin. Didier Mandelli a parfaitement défendu ces dispositions. Nous les avons travaillées en commission du développement durable.
Je prends donc surtout la parole pour saluer mon collègue Jean-François Husson. C’est la première fois que j’interviens en séance dans le cadre de son rapport général sur le budget. Je tiens à le féliciter ; nous sommes du même département. (Exclamations amusées.) Ne croyez pas que je tente de l’amadouer : il est incorruptible ! (Sourires.)
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Je remercie chaleureusement mon collègue Olivier Jacquin ! (Nouveaux sourires.) Comme nous sommes dans un moment de vision commune, j’émets un avis de sagesse sur ces deux amendements identiques. Monsieur le ministre, vous savez que ce sujet est particulièrement préoccupant aujourd’hui.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué. Avant la crise actuelle, le Gouvernement avait constaté la très forte progression du versement mobilité, et il l’avait intégré, en loi de finances pour 2020, dans ce que l’on appelle les variables d’ajustement, conduisant à la minoration soulignée par M. Mandelli et par M. Jacquin.
Nous apportons des réponses à la crise actuelle avec le système d’avances remboursables que j’ai évoqué. Néanmoins, il ne nous paraît pas opportun de remettre en cause le périmètre des variables d’ajustement dans le PLF pour 2020. Nous sommes défavorables à ces amendements.
M. le président. La parole est à M. Didier Marie, pour explication de vote.
M. Didier Marie. Lors de l’examen du dernier projet de loi de finances, nous nous étions précisément opposés à l’inscription du versement transport parmi les variables d’ajustement. Par cohérence, nous soutenons ces amendements.
M. le président. La parole est à M. Olivier Jacquin, pour explication de vote.
M. Olivier Jacquin. Je remercie la commission de son avis de sagesse !
Monsieur le ministre, nous sommes en situation de crise, et vous invoquez des variables d’ajustement qui datent de la loi d’orientation des mobilités ! Alors que le transport public affronte une crise grave, ce plafonnement limite la compensation à 50 %. À cette iniquité s’ajoute le problème du statut des autorités organisatrices, en vertu duquel la compensation de recettes est différenciée ; nous reviendrons sur le sujet dans un instant. Cette double injustice est intolérable !
M. le président. Je mets aux voix les amendements identiques nos 23 rectifié et 111 rectifié bis.
(Les amendements sont adoptés.)
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 1er.
L’amendement n° 7 rectifié, présenté par MM. Michau, Féraud, Kanner et Raynal, Mme Briquet, MM. Cozic et Éblé, Mme Espagnac, MM. Jeansannetas, P. Joly, Lurel et J. Bigot, Mmes Bonnefoy et Harribey, MM. Marie, Mérillou et Montaugé, Mme S. Robert, MM. Temal, Tissot et Antiste, Mme Monier et les membres du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, est ainsi libellé :
Après l’article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
Le K du VI de l’article 16 de la loi n° 2019-1479 du 28 décembre 2019 de finances pour 2020 est complété par un alinéa ainsi rédigé :
« …. Ce prélèvement ne s’applique pas lorsque la commune et l’établissement public de coopération intercommunale ont fait évoluer leurs recettes dans le cadre d’un accord de gouvernance financière et qu’ainsi, cette évolution n’engendre pas de différence pour le contribuable. »
La parole est à M. Jean-Jacques Michau.
M. Jean-Jacques Michau. Cet amendement vise à corriger une anomalie qui pénalise un certain nombre d’EPCI, notamment de communautés, sur notre territoire. Nous proposons de supprimer les pénalités dues par certaines collectivités dans le cas d’une hausse de la taxe d’habitation entre 2017 et 2019, dans le cadre d’un accord de gouvernance.
Monsieur le ministre, vous le savez : la réforme de la taxe d’habitation, introduite par la loi de finances pour 2020, prendra pleinement effet en 2021, année marquée par une recomposition générale des ressources fiscales.
Pour autant, l’exercice 2020 ne se traduira pas seulement par la poursuite et l’aboutissement des dispositions introduites en loi de finances pour 2018, dont l’objet est de supprimer la taxe d’habitation pour 80 % des contribuables. Des mesures complémentaires à la loi de finances pour 2018 ont été incluses dans la loi de finances pour 2020. Il en est ainsi de la mise en place d’un ticket modérateur applicable aux communes et EPCI qui ont augmenté leur taux d’imposition de taxe d’habitation entre 2017 et 2019.
Force est de constater que, dans certains cas, cette mesure donne lieu à des prélèvements abusifs, voire conduit à des situations ubuesques.
Ce mode de calcul n’est pas adapté aux nombreuses situations caractérisées par une substitution de fiscalité communautaire à la fiscalité communale. Ainsi, pour de nombreux EPCI, l’augmentation du taux de taxe d’habitation a eu pour contrepartie une diminution des taux de taxe d’habitation communaux. Dès lors, le taux moyen pondéré de taxe d’habitation consolidé sur l’ensemble du territoire est resté stable. La pression fiscale exercée sur les contribuables redevables de la taxe d’habitation ne change pas sur le territoire. L’augmentation du taux de taxe d’habitation communautaire ne correspond qu’à une substitution fiscale de la communauté aux communes.
Or cette redistribution entre communes et EPCI n’a pas été prise en compte par la loi de finances pour 2020. Dans certains cas, le montant prélevé se révèle disproportionné. Certains EPCI risquent de devoir augmenter la pression fiscale via la taxe foncière sur les propriétés bâties.
Sans revenir sur le bien-fondé du dégrèvement, nous estimons nécessaire de résoudre ce problème purement technique, qui remet en cause l’engagement initial du Gouvernement, garantir aux communes le levier fiscal sur la taxe d’habitation, et risque de pénaliser gravement les territoires ayant procédé à des transferts de fiscalité entre communes et EPCI.
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. En vertu de la réforme en cours, la part du coût de dégrèvement en 2020 résultant de l’augmentation des taux de taxe d’habitation entre 2017 et 2019 doit être mise à la charge des collectivités territoriales par un prélèvement sur leurs douzièmes de fiscalité.
Vous proposez de supprimer cette reprise lorsqu’elle concerne des ensembles intercommunaux ayant modulé leur taux de taxe d’habitation dans le cadre d’un accord de gouvernance financière.
C’une question intéressante et légitime. Néanmoins, ces dispositions me paraissent trop restrictives. En effet, toutes les communes et tous les EPCI sont concernés par cette reprise injuste. Il n’y a donc pas lieu d’établir une distinction au profit des ensembles intercommunaux ayant conclu un accord.
Au surplus, je m’interroge. Que désigne la notion d’« accord de gouvernance financière » figurant dans le texte de l’amendement ? S’agit-il du pacte de gouvernance ou du pacte financier et fiscal ?
Pour cette raison, je sollicite l’avis du Gouvernement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué. Le dispositif nous semble non pas trop étroit, mais trop large.
M. Longeot a évoqué le cas des communes où la taxe d’habitation augmente du fait de la convergence imposée à la suite d’une fusion. Le sujet peut être creusé. En la matière, nous pouvons certainement avancer, étant donné le caractère obligatoire de l’augmentation subie.
Au-delà des interrogations sémantiques de M. le rapporteur général, que je partage, vous proposez que l’État vienne compenser ou annuler le prélèvement pour des communes qui, au sein d’une intercommunalité, ont fait le choix de conclure un accord de gouvernance. Vous entendez donc traiter les conséquences d’un choix volontaire, et non d’un choix contraint.
Le Gouvernement émet donc un avis défavorable sur cet amendement.
M. le président. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Dans ces conditions, la commission émet un avis de sagesse sur cet amendement.
M. le président. En conséquence, un article additionnel ainsi rédigé est inséré dans le projet de loi, après l’article 1er.
L’amendement n° 36, présenté par MM. Savoldelli, Bocquet et les membres du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, est ainsi libellé :
Après l’article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Il est institué, par prélèvement sur les recettes de l’État, une dotation aux collectivités confrontées à une augmentation des dépenses d’allocations du revenu de solidarité active. Pour chaque collectivité bénéficiaire, cette dotation est égale à la différence, si elle est positive, entre le montant des dépenses d’allocations du revenu de solidarité active constatées dans le compte administratif de l’année 2020 et le montant des dépenses d’allocations du revenu de solidarité active constatées dans le compte administratif de l’année 2019.
II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée à due concurrence par la création d’une taxe additionnelle aux droits mentionnés aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
La parole est à M. Pascal Savoldelli.
M. Pascal Savoldelli. Monsieur le ministre, vous avez évoqué devant la commission des finances les difficultés financières que la gestion du revenu de solidarité active, le RSA, entraîne pour un certain nombre de départements.
Depuis, j’ai lu que, pour 2022, votre gouvernement allait vers une recentralisation du RSA dans le département de la Seine-Saint-Denis,…
M. Philippe Dallier. Très bonne idée !
M. Pascal Savoldelli. … qui dénombre beaucoup d’allocataires de ce minimum social. J’en ai déduit qu’il allait aborder plus largement la compensation de ces dépenses. J’ai tendu l’oreille, mais je n’ai rien entendu.
Lors de la même réunion de la commission, vous avez déclaré qu’une ouverture était possible par rapport à la situation différentielle des départements. Je vous ai parlé du mien, le Val-de-Marne, qui a dû mettre 6 millions d’euros de plus. La contribution pour le versement du RSA atteint 276,86 millions d’euros !
Je vous demande de revoir les modalités de calcul pour que l’on soit au plus près des dépenses réelles assumées par les départements. Je le fais avec d’autant plus de fermeté – mais avec énormément de respect et de considération ! – que la dynamique de la TVA vous a permis de dégager un petit milliard d’euros.
Je suis fidèle à ma ligne de conduite, qui est celle de notre groupe : il faut partager. (M. le ministre délégué sourit.) La distanciation, si elle est indispensable pour lutter contre le covid, est délétère quand elle concerne les relations entre le Gouvernement et les collectivités territoriales, tout particulièrement les départements ! Il faut soutenir les départements de France dans leur effort de solidarité !
M. le président. Quel est l’avis de la commission ?
M. Jean-François Husson, rapporteur général de la commission des finances. Pascal Savoldelli a raison d’aborder le sujet, qui est important.
Néanmoins, pour 2020, le Gouvernement propose une ouverture de crédits à hauteur de 200 millions d’euros. Ces crédits passeront par le fonds de stabilité interdépartemental et devraient aller prioritairement vers les départements les plus en difficulté.
Durant l’examen du PLFR 2, le Sénat a obtenu un taux réduit de TVA sur un certain nombre de biens, comme les équipements de protection individuelle ou le gel hydroalcoolique. Dans la perspective du PLF pour 2021, nous allons proposer plusieurs mesures pour soutenir financièrement les départements.
C’est la raison pour laquelle, à ce stade, en PLFR, je demande le retrait de cet amendement.
M. le président. Quel est l’avis du Gouvernement ?
M. Olivier Dussopt, ministre délégué. Avis défavorable, à moins que l’amendement ne soit retiré ; mais cela ne me semble pas être la pratique de M. Savoldelli. (Sourires.)
Comme l’a souligné M. le rapporteur général, nous ouvrons 200 millions d’euros au titre du fonds de stabilité des départements, au lieu des 115 millions actuels. Cela permettra d’accompagner, ou en tout cas de soutenir, cinquante départements, contre trente les années précédentes.
Notre objectif est de prendre en compte la situation différenciée des départements. À la fin du mois de septembre, l’augmentation du nombre de bénéficiaires du RSA variait de +1 % à +16 % dans les départements dont les chiffres m’ont été communiqués.
La Caisse nationale des allocations familiales (CNAF) nous a fourni des éléments chiffrés à la fin du mois de septembre indiquant une augmentation moyenne autour de 6 %. C’est loin des 16 % que j’évoquais, mais aussi des 1 % de certains départements.
Le milliard « dynamique » de TVA que vous évoquiez correspond à une fausse dynamique, puisqu’il concerne la fraction accordée aux départements dans le cadre de la compensation de la taxe foncière sur les propriétés bâties (TFPB) et tient uniquement au fait que, en 2020, la TVA s’effondre de 10 % alors qu’il se produit un effet rebond en 2021. Évidemment, entre 2020 et 2021, la recette de TVA devrait augmenter de 12 %, 13 % ou 14 %. C’est toutefois une augmentation que je qualifierais de « faciale », car liée au rebond après un effondrement au cours de l’année 2020. Ce n’est donc pas forcément le bon vecteur.
Sur le reste, cela a été rappelé, des travaux sont en cours, notamment au sein de l’Assemblée des départements de France (ADF), avec le Gouvernement. Ils se traduisent par des expérimentations comme celle qui a été annoncée en Seine-Saint-Denis. C’est loin de purger le sujet, mais c’est un premier pas intéressant, au moins en termes de méthode.
À ce stade, l’avis est donc défavorable. Comme le rapporteur général l’a dit, des dispositions propres aux départements figureront dans le PLF pour 2021, et nous avons commencé à apporter des réponses différenciées par le PLF pour 2020.
M. le président. La parole est à M. Victorin Lurel, pour explication de vote.
M. Victorin Lurel. Je soutiendrai personnellement cet amendement.
Nous le savons, le RSA n’est aujourd’hui pas compensé, au point que le Gouvernement a dû en recentraliser la gestion pour la Guyane et La Réunion. Je crois savoir que le problème se pose même en Île-de-France.
Au moment où je vous parle, le reste à charge pour le département de la Guadeloupe atteint 71 millions d’euros. Depuis le premier confinement, 1 000 personnes en moyenne se présentent chaque mois au RSA en raison de l’augmentation de la précarité.
Une estimation a été faite, et le calcul a été communiqué aux services appropriés et au Premier ministre. Cela coûtera 90 millions d’euros pour la fin de l’année 2020. J’ai enregistré avec satisfaction l’existence d’un fonds de stabilisation de 200 millions d’euros. Mais, pour la seule Guadeloupe, si l’on devait compenser les coûts à 100 %, il faudrait 90 millions d’euros.
M. le président. La parole est à Mme Sophie Taillé-Polian, pour explication de vote.
Mme Sophie Taillé-Polian. Monsieur le ministre, je ne comprends pas la logique. Vous avez indiqué que, dans ce PLFR 4, des crédits supplémentaires de 70 millions d’euros ont été ouverts pour l’insertion par l’activité économique, avec un objectif de 30 000 postes en plus par rapport à l’augmentation préalablement organisée. Or les structures d’insertion par l’activité économique ne savent pas comment elles vont faire pour mettre en place le programme.
Les départements doivent tous – vous l’avez dit vous-même – accueillir et aider davantage de bénéficiaires du RSA. Mais, dans ce domaine, l’augmentation est notoirement insuffisante.
En matière d’efficacité de la dépense publique, cela pose une difficulté majeure et un problème évident. Tous les départements sont touchés, certes de manière différenciée, mais l’enveloppe dédiée est insuffisante, alors même que sont débloquées d’autres enveloppes, dont on ne sait pas si elles pourront être effectivement dépensées.
Il faut donc prendre une mesure simple de rationalité et d’efficacité pour aider nos départements, qui en ont réellement besoin tout de suite, car des gens en grande difficulté attendent devant leurs guichets.
M. le président. Je suis saisi de trois amendements faisant l’objet d’une discussion commune.
L’amendement n° 104 rectifié, présenté par M. Maurey, Mmes Vermeillet et N. Goulet, M. Capo-Canellas, Mme Gatel, MM. Darnaud, L. Hervé et Longeot, Mmes Létard, Billon et Perrot, MM. Levi et S. Demilly, Mmes de La Provôté et Férat, M. Mizzon, Mme Guidez, MM. Kern, Le Nay, Louault, Cazabonne, de Nicolaÿ, B. Fournier et Babary, Mme Ventalon, M. Belin, Mme Canayer, MM. Favreau et Duffourg, Mmes Micouleau et Dumont, MM. Laménie et Tabarot, Mme Dumas, MM. Reichardt, Bonne, Moga, Hingray et Savin, Mme Pluchet, M. Saury, Mme L. Darcos, M. Pointereau, Mme Garriaud-Maylam, MM. D. Laurent, Sautarel, Pellevat et Daubresse, Mme Paoli-Gagin, M. Courtial, Mme V. Boyer et MM. Laugier, Lefèvre, Vogel, Menonville, Bouloux et Chasseing, est ainsi libellé :
Après l’article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I. – Il est institué, par prélèvement sur les recettes de l’État, une dotation aux communes et à leurs groupements pour compenser les dépenses supplémentaires liées à la crise sanitaire de la covid -19 en 2020.
II. – La dotation mentionnée au I permet la compensation :
1° Des dépenses directement liées à la gestion de la crise sanitaire ;
2° Des dépenses ayant une visée de soutien en matière sociale ;
3° Des surcoûts induits sur les contrats de la commande publique correspondants à des modifications des conditions économiques des contrats liés à la crise sanitaire ;
4° Des abondements de subventions d’équilibre aux budgets annexes, ainsi que les subventions, contributions ou participations à différentes structures, résultant des effets de la crise sanitaire.
III. – Les dépenses qui n’ont pas été engagées du fait de la crise viennent en déduction de la dotation versée à chaque commune ou groupement.
IV. – Les modalités d’application du présent article sont précisées par décret.
V. – La perte de recettes résultant pour l’État des I à IV est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
La parole est à Mme Sylvie Vermeillet.
Mme Sylvie Vermeillet. Les communes et leurs groupements font face à des dépenses supplémentaires importantes liées à la crise de la covid-19. Selon l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), ces dépenses sont estimées à 1 milliard d’euros en 2020. Elles sont de différents types : gestion directe de la crise, surcoût des contrats de commande publique, renflouement de structures en difficulté, comme les syndicats de communes, ou dépenses en matière sociale.
Leur prise en charge par l’État est très insuffisante, puisque celle-ci se résume à un remboursement à hauteur de 50 % des achats de masques, conditionné à une commande réalisée après le 13 avril.
Par ailleurs, le dispositif de compensation des pertes de recettes des collectivités locales, adopté dans le cadre de la loi de finances rectificative pour 2020, ne prévoit pas de compensation des dépenses du bloc communal liées à la crise.
Aussi cet amendement vise-t-il à garantir que ces dépenses supplémentaires soient compensées par l’État.
M. le président. L’amendement n° 37, présenté par MM. Savoldelli et Bocquet, Mmes Apourceau-Poly et Assassi, M. Bacchi, Mmes Brulin, Cohen et Cukierman, M. Gay, Mme Gréaume, MM. Lahellec et P. Laurent, Mme Lienemann, M. Ouzoulias et Mme Varaillas, est ainsi libellé :
Après l’article 1er
Insérer un article additionnel ainsi rédigé :
I – Il est institué, par prélèvement sur les recettes de l’État, une dotation aux collectivités territoriales et aux établissements publics de coopération intercommunale confrontés en 2020 à des dépenses de fonctionnement exceptionnelles liées à l’épidémie de covid -19.
Cette dotation couvre la totalité de ces dépenses, sans restriction liée à la date pour les commandes de matériel de protection.
Un décret fixe le champ d’application de cette dotation et les conditions d’attribution.
II. – La perte de recettes résultant pour l’État du I est compensée, à due concurrence, par la création d’une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts.
La parole est à M. Éric Bocquet.