Mme la présidente. La parole est à M. René-Paul Savary, pour explication de vote sur l’amendement n° 45.
M. René-Paul Savary. Je voudrais insister sur le problème du financement de la prise en charge de la dépendance. Hier soir, nous avons débattu d’un amendement tout à fait intéressant qui concernait la CSG : il faudra bien accepter un jour d’envisager qu’une part de CSG vienne financer le secteur médico-social. En ma qualité de rapporteur de la commission des affaires sociales pour ce secteur, j’aurai l’occasion d’y revenir ultérieurement.
En tout état de cause, il faudra s’employer un jour à résoudre ce problème du financement de la prise en charge de la dépendance autrement que par des bricolages successifs de PLFSS en PLFSS ou de projet de loi de finances en projet de loi de finances !
Au travers de l’article 21, on en rajoute une couche en affectant une fraction des droits sur la consommation des tabacs au financement de la CNSA, mais si l’on ne mobilise pas des moyens suffisants, on ne parviendra pas à compenser les dépenses exposées par les départements au titre de l’APA ou de la PCH, la prestation de compensation du handicap.
S’il vous plaît, madame la ministre, n’employez plus cette expression : « sera intégralement financée ». On sait bien, quand on entre dans les détails, que les dépenses engagées par les départements ne sont jamais entièrement compensées, même si le principe de la compensation à l’euro près avait été posé !
Pour prendre l’exemple d’un département moyen, le mien, l’APA représente une dépense de 33 millions d’euros, compensée à hauteur de 30 %. En ce qui concerne la PCH, nous recevons 5 millions d’euros, pour une dépense estimée à 13,5 millions d’euros pour 2014. On voit bien qu’il n’y a pas de compensation à l’euro près ! Par conséquent, n’utilisons plus cette expression, qui relève de la provocation tant elle est éloignée de la réalité !
Le problème du financement de la prise en charge de la dépendance devra être traité, mais ce ne sera pas au travers de la loi portant nouvelle organisation territoriale de la République ou de la loi de santé publique. Il faudra un jour remettre à plat l’ensemble des règles, car le financement du secteur médico-social dans son ensemble est d’une obscurité complète !
Mme la présidente. La parole est à M. Gérard Roche, pour explication de vote.
M. Gérard Roche. Je voudrais tout d’abord recentrer un débat qui a quelque peu dévié.
Il est vrai que les conseils généraux se plaignent constamment de ne plus y arriver, surtout depuis la création de l’APA. Mme la ministre a parlé du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement : on sait que les dépenses nouvelles seront compensées par la CASA, à hauteur de 400 millions d’euros la première année et de 800 millions d’euros par la suite. C’est ce que j’ai entendu au cours des réunions auxquelles j’ai participé en tant que représentant de l’Assemblée des départements de France.
Les produits des taxes sur la consommation du tabac doivent servir en partie à compenser les effets du pacte de responsabilité et de solidarité. Les associations et les agences d’aide au maintien à domicile, qui sont actuellement en grande difficulté financière, ne pourront pas assumer les dépenses supplémentaires liées à l’augmentation de la valeur du point et des rémunérations.
C’est la raison pour laquelle nous demandons qu’une partie de ces produits aille à ces véritables entreprises que sont les associations et les agences d’aide au maintien à domicile. Le débat ne se réduit pas à réclamer des sous pour les départements au titre du financement de l’APA : la problématique est beaucoup plus complexe que cela ! L’enjeu est surtout d’aider ces associations et ces agences à passer une période difficile.
Cela étant dit, je ne puis aller contre la sagesse de M. le rapporteur général et je retire l’amendement n° 192.
Mme la présidente. L’amendement n° 192 est retiré.
La parole est à M. Daudigny, pour explication de vote sur l’amendement n° 45.
M. Yves Daudigny. Le sujet, qui tient en partie à la structure de financement et de fonctionnement de la CNSA, mérite débat. La CNSA bénéficie maintenant de trois recettes propres : la CASA, la CSA et une part de CSG.
Or, depuis l’origine, une partie de ces recettes propres –de l’ordre de 1 milliard d’euros – est prélevée au bénéfice de l’ONDAM médico-social, pour constituer ce que l’on appelle l’objectif général de dépenses, l’OGD.
Par conséquent, une partie des recettes propres de la CNSA est utilisée pour le financement des établissements et services médico-sociaux et ne sert donc pas à compenser les dépenses liées à la prise en charge de la perte d’autonomie des personnes âgées ou handicapées.
Par ailleurs, il est aujourd’hui demandé à la CNSA d’assumer un certain nombre de financements, pour des sommes plus ou moins importantes, alors qu’ils devraient plutôt relever de la Caisse nationale d’assurance maladie.
Ces deux sujets méritent certainement un examen plus approfondi. Cela étant, concernant l’amendement n° 192, je rejoins tout à fait la position de M. le rapporteur général : il apporte une mauvaise réponse à une question qui mérite toute notre attention.
Mme la présidente. La parole est à M. le rapporteur général.
M. Jean-Marie Vanlerenberghe, rapporteur général de la commission des affaires sociales. Gérard Roche et Yves Daudigny soulèvent de vrais problèmes. Je le disais à Mme la ministre : j’entends bien qu’un projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement va nous être soumis, mais je n’y ai pas trouvé, pour l’heure, des réponses tout à fait satisfaisantes aux difficultés que rencontre le secteur de l’aide au maintien à domicile.
Mon collègue Dominique Watrin et moi-même avons formulé, dans notre rapport, des propositions que nous avons transmises à vos services, madame la ministre. Elles prévoient un effort important pour rétablir – certes dans une mesure encore modeste, monsieur Savary – un financement satisfaisant de l’APA, car les départements n’en peuvent plus.
En effet, si l’on veut réellement soulager les départements et répondre aux besoins en matière d’aide au maintien à domicile – avant même de parler de prise en charge de la dépendance –, qui croissent chaque année, il faut apporter un financement complémentaire, que nous estimons à plusieurs centaines de millions d’euros. Par conséquent, je comprends parfaitement que les auteurs de l’amendement n° 192 appellent à une prise en compte de manière urgente des besoins du secteur de l’aide au maintien à domicile.
Mme la présidente. L'amendement n° 239, présenté par Mmes David et Cohen, M. Watrin et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
I. – Après l’alinéa 20
Insérer cinq alinéas ainsi rédigés :
II bis. – Le V bis de l’article L. 14-10-5 du même code est ainsi rédigé :
« V bis. – Une section consacrée au financement des mesures qui seront prises pour améliorer la prise en charge des personnes âgées privées d’autonomie.
« Elle retrace :
« En ressources, le produit de la contribution mentionnée au 1° bis de l’article L. 14-10-4 ;
« En charges, l’augmentation des tarifs nationaux prévus à l’article L. 232-3, la revalorisation des emplois de la branche de l’aide et des soins à domicile, le financement des missions de prévention réalisées par les services d’aide et d’accompagnement à domicile relevant du 1° de l’article L. 313-1-2, l’augmentation de la part de financement de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie au titre de l’allocation personnalisée d’autonomie à domicile et le renforcement du plan d’aide à l’investissement prévu à l’article L. 14-10-9 ainsi qu’aux modalités de mutualisation et d’articulation entre services intervenant à domicile. »
II. – Alinéa 21
Remplacer les mots :
à l’exception du A du I, qui s’applique
par les mots :
à l’exception du A du I et du II bis, qui s’appliquent
La parole est à M. Dominique Watrin.
M. Dominique Watrin. La loi de financement de la sécurité sociale pour 2013 a créé la CASA. Nous nous étions alors prononcés contre, considérant que cette taxe était injuste, puisqu’elle pesait sur les retraités, et nous avions proposé à la place de taxer à 0,15 % les 5 000 milliards d’euros d’actifs financiers des entreprises, ce qui rapporterait à l’État 7,5 milliards d’euros.
Cette contribution a été mise en place par la suite et devait participer au financement de mesures pour améliorer la prise en charge des personnes âgées en perte d’autonomie. Or, depuis sa création, ses produits n’ont jamais été utilisés conformément à leur objet.
Il est nécessaire aujourd’hui d’adresser aux personnes âgées un message fort de soutien. Il est urgent d’affirmer la volonté de la représentation nationale de leur permettre de vivre à domicile le plus longtemps possible, tout en renforçant l’accompagnement des personnes âgées vivant en établissement.
Ainsi que le souligne le rapport d’information que j’ai cosigné avec M. Vanlerenberghe, le secteur de l’aide à domicile connaît actuellement des difficultés économiques sérieuses, qui menacent sa survie.
Les intervenants professionnels, dont le pouvoir d’achat régresse depuis au moins cinq ans, ont également besoin d’une revalorisation de leurs salaires et de leurs conditions de travail. Un meilleur accompagnement financier permettra à ce secteur d’être créateur d’emplois et de devenir un véritable acteur de la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées. Il nous faut l’aider à poursuivre la mise en œuvre d’une politique d’aide, d’accompagnement, de soins et de services à domicile fondée sur des critères de qualité et de professionnalisation.
Cet amendement vise donc à affecter dès 2015, et le plus vite possible, les produits de la CASA à l’augmentation de la part de financement de la CNSA au titre de l’APA à domicile, au financement de l’augmentation de la valeur du point de la convention collective de la branche de l’aide, de l’accompagnement, des soins et des services à domicile et de la prise en charge des frais professionnels de ses salariés – cela permettra de revaloriser les emplois de cette branche professionnelle et de reconnaître la politique de professionnalisation de ses salariés –, au financement de missions de prévention et de l’augmentation des plafonds de l’APA à domicile afin de pallier partiellement le phénomène de saturation des plans d’aide et de baisse régulière du pouvoir d’aide de cette allocation depuis sa création, au renforcement du plan d’aide à l’investissement des établissements accueillant des personnes âgées en perte d’autonomie.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M. Jean-Marie Vanlerenberghe, rapporteur général de la commission des affaires sociales. Je partage les conclusions de M. Watrin. Nous avions en effet conduit ensemble une mission d’information sur le sujet.
La commission sollicite toutefois le retrait de cet amendement ; à défaut, elle émettra un avis défavorable.
Quoi qu’il en soit, j’espère que vous avez bien entendu cet appel, madame la ministre !
Mme la présidente. Quel est l’avis du Gouvernement ?
Mme Marisol Touraine, ministre. L’avis est défavorable.
Concernant le secteur de l’aide à domicile, les enjeux sont réels et les défis à relever importants.
Dans le cadre de l’élaboration du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, un regard particulier est évidemment porté sur ce secteur, car le développement de la prise en charge à domicile suppose qu’il soit à la fois reconnu et valorisé. Il est d’ailleurs prévu d’affecter 25 millions d’euros provenant de la CASA à la revalorisation de la rémunération de ceux qui y travaillent, dans le cadre de leur convention collective.
Je suis donc défavorable à cet amendement, qui est trop systématique, mais le Gouvernement est très attentif à la situation des acteurs de l’aide à domicile.
Mme la présidente. La parole est à M. René-Paul Savary, pour explication de vote.
M. René-Paul Savary. Cet amendement devrait être en partie satisfait, monsieur Watrin. En effet, s’agissant de l’augmentation de la part de la CNSA au titre du financement de l’APA à domicile, nous allons proposer des évolutions au travers d’amendements visant à insérer des articles additionnels après l’article 53.
Nous proposerons aussi, dans l’attente du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, qui devrait être débattu dans le courant de l’année 2015, que la part non utilisée de la CASA soit affectée, de même que des réserves, au financement d’un plan d’aide à l’investissement pour les établissements accueillant des personnes âgées en perte d’autonomie ou des personnes handicapées : nous visons en effet, au titre de la dépendance, l’ensemble du secteur médico-social. Quant aux missions de prévention, nous y reviendrons lors de l’examen du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement.
En tout état de cause, au-delà des ambitions affichées, nous allons, une fois de plus, être confrontés à l’éternel problème des moyens…
Mme la présidente. La parole est à M. Claude Dilain, pour explication de vote.
M. Claude Dilain. À propos de la CASA, je voudrais évoquer l’une de ses missions, qui n’a pas été mentionnée : financer, via l’Agence nationale de l’habitat, l’ANAH, l’adaptation des logements au vieillissement et leur mise en accessibilité pour les personnes handicapées.
Il était prévu d’affecter une petite partie des produits de la CASA – 20 millions d’euros par an – à ce financement. Malheureusement, à ce jour, je crains que ces 20 millions d’euros n’aient disparu. Je trouve cela tout à fait dommage, car l’adaptation des logements au vieillissement permet de retarder le placement dans un établissement.
Je rappelle également que les subventions de l’ANAH s’adressent uniquement à un public aux revenus modestes ou très modestes, c’est-à-dire à des personnes qui, sans elles, n’auraient pas entrepris de tels travaux. Outre l’aspect d’adaptation au vieillissement, il y a donc un aspect social. Je rappelle aussi que ces aides sont employées pour financer des travaux dont la réalisation n’est pas délocalisable : en effet, pour remplacer une baignoire par une douche, on fait appel à des artisans locaux.
J’attire donc l’attention du Sénat et de Mme la ministre sur l’intérêt de maintenir le financement prévu de l’ANAH par la CASA, à savoir 20 millions d’euros par an.
Mme la présidente. La parole est à M. Michel Canevet, pour explication de vote.
M. Michel Canevet. J’ai bien entendu les motivations de cet amendement, mais je ne suis pas sûr que l’adoption de celui-ci conduise au résultat attendu. Ce n’est pas par des mesurettes que l’on réglera le problème du financement de l’aide à domicile et de l’ensemble des services aux personnes âgées : il convient de prendre des mesures fortes, par exemple l’instauration d’une deuxième journée de solidarité pour financer la CNSA.
Les difficultés des services d’aide à domicile sont réelles. Ainsi, dans le Finistère, la plus grosse association d’aide à domicile, l’ADMR, a dû déposer son bilan, et la situation d’autres intervenants du secteur est également très fragile.
Ces difficultés sont dues au système de financement. Il existe un régime d’autorisation et un régime d’agrément. Pour les intervenants qui relèvent du régime d’autorisation par le président du conseil général, la rémunération des heures effectuées est différente selon que s’applique le tarif fixé par le conseil général ou le tarif déterminé par les caisses de retraite. Pour régler le problème, il suffirait que l’ensemble des organismes financeurs se réfèrent au tarif fixé par le président du conseil général.
Mme la présidente. La parole est à M. Jean Desessard, pour explication de vote.
M. Jean Desessard. Les écologistes voteront l’amendement présenté par M. Watrin. J’en resterai là, tant l’argumentaire de notre collègue était éloquent et convaincant ! (Exclamations amusées.)
Mme la présidente. La parole est à M. Dominique Watrin, pour explication de vote.
M. Dominique Watrin. J’espère que mon explication de vote sera aussi convaincante…
Le Gouvernement a le souci d’améliorer la prise en charge des personnes à domicile, mais cela est conditionné au vote de la loi relative à l’adaptation de la société au vieillissement. Madame la ministre, quand ce texte sera-t-il examiné au Sénat, sachant qu’il a déjà été voté à l’Assemblée nationale ?
Voilà en effet un texte qui est attendu depuis des années. Une loi sur l’autonomie, véritable Arlésienne, avait déjà été annoncée sous la présidence de M. Sarkozy… Aujourd’hui, dans l’attente de la discussion du projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, les ressources provenant de la CASA sont depuis deux ans affectées au comblement du déficit du Fonds de solidarité vieillesse, et non à l’objet qui avait été voté par le législateur. Il y a donc véritablement une attente et une urgence.
M. Savary a évoqué la discussion à venir d’amendements visant à améliorer le financement d’un plan d’aide à l’investissement pour les établissements hébergeant des personnes âgées ou des personnes handicapées. Toutefois, il ne faut pas oublier une autre urgence : améliorer la situation des personnels du secteur de l’aide à domicile.
Je me permets d’insister sur ce problème, déjà évoqué hier : les salariés de ce secteur, qui sont à 98 % des femmes, gagnent 820 euros par mois, compte tenu du fait qu’ils effectuent en moyenne vingt-quatre heures de travail par semaine. Il s’agit donc d’un travail très précarisé, à temps partiel, rémunéré sur la base d’un salaire mensuel à peine supérieur au SMIC. Voilà la réalité ! Ajoutons qu’il n’est pas rare que ces salariés utilisent leur véhicule et leur portable personnels, sans être dédommagés pour cela.
Je parle d’urgence parce que, en 2009, un accord entre employeurs et salariés a été trouvé au niveau de la branche pour augmenter l’indice de deux points et porter le dédommagement pour frais de déplacement de 0,35 centime à 0,37 centime du kilomètre. Cet accord a été validé par les pouvoirs publics, mais jamais appliqué, faute de financement.
Il importe de faire avancer la prise en compte des demandes légitimes de ces salariés et d’adresser à ceux-ci un signal fort !
Mme la présidente. La parole est à M. Marc Laménie, pour explication de vote.
M. Marc Laménie. Je suivrai l’avis de la commission, tout en reconnaissant que les auteurs de cet amendement, qui mérite une attention particulière, posent un véritable problème.
Dans la société actuelle, notamment dans les départementaux ruraux, le maintien à domicile est un combat permanent. Il y a quelques années, on parlait du cinquième risque.
Je rejoins mon collègue Watrin quand il souligne la précarité de l’emploi dans le secteur de l’aide à domicile. Rendons hommage au dévouement des salariées de ce secteur – ce sont presque toujours des femmes – et des administrateurs bénévoles qui gèrent les associations.
Le problème du financement reste pendant. La mise en œuvre du pacte de responsabilité et de solidarité pourrait induire une perte de recettes de 6,3 milliards d’euros pour le budget de la sécurité sociale. Reconnaissons que les transferts financiers ne sont vraiment pas simples à mettre en place.
Cet amendement a surtout le mérite de souligner l’aspect humain du maintien à domicile, assuré par un personnel féminin qui s’investit au quotidien.
A aussi été évoquée la nécessité de réaliser des investissements dans les EHPAD, mais n’oublions pas que les EHPAD publics, notamment, souffrent également d’un manque de moyens financiers pour assurer leur fonctionnement.
Cela étant, je me rallie à la position de la commission des affaires sociales, dont je salue le travail, mais je tenais à vous apporter, mes chers collègues, mon modeste témoignage.
M. Jean Desessard. Votez l’amendement, mon cher collègue !
Mme la présidente. Je mets aux voix l'article 21, modifié.
(L'article 21 est adopté.)
Article 22
I. – Le III de l’article L. 136-6 du code de la sécurité sociale est ainsi modifié :
1° À la première phrase du premier alinéa, le mot : « ci-dessus » est remplacé par les mots : « , à l’exception du e bis du I, » ;
2° Après le premier alinéa, il est inséré un alinéa ainsi rédigé :
« La contribution portant sur les revenus mentionnés au e bis du I est assise, contrôlée et recouvrée selon les mêmes règles et sous les mêmes sûretés, privilèges et sanctions que l’impôt sur le revenu. Le produit annuel de cette contribution est versé aux organismes affectataires pour le montant effectivement recouvré, sans qu’il soit fait application du prélèvement prévu au B du I de l’article 1641 du code général des impôts. »
II. – Le I entre en vigueur le 1er janvier 2015. – (Adopté.)
Modification d’une demande de réserve
Mme Marisol Touraine, ministre. Madame la présidente, je demande que les articles 10 et 11, précédemment réservés, soient examinés après l’article 23.
Mme la présidente. Quel est l’avis de la commission ?
M. Alain Milon, président de la commission des affaires sociales. Avis favorable.
Mme la présidente. Il n’y a pas d’opposition ?...
Il en est ainsi décidé.
Article 23
Est approuvé le montant de 3,7 milliards d’euros correspondant à la compensation des exonérations, réductions ou abattements d’assiette de cotisations ou contributions de sécurité sociale, mentionné à l’annexe 5 jointe au projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015.
Mme la présidente. La parole est à Mme Laurence Cohen, sur l'article.
Mme Laurence Cohen. Au travers de l’article 23, on nous demande d’approuver un montant de 3,7 milliards d’euros correspondant à la compensation des exonérations, réductions ou abattements d’assiette de cotisations ou contributions de sécurité sociale. Il s’agit de la traduction concrète du choix arrêté par le Gouvernement, dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité, de diminuer les cotisations versées par les employeurs.
Cet article consacre la politique, engagée par le Président de la République et le Premier ministre, consistant à faire peser sur les ménages les exonérations de cotisations accordées aux entreprises, politique que nous désapprouvons, comme vous le savez, mes chers collègues.
Cette injustice à l’égard des salariés est d’autant plus inacceptable que l’effet de la mesure d’exonération sur l’emploi est extrêmement incertain. À cet égard, je citerai le rapport de la députée Valérie Rabault, qui a révélé, à l’occasion de l’examen du projet de loi de finances rectificative, les calculs sur les effets du pacte de responsabilité et de solidarité effectués par la direction du Trésor.
Selon la direction du Trésor, si le pacte a « pour effet […] de rehausser l’activité de 0,6 point à horizon 2017 et de créer 190 000 emplois », la réduction des dépenses publiques qui le financera aura « un impact négatif sur la croissance de 0,7 % par an en moyenne entre 2015 et 2017 » et mènera à « la suppression de 250 000 emplois à horizon 2017 ».
Je vous invite, mes chers collègues, à faire les calculs. Vous constaterez avec moi un résultat négatif : le pacte de responsabilité détruira finalement 60 000 emplois. Mais ce sera beaucoup plus en réalité, tant les objectifs en matière de création d’emplois relèvent d’un marché de dupes passé avec le MEDEF.
Les dispositions répertoriées dans l’annexe V du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015 concernent, notamment, la réduction générale des cotisations sociales patronales, la déduction forfaitaire patronale sur les heures supplémentaires dans les entreprises de moins de vingt salariés et la réduction de la cotisation minimale maladie due au RSI, le régime social des indépendants, par les travailleurs indépendants à faible revenu.
L’exonération des cotisations employeurs avec, notamment, la création d’un « zéro cotisation URSSAF », soit une exonération complète pour les salaires au niveau du SMIC, tend à faire disparaître définitivement toute contribution patronale au système de protection sociale. Il s’agit d’une attaque grave, qui entraîne une perte de recettes de 1,4 milliard d’euros pour la sécurité sociale !
La déduction patronale forfaitaire de 1,50 euro sur les heures supplémentaires pour les entreprises de moins de vingt salariés est une mesure visant à favoriser le recours aux heures supplémentaires, mais la priorité devrait plutôt être de relever le SMIC !
La réduction de la cotisation minimale maladie du RSI pour les travailleurs indépendants non agricoles conduit à susciter la division entre cotisants d’un même régime.
Approuver le tableau reviendrait donc à approuver le pacte de responsabilité. Or nous refusons, pour notre part, d’accepter de faire peser sur les salariés la baisse des coûts pour les entreprises.
Mme la présidente. Mes chers collègues, nous en venons maintenant à l’examen des articles 10 et 11, précédemment réservés.