SEANCE DU 26 NOVEMBRE 2002


M. le président. L'amendement n° I-26, présenté par MM. Schosteck, P. André et Bizet, Mme Bout, MM. Calmejane, César, Cornu, Doublet, Fournier, Ginésy, Karoutchi, Leroy, Murat, Natali, Ostermann, Rispat, Valade et Vasselle, est ainsi libellé :
« Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - L'article 204-0 bis du code général des impôts est complété in fine par un paragraphe ainsi rédigé :
« IV. - Les recettes fiscales de l'Etat perçues au titre du présent article sont affectées à la dotation générale de fonctionnement. »
« II. - La perte de recettes résultant du I ci-dessus est compensé à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Bernard Fournier.
M. Bernard Fournier. Il paraît paradoxal que l'Etat bénéficie d'une imposition assise sur une dépense importante supportée par les collectivités territoriales. L'objet de l'amendement est donc de permettre la rétrocession à ces collectivités du produit de l'imposition des indemnités de fonction.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. La commission comprend bien les intentions de nos collègues, mais elle craint que le dispositif proposé ne constitue une affectation de recettes peu compatible avec les prescriptions de la loi organique relative aux lois de finances.
La commission souhaiterait savoir si son appréciation est partagée par le Gouvernement. Si tel était le cas, elle serait contrainte de demander à nos collègues, pour des raisons de procédure budgétaire, de bien vouloir retirer cet amendement.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Chacun comprend l'intention des auteurs de l'amendement, mais celui-ci ne peut être admis ni dans sa forme ni même dans son principe. En effet, le raisonnement qui le sous-tend conduit à affecter aux collectivités locales l'impôt sur le revenu de toutes les rémunérations versées par lesdites collectivités, y compris celles des élus ayant opté pour le barème et celles des employés municipaux. Vous mesurez donc les conséquences d'une telle disposition !
Je pense que les auteurs de l'amendement, sur le fondement de ces explications, voudront bien le retirer ; à défaut, je serai obligé d'en demander le rejet.
M. le président. Monsieur Fournier, l'amendement est-il maintenu ?
M. Bernard Fournier. Compte tenu des explications de M. le rapporteur général et de M. le ministre, nous retirons cet amendement.
M. le président. L'amendement n° I-26 est retiré.
L'amendement n° I-60, présenté par MM. Miquel, Angels, Auban, Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Marc, Massion, Moreigne, Sergent et les membres du groupe socialiste, est ainsi libellé :
« Après l'article 2, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« A. - Les aides d'urgence attribuées, sur fonds publics ou privés, aux particuliers ou aux personnes morales, à la suite d'une catastrophe naturelle dûment constatée dans les conditions prévues par la loi n° 82-600 du 13 juillet 1982, relative à l'indemnisation des victimes de catastrophes naturelles sont exclues de la base imposable des impôts directs.
« Ces dispositions sont applicables aux aides allouées à la suite de l'explosion de l'usine AZF de Toulouse survenue en septembre 2001.
« B. - La perte de recettes pour l'Etat résultant du paragraphe A est compensée à due concurrence par la création d'une taxe additionnelle aux droits prévus aux articles 575 et 575 A du code général des impôts. »
La parole est à M. Michel Sergent.
M. Michel Sergent. Cet amendement concerne un sujet douloureux et de circonstance, celui des catastrophes naturelles ou industrielles telles que les inondations tristement célèbres que nous avons vécues aux mois de septembre et d'octobre, qui reviennent au premier plan de l'actualité en ce moment même, ou que l'explosion de l'usine AZF à Toulouse.
Dans des situations aussi particulières, des dégrèvements peuvent toujours être accordés, mais nous souhaitons que soit clairement déclaré, dans la loi si besoin est, que les victimes des catastrophes naturelles ou industrielles ne risquent pas de voir leurs charges fiscales augmenter parce qu'elles auront bénéficié d'aides d'urgence en provenance de fonds soit publics, soit privés. Ces aides ne doivent pas conduire à une augmentation de leur imposition sur le revenu, sur les bénéfices industriels et commerciaux, ou sur les bénéfices non commerciaux.
La perte de recettes pour l'Etat est bien sûr gagée.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini, rapporteur général. Il s'agit - on peut tout à fait le comprendre et partager cette intention - de permettre aux victimes, particuliers ou personnes morales, de catastrophes naturelles ou industrielles, en particulier de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse, de déduire les aides reçues d'urgence et provenant de fonds publics ou privés de l'assiette des cotisations dues au titre des différents impôts directs.
Naturellement, la commission ne peut que s'associer à cet élan de solidarité. Elle a donc examiné cette proposition et s'est interrogée sur le dispositif technique.
Les aides apportées en contrepartie ou en réparation des dommages, nous semble-t-il, sont déjà non-imposables dans le droit actuel. Il faudrait bien entendu en obtenir confirmation du Gouvernement, qui, croyons-nous savoir a envisagé de faire figurer dans le collectif budgétaire des mesures de cet ordre. Peut-être pourrions-nous aussi être éclairés sur ce dernier aspect.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Alain Lambert, ministre délégué. Je confirme les propos de M. le rapporteur général : le Gouvernement prépare actuellement un dispositif qui, dans le même esprit que l'amendement n° I-60, permettra d'atteindre l'objectif qui vient d'être exposé. Cette mesure pourrait être adoptée à l'occasion de l'examen du collectif budgétaire, dans les prochaines semaines.
Les dispositions prévues par l'amendement ne sont pas satisfaisantes, alors que son esprit et son objet le sont. J'invite donc ses auteurs à bien vouloir prendre acte de l'engagement que je prends devant eux. Lors de l'examen du collectif, et en concertation avec eux s'ils le souhaitent, nous serons en mesure d'introduire dans la norme, avec toute la sécurité fiscale requise, un dispositif répondant de manière satisfaisante à leur préoccupation, que tous ici nous partageons.
M. le président. L'amendement est-il maintenu, monsieur Sergent ?
M. Michel Sergent. Monsieur le président, je prends acte de la déclaration de M. le ministre. Puisque nous aurons l'occasion d'examiner un dispositif similaire lors de la discussion du prochain collectif, je retire cet amendement, persuadé qu'une solution faisant l'unanimité sera trouvée.
M. le président. L'amendement n° I-60 est retiré.

Article 12