SEANCE DU 7 NOVEMBRE 2002
M. le président.
La parole est à M. Yves Coquelle.
M. Yves Coquelle.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les ministres, mes chers collègues,
l'article 55 de la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains a
inscrit dans notre législation les conditions de la réalisation du droit au
logement, dans le respect de la mixité sociale.
Grâce à ces dispositions, il est devenu possible d'envisager la construction
de logements sociaux dans des localités qui en sont aujourd'hui privées, au
mépris de l'attente de nos concitoyens, notamment des jeunes ménages ou des
mal-logés.
Monsieur le secrétaire d'Etat, mon collègue Roland Muzeau a déjà eu
l'occasion, le mois dernier, lors d'une séance de questions d'actualité, de
rappeler les inquiétudes qui résultent de la mise en oeuvre de la politique du
logement de votre Gouvernement.
Depuis lors, la situation s'est aggravée !
L'annonce de la liquidation du parc social issu de la loi de 1948 en est l'une
des illustrations.
En effet, 300 000 logements vont ainsi être soumis aux dérives de la
spéculation immobilière.
M. Henri de Raincourt.
Oh là là !
M. Yves Coquelle.
La diminution de l'aide personnalisée au logement, le refus de consentir des
allégements fiscaux sur le logement social, la diminution sensible des crédits
pour la rénovation des logements, toutes ces mesures, mes chers collègues, vont
dans le même sens : celui de la régression sociale.
Et voici qu'aujourd'hui, dans la plus grande précipitation, la proposition de
loi étant examinée une semaine seulement après avoir été mise en distribution,
six parlementaires de la majorité sénatoriale qui s'étaient déjà distingués
dans le combat contre la loi SRU viennent nous proposer de liquider purement et
simplement les dispositions sur l'obligation de construire des logements
sociaux !
M. Gérard Larcher.
Pas du tout !
(« Mais si ! » sur certaines travées du groupe CRC et du
groupe socialiste.)
Nous sommes mis en cause, monsieur le président !
M. Yves Coquelle.
Ce choix de classe égoïste d'élus décidés à laisser perdurer les ghettos de la
misère à un pôle...
M. Didier Boulaud.
Eh oui !
M. Gérard Larcher.
Mais non, c'est le contraire !
M. Henri de Raincourt.
Ce n'est pas vrai !
M. Yves Coquelle.
... et les îlots insolents de la richesse à l'autre pôle,...
M. Gérard Larcher.
On dit le contraire !
Mme Marie-Claude Beaudeau.
A Rambouillet, c'est comme cela !
M. Roland Muzeau.
Tous à Rambouillet !
M. Yves Coquelle.
... ce choix consistant à opposer Neuilly à Nanterre, Buchelay à
Mantes-la-Jolie...
M. Gérard Larcher.
Mais non !
Mme Hélène Luc.
C'est comme cela à Vincennes, au Perreux, à Nogent !
M. Yves Coquelle.
... est animé par un pur esprit de revanche ! Ces élus refusent délibérément
toute véritable mixité sociale et tout exercice plein et entier du droit au
logement.
M. Roland Muzeau.
Ils s'en moquent !
M. Gérard Larcher.
Rambouillet remplit ses obligations !
M. Alain Gournac.
La question !
M. Yves Coquelle.
Croyez-vous que c'est ainsi que nous lutterons efficacement contre la «
fracture sociale », expression si chère au Président de la République ?
M. le président.
Votre question !
M. Yves Coquelle.
Laisserez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat, approuver cette proposition de
loi inique, ou vous opposerez-vous à son adoption et à son application ? Je
suis d'autant plus curieux de votre réponse que je viens d'apprendre que le
Gouvernement préparait des dispositions plus générales...
(Applaudissements sur les travées du groupe CRC et du groupe
socialiste.)
M. le président.
La parole est à M. le secrétaire d'Etat.
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat au tourisme.
Je tiens tout d'abord à excuser M. Gilles
de Robien, qui est aujourd'hui à Rome, où il participe au sommet
franco-italien.
Monsieur le sénateur, je ne peux accepter les contrevérités que vous venez
d'émettre.
M. Gérard Larcher.
Très bien !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
Il y a eu 88 000 primes à l'amélioration des logements
à usage locatif et à occupation sociale, ou PALULOS, en 2001 ; il y en aura 100
000 en 2003.
Quant à l'APL, l'aide personnalisée au logement, elle a représenté 128
millions d'euros en 2001 ; elle représentera 145 millions d'euros en 2003.
M. Gérard Larcher.
Eh oui !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
Je ne fais pas de commentaire, je vous laisse seuls
juges !
M. Jean-François Picheral.
Ces sommes seront gelées après-demain !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
Concernant l'article 55 de la loi SRU, je le dis très
clairement, l'objectif de mixité sociale ne doit pas être remis en cause.
Mme Nicole Borvo.
Ah bon ? Il faut nous dire comment alors !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
Cependant, le dispositif actuel est coercitif et
profondément injuste. Il pénalise même les maires qui veulent construire dans
leurs communes des logements sociaux...
M. Roland Muzeau.
C'est la meilleure !
M. Didier Boulaud.
Ils en demandent ?
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat. ...
tout simplement parce qu'il peut parfois y avoir
des impossibilités historiques.
(Rires sur les travées du groupe CRC et du groupe socialiste.)
Pour parvenir plus efficacement à l'objectif de mixité sociale, il faut faire
confiance aux élus. Je fais appel à leur responsabilité afin d'établir avec eux
des contrats précis, des engagements pluriannuels.
Si le contrat n'est pas respecté, des pénalités s'appliqueront à l'échéance du
contrat.
M. Gérard Larcher.
Bien sûr ! C'est ce qu'on propose !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
Il faut, en revanche, que l'article 55 continue à
s'appliquer pour les communes qui ne veulent pas construire de logement
social.
Mme Nicole Borvo.
Ah !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
C'est à la lumière de ces trois principes essentiels -
le maintien de l'objectif de mixité sociale, la mise en place d'un système
contractuel plus incitatif, le maintien de pénalités pour les communes qui
refuseraient de s'engager dans le dispositif ou qui ne le respecteraient pas -
que le Gouvernement interviendra au cours des débats sur la proposition de
loi...
Mme Nicole Borvo.
Il va s'y opposer ?
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
... que le Sénat a inscrite, comme c'est son droit, à
son ordre du jour réservé, ordre du jour sur lequel le Gouvernement n'a pas
prise.
M. Didier Boulaud.
C'est un aveu !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement émettra un avis défavorable sur tout
amendement qui remettrait en cause ces trois principes fondamentaux.
M. Alain Gournac.
Très bien !
M. Léon Bertrand,
secrétaire d'Etat.
Concernant la loi de 1948, savez-vous qu'en France 3 %
des résidences principales ne disposent pas du confort sanitaire ? Pour le parc
soumis à la loi de 1948, ce sont 27 % des logements qui ne sont pas aux normes
sanitaires.
M. le président.
Votre temps de parole est épuisé, monsieur le secrétaire d'Etat !
Mme Hélène Luc.
On voudrait entendre la fin de la réponse, monsieur le président ! C'est
important tout de même !
M. le président.
Une recommandation, mes chers collègues : un peu de sérénité !
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