SEANCE DU 8 JANVIER 2002
M. le président.
La parole est à M. Signé, auteur de la question n° 1203, adressée à M. le
ministre de l'agriculture et de la pêche.
M. René-Pierre Signé.
Je souhaite attirer l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de la
pêche sur la réforme du PMPOA, le programme de maîtrise des pollutions
d'origine agricole.
La profession agricole s'est engagée, depuis quelques années, dans la
protection de l'environnement, consciente qu'il s'agit d'une composante du
développement de l'agriculture ainsi que d'une demande de la société.
Le PMPOA a été lancé en 1993 et, après de longues négociations, la Commission
européenne a approuvé son projet de réforme.
S'il est bien de réformer un outil indispensable, encore faut-il s'assurer du
bon traitement des dossiers instruits pendant la période transitoire. Or on
constate, en tout cas dans la Nièvre, que certains dossiers de demande d'aides
déposés en avril 2000 n'ont toujours pas été traités par l'agence de l'eau. Les
grandes exploitations ayant été traitées en priorité, la ligne de trésorerie
est épuisée et ne permet plus de satisfaire les programmes les plus modestes,
c'est-à-dire ceux qui concernent les petits éleveurs.
Sur quelles bases l'instruction des dossiers se fera-t-elle dorénavant ? Quel
programme sera reconduit en 2002 ? Cela revient à demander quelles sont les
nouvelles priorités du programme et dans quelles conditions les petites
exploitations y seront intégrées. Enfin, comment seront traités tous les
dossiers, notamment ceux des listes d'attente qui se sont constituées sur la
base des anciennes modalités ?
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Charles Josselin,
ministre délégué à la coopération et à la francophonie.
Monsieur le
sénateur, je vous prie d'excuser M. Jean Glavany, qui préside ce matin le
Conseil supérieur d'orientation et de coordination de l'économie agricole et
alimentaire, ce qui me conduit à le remplacer pour répondre à une question sur
les PMPOA, dont l'ancien président du conseil général des Côtes-d'Armor que je
fus longtemps a souvent eu à connaître.
L'accord de la Commission européenne concernant le nouveau programme de
maîtrise des pollutions d'origine agricole vient d'être notifié au gouvernement
français.
Je crois tout d'abord que nous devons nous en féliciter, car cet accord
entérine notre projet de réforme sur les bases financières initialement
proposées, à savoir, pour la plupart des travaux, une aide représentant 60 %
des dépenses. Vous n'ignorez pas, en effet, que nos échanges avec les services
de la Commission se sont avérés d'autant plus difficiles que l'ancien
dispositif de 1994, jamais notifié à Bruxelles, a conduit la Commission à
engager contre la France, en mai dernier, une procédure contentieuse.
Comme vous l'avez rappelé, monsieur le sénateur, le prochain PMPOA doit
permettre, comme nous l'avions prévu, d'intervenir en priorité dans les zones
où la qualité de l'eau est dégradée ou menacée, là où des actions renforcées se
justifient.
Cela ne remet nullement en cause le fait que les élevages de plus de
quatre-vingt-dix unités de gros bovins resteront éligibles sur tout le
territoire, de même que ceux de plus de soixante-dix unités de gros bovins
conduits par de jeunes agriculteurs installés depuis moins de cinq ans à la
date de leur demande de financement de l'étude préalable et éligibles aux aides
à l'installation au sens de l'article R. 343 du code rural.
Pour le reste, cela nous conduira à privilégier les zones vulnérables définies
par la directive « nitrate » ainsi que certaines autres zones prioritaires dans
lesquelles on observe effectivement une menace réelle sur la qualité de l'eau.
Dans ces zones, tous les élevages seront éligibles quelle que soit leur
taille.
La priorité donnée aux zones vulnérables ne fait, en réalité, que refléter la
situation géographique des bénéficiaires du PMPOA.
S'agissant de ceux qui sont entrés jusqu'à présent dans le programme en
fonction d'un critère de taille, on observe que 70 % sont situés dans des zones
vulnérables.
En ce qui concerne ceux qui restent éligibles, nous ne devons pas être loin de
ce pourcentage.
M. Jean Glavany souhaite enfin rappeler que les dossiers de demande de
financement de travaux déposés avant la date de réception par les préfets de la
note du 1er décembre 2000 qui suspend l'ancien dispositif PMPOA seront traités,
quant à eux, selon les règles antérieures, tant par l'Etat ou les collectivités
locales que par l'agence de l'eau concernée.
M. René-Pierre Signé.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Signé.
M. René-Pierre Signé.
Monsieur le ministre, je vous remercie des précisions que vous m'avez
apportées et qui sont rassurantes pour l'avenir du PMPOA.
Cependant, je voudrais insister sur deux points.
En premier lieu, un retard considérable a été pris dans le traitement des
dossiers par les agences de l'eau. Jusqu'à présent, le financement est réparti
en trois parts égales entre l'Etat, l'agence de l'eau et l'exploitant. Or
l'agence de l'eau a laissé s'accumuler les dossiers. Certains exploitants
attendent toujours une réponse, alors qu'ils ont déposé leur dossier en avril
2000.
Par ailleurs, les critères de financement retenus par l'Etat et par les
agences de l'eau sont différents. On constate une dysharmonie évidente. Ainsi,
les agences de l'eau ne s'intéressent pas aux bâtiments eux-mêmes, elles ne
financent que le traitement de la pollution qui émane des bâtiments sans savoir
si ces derniers peuvent être mis aux normes. Cette disparité de traitement et
de financement est importante. Je souhaiterais, monsieur le ministre, que vous
transmettiez ce message aux autorités compétentes pour que l'Etat et les
agences de l'eau se mettent d'accord sur les critères de financement du
PMPOA.
En second lieu, j'insiste sur le fait que les dossiers doivent être traités le
plus rapidement possible, en particulier ceux qui ont été déposés par les
petits exploitants. Vous m'avez rassuré en disant que tous les dossiers
seraient examinés et que ce programme serait poursuivi. Il n'en demeure pas
moins que, à l'heure actuelle, l'examen des dossiers des petits exploitants a
pris un retard considérable. Il serait bon que les grandes exploitations ne
soient pas traitées en priorité.
SITUATION DES COOPÉRANTS
AYANT PERDU LE DROIT À TITULARISATION