SEANCE DU 15 NOVEMBRE 2001


M. le président. L'amendement n° 105, présenté par M. Fischer, Mme Demessine, M. Muzeau et les membres du groupe communiste républicain et citoyen, est ainsi libellé :
« Après l'article 29, insérer un article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Dans le deuxième alinéa de l'article L. 861-2 du code de la sécurité sociale, après les mots : "revenu minimum d'insertion" sont insérés les mots : ", de l'allocation supplémentaire vieillesse, de l'allocation adulte handicapé et de l'allocation parent isolé".
« II. - Les dépenses supplémentaires sont compensées, à due concurrence, par une taxe additionnelle à l'impôt sur les sociétés". »
La parole est à M. Muzeau.
M. Roland Muzeau. Une fois de plus, nous envisageons, par le biais de cet amendement, de corriger un défaut majeur de la loi relative à la couverture maladie universelle, la CMU, qui, d'une manière générale, doit être appréciée comme une grande réforme contribuant à améliorer l'accès des plus démunis de nos concitoyens aux soins de qualité, sans pour autant être stigmatisés.
Le plafond ouvrant droit à la couverture maladie universelle, revalorisé à 3 600 francs, exclut toujours, de fait, les personnes - 1,2 million - qui relèvent notamment du minimum vieillesse et de l'allocation aux adultes handicapés.
Pour dépasser ce problème de seuil, un plan d'aide à la mutualisation pourrait être négocié avec les organismes complémentaires qui permettrait de lisser l'effet couperet du seuil. Pouvez-vous, monsieur le secrétaire d'Etat, nous apporter des précisions à ce sujet ?
Dans cette attente, nous vous proposons d'intégrer les allocataires de minima sociaux dans le dispositif, d'autant que, cette année, les crédits du budget de la santé consacrés à la CMU sont en diminution en raison d'un nombre plus faible de bénéficiaires : 5,4 millions.
M. le président. Quel est l'avis de la commission ?
M. Alain Vasselle, rapporteur. Il sera intéressant d'entendre la position du Gouvernement sur l'amendement déposé par une composante de sa majorité plurielle. Je rappelle à l'ensemble de nos collègues que, en son temps, la majorité du Sénat avait proposé la création d'un dispositif d'allocation personnalisée à la santé pour éviter, justement, cet effet de seuil, que nous avions dénoncé auprès de Martine Aubry. Vous savez que, pour une somme de trente-six francs, ceux qui perçoivent l'allocation aux adultes handicapés ou le minimum vieillesse ne peuvent pas bénéficier du dispositif de la CMU.
Je n'ai plus en mémoire l'attitude qu'avait adoptée à l'époque les membres du groupe communiste sur le texte de la CMU, mais sans doute avaient-ils fait preuve de solidarité à l'égard de leurs amis socialistes et des Verts pour adopter cette disposition du Gouvernement. (M. Muzeau s'exclame.)
Je me réjouis de voir nos collègues du groupe communiste républicain et citoyen faire aujourd'hui une proposition qui va tout à fait dans le sens de ce que nous avions nous-mêmes souhaité en son temps. Il est dommage que nous n'ayons pas été entendus à l'époque.
L'amendement n° 105 constitue ainsi un pis-aller. Néanmoins, son caractère exemplaire de sanction de la politique gouvernementale mérite un encouragement, que je vous invite à lui apporter, mes chers collègues.
Par conséquent, la commission émet un avis favorable, sous réserve que soit levé le gage, qui n'est pas adapté en la circonstance.
M. le président. Quel est l'avis du Gouvernement ?
M. Guy Hascoët, secrétaire d'Etat. L'Assemblée nationale a adopté une mesure importante : le maintien pendant un an de la dispense d'avance de frais en faveur de personnes qui ne bénéficient plus de la CMU.
Mme Guigou a déclaré devant l'Assemblée nationale qu'elle entendait mettre en place une aide à l'acquisition de contrat de couverture complémentaire maladie au bénéfice des personnes dont les ressources sont à peine supérieures au plafond fixé. Cette aide sera financée au moyen des crédits d'action sanitaire et sociale des caisses primaires d'assurance maladie, qui ont été dotées de 400 millions de francs à cet effet. Aussi les personnes à revenu modeste qui ne peuvent accéder à la CMU pourront néanmoins bénéficier d'une couverture maladie de qualité pour un coût modéré.
A l'évidence, les modalités de mise en oeuvre de ce nouveau dispositif font l'objet d'une concertation avec les organismes de couverture complémentaire et les régimes de sécurité sociale. Mme la ministre s'est engagée à les annoncer lors de la deuxième lecture du projet de loi de financement de la sécurité sociale à l'Assemblée nationale.
Au bénéfice de ces explications qui traduisent l'engagement des pouvoirs publics à améliorer l'accès aux soins des personnes les plus fragiles, je vous demande de retirer l'amendement, monsieur Muzeau. A défaut, j'invoquerais l'article 40 de la Constitution.
M. le président. Monsieur Muzeau, l'amendement est-il maintenu ?
M. Roland Muzeau. M. le rapporteur ferait bien de relire les propos tenus par le groupe communiste lors de la discussion du projet de loi instituant la CMU devant le Parlement, tant à l'Assemblée nationale qu'au Sénat : nous avions contesté le seuil de 3 600 francs et nous avions proposé de le porter à 3 900 francs. Cela devait permettre de supprimer ce fameux « effet couperet » dont nous avons parlé en défendant notre amendement. Il est dommage que vous ne l'ayez pas noté à l'époque, car vous auriez pu voter cette disposition avec nous et nous ne serions pas dans la situation actuelle.
Cela dit, compte tenu de ce que j'ai lu dans la presse et de ce que vient de dire M. le secrétaire d'Etat sur l'instauration d'un dispositif particulier visant à répondre au problème que connaissent un certain nombre de Français qui sont exclus de la CMU pour les raisons que j'ai indiquées, je retire l'amendement n° 105, en souhaitant que l'ensemble des dispositions présentées réponde bien à notre préoccupation.
M. le président. L'amendement n° 105 est retiré.
Je rappelle que les articles 30 et 31 ont été réservés jusqu'après l'article 32 bis .

Section 6

Objectif national de défense
d'assurance maladie

Article 32