SEANCE DU 23 OCTOBRE 2001
M. le président.
Art. 6. - Les droits d'entrée des musées de France sont fixés de manière à
favoriser leur accès au public le plus large. Dans les musées de France
relevant de l'Etat, les mineurs de dix-huit ans sont exonérés du droit d'entrée
donnant accès aux espaces de présentation des collections permanentes.
« Chaque musée de France dispose d'un service ayant en charge les actions
d'accueil des publics, de diffusion, d'animation et de médiation. Le cas
échéant, ce service peut être commun à plusieurs musée.
« Les musées de France établissent et transmettent aux services de l'Etat des
informations et des données statistiques relatives à leur fréquentation. »
L'amendement n° 70, présenté par MM. Renar et Ralite, Mme David, M. Autain et
les menbres du groupe communiste, républicain et citoyen, est ainsi libellé
:
« Compléter la seconde phrase du premier alinéa de l'article 6 par les mots :
"et temporaires". »
La parole est à Mme David.
Mme Annie David.
Si la fréquentation des musées a été une pratique culturelle en très nette
progression chez nos compatriotes ces dernières années, un trop grand nombre
d'entre eux sont aujourd'hui encore exclus de telles pratiques.
Le principe de la gratuité, pour lequel notre majorité de progrès se devrait
d'oeuvrer en matière d'accès du plus grand nombre à la culture, est inscrit
dans l'article 6.
Une chose est d'inscrire dans la loi un tel principe, mais une autre est de le
faire vivre ! A cet égard, je m'inquiète que notre assemblée ait retiré du
texte tout ce qui concerne la médiation culturelle parmi les missions à
réaliser par les musées de France.
Pour donner corps à cette volonté politique, il est souhaitable de l'assortir
des moyens financiers permettant sa mise en oeuvre et, de ce point de vue, le
dispositif prévu n'est pas complètement satisfaisant.
Au-delà de l'accès aux collections permanentes dans l'ensemble des musées,
nous pensons qu'il convient de permettre aux jeunes publics l'accès gratuit aux
collections temporaires.
En effet, les expositions temporaires sont bien souvent l'occasion de
rassembler en un même lieu un ensemble d'oeuvres autour de thématiques d'une
réelle portée non seulement artistique, mais également didactique. Il convient
d'ailleurs de noter que les tarifs pratiqués lors de telles manifestations ne
permettent pas aux publics les plus économiquement fragiles d'accéder à de
telles collections.
Aussi, l'amendement que nous vous proposons d'adopter prévoit-il d'élargir la
gratuité aux expositions temporaires pour les jeunes publics.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Richert,
rapporteur.
Si la commission perçoit l'intérêt d'une telle disposition,
elle craint que son adoption n'ait, le cas échéant, des répercussions sur la
diminution des recettes des musées nationaux. Or nous connaissons la situation
financière de la RMN !
C'est la raison pour laquelle nous proposons de consulter le Gouvernement sur
ces modalités et de nous remettre à son avis, ce qui est légitime s'agissant de
musées relevant de l'Etat.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Tasca,
ministre de la culture et de la communication.
Le projet de loi prend
bien en compte l'impact de la gratuité sur la fréquentation des musées pour en
assurer la démocratisation, mais l'organisation d'expositions temporaires
nécessite la mise en oeuvre de moyens financiers très importants et leur
résultat, en dépit de l'intérêt que suscitent ces manifestations
exceptionnelles, est le plus souvent déficitaire.
L'extension de la gratuité à ces expositions, au-delà de la gratuité pour les
collections permanentes, ne pourrait qu'aggraver leur déficit et conduire à
leur limitation.
Le Gouvernement est donc défavorable à cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 70.
M. Ivan Renar.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Renar.
M. Ivan Renar.
Je me permets d'insister auprès de Mme la ministre, de M. le rapporteur et de
l'ensemble de nos collègues, car il me paraît dommage de répondre à une demande
qui n'est pourtant pas exorbitante par des arguments qui relèvent de la
comptabilité. De surcroît, je ne crois pas qu'il s'agira d'une dépense
supplémentaire, parce que les publics visés ne viendront pas, sans les mesures
que nous préconisons, aux expositions. Nous proposons, en fait, une simple
mesure sociale !
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 70, repoussé par la commission et par le
Gouvernement.
(L'amendement n'est pas adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 19, présenté par M. Richert, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Supprimer le deuxième alinéa de l'article 6. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Richert,
rapporteur.
Le deuxième alinéa de l'article 6 prévoit que chaque musée de
France disposera d'un service ayant en charge les actions d'accueil des
publics, de diffusion, d'animation, de médiation.
Il n'est pas sûr que, pour des musées de taille modeste, il soit possible de
mettre en place une telle infrastructure. Par ailleurs, il n'est pas évident
qu'une telle contrainte administrative garantisse les résultats escomptés.
C'est la raison pour laquelle la commission propose de supprimer le deuxième
alinéa de l'article 6.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Tasca,
ministre de la culture et de la communication.
La disposition adoptée par
l'Assemblée nationale ne rend pas obligatoire l'existence d'un service d'aide
au public dans chaque musée de France : il est expressément prévu qu'un même
service peut s'occuper des actions d'accueil, de diffusion et d'animation pour
plusieurs musées.
Chaque musée devra remplir ses missions vis-à-vis du public, sans se doter
obligatoirement pour autant d'un service propre. Cette obligation est
importante et mérite d'être sanctionnée par la loi.
Par conséquent, le Gouvernement est défavorable à l'amendement n° 19.
M. le président.
Je mets aux vois l'amendement n° 19, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
L'amendement n° 20, présenté par M. Richert, au nom de la commission, est
ainsi libellé :
« Supprimer le dernier alinéa de l'article 6. »
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Richert,
rapporteur.
Cet amendement tend à supprimer le dernier alinéa de
l'article 6, qui prévoit que les musées de France établissent et transmettent
aux services de l'Etat des informations et des données statistiques relatives à
la fréquentation de ces musées.
Si l'on ne peut que soutenir les efforts accomplis par les services du
ministère de la culture pour surmonter les obstacles administratifs auxquels se
heurte sa mise en oeuvre, on peut estimer que cela ne peut justifier
l'insertion dans la loi d'une telle disposition qui aurait au mieux sa place -
pardonnez-moi de vous le dire, madame la ministre - dans une circulaire.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Catherine Tasca,
ministre de la culture et de la communication.
Monsieur le rapporteur, en
réalité, l'obligation d'établir des statistiques relève nécessairement de la
loi ; c'est pourquoi elle figure ici.
C'est une obligation qui paraît nécessaire au Gouvernement si l'on veut que
soit vraiment mené un travail d'évaluation de la politique publique des musées
afin de nourrir la réflexion et les propositions, je l'espère, du Haut Conseil
des musées de France.
Je ne pense pas que cela représente une charge de travail excessive pour les
musées, d'autant qu'une meilleure connaissance des publics est sans doute un
élément important pour l'orientation future de leur activité.
Le Gouvernement est donc défavorable à l'amendement n° 20.
M. Philippe Richert,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Richert,
rapporteur.
Je voudrais apporter une précision, madame la ministre.
Nous sommes évidemment tout à fait favorables à ce que les échanges
d'informations soient les plus nourries possibles afin que l'échelon national
dispose de tous les éléments pour affiner la politique et prendre ses décisions
dans les meilleures conditions. Néanmoins, il nous apparaît quelque peu délicat
d'envisager que cette précision soit inscrite dans la loi.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° 20.
M. Yann Gaillard.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Gaillard.
M. Yann Gaillard.
J'avoue être quelque peu partagé sur ce sujet.
Au départ, je pensais que cette disposition n'était pas de nature législative,
auquel cas j'étais tout à fait d'accord avec la commission. Or Mme le ministre
vient de nous dire que cette mention devait figurer dans la loi.
En tant que rapporteur spécial, sachez que j'ai le plus grand mal à obtenir
les statistiques de fréquentation, même pour les grandes expositions. Le
directeur de la RMN, qui du reste est vraiment très bien, m'avait promis de me
les fournir. Je les attends toujours !
Après tout, une telle obligation, qui n'est pas excessive pour la gestion des
musées, à la différence de celle qui concerne l'accueil du public, que je
trouve très lourde, aurait quelque utilité.
M. Philippe Richert,
rapporteur.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. le rapporteur.
M. Philippe Richert,
rapporteur.
Mes chers collègues, le ministère dispose déjà d'un outil
statistique, dénommé Muséostat.
Il serait très contraignant que la loi impose à tous les musées, quelle que
soit leur taille, de fournir régulièrement au ministère l'ensemble des éléments
concernant la fréquentation, notamment.
Faire figurer cette obligation dans la loi contribuerait à alourdir la lecture
de celle-ci. Or nous devons, les uns et les autres, réserver la loi aux
dispositions normatives pour en faciliter la lecture et la rendre la plus
efficace possible.
C'est la raison pour laquelle je reste sur la position que la commission a
exprimée lors de l'examen de cet amendement.
M. le président.
Je mets aux voix l'amendement n° 20, repoussé par le Gouvernement.
(L'amendement est adopté.)
M. le président.
Je mets aux voix l'article 6 modifié.
(L'article 6 est adopté.)
Article 6 bis