SEANCE DU 23 OCTOBRE 2001
M. le président.
La parole est à M. Picheral, auteur de la question n° 1146, adressée à M. le
ministre délégué à la santé.
M. Jean-François Picheral.
Madame la ministre, ce n'est pas seulement le sénateur, mais aussi le médecin
qui vous interroge.
Les cliniciens, comme les chercheurs, portent un intérêt croissant au cancer
colorectal, en raison non seulement de la fréquence et de la gravité de ce
cancer mais aussi des progrès obtenus récemment dans les domaines de la
recherche fondamentale et épidémiologique, permettant ainsi d'envisager une
évolution à court terme favorable du traitement d'une telle pathologie.
A l'heure actuelle, deuxième cause de mortalité par cancer tous sexes
confondus, le cancer colorectal, par sa fréquence élevée, doit faire l'objet
d'un dépistage efficace. Son pronostic s'est amélioré au cours des vingt
dernières années, les deux facteurs déterminants étant la baisse de la
mortalité opératoire et, pour une part plus faible, un diagnostic plus précoce.
Il semble donc que ce soit sur ce dernier point que les efforts doivent
désormais se porter.
A la différence d'autres cancers, celui qui touche le colon et le rectum est
habituellement précédé, pendant de nombreuses années, d'une tumeur qui n'est
que bénigne, l'adénome. Ces lésions bénignes précancéreuses aisément
identifiables permettent donc d'envisager une stratégie de prévention primaire
et secondaire rapides. Par ailleurs, ces traitements efficaces au stade initial
offrent des conditions parfaites à son dépistage sur la population à risque.
Recommandé par l'Organisation mondiale de la santé, l'hémoccult, seul test de
dépistage à avoir été pour l'heure largement évalué sur des échantillons de
population, s'adresse aux personnes âgées de cinquante à soixante-quatorze ans.
Caractérisé non seulement par la facilité de sa réalisation et par son coût peu
élevé, mais aussi par l'absence de risque pour les personnes dépistées, son
efficacité semble ne plus faire de doute dans les milieux médicaux. De nombreux
tests de recherche d'un saignement occulte dans les selles sont par ailleurs à
l'étude.
Bien évidemment, comme les autres cancers, les cancers colorectaux nécessitent
une prise en charge pluridisciplinaire, seul moyen de garantir ainsi un
traitement adapté. Aussi la mise en place progressive de réseaux de soins, qui
seule pourra permettre d'atteindre cet objectif, se devra-t-elle d'inclure des
unités de concertation pluridisciplinaire.
L'implication active - et donc une formation adaptée des médecins traitants
mais aussi des médecins du travail - apparaît donc désormais comme une
nécessité.
Face à ce constat encourageant, seule une politique de dépistage de masse
paraît pouvoir faire évoluer ce grave problème que représente le cancer
colorectal.
Devant la pertinence des données médicales actuelles, je demande donc à M. le
ministre délégué à la santé de m'indiquer quelles dispositions seront
envisagées dans un bref délai afin de donner une pleine efficacité à un
programme de dépistage dont la validité scientifique a été, depuis longtemps,
largement observée.
M. le président.
La parole est à Mme le ministre.
Mme Ségolène Royal,
ministre déléguée à la famille, à l'enfance et aux personnes handicapées.
Comme vous, monsieur le sénateur, M. Bernard Kouchner, ministre délégué à la
santé, estime que le cancer colorectal constitue un véritable enjeu de santé
publique et que le dépistage - et donc le diagnostic précoce - doit permettre
de diminuer la mortalité due à ces cancers.
Ce dépistage est l'une des priorités du plan gouvernemental de lutte contre
les cancers annoncé le 1er février 2000. Il concernera toutes les personnes
âgées de cinquante à soixante-quatorze ans, qui seront invitées à effectuer
tous les deux ans un test de détection. Ces tests seront remis par les médecins
traitants - dont la participation est un élément essentiel - et la lecture des
tests sera réalisée par un personnel formé selon des critères précis de
qualité.
M. Bernard Kouchner insiste sur la responsabilité des pouvoirs publics quant à
la qualité des services offerts à la population concernée par ces
programmes.
En effet, pour être efficace, ce dépistage doit être réalisé dans le cadre
d'un programme où la qualité technique des examens est associée à une
organisation rigoureuse ; la participation de la population concernée doit donc
être élevée et maintenue pendant toute la durée du programme, ainsi que
l'implication des médecins traitants.
Si le dépistage peut apporter des bénéfices évidents pour certaines personnes,
l'expérience a montré qu'il peut être également une source d'anxiété importante
pour les personnes considérées à tort comme positives.
Il est donc nécessaire d'informer les professionnels et le public à la fois
sur les bénéfices potentiels qui peuvent être tirés des tests de dépistage,
mais aussi sur les risques éventuels de certains actes invasifs en cas de test
positif.
C'est pourquoi il est indispensable de mettre en place un dispositif
permettant l'implication des professionnels et la mobilisation de la population
concernée.
Dès cette année, dix départements vont s'engager dans cette démarche et ce
programme doit être généralisé d'ici à 2003. M. Bernard Kouchner tient à
remercier l'ensemble des professionnels, médecins généralistes, pharmaciens,
médecins spécialistes, qui se sont engagés à ses côtés dans cette action
prioritaire de santé publique.
M. Jean-François Picheral.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à M. Picheral.
M. Jean-François Picheral.
Je me félicite de la réponse de Mme le ministre et du calendrier qu'elle nous
a annoncé. Alors que les mesures qui avaient été prises en l'an 2000 tardaient
à se mettre en place, il semble qu'aujourd'hui tout cela se concrétise.
RÉDUCTION DES HORAIRES
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