SEANCE DU 7 JUIN 2001
M. le président.
La parole est à M. Carle.
M. Jean-Claude Carle.
Ma question s'adressait à M. le ministre de l'intérieur.
Qu'apprend-on dans la presse ? La France ne serait pas sûre ! L'immeuble de M.
le ministre de l'intérieur visité au nez et à la barbe de ceux qui le
surveillent, la voiture de l'un de ses proches endommagée, son téléphone
portable dérobé, dit-on, à la terrasse d'un café... Où allons-nous si le «
premier policier de France » lui-même n'échappe pas à la petite délinquance
?
M. Jacques Mahéas.
C'est lamentable ! C'est d'une bêtise incommensurable !
M. Jean-Claude Carle.
Véritable réquisitoire, le rapport d'évaluation sur la police de proximité que
lui a remis récemment l'inspection générale de la police nationale n'est pas de
nature à nous rassurer : des policiers qui « s'estiment seuls » ; des policiers
qui se demandent « comment sécuriser les autres » quand ils sont eux-mêmes «
insécurisés » ; des jeunes gardiens de la paix « inexpérimentés, exposés,
sous-encadrés », en quête de mutation pour fuir la région parisienne ; des
servitudes administratives et judiciaires qui « pèsent sur les services de
police des grandes villes et obèrent les capacités de redéploiement des
personnels » ; des redéploiements de jour qui « limitent d'autant les
possibilités de renforcer la présence policière indispensable la nuit ».
Les mots en disent long sur le malaise de ceux qui assurent la sécurité de
proximité et l'ordre au péril de leur vie.
M. le ministre de l'intérieur fait, depuis des semaines, la même réponse
dilatoire aux questions des députés et sénateurs de l'opposition, soit en
éludant le sujet, soit en caricaturant leurs positions, comme l'a d'ailleurs
très bien rappelé M. de Raincourt lors du débat sur la sécurité quotidienne.
(M. Chérioux applaudit.)
Les Français ont le droit de savoir la vérité. Le ministre de l'intérieur
entend-il diffuser ce rapport, non seulement auprès des services et des élus
des villes concernés, bien sûr, mais aussi auprès de la représentation
nationale ?
Quelles mesures compte-t-il prendre, à la suite de ce rapport, pour que la
sécurité de proximité ne reste pas qu'un slogan ?
(Très bien ! et applaudissements sur les travées des Républicains et
Indépendants, du RPR et de l'Union centriste.)
M. le président.
La parole est à M. le ministre.
M. Jean-Jack Queyranne,
ministre des relations avec le Parlement.
La mise en place de la police
de proximité est un changement profond du mode d'organisation de la police
nationale, qui doit lui permettre d'être plus présente sur le terrain et de «
coller » aux réalités des quartiers.
Il s'agit d'une tâche à laquelle le ministre de l'intérieur est attelé depuis
2000 et qui se déroule en trois phases. Elle s'achèvera dans le courant de
cette année. Ainsi, très bientôt, la police de proximité concernera l'ensemble
des circonscriptions de police.
Il est normal qu'un tel mouvement de réorganisation nécessite une évaluation.
Cette évaluation a été confiée à l'inspection générale de la police nationale
et à l'inspection générale de l'administration.
Evidemment, leurs rapports font état de ce qui est positif et de ce qui est
négatif. Vous avez, vous, monsieur Carle, mis, l'accent sur les
dysfonctionnements, qui imposent effectivement que des améliorations soient
apportées. Cependant, pour l'essentiel, la police de proximité répond beaucoup
mieux à l'exigence d'une sécurité assurée au plus proche de nos concitoyens.
M. René-Pierre Signé.
C'est évident !
M. Jean-Jack Queyranne,
ministre des relations avec le Parlement.
La présence de la police sur le
terrain est un moyen de renforcer aussi bien la prévention et la dissuasion que
la répression des délits.
C'est donc une amélioration considérable par rapport à l'organisation d'une
police qui était essentiellement conçue comme une police d'ordre public. La
police de proximité doit donc, après l'îlotage, être développée.
Bien sûr, il peut y avoir des aspects négatifs ou des insuffisances. Mais
c'est justement le rôle d'un rapport d'évaluation que de permettre, concernant
les modalités d'organisation et d'affectation des personnels, les relations
avec les instances départementales, d'aller vers plus d'efficacité. Sachez que
la démarche ainsi entamée dans le domaine de la sécurité sera poursuivie parce
qu'elle permet de répondre aux actuels problèmes d'insécurité.
Bien entendu, M. le ministre de l'intérieur est entièrement à la disposition
de vos commissions pour apporter tous renseignements utiles sur le rapport qui
a été évoqué.
(Applaudissements sur les travées socialistes.)
M. Alain Gournac.
Il a retrouvé son téléphone ?
(Sourires sur les travées du RPR).
LILLE, CAPITALE EUROPÉENNE DE LA CULTURE EN 2004