SEANCE DU 30 JANVIER 2001
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud, auteur de la question n° 981, adressée à Mme le
ministre de l'aménagement du territoire et de l'environnement.
Cette dernière est représentée par Mme Péry, qui, comme cela ne m'a pas
échappé, revient de Marseille !
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle.
Un tour de France sur la parité, monsieur le président !
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, madame la secrétaire d'Etat, mes chers collègues,
l'aspiration de nos concitoyens à une meilleure qualité de vie est une
préoccupation centrale de la gauche plurielle.
La pollution atmosphérique crée de graves lésions respiratoires, notamment
chez les jeunes enfants. Les conséquences néfastes de l'effet de serre sur les
dérèglements climatiques ne sont par ailleurs plus à démontrer.
Je pense néanmoins que quelques données chiffrées permettront de bien prendre
conscience de l'enjeu.
A Paris, 15 % des enfants sont victimes d'asthme ; le décès de près de 1 000
Parisiens atteints de lésions cardio-vasculaires ou respiratoires est
directement lié à la pollution atmosphérique chaque année. Les pics de
pollution entraînent un accroissement de 25 % en moyenne des hospitalisations
d'enfants victimes de crises d'asthme.
A l'échelle planétaire, les conséquences n'en sont pas moins dramatiques. Les
scientifiques les plus optimistes prévoient une augmentation moyenne de la
température de 1,4 °C au cours de ce siècle, les plus pessimistes l'évaluant à
5 °C. Selon eux, l'activité humaine, notamment les forts rejets de carbone dans
l'atmosphère, est à l'origine de ce phénomène. Augmentation des températures,
hausse du niveau des océans, multiplication des tempêtes, migration des zones
tropicales vers les zones tempérées au cours de ce siècle ne sont que
quelques-uns des symptômes des mutations que notre pollution engendrera sur
l'environnement.
Compte tenu de l'irresponsabilité dont font preuve aujourd'hui certains pays,
notamment les Etats-Unis, et de l'échec de la conférence de La Haye, en
novembre 2000, il appartient, me semble-t-il, à la France, de montrer
l'exemple.
A notre échelle, certains signaux forts doivent être lancés.
Ainsi, dans les grandes villes, et à Paris en particulier, la pollution
atmosphérique est essentiellement le produit de la circulation automobile.
La promotion des véhicules propres doit donc demeurer une priorité du
Gouvernement. Le groupe socialiste du Sénat qui, depuis quatre ans, proposait
dans la loi de finances qu'un crédit d'impôt soit accordé aux acheteurs de
véhicules propres se félicite que le Gouvernement ait accepté de rendre cette
mesure opérationnelle au 1er janvier 2001 à hauteur de 10 000 francs par
véhicule. Cette mesure permettra de compenser le surcoût de ces véhicules.
Concernant les propriétaires de taxis, Mme la secrétaire d'Etat au budget a
indiqué, lors de l'examen du projet de loi de finances pour 2001, qu'une aide
de 20 000 francs leur était d'ores et déjà accordée pour s'équiper en véhicules
propres. Je souhaiterais, madame la secrétaire d'Etat, que vous nous exposiez
les modalités d'attribution de cette aide. Outre l'effet direct d'une telle
mesure sur la pollution, ces professionnels de la route constituent un
véritable relais d'opinion susceptible de concourir au développement de
l'utilisation des carburants alternatifs par les particuliers.
Par ailleurs, un grand nombre de véhicules appartiennent, notamment à Paris,
aux administrations, à la Ville de Paris ou à d'autres personnes publiques
comme la RATP.
Or, le paragraphe III de l'article 24 de la loi sur l'air et l'utilisation
rationnelle de l'énergie introduit dans le code de la route une obligation pour
l'Etat et pour certaines personnes publiques, lorsqu'ils gèrent une flotte de
plus de vingt véhicules, d'acquérir, lors du renouvellement de leur flotte et
dans une proportion de 20 %, des véhicules fonctionnant à l'électricité, au gaz
de pétrole liquéfié, GPL, ou au gaz naturel véhicule, GNV. Le décret
d'application est entré en vigueur au début de l'année 1999. En ce début 2001,
pouvez-vous nous dire, madame la secrétaire d'Etat, où nous en sommes de la
mise en application de cette mesure ?
Je vous remercie de bien vouloir nous apporter ces précisions.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Nicole Péry,
secrétaire d'Etat aux droits des femmes et à la formation professionnelle.
Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je vous prie tout
d'abord d'excuser l'absence de Mmes Dominique Voynet, Dominique Gillot,
Elisabeth Guigou et Ségolène Royal, retenues ensemble par une réunion de
travail très importante et qui m'ont chargée de vous apporter des réponses à un
certain nombre de questions.
Madame la sénatrice, le Gouvernement partage votre inquiétude sur la pollution
d'origine automobile.
Des mesures importantes ont été prises pour réduire les émissions de véhicules
traditionnels. Les nouvelles normes en vigueur depuis le 1er janvier 2000 sur
les véhicules et les carburants ont ainsi permis de réduire d'un tiers les
émissions polluantes des véhicules neufs.
Au-delà de ces mesures sur les véhicules traditionnels, deux types d'actions
sont nécessaires : tout d'abord, éviter le recours au « tout automobile »,
ensuite, développer des véhicules alternatifs polluant moins que les véhicules
traditionnels.
Le Gouvernement a pris, depuis trois ans, des mesures importantes, notamment
fiscales, pour favoriser les véhicules alternatifs, mesures qu'il convient de
consolider.
La stratégie concernant la filière GPL consiste à conforter le développement
des véhicules légers équipés d'origine, à renforcer les garanties demandées aux
autres véhicules et à stabiliser sur plusieurs années les incitations
existantes, notamment afin d'encourager les constructeurs à investir dans cette
filière.
Mme Dominique Voynet a annoncé, le 21 juin dernier, des mesures
complémentaires, notamment la mise en oeuvre d'une prime de 20 000 francs pour
l'achat de taxis roulant au GPL. Un travail de concertation s'est engagé avec
les représentants des syndicats des taxis sur les modalités de ce dispositif.
Une charte pour le développement du GPL dans les flottes de taxis sera signée
le 5 février prochain et devrait être ratifée par les six organisations
professionnelles.
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie, l'ADEME, en
assurera l'instruction, la gestion et le suivi, dans le cadre d'un comité de
suivi qui réunira, outre l'agence et le ministère, des représentants du comité
interministériel pour les véhicules propres et des représentants des
organisations professionnelles signataires de la charte.
L'aide, d'un montant de 20 000 francs pour les véhicules facturés entre le 4
octobre 2000 et le 31 décembre 2002, ou de 13 000 francs pour les véhicules
facturés entre le 1er janvier et le 31 décembre 2003, sera versée en deux fois
: la première moitié à l'entrée en vigueur de la décision d'octroi de l'aide,
la seconde, dix-huit mois après la date de première mise en circulation du
véhicule.
Cette mesure est essentielle pour les agglomérations, notamment Paris, où
circulent 15 000 taxis, dont les trois quarts sont aujourd'hui équipés de
moteurs diesels.
La loi sur l'air et l'utilisation rationnelle de l'énergie du 30 décembre 1996
prévoit un renouvellement des flottes publiques de plus de vingt véhicules par
des véhicules « propres » à hauteur de 20 %.
Après deux ans d'application, Dominique Voynet a demandé à l'ADEME d'évaluer
la mise en place de cette disposition et son impact. L'ADEME a ainsi confié à
un institut de sondage spécialisé la réalisation d'une enquête auprès des
organismes publics concernés. Ce travail est en cours, mais déjà des premiers
résultats qualitatifs sont disponibles.
Cette première phase de l'étude est en train d'être complétée par une phase
quantitative, au cours de laquelle plus de 400 gestionnaires de flottes
publiques vont être interrogés. Dès les résultats connus, le Gouvernement ne
manquera pas de vous en tenir informée, madame la sénatrice.
Mme Danièle Pourtaud.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Je veux d'abord vous remercier, madame la secrétaire d'Etat, des précisions
que vous avez bien voulu me donner et saluer l'effort du Gouvernement dans sa
lutte contre la pollution automobile en milieu urbain au travers des
différentes mesures qu'il a prises tant pour limiter les émissions des
véhicules traditionnels que pour développer l'équipement en véhicules
alternatifs.
Il est essentiel que ces mesures soient pérennisées, afin, si je puis dire,
d'« amorcer la pompe » chez les constructeurs, car le principal obstacle, pour
l'instant, à l'achat des véhicules alternatifs par les particuliers, c'est leur
surcoût. Il est donc primordial que l'on puisse commencer à avoir une
production de masse.
Pour ce qui concerne les taxis, je crois savoir, sous réserve de
vérifications, que l'aide qui sera accordée par le Gouvernement, et dont vous
avez précisé les modalités de mise en oeuvre, ne concernera que les trois mille
premiers taxis qui en feront la demande, soit de 7 % à 8 % de l'ensemble des
taxis français.
Aussi me permettrai-je simplement de souhaiter que, lorsque l'on examinera les
dossiers, on retienne en priorité les demandes émanant des zones urbaines, en
particulier de l'agglomération parisienne, puisque c'est sans doute là que
cette mesure aura le plus d'effet.
S'agissant de l'enquête en cours, je serai, bien sûr, très intéressée par les
résultats non seulement qualitatifs mais aussi quantitatifs qui seront
obtenus.
On le sait, l'agglomération parisienne est sans doute la zone où se
concentrent le plus de véhicules des collectivités publiques et des
administrations. C'est bien le moins que ces dernières respectent l'obligation
faite par la loi sur l'air et qu'elles donnent ainsi l'exemple, de manière à
inciter nos concitoyens à acheter des véhicules propres.
REMBOURSEMENT DES FRAIS
DE PHOTOTHÉRAPIE DYNAMIQUE