SEANCE DU 28 NOVEMBRE 2000
M. le président.
Par amendement n° I-237 rectifié, Mmes Pourtaud, Bergé-Lavigne, MM. Angels,
Charasse, Demerliat, Haut, Lise, Massion, Miquel, Moreigne, Sergent et les
membres du groupe socialiste proposent d'insérer, avant l'article 12, un
article additionnel ainsi rédigé :
« I. - Il est institué une contribution sur les ventes en France de supports
numériques vierges utilisables pour la reproduction de contenus protégés par la
Propriété littéraire et artistique ainsi que sur la vente de matériels
d'enregistrement sur ces supports.
« La contribution est due par les fabricants de ces matériels, leurs
importateurs ou les personnes qui en réalisent des acquisitions
intracommunautaires, au sens du 3° du I et du 2° du II de l'article 256
bis
du code général des impôts.
« Est assimilée à un fabricant de supports vierges numériques toute personne
physique ou morale commercialisant de tels supports et soumise à l'obligation
prévue à l'article 66
bis
du code des douanes ainsi que toute personne
physique ou morale d'un autre Etat membre de l'Union européenne qui y réalise
des livraisons de ces produits dans les conditions prévues à l'article 258 B du
code général des impôts.
« II. - La base d'imposition est constituée par le montant hors taxe sur la
valeur ajoutée de toutes sommes, valeurs, biens ou services reçus ou à recevoir
par les redevables en contrepartie des opérations visées au I.
« La contribution est exigible à l'encaissement des acomptes ou du prix perçu
pour les ventes de support numérique vierge.
« Son montant est fixé à 3 centimes par méga-octet.
« Les opérations soumises à la contribution sont déclarées et liquidées chaque
mois par les redevables sur un imprimé fourni par les services du recouvrement
de la taxe sur la valeur ajoutée.
« La contribution est contrôlée selon les mêmes procédures et sous les mêmes
sanctions, garanties et privilèges que la taxe sur la valeur ajoutée.
« III. - Le produit de la contribution sur les supports numériques vierges est
porté en recettes au compte d'affectation spéciale : " financement de
l'activité anti-contrefaçon et du recours empêchant la contrefaçon ".
« Le produit de la contribution est attribué aux titulaires de droits de
propriété littéraire et artistique qui ne bénéficient pas de la répartition du
produit de la redevance pour copie privée de phonogrammes ou de vidéogrammes et
aux organismes conduisant pour leur compte la lutte contre la contrefaçon et
finance le recours par ces titulaires aux protections techniques tendant à
empêcher la contrefaçon.
« Ce produit est inscrit à un compte d'affectation spéciale ouvert dans les
écritures du Trésor et intitulé "fonds de soutien au recours aux protections
techniques pour les éditeurs de contenus protégés par la propriété littéraire
et artistique", qui a pour ordonnateur principal un établissement public ou une
association désignée en ce sens.
« Le produit est attribué à la société civile des titulaires de droits
concernés en vue de sa répartition chaque trimestre entre eux.
« IV. - Les dispositions du présent article entrent en vigueur le 1er janvier
2001. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Cet amendement vise à créer une taxe parafiscale sur les ventes en France de
supports numériques vierges - DVD-R ou CD-ROM - et de matériels
d'enregistrement sur ces supports.
Ce dispositif répond à la nécessité de rééquilibrer la vente de supports
numériques vierges et la vente de produits ayant un contenu original. Qu'il
s'agisse de la musique, de l'audiovisuel ou des logiciels de loisir, c'est
toute l'industrie culturelle d'édition de contenus qui est menacée par la vente
de supports vierges permettant le copiage, même quand celui-ci est interdit par
la loi.
Permettez-moi de vous rappeler, mes chers collègues, que certains graveurs de
DVD sont annoncés à moins de 4 000 francs et les supports pour les copier entre
150 et 300 francs, avec des capacités comprises entre 2 et 9,4 giga-octets.
Pour donner une échelle de grandeur, je rappelle que, moyennant une
compression efficace, on peut aujourd'hui enregistrer un film de cinéma -
contenu considéré comme le plus gourmand en capacité - en 700 à 800
méga-octets, soit une douzaine de films sur un seul DVD-R !
En proposant au public d'aussi considérables capacités de captation, et à des
prix aussi bas, l'industrie des « contenants » ne peut qu'attiser l'envie de
s'emparer des contenus, audiovisuels mais aussi musicaux et interactifs, par le
copiage et mettre ainsi en péril la notion même de droit de propriété
intellectuelle.
Autre exemple, on peut acquérir aujourd'hui un graveur de disques compact et
de CD-ROM pour environ 1 500 francs. Il se vendra, cette année, plus de 200
millions de CD-ROM, entre 5 francs et 10 francs, soit le double de 1999, dont
40 % sont utilisés pour copier des contenus interactifs issus de CD-ROM.
Parallèlement, il ne s'est vendu, en 1999, dans ce domaine, que 22 millions de
supports édités. Bref, pour un CD-ROM acheté en 2000, quatre supports vierges
destinés à le copier sont vendus en même temps.
J'ajouterai que, à la différence de ce qui prévaut pour les vidéogrammes ou
les phonogrammes, le copiage de logiciel n'est pas autorisé, même à titre
privé. L'industrie des logiciels, notamment celle des logiciels de loisirs, ne
bénéficiera donc pas de la redevance pour copie privée, dont le niveau devrait
être rendu public avant la fin de l'année.
Il nous a ainsi semblé plus juste que le produit de cette nouvelle taxe lui
soit reversé. Le secteur a besoin de cette contribution pour financer le
recours aux protections techniques permettant d'empêcher le copiage et faire
ainsi respecter la loi.
J'espère, mes chers collègues, que vous voterez cet amendement.
M. le président.
Monsieur le rapporteur général, nous devons reconnaître à Mme Pourtaud sa
belle constance : elle nous présente cet amendement à chaque projet de loi de
finances, et ce depuis déjà plusieurs années !
(Sourires.)
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Il est de la vocation de la Haute Assemblée de faire
preuve de constance, monsieur le président !
M. Jacques Machet.
Voilà !
Mme Maryse Bergé-Lavigne.
Y compris pour la taxe Tobin !
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
Sur tous les sujets, en effet !
La commission, mes chers collègues, fait aussi preuve de constance en faisant
voter des amendements de principe, et en les faisant revoter, et revoter encore
! Un jour ou l'autre, elle y arrivera ! Vous savez, c'est comme les murailles
de Jéricho !
(Sourires.)
L'amendement n° I-237 rectifié a pour objet d'instaurer une contribution sur
les ventes en France de supports numériques vierges ou de matériels
d'enregistrement utilisables pour la reproduction de contenus protégés par les
règles de la propriété intellectuelle. Cet amendement précise l'assiette des
modalités de recouvrement et le montant de la contribution, qui serait de 3
centimes par méga-octet.
Malheureusement, et sans que la commission ait quoi que ce soit à redire sur
le fond de l'amendement, il semble bien qu'il y ait un problème de
recevabilité, car vous préconisez, madame Pourtaud, une affectation qui nous
semble relever du pouvoir réglementaire. Telle est l'analyse que nous faisons
de cette proposition sur laquelle il serait intéressant, bien sûr, d'entendre
le Gouvernement.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
La question soulevée par Mme Pourtaud est tout à fait
légitime, mais il me semble que le moyen proposé, c'est-à-dire l'instauration
d'une taxe frappant tous les supports et tous les usages, ne paraît pas tout à
fait adapté.
D'abord, il existe un régime particulier qui permet de rémunérer les ayants
droit pour les actes de copie privée. A la demande de la ministre chargée de la
culture et de la communication, une commission travaille actuellement avec
l'ensemble des acteurs concernés pour étendre ce régime aux supports
numériques, y compris aux CD-ROM.
Ce régime particulier n'est évidemment pas applicable aux logiciels, dont la
copie privée est interdite. Il ne peut pas, non plus, prévoir de compenser les
conséquences des actes de piratage, qui sont des actes illicites. De ce point
de vue, instaurer une taxe pour compenser les conséquences d'une activité
illicite serait sans précédent.
Les lois existant en France offrent aux acteurs de la filière de nombreuses
voies de recours qui permettent, dans le cadre notamment des procédures de
saisie - contrefaçon, d'attaquer les pirates. Il convient, en effet, de se
prémunir contre les risques de piratage en mettant en oeuvre des solutions
techniques permettant de lutter de manière efficace contre de tels actes.
Le Gouvernement soutient d'ores et déjà les acteurs de la filière dans la mise
en oeuvre de systèmes de protection technique efficaces. Le secrétariat d'Etat
à l'industrie et le ministère de la culture et de la communication, au travers
d'un programme dénommé « Priam », programme qui est doté de 115 millions de
francs en 2000 et qui sera reconduit en 2001, ont prévu des aides qui
permettent de soutenir la filière dans cette lutte. On peut d'ailleurs
regretter que peu de projets aient été déposés à ce stade.
Le Gouvernement est conscient des difficultés réelles rencontrées par ce
secteur. Je comprends de l'interpellation du Sénat, d'une part, qu'il nous faut
peut-être mieux faire connaître les actions que nous menons, en particulier
dans le cadre du programme Priam, et, d'autre part, que les résultats des
travaux de la commission pour la copie privée sont très attendus. Je ferai part
de ces attentes aux ministres concernés.
En conséquence, madame la sénatrice, je souhaiterais que vous retiriez votre
amendement.
M. le président.
Madame Pourtaud, l'amendement est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, je vais retirer cet amendement, après avoir eu
confirmation de Mme la secrétaire d'Etat que la commission dite « commission
Brun-Buisson », qui travaille sur ces problèmes de redevance pour copie privée,
rendra ses conclusions prochainement.
M. le président.
L'amendement n° I-237 rectifié est retiré.
Par amendement n° I-238 rectifié, Mme Pourtaud et les membres du groupe
socialiste proposent d'insérer, avant l'article 12, un article additionnel
ainsi rédigé :
« I. - Dans le premier alinéa de l'article 80 de la loi n° 86-1067 du 30
septembre 1986, après les mots : "services de radiodiffusion sonore", sont
insérés les mots : "et de télévision".
« II. - Le financement de cette aide est assuré par un relèvement à due
concurrence du prélèvement prévu au deuxième alinéa de l'article 80 de la loi
précitée. »
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Cet amendement prévoit d'élargir le bénéfice du fonds de soutien des radios
associatives, créé en 1989, aux télévisions associatives conventionnées par le
CSA.
Dans la loi sur la liberté de communication, adoptée définitivement le 1er
août 2000, nous avons reconnu le droit à l'existence du tiers secteur
audiovisuel, comme nous l'avions fait pour les radios en 1982. Les télévisions
associatives peuvent désormais être autorisées à émettre sur le réseau
hertzien. Toutefois, je l'ai indiqué à maintes reprises dans cet hémicycle, il
y a une forme d'hypocrisie à donner le droit à l'existence au tiers secteur
audiovisuel sans lui en donner les moyens.
M. Michel Caldaguès.
Si on va par là !
Mme Danièle Pourtaud.
Si un certain nombre de responsables de télévisions associatives ont affiché
qu'ils peuvent travailler avec un budget minimum d'environ 1 million de francs
par an, étant donné l'importance du bénévolat, il sera néanmoins très difficile
pour ces structures, par nature non commerciales, de survivre sans l'apport
d'un financement public important.
Nous devons tirer les leçons de l'histoire des radios libres créées par la loi
de 1982 sur la liberté de communication qui, faute de financements, ont pendant
des années été la proie des réseaux commerciaux.
Grâce au fonds de soutien à l'expression radiophonique, doté de 106 millions
de francs par an, ce sont aujourd'hui entre quatre cents et cinq cents radios
associatives qui, sur l'ensemble de notre territoire, contribuent à la vie
culturelle et à l'animation sociale, en milieu rural comme en milieu urbain.
Pour ma part, j'aurais préféré créer une aide spécifique pour les télévisions
associatives ; j'avais d'ailleurs déposé à deux reprises, dans le projet de loi
sur la liberté de communication, un amendement tendant à la création d'un fonds
de soutien à l'expression télévisuelle associative. Le Parlement ne peut
malheureusement pas être l'initiateur en ce domaine, c'est pourquoi nous
proposons d'élargir le bénéfice du fonds des radios aux télévisions
associatives.
Je tiens à rassurer les opérateurs des radios associatives. Il ne saurait être
question de diminuer leur financement au profit des télévisions associatives.
Nous ne voulons pas déshabiller Pierre pour habiller Paul. Le montant de la
taxe qui s'applique actuellement sur la publicité télévisuelle pour alimenter
le fonds de soutien radiophonique sera majoré pour permettre de soutenir les
télévisions associatives.
J'ajoute que cette opérations sera en quelque sorte « indolore » pour nos
groupes privés audiovisuels, dans la mesure où ils bénéficieront de ce que les
médias ont appelé l'« effet d'aubaine », du fait de la diminution des objectifs
publicitaires des chaînes publiques.
Si, comme un certain nombre d'experts l'ont dit, près de 1,5 milliard de
francs seront ainsi transférés du secteur public au secteur privé, je crois que
nous pouvons légitimement prélever quelques centaines de millions pour financer
ces nouveaux espaces de liberté que seraient des télévisions locales
associatives.
J'espère que le Sénat me suivra aujourd'hui sur cette voie.
M. le président.
Quel est l'avis de la commission ?
M. Philippe Marini,
rapporteur général.
A l'heure actuelle, l'aide aux télévisions locales,
prévue par la loi du 30 septembre 1986, est financée par un prélèvement sur les
ressources issues des recettes des régies publicitaires, dans les conditions
prévues à l'état E annexé à l'article 42, ligne 41, du projet de loi de
finances.
L'amendement que vous nous proposez, madame Pourtaud, et qui porte donc sur un
élargissement de ce dispositif, s'efforce de contourner les règles issues de
l'ordonnance organique, dont on parle beaucoup ces temps-ci, qui interdisent au
Parlement d'affecter des recettes et d'intervenir en matière de taxe
parafiscale.
Le processus que vous nous suggérez à ce titre, par une modification de
l'article 80 de la loi du 30 septembre 1986, peut juridiquement être accepté.
La commission des finances a d'ailleurs déjà eu l'occasion de présenter un
amendement semblable lors du débat relatif à la dernière loi sur l'audiovisuel
puisque notre rapporteur spécial, Claude Belot, comme beaucoup de
parlementaires ici présents, estime nécessaire d'aider au développement des
télévisions locales.
L'ensemble de ces raisons de procédure et touchant au fond me conduit, au nom
de la commission, à émettre un avis de sagesse favorable.
M. le président.
Quel est l'avis du Gouvernement ?
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Le Gouvernement partage tout à fait la préoccupation
de Mme Pourtaud qui, à travers cet amendement, souhaite l'extension du
périmètre actuel du fonds de soutien à l'expression radiophonique.
Toutefois, l'extension qui est proposée conduirait à rendre éligibles à ce
fonds des télévisions et des radios locales qui disposent de ressources
commerciales à hauteur de 30 % de leur chiffre d'affaires, ce qui risquerait de
dénaturer le dispositif en aidant des stations bénéficiant de ressources
commerciales importantes, en tout cas plus importantes.
J'y vois deux risques. D'une part, s'agissant des entreprises dont les
ressources commerciales sont plus faibles, il y a risque de dilution des aides
actuelles et, d'autre part, il y a également un risque de non-compatibilité
avec les règles communautaires en matière de concurrence et d'aide de l'Etat,
puisque le soutien public à des radios à vocation plus commerciale pourrait
être critiqué par des stations concurrentes qui pourraient porter plainte
devant la Commission européenne.
Je souhaite par ailleurs indiquer que le ministère de la culture et de la
communication a lancé une étude sur le financement des télévisions locales,
conformément à un engagement pris par le Gouvernement devant vous lors de
l'adoption de la loi du 1er août 2000. Je me propose, ainsi que ma collègue
ministre de la culture et de la communication, de vous en donner les résultats
dès qu'ils seront connus.
Je souhaiterais donc, madame la sénatrice, que, forte de cet engagement, vous
acceptiez de retirer cet amendement.
M. le président.
Je vais mettre aux voix l'amendement n° I-238 rectifié.
M. Michel Caldaguès.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à M. Caldaguès.
M. Michel Caldaguès.
Je ne vous cacherai pas la perplexité qui est la mienne lorsque j'entends
parler d'espace de télévision libre. Cela me rappelle irrésistiblement ce que
nous avons entendu à l'origine des radios libres. Elles existent, et je ne leur
veux aucun mal. Mais, à l'époque, les radios libres correspondaient à une
expression désintéressée, à une inspiration locale ou régionale et, par
conséquent, il fallait leur apporter une aide.
Je vous convie à une simple expérience : roulez quelques centaines de
kilomètres en voiture sur une autoroute en balayant les fréquences des radios
et en passant d'une radio libre à une autre : c'est un déluge de publicité, et
les programmes sont identiques ; que vous soyez à Metz, à Bordeaux ou ailleurs,
c'est exactement ou presque la même chaîne de programmes. Tout le monde sait
qu'une grande partie de ces radios sont fédérées par des intérêts qui
n'échappent à personne. Dans ces conditions, l'idée même d'une aide publique
nouvelle - encore que celle-ci, si j'ai bien compris M. le rapporteur général,
soit autofinancée, puisqu'il s'agit d'une taxe sur la publicité - destinée à
aider un courant d'activités qui étale sans aucune vergogne les intérêts qui
s'y rattachent me paraît un peu excessive.
Mme Danièle Pourtaud.
Je demande la parole pour explication de vote.
M. le président.
La parole est à Mme Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Monsieur le président, permettez-moi de donner quelques explications à mes
collègues ainsi qu'à Mme le secrétaire d'Etat.
Il n'est pas dans mes intentions de me livrer à un exposé sur la loi sur la
communication et sur les différents types de radios qui, au même titre que
certains types de télévision, sont autorisées à émettre. Mais vous avez
parfaitement raison, mon cher collègue : il existe effectivement des radios
locales commerciales qui ne sont absolument pas aidées par les pouvoirs
publics, et l'objet de mon amendement n'est pas du tout de leur apporter une
aide. L'amendement n° I-238 vise simplement à insérer dans le dispositif actuel
un article additionnel en vue d'aider les radios associatives. Ces dernières
ont effectivement droit à un seuil de recettes publicitaires...
M. Michel Caldaguès.
Voilà !
Mme Danièle Pourtaud.
... qui, si mes souvenirs sont exacts, est de 25 % - mais je me trompe
peut-être. En tout cas, monsieur Caldaguès, je vous donnerai une liste de
radios associatives, et vous pourrez constater qu'elles sont plutôt en deçà de
ce seuil qu'au-delà. Ces radios - et certaines télévisions, compte tenu du
progrès technique, sont susceptibles aujourd'hui de faire de même - sont le
fruit d'un travail collectif d'associations qui s'occupent de l'animation
culturelle d'un quartier, d'un village. Face à l'envahissement des médias
commerciaux, il est aujourd'hui nécessaire de laisser ce secteur associatif
vivre. Ce mécanisme, je le répète, n'est nullement destiné à aider le secteur
commercial.
La seule question qui pouvait être posée était effectivement celle de savoir
si l'extension aux télévisions n'allait pas nuire aux ressources des 400 à 500
radios associatives qui sont aidées par un fonds de 106 millions de francs.
Vous pouvez donc constater la faiblesse de l'aide apportée à ces médias. Il est
de l'intérêt de notre pays d'avoir ces espaces ouverts, et les acteurs du tiers
secteur audiovisuel seraient, à mon avis, extrêmement déçus si nous n'allions
pas jusqu'au bout.
Je précise simplement à Mme le secrétaire d'Etat que, si une étude sur le
financement des télévisions locales commerciales est effectivement en cours de
réalisation, mon amendement ne vise cependant que le secteur associatif.
M. Michel Caldaguès.
Me permettez-vous de vous interrompre, madame Pourtaud ?
Mme Danièle Pourtaud.
Je vous en prie.
M. le président.
La parole est à M. Caldaguès, avec l'autorisation de l'orateur.
M. Michel Caldaguès.
Je vous remercie vivement madame Pourtaud. Vous avez parlé de radios de
village. En avez-vous jamais entendu ? Moi, non, et je serais donc ravi que
vous me communiquiez les longueurs d'ondes de certaines d'entre elles !
M. le président.
Comme vous êtes tous les deux sénateurs de Paris, vous devez écouter les
radios de Paris !
(Rires.)
M. Denis Badré.
Paris est un grand village !
M. le président.
Veuillez poursuivre, madame Pourtaud.
Mme Danièle Pourtaud.
Il n'est pas habituel de faire de la publicité dans cet hémicycle, mais, cher
collègue, je vous communiquerai une liste des radios associatives qui ont
réussi à survivre à Paris. Elle est malheureusement extrêmement limitée !
Madame la secrétaire d'Etat, je suis désolée de ne pouvoir accéder à votre
demande. Mais l'espace de liberté que nous essayons d'instituer à travers le
tiers secteur audiovisuel me semble mal compris.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je demande la parole.
M. le président.
La parole est à Mme le secrétaire d'Etat.
Mme Florence Parly,
secrétaire d'Etat.
Je ne voudrais pas reprendre un débat que vous avez
développé de manière très substantielle dans cet hémicycle.
Je souhaiterais simplement rappeler aux membres de cette honorable assemblée
que le Gouvernement partage la préoccupation qui a été exprimée concernant le
financement des chaînes locales, notamment associatives.
Mais donner suite à l'amendement qui a été déposé reviendrait, en quelque
sorte, à anticiper sur les conclusions du rapport que le Gouvernement s'est
engagé devant vous, lors de l'adoption de la loi du 1er août 2000, à remettre
dans le délai d'un an. Ce rapport s'efforcera d'appréhender de manière réaliste
et pragmatique la question du financement des télévisions locales. Je pense
d'ailleurs qu'il ira au-delà et qu'il abordera la question des télévisions
locales dans son ensemble.
Si l'interrogation porte sur le champ des télévisions locales qui sont
couvertes par ce rapport, il me semble - mais ce point mériterait peut-être
d'être vérifié auprès du ministère de la culture - que la question des
structures associatives, qui paraît être la préoccupation majeure soulevé dans
votre intervention, madame la sénatrice, sera abordé.
Encore une fois, je ne peux qu'insister sur le fait qu'une analyse approfondie
vous sera communiquée dans un délai d'un an à compter du 1er août 2000. Le
Gouvernement fera des propositions qui veilleront à ne pas remettre en cause la
pérennité du fonds de soutien aux radios associatives et qui veilleront à la
compatibilité avec le droit communautaire.
Je ne sais si j'ai réussi à vous convaincre, madame Pourtaud, mais j'ai au
moins tenté de le faire !
M. le président.
Madame Pourtaud, l'amendement n° I-238 rectifié est-il maintenu ?
Mme Danièle Pourtaud.
Sous réserve de vérification que l'étude sur les télévisions locales qui est
en cours portera bien également sur le secteur associatif, je veux bien accéder
à la demande de Mme la secrétaire d'Etat et retirer mon amendement. Mais que le
Gouvernement sache que nous sommes très vigilants sur ce sujet.
M. le président.
Comme l'on dit en Provence, madame Pourtaud,
a l'an que ven !
(Rires.)
L'amendement n° I-238 rectifié est retiré.
Article 12